Poulet rôti, cubes de glace et misère de l’abstraction

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YSENGRIMUS — Lisons Karl Marx, critiquant le penseur anarchiste Proudhon (quand ce dernier préfère l’abstraction spéculative à l’analyse effective des problèmes spécifiques de l’économie politique):

Faut-il s’étonner que toute chose, en dernière abstraction, car il y a abstraction et non pas analyse, se présente à l’état de catégorie logique? Faut-il s’étonner qu’en laissant tomber peu à peu tout ce qui constitue l’individualité d’une maison, qu’en faisant abstraction des matériaux dont elle se compose, de la forme qui la distingue, vous arriviez à n’avoir plus qu’un corps, — qu’en faisant abstraction des limites de ce corps vous n’ayez bientôt plus qu’un espace, — qu’en faisant enfin abstraction des dimensions de cet espace, vous finissiez par ne plus avoir que la quantité toute pure, la catégorie logique. À force d’abstraire ainsi de tout sujet tous les prétendus accidents, animés ou inanimés, hommes ou choses, nous avons raison de dire qu’en dernière abstraction on arrive à avoir comme substance les catégories logiques. Ainsi, les métaphysiciens qui, en faisant ces abstractions, s’imaginent faire de l’analyse, et qui, à mesure qu’ils se détachent de plus en plus des objets, s’imaginent s’en approcher au point de les pénétrer, ces métaphysiciens ont à leur tour raison de dire que les choses d’ici-bas sont des broderies, dont les catégories logiques forment le canevas. Voilà ce qui distingue le philosophe du chrétien. Le chrétien n’a qu’une seule incarnation du Logos, en dépit de la logique; le philosophe n’en finit pas avec les incarnations. Que tout ce qui existe, que tout ce qui vit sur la terre et sous l’eau, puisse, à force d’abstraction, être réduit à une catégorie logique; que de cette façon le monde réel tout entier puisse se noyer dans le monde des abstractions, dans le monde des catégories logiques, qui s’en étonnera?

Tout ce qui existe, tout ce qui vit sur terre et sous l’eau, n’existe, ne vit que par un mouvement quelconque. Ainsi, le mouvement de l’histoire produit les rapports sociaux, le mouvement industriel nous donne les produits industriels, etc., etc.

De même qu’à force d’abstraction nous avons transformé toute chose en catégorie logique, de même on n’a qu’à faire abstraction de tout caractère distinctif des différents mouvements, pour arriver au mouvement à l’état abstrait, au mouvement purement formel, à la formule purement logique du mouvement. Si l’on trouve dans les catégories logiques la substance de toute chose, on s’imagine trouver dans la formule logique du mouvement la méthode absolue, qui non seulement explique toute chose, mais qui implique encore le mouvement de la chose.

C’est cette méthode absolue dont Hegel parle en ces termes:

La méthode est la force absolue, unique, suprême, infinie, à laquelle aucun objet ne saurait résister; c’est la tendance de la raison à se reconnaître elle-même en toute chose.  [Hegel, Logique. t. III]

Toute chose étant réduite à une catégorie logique, et tout mouvement, tout acte de production à la méthode, il s’ensuit naturellement que tout ensemble de produits et de production, d’objets et de mouvement, se réduit à une métaphysique appliquée. Ce que Hegel a fait pour la religion, le droit, etc., M. Proudhon cherche à le faire pour l’économie politique.

Ainsi, qu’est-ce donc que cette méthode absolue? L’abstraction du mouvement. Qu’est-ce que l’abstraction du mouvement? Le mouvement à l’état abstrait. Qu’est-ce que le mouvement à l’état abstrait? La formule purement logique du mouvement ou le mouvement de la raison pure. En quoi consiste le mouvement de la raison pure? À se poser, à s’opposer, à se composer, à se formuler comme thèse, antithèse, synthèse, ou bien encore à s’affirmer, à se nier, à nier sa négation.

Comment fait-elle, la raison, pour s’affirmer, pour se poser en catégorie déterminée? C’est l’affaire de la raison elle-même et de ses apologistes.

