Prendre son pied!
OLIVIER CABANEL — Expression populaire désignant généralement le fait d’avoir du plaisir, et d’en prendre tant que ce pied puisse déboucher sur une demande de main, mais l’expression peut prendre d’autres sens bien différents…
En effet, au moment où le foot est au devant de la scène, il arrive qu’un joueur prenne le pied de l’autre, geste déloyal généralement sanctionné par l’arbitre, lequel lui administre parfois une mise à pied disciplinaire.
Mais il y a encore une autre manière de prendre son pied, et plus précisément via la chaussure…
Trouver chaussure à son pied…
C’est l’idée originale qu’à eu Michel Juvet, photographe professionnel qui s’est mis en tête de photographier les souliers des artistes qui se sont produit sur la scène du Paléo Festival de Nyon, chez nos voisins helvètes.
Sous le titre « Portraits en pied », (Slatkine éditeur) le photographe, prenant les choses au pied de la lettre, a proposé dans ce livre format à l’italienne, les souliers blancs très chics d’Arthur H, les extravagantes basket rose fluo de Flavia Coelho, les Nike de Fauve, les crocodiles en plastique rose de Luce, les étranges souliers en cuir noir de Christine and the Queens, les bottines poussiéreuses d’Arno…et celles cloutées de Véronique Sanson…tout comme celles de cœur de Pirate, sans oublier les baskets étoilées de Ben Harper…et aucun de ces artistes ne jouait comme un pied…contrairement à ce qui nous attend pour la fête de la musique.
Sur le thème de « dis moi comment tu te chausses, et je te dirais qui tu es », Michel Juvet, accompagnée à l’écriture par Mélanie Chappuis, ont réalisé un bel objet d’art, en hommage à la mode.
Ce Paléo Festival mérite le détour, et j’ai eu l’honneur de participer, avec mon groupe Aristide Padygros, au 1er Festival, en 1977…lien
Ce festival, qui dure 6 jours, est le plus grand festival de musique folk de suisse, et attire maintenant plus de 200 000 spectateurs.
C’était le 24 juillet 1977, et nous étions programmés juste après le grand guitariste Marcel Daddi, lequel a eu le désappointement, alors qu’il attendait un rappel, d’entendre le public nous réclamer. lien (17‘)
Il y avait du beau monde en 1977… Malicorne, François Béranger, et beaucoup d’autres qui avaient réuni cette année là 17000 spectateurs.
Mais revenons à la mode, puisque c’est de ça qu’il s’agit sur le fond… c’est l’occasion d’évoquer le cas de Bill Cunningham. lien
Ce newyorkais original est un photographe de mode, bon pied, bon œil, travaillant pour le New-York Times, se déplace dans Big Apple et mitraille littéralement les souliers les plus excentriques des passantes et passants, quitte à faire parfois le pied de grue.
On lui doit la découverte, dans les années 89, d’Azzedine Alaïa, ce grand couturier d’origine tunisienne. lien
Un documentaire de plus d’une heure, signé Richard Press, montre l’artiste au travail. lien
On pourrait aussi s’attacher à découvrir l’extravagante Iris Apfel, qui, à 93 ans, cherche inlassablement les objets les plus originaux, souvent des bijoux les plus baroques possibles, lesquels vont plus tard équiper les mannequins du monde entier ou du moins inspirer des créateurs de mode. lien
Iris Apfel est considérée depuis près de ¾ de siècle, comme la mère de l’individualité de la mode et son style idiosyncrasique à inspiré beaucoup de concepteurs de mode, devenant la vedette d’un documentaire signé Albert Maysles, « Iris », la présentant comme un « tsunami du style », et une encyclopédie vivante de l’histoire de la mode. vidéo
Malgré son grand âge, elle n’a pas encore un pied dans la tombe.
Prendre son pied, c’est aussi ce qu’elle fait, même si à l’origine, cette expression, qui remonterait au 19ème siècle, à l’époque des corsaires, était plus l’instrument de mesure, que le membre inférieur qui nous permet de nous déplacer.
Les corsaires donc, professionnels du pied marin, lors du partage du butin, le divisaient en part équitables de la taille d’un pied, environ 33 cm, et c’est ce pied sous forme d’une part du butin, qui leur permettait de s’offrir les services des péripatéticiennes, donnant dès lors un sens sexuel à l’expression.
Pourtant d’autres historiens remontent plus loin, au Moyen-âge, voire même à l’Antiquité, pour légitimer l’expression, affirmant qu’il s’agirait d’une posture érotique, dans laquelle, la femme, ou l’homme, saisissait son pied afin d’accéder plus facilement à la jouissance ultime. lien
Restons-en au pied…
Comme chacun sait, la plante de nos pieds possède des terminaisons nerveuses en relations avec toutes les parties de notre corps.