Mais une fois qu’elle est parvenue à se poser en thèse, cette thèse, cette pensée, opposée à elle-même, se dédouble en deux pensées contradictoires, le positif et le négatif, le oui et le non. La lutte de ces deux éléments antagonistes, renfermés dans l’antithèse, constitue le mouvement dialectique. Le oui devenant non, le non devenant oui, le oui devenant à la fois oui et non, le non devenant à la fois non et oui, les contraires se balancent, se neutralisent, se paralysent. La fusion de ces deux pensées contradictoires constitue une pensée nouvelle, qui en est la synthèse. Cette pensée nouvelle se déroule encore en deux pensées contradictoires qui se fondent à leur tour en une nouvelle synthèse. De ce travail d’enfantement naît un groupe de pensées. Ce groupe de pensées suit le même mouvement dialectique qu’une catégorie simple, et a pour antithèse un groupe contradictoire. De ces deux groupes de pensées naît un nouveau groupe de pensées, qui en est la synthèse.

De même que du mouvement dialectique des catégories simples naît le groupe, de même du mouvement dialectique des groupes naît la série, et du mouvement dialectique des séries naît le système tout entier.

Appliquez cette méthode aux catégories de l’économie politique, et vous aurez la logique et la métaphysique de l’économie politique, ou, en d’autres termes, vous aurez les catégories économiques connues de tout le monde, traduites dans un langage peu connu, qui leur donne l’air d’être fraîchement écloses dans une tête raison pure; tellement ces catégories semblent s’engendrer les unes les autres, s’enchaîner et s’enchevêtrer les unes dans les autres par le seul travail du mouvement dialectique. Que le lecteur ne s’effraie pas de cette métaphysique avec tout son échafaudage de catégories, de groupes, de séries et de systèmes. M. Proudhon, malgré la grande peine qu’il a prise d’escalader la hauteur du système des contradictions, n’a jamais pu s’élever au-dessus des deux premiers échelons de la thèse et de l’antithèse simples, et encore ne les a-t-il enjambés que deux fois, et de ces deux fois, il est tombé une fois à la renverse.

Aussi n’avons-nous exposé jusqu’à présent que la dialectique de Hegel. Nous verrons plus tard comment M. Proudhon a réussi à la réduire aux plus mesquines proportions. Ainsi, pour Hegel, tout ce qui s’est passé et ce qui se passe encore est tout juste ce qui se passe dans son propre raisonnement. Ainsi la philosophie de l’histoire n’est plus que l’histoire de la philosophie, de sa philosophie à lui. Il n’y a plus l’ «histoire selon l’ordre des temps», il n’y a que la «succession des idées dans l’entendement». Il croit construire le monde par le mouvement de la pensée, tandis qu’il ne fait que reconstruire systématiquement et ranger sous la méthode absolue, les pensées qui sont dans la tête de tout le monde.

MARX, Karl (1977), Misère de la philosophie, Éditions sociales, pp 115-118. (Ouvrage écrit en 1846)

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Marx ironise ouvertement ici sur l’abstraction. Il dénonce, en raillant, le mouvement vide et gesticulant du formalisme raisonneur. Il faut comprendre de cette rebuffade qu’il sert à l’économie politique ratiocinée et sommaire de Proudhon que, sans le retour du concret, le mouvement perpétuel de l’abstraction permet, l’un dans l’autre et au bout du compte, de tout dire sur tout, en se donnant l’air de disposer de la grammaire fatale ou de la logique profonde du réel. Comme je l’ai déjà un petit peu montré dans le cas de ma petite ontologie, on peut dire que qui trop embrasse la largeur abstraite mal étreint le réel nuancé, charnu, dissymétrique, vif et contradictoire. Il est parfaitement possible de ne rien dire de faux tout en ne disant rien d’utile, et surtout: tout en restant dans le creux, le principiel, le généraliste.

Sauf que le retour du concret, si on n’y voit pas attentivement, pourrait lui aussi devenir une autre bassinade formaliste. Comment fait-on tant revenir le concret, sans pour autant tourner le dos à la cogitation démonstrative? On va regarder ça un petit peu, en mobilisant la pensée vernaculaire, la pensée de cuisine, littéralement. C’est effectivement dans notre cuisine que nous allons regarder opérer la corrélation entre abstraction et retour du concret dans la systématisation des catégories philosophiques. Voici que, depuis notre cuisine, nous mettons en place deux petites opérations de notre activité ordinaire. Nous mettons un poulet au four, bien apprêté et épicé. Puis nous remplissons d’eau un moule à cubes de glace comme celui-ci…

Et nous le mettons au congélateur. Il se passe ensuite deux petites heures d’actions, très actives et bien exemptes de la moindre métaphysique appliquée. Une fois notre poulet cuit, on en mange gentiment quelques bons morceaux, en suisse. Comme on est seul, il en reste. On place le reste au réfrigérateur. Puis, vers la fin de la soirée, on se sert une petite limonade avec un glaçon tiré du moule à cubes de glace. Et on oublie le moule à cubes de glace avec les cinq glaçons restant sur le comptoir de la cuisine. Vous me suivez? Indubitablement. Il n’y a pas plus concret, ordinaire, non-spéculatif et banal, admettons-le de concert.

Le lendemain matin, on retrouve le moule à cubes de glace et lesdits cubes sont redevenu de l’eau tiède. Redécouverte de l’eau tiède. Le processus du passage de l’eau en glace et de la glace en eau est donc réversible. Bon. On remet le moule à cubes de glace au congélateur. On sort alors le poulet rôti du réfrigérateur. Il est refroidi, c’est maintenant du poulet froid. Il est devenu froid mais il n’est pas pour autant redevenu cru. Il ne s’est pas décuit au réfrigérateur comme les cubes de glace se sont décongelés sur le comptoir. Il est un poulet rôti refroidi, sans moins, sans plus. Il n’est pas vraiment retourné au village, si on peut dire. C’est bien que le processus de cuisson, lui, est irréversible. Voici une abstraction de bonne tenue, issue directement de la vie ordinaire, concrète: l’opposition réversible/irréversible. C’est une abstraction bien misérable, en plein celle qu’il nous faut. Pendant quelques secondes, cette petite abstraction, on lui fait battre la campagne dans notre tête. Quand tonton ou tata tombe malade, il ou elle guérit, c’est du réversible. Quand tonton ou tata meurt, il ou elle ne revit plus, c’est de l’irréversible. Quand on salit et lave notre linge (processus réversible), quand on casse la branche d’un arbre (processus irréversible), on observe l’existence de ces deux types de processus. On arrive même, de fil en aiguille, à en tirer des dictons populaires. Sur l’irréversible, les Américains disent souvent: il n’est pas possible de remettre le dentifrice dans son tube. Les Français optent plutôt pour: le vin est tiré, il faut le boire. Il y a du réversible (bonnet blanc, blanc bonnet) et de l’irréversible (tant va la cruche à l’eau qu’à la fin, elle se casse). Notons que cette saine et utile observation est philosophique plutôt que scientifique. Les descriptions physiques et chimiques détaillées de chacun des deux phénomènes survenus cette fois-là dans notre cuisine (congélation de l’eau, cuisson du poulet) gorgeraient l’analyse de détails fins et imposeraient de toutes nouvelles classifications, moins générales, moins grossières, moins vernaculaires, moins transversales, plus subtiles aussi.

Mais le fait reste que, dans la mise en place toute ordinaire et vernaculaire du couple réversible/irréversible, on ne commet pas la faute formaliste proudhonienne. Les deux catégories se sont imposées à la conscience non pas par importation depuis un système de pensée pré-établi (hégélien ou autre) mais bien en émergeant et en se stabilisant dans la conscience depuis la fluctuation problématique de la concrétude ordinaire. Aussi, ces deux catégories (réversible et irréversible) épousent-elles le réel, en ce sens qu’elles gardent un niveau de généralisation suffisamment bas, dépouillé, sobre, pauvre (misère de l’abstraction) pour ne pas basculer dans la spéculation creuse, passe-partout, triomphaliste et formaliste. Nous autorisant ainsi d’une généralisation philosophique minimale, on ne cultivera pas non plus le hocus-pocus dialectique que Marx reproche ci-haut à Proudhon. On va simplement se demander qu’est-ce qui, en ce monde empirique, prime, du réversible et de l’irréversible? On va se poser cette question, en se prenant la tête pendant plusieurs mois. Le poulet rôti, pendant ce temps, sera dévoré, désossé, digéré, déféqué et amplement éparpillé dans les différentes portions corrélatives du cosmos le concernant. Le moule à cubes de glace, pour sa part, va rester sagement dans le congélateur, immuable. Immuable?