On n’en compte pas moins de 7200…lien
Il est possible, par des massages précis, de résoudre pas mal de problèmes de santé, voire de stimuler des organes, à condition d’avoir des connaissances factuelles, ou de faire confiance à un spécialiste de la question. lien
Ainsi on peut, par des pressions sur un endroit précis de l’orteil, agir sur notre glande hypophyse qui est d’après de nombreux experts le siège du fameux 3ème œil, une façon de développer notre intuition, notre perception des évènements…lien
Cette pratique, nommée réflexologie plantaire n’est pas une nouveauté, et on en retrouve les premiers témoignages il y a plus de 4000 ans en Égypte, sur un bas-relief qui décrit une scène de traitement sur le pied. lien
Allons un peu plus loin…avez vous entendu parler de Nicole Daedone qui a lancé un étrange mouvement…la méditation orgasmique.
Concept repris en France par Emmanuelle Duchesne, consistant, pour les femmes, à se faire caresser le clitoris par des inconnus, hommes ou femmes, la main du caresseur étant équipée d’un gant lubrifié…pour des séances de 15 minutes, séances qui auraient déjà convaincu 10 000 personnes dans le monde entier.
Cette méditation d’un genre particulier, est sensée décupler les sensations en valorisant la pleine conscience de son plaisir. lien
Ce n’est pas Benoîse Groult, qui vient de nous quitter, à 96 ans, qui s’offusquerait d’une telle pratique, elle qui avait pris la défense de ce petit bout de chair, dans son fameux livre : « Ainsi soit-elle ». lien
À chacun donc de choisir le meilleure façon de prendre son pied ou de choisir sa chaussure, regrettant peut être qu’il n’existe pas à ce jour, une « journée de la chaussure », alors qu’il existe déjà une « journée de la santé du pied » : le 21 mai
Il existe aussi une journée mondiale sans chaussures…le 10 mai, et on la doit à un certain Blake Mycoskie, créateur de l’entreprise « One for One ».
Ce globe trotter et entrepreneur américain, est aussi promoteur de la musique Country.
Cette journée sans chaussures est destinée à offrir aux défavorisés, soit de l’eau potable, soit des chaussures, soit des soins ophtalmologiques. lien
Comme dit mon vieil ami africain : « on ne peut pas courir et se gratter les pieds en même temps ».
BALLADE POUR UN PIED.
L’infortuné raisonnait comme un pied,
Captif cocufié et embastillé
Dans une structure de généralités,
Pied-à-terre de fugitifs égarés.
De roi, de biche, à coulisse, de nez,
Ce pied habile ne fait rien à moitié,
Quand d’aucuns, loin, l’emploient pour mesurer,
L’essentiel est qu’il soit bien assuré.
Tournure tragique s’il faut le lâcher,
Le perdre, le prendre ? A vous de juger.
Revers juré si avec vous jouez,
Sagesse évite de se faire moucher.
Casse-pied effronté, imposteur né,
Postulant invétéré à l’acmé,
Si d’aventure vous rêvez de siéger,
Prenez bien garde où vous mettez les pieds.
(Nadine Goossens – Costa Adeje/Tenerife, avril 2014)
Sacrée Nadine ! …. j’ai rien lu de meilleur a propos d’un pied ! :))) cocufié et embastillé… effronté, imposteur né…lol… Attention, y’en a plein qui vont se sentir visé…:)) tu va te faire des ennemis Nadine ! :)))
Ce poème mérite bien un prix en tous cas ! … Bravo !
Sam
… en fait, tu as pris ton pied. Coquin va !
Nadine,
Notre ami Olivier Cabanel nous a surpris un peu avec ces histoires de prendre son pied cette semaine… a travers ce billet croustillant… j’aime beaucoup son style, sa façon d’aborder les sujets, et cette foi, il m’a appris aussi des trucs coquins que je ne connaissait pas :))) Sacré Monsieur Cabanel… il y a un peu de Brassens la-dedans… mais pas tant que ça…:))) (on aurait voulu qu’il pousse le côté cochon de Brassens…) !:))
Alors oui, j’ai pris mon pied avec ton poème ma chère… et je me doute un peu de tout ce que tu nous cache comme poèmes et talent ! …
Merci Nadine !
Merci @ Sam.
Fleurir le verbe c’est le miracle de la mélodie des mots assortie de modulations pigmentées. Une acrobatie facétieuse contre l’extraordinaire charlatanisme qui anime nos sociétés.
PING PORTUGUESE : https://queonossosilencionaomateinocentes.blogspot.com/2021/11/divirta-se.html