Un beau jour, on retire du congélateur le moule à cubes de glace et la glace en est en grande partie disparue. Ce mystérieux phénomène, observable surtout dans les vieux congélateurs, tient à une sorte de bizarre effet d’évaporation que le moteur à hélice du conge antique impose aux cubes de glace quand ceux-ci restent trop longtemps devant son implacable souffle giratoire. Inutile de dire que, d’autre part, si on laissait le moule à cubes de glace plein d’eau sur le comptoir pendant une autre année, l’eau finirait aussi par graduellement s’en évaporer. Le processus réversible eau-glace-eau-glace ne l’est finalement pas tant que ça, quand l’observation perdure. Des phénomènes transversaux finissent par venir implacablement le compromettre. Le processus réversible apparaît donc comme transitoire, temporaire, circonscrit, localisé, cerné. C’est lui qui est abstrait, en fait. Une des maladies de tonton ou de tata peut parfaitement s’avérer fatale. Quand je lave mon linge, je ne le sépare jamais de la même saleté et, qui plus est, en se lavant, il s’use. Tout, sur le plus long terme, semble donc voué à l’irréversibilité. On conclura donc, pour le moment de notre exercice cogitatif de cuisine (et sous réserve d’éventuelles falsifications ultérieures), à un primat ontologique de l’irréversible sur le réversible.

Cette conclusion problématique est philosophique. Elle guidera la réflexion future, certes, mais comme organon critique uniquement, pas comme modèle, comme dogme, comme absolu, ou comme formalisme. La vraie priorité méthodologique étant fondamentalement de garder les dix doigts dans le poulet et les yeux sur la glace… dans la concrétude biscornue et spécifiante des problèmes à analyser, pour tout avouer. C’est ce que fit Marx avec l’économie politique (notamment dans Le Capital) et c’est bien pour ça qu’il ne se priva pas de reprocher à Proudhon de ne pas en faire autant (notamment dans Philosophie de la Misère)…

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Tiré de mon ouvrage, PHILOSOPHIE POUR LES PENSEURS DE LA VIE ORDINAIRE, chez ÉLP éditeur, 2021.

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4 réflexions sur “Poulet rôti, cubes de glace et misère de l’abstraction

  • Ping : Poulet rôti, cubes de glace et misère de l’abstraction « Le Carnet d'Ysengrimus

  • 8 avril 2022 à 17 h 21 min
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    @ Ysengrimus

    Petite remise en contexte fort utile et remarquable, bourrée de perles de connaissances sur nos deux philosophes ….sur cet affrontement entre Marx et Proudhon …nommée  »Bévue de Proudhon et/ou traquenard de Marx » par Jean Louis Lacascade. (a lire absolument !)

    https://www.cairn.info/revue-geneses-2002-1-page-138.htm

    Bref, Marx, qu’on l’admette ou pas, est un fils de bourges et de la haute société… bien éduqué, malin, ayant fréquenté les meilleures écoles d’Allemagne et ayant eu comme prof aucun autre que Hegel himself….est déjà Docteur en philosophie a l’âge de 21 ans ! :)))…. Proudhon lui, est plutôt le fils du peuple, fils de paysan, qui a durement escaladé les échelons par le mérite de ses écrits et l’excellence de son esprit…sans pour autant être totalement au fait de la philosophie allemande et des écrits du jeune Marx car ne comprend pas l’allemand et dépend donc des traducteurs… bref, il est tout de même celui qui inspirera Marx sur l’abolition de la propriété…et en est l’auteur original…et c’est Marx qui l’approche pour l’intégrer au réseau clandestin de militants socialistes interdits a l’époque… mais Proudhon refuse…il suspecte Marx d’opportunisme et plein d’autres choses et pose ses conditions… qui finira dans la rupture entre les deux et la critique très violente de Marx d’où est tiré ce texte…Pour ma part donc, il serait fort prétentieux pour mon esprit de ne pas admettre d’emblée que tous les deux se sont largement instruits et appris l’un de l’autre…et contribue efficacement aux idées du socialisme et du communisme comme nous les connaissons…

    Pour ce qui est de l’abstraction…au lieu de l’analyse… il n’y a que ça autour de nous ! et il y a pire que tout ça aujourd’hui, la désinformation, la propagande, le faussement et la tricherie de la réalité, la corruption des concepts, et la célébration d’un capitalisme encore plus scandaleux et abjecte jusqu’à la nausée…. le capitalisme de notre époque est bien pire que celui du 19ème, et encore plus grave que celui du 20ème…! en plus de l’explosion démographique dans le monde, et la compétition entre humains, entre communautés, entre monde rural et urbain et entre pays et nations …le tout étant devenu ingérable en réalité et à la base de la polarisation gauche – droite et des discours extrêmes qui nous conduisent tout droit aux conflits sans fin ou meurtriers comme ce qui se passe maintenant…avec un élargissement de la guerre imminent et inévitable !

    Ce qui me fait penser qu’au delà des crises ordinaires de la philosophie, l’économie politique elle, a totalement et radicalement déviée dans l’abstraction la plus abjecte, la subjectivité et les parti pris radicaux et le n’importequoitisme le plus flagrant ! Aujourd’hui, vous pouvez faire dire aux réalités et aux chiffres et à l’économie tout court ce que vous voulez en fonction de vos penchants idéologiques et autres intérêts occultes et conclure en faisant autorité comme font les économistes du capitalisme et comme font les  »philosophes » de la même trempe, et les  »écoles » bourgeoises et hyper élitistes qui se disputent le haut du pavé en occident du moins ! et lorsque des économistes du tiers-monde, d’inde et de pays non alignés ou d’ex colonies théorisent sur les orientations nécessaires de l’économie politique moderne, on les invite à conférencer sans trop de bruit et on leur remet quelques prix en occident…mais on fait l’impasse en réalité sur leur idées, leur écrits et leurs trouvailles… pour les retrouver plagiées et légèrement ou partiellement modifiées et récupérées en occident et ailleurs… le milieux universitaire n’étant plus qu’un vivier de serpents a sonnettes qui a perdu depuis belle lurette toute influence sur les politiques et les gouvernants, et perdu l’intérêt et toutes les attaches qui le liaient au peuple qu’il avait auparavant…. le peuple n’étant plus préoccupé que par la bouffe, la consommation et la soumission aux diktats idéologiques les plu radicaux et les plus haineux… voyez juste comment en France Marine est sur le point de remporter la présidentielle… même si on sait qu’elle ne la remportera pas par la seule volonté des banquiers et des décideurs en France ! …. la France d’ailleurs qui a cessé d’être un quelconque berceau de quelque révolution que ce soit sauf celles de la médiocrité a tout va et celles des compromissions et des arnaques intellectuelles et politiques !

    Cette rupture avec le siècle  »des idées et des peuples » qu’aura été le 19ème, en est une qui soit consommée et finie a tout jamais ! la philosophie autant que l’économie politique tout autant depuis le 20ème, et il ne subsiste plus que des diktats redoutables, impérialistes et autre du même acabit qui pensent et réfléchissent le monde et nous imposent leur vues et l’esclavage moderne ! et pas que la philosophie ou l’économie politique bien entendu, toutes les autres disciplines scientifiques et intellectuelles ! j’ai découvert récemment une architecte Marocaine remarquable qui se bat contre le béton et le ciment depuis 20 ans, et qui restaure des ruines ou construit des édifices durables en pisé, en pierre et en terre pour des communautés et qui dénonce comment le monde entier a sombré dans la philosophie du béton et du ciment et a décidé de délaisser les matériaux naturels bien plus durables et écologiques et thermiquement bien plus efficaces …, ses réalisation qu’elle a accomplie sont remarquables et stupéfiants de beauté et de simplicité et malgré tout, elle demeure une totale inconnue dans sa discipline… pendant que des arrivistes ici au Canada et en amérique du nord se font les  »stars » mondiales des constructions en terre et font croire qu’ils ont inventé les concepts des constructions en pisé (rammed earth)… bref…. si vous avez deux minutes je vous invite a jeter un coup d’oeil sur son site salimanaji.org ou sur Youtube… son nom c’est bien sur Salima naji….

    Bref, merci pour ce billet Ysengrimus… j’y reviendrais sûrement un peu plus tard… vous avez le don d’ouvrir l’appétit de l’intellect et de nous jeter passionnément dans les questions et débats les plus essentiels et les plus savants comme d’hab ! Merci mon cher !

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  • 9 avril 2022 à 17 h 09 min
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    Afin de me mettre au fait un peu plus sur le sujet… j’ai dû me taper quelques lectures sur les définitions autant que sur cette complexité de l »abstraction en économie politique …. et voici ce que j’en retiens et je ne peux qu’être d’accord avec et louer au vu de ce qu’on y apprend, notamment via une espèce de synthèse sur ce qu’en dit Max Weber et d’autres de la même trempe….;

    Bref, l’abstraction en économie politique comme en sciences sociales s’avère bien plus complexe en somme que de simples considérations  »physiques » et  »logiques » consistant à  »isoler » un sujet ou un objet donné pour l’étudier sous ses aspects intrinsèques et  »immuables »… et dégager des conclusions et des observations descriptives et explicatives pour brosser un portrait de la réalité… puisque l’économie politique s’interrésse elle a une infinité d’interactions autant qu’aux actions, et mouvements qui soient complexes et pas toujours figés ou systématiques qui les motivent, a la macroéconomie donc autant qu’à la microéconomie, aux comportements des acteurs producteurs, de la main d’oeuvre, de la monnaie, des salaires, des procédés générateurs de plus value et de profit, et autant qu’au comportements des consommateurs, des marchés, des incidences des choix économiques et sociaux et de l’ensemble des mouvements qui déterminent les liens entre l’économie et la société, pour essayer de comprendre la réalité et la traduire en analyses qui peuvent être soumises a l’étude et sujettes a notre intervention pour optimiser ou remplacer ou réformer ou concevoir des orientations et des politiques qui nous seraient favorables. Dans ce domaine, l’abstraction donc, au delà de son utilité ou  »légitimité », le recours a elle s’avère inévitable….non seulement pour délimiter et  »isoler » l’objet d’étude, mais pour formaliser ce qui peut l’être, effectuer des rapprochements, traduire dans un langage spécifique, a classifier, a ranger ou agréger des réalités empiriques, bref, isoler les conséquences aussi, et dégager une certaine rationalité et pouvoir idéaliser tout autant les concepts et les schémas a suivre ou les moyens pour atteindre certains objectifs…

    donc jusqu’à maintenant, on parle de démarches de l’abstraction qui soient presque inévitables, car ayant pour but de décrire la réalité ou l’intention d’en rapporter au maximum les détails et les tendances etc… une espèce d’investigations de la réalité…. mais la  »légitimité » de ces démarches de l’abstraction par contre se vérifie elle, tant qu’elle  »n’outrepasse pas ses finalités et les possibilités qui lui sont associées… » en d’autres termes s’imposer comme conceptualisations qui peuvent en effet être erronées, généralistes et ayant tendance à dégager de fausses conclusions et faux postulats… bref, ces démarches de l’abstraction inévitable gagneraient à être précises et justes, intègres et détaillées… sans ignorer ou occulter les éléments de moindre importance a priori…. et donc au final… on ne peut pas juger ou dire que l’abstraction se trouve totalement inutile ou devoir la critiquer totalement et la dénigrer… puisque c’est un non sens…et c’est vouloir renier son caractère scientifique et celui de méthodologie…

    Bref, je n’ai pas non plus la prétention de vouloir m’imiscer dans un débat aussi savant et complexe et dire que untel ou un autre a raison, je crois d’ailleurs et j’admets volontiers que mon  »marxisme » a moi est tout aussi  »intuitif » et ignare jusqu’à un point avancé, que peut l’être celui du pseudo  »marxiste » lambda tout autant… sauf que j’ai tout de même relevé assez de pertinence, d’intelligence et de perspicacité en plus d’aspirations socialistes radicales chez Marx qui soient tellement développées qu’il y a très peu de philosophes qui aient formulé autant d’avancées, de progrès et de radicalité dans la réflexion autour du socialisme…et son pourquoi que c’est uniquement chez ce satané Marx qu’on les trouve réunies :))))

    Bref, l’une des abstractions qui m’interresse moi en ces temps de guerre, c’est par exemple celle de dire par les Pro Poutine et en gros titres qui se répètent jusqu’à la nausée… qui disent à peu près ceci :  »Adieu le dollar en Russie, Poutine a tué le dollar, le dollar est foutu…. la dédollarisation de la Chine et de la Russie est une réalité qui est entrain de changer l’ordre mondial, l’ordre mondial est déjà en décrépitude et Poutine et la Chine ont gagné… ce n’est plus qu’une question de temps avant de voir l’occident effondré » :))))

    Il n’y a rien de pus faux ! en fait, les  »tentatives’, de se dédollariser de la Chine et de la Russie, commencées il y a des années et ne datant pas d’aujourd’hui… se heurtent plus que jamais aujourd’hui a la réalité cinglante de cette économie mondiale toujours soumise au dollar et chaque jour de manière encore plus grave et irreversible on dirait ! les décisions de pays comme l’Arabie Saoudite par exemple de vouloir dealer avec la Chine en Yuan désormais concernant les hydrocarbures, et qu’on arrête pas de nous chauffer les oreilles avec de la part des Pro Poutine, concernent en en réalité une augmentation des exportations Saoudiennes de pétrole vers la Chine au détriment des exportations de la Russie de ce même pétrole vers ce même pays ! en gros, l’arabie saoudite a augmenté ses exportations pour attendre près de 22% de son pétrole pour la chine uniquement, pendant que la Russie a vu depuis quelques temps déjà ses exportations en pétrole diminuer en faveur de l’Arabie saoudite !! et pendant que cette dernière a explosé ses importations des marchés classiques d’import comme les USA, l’Allemagne le Japon et l’europe en général, en plus de la Turquie, du brésil et d’autres marchés qui lui exportent toutes sortes de biens ! en conclusion, cette entente Sino-Saoudienne est entrain de niquer Poutine depuis un bout déjà et n’est rien d’autre qu’une stratégie d’optimisation des échanges entre Arabie Saoudite et Chine visant a équilibrer leurs échanges et les augmenter, avec une Chine qui convoite a fond le marché Saoudien pour les biens autant que pour les infrastructures etc…

    Cette démarche de  »dédollarisation » Sino-Russe très partielle et toujours peu significative en réalité, bien qu’ayant alarmé certains économistes yankees depuis toujours, fait que les états-unis applique d’autres pressions autant sur la Chine que la Russie (avant les sanctions) et les autres pays sur leur économies du point de vue autant monétaire que celui es échanges commerciaux qui fait que tous, s’assurent d’augmenter en réalité leurs provisions en devises et en dollars US surtout ! que ce soit pour payer leurs importations, ou pour payer leur dettes, ou transférer d’autres et faire affaire sur les marchés financiers ! en d’autre termes, les USA se rattrapent largement encore sur la globalité des échanges et ce n’est pas une portion très limitée d’échanges entre pays tiers qui soit arrivée elle a changer la réalité des marchés ou de l’économie mondiale… même partiellement ! il est a noter que beaucoup de pays et depuis toujours, peuvent procéder a un  »échange de marchandises » lorsque ce sont les États qui soient les exportateurs – importateurs de biens, afin de minimiser les coûts financiers et ceux des intermédiaires ou des monnaies. et c’est ce que font encore Chine et arabie saoudite, ou Russie et Chine…etc dans la mesure du possible…

    Donc rien n’est plus faux et erroné que ce que nous racontent les Pro Poutine a longueur de journée, et notamment les pseudo économistes Pro Poutine qui signent des pseudo analyses, plutôt des  »abstractions » en la matière !

    Yallah bye !

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