L’imposture de l’art contemporain: entre barbouillage pictural et maquignonnage culturel

Par Khider Mesloub.

 

« Quand j’entends le mot culture, je sors mon revolver ! », aimaient répéter certains dignitaires nazis, en référence à une réplique tirée d’une pièce de théâtre jouée le 20 avril 1933, à l’occasion de l’anniversaire d’Adolf Hitler, fraîchement hissé démocratiquement au pouvoir trois mois plus tôt. Aujourd’hui, avec la dégénérescence de l’art contemporain, aucune arme de colère ne suffirait pour laisser exploser sa révolte contre la vacuité culturelle ambiante.

La culture est en pleine déconfiture, réduite à être vendue dans les supermarchés comme des pots de confiture, sous forme de reproduction gadgétisée pour public aliéné pétri de l’idéologie no future.

Au reste, les expositions d’art, dernier refuge d’un simulacre d’esthétique, du fait de la décadence de la culture bourgeoise, sont devenues incompréhensibles pour le commun des mortels. Ces temples du crétinisme artistique sont fréquentés uniquement par les initiés, cultivant un élitisme bourgeois féru d’hermétisme culturel et un entre-soi pétri d’arrogance intellectuelle.

L’art contemporain est à l’image de cette société capitaliste narcissique :  il est fondé sur un nombrilisme où l’égocentrisme a été érigé en art de vivre, dans lequel la superficialité le dispute à l’artificialité, la créativité a cédé à la conformité. Avec le nouvel esprit nihiliste du capitalisme dominé par la production en série d’objets factices, en matière d’art tout objet insignifiant et fastidieux peut être métamorphosé en représentation artistique par la grâce de la propagande médiatique affidée, chargée de vendre la camelote idéologique bourgeoise sous emballage culturel.

La banalité de l’art et la débilité culturelle s’exposent fièrement dans les galeries visitées par les classes opulentes crétinisées. Tout se prête à exposition, surtout la bêtise culturelle, la médiocrité artistique. Les idéaux universels ont été délaissés au profit de modèles égocentriques, narcissiques, libertaires. L’égotisme est devenu la valeur refuge dans cet univers aliénant ayant érigé les caprices individuels enfantins bourgeois en culture dominante. Le principe de réalité s’est effacé devant le principe de plaisir. La réalité artistique a été congédiée de l’univers culturel. Seules dominent les capricieuses fantaisies infantiles élevées au rang d’objet d’art. Même les avant-gardes artistiques se sont muées en arrière-garde culturelle, à la remorque de la vulgarité des arts « mercantilisés ». L’art n’exprime plus au travers de ses créations les engagements collectifs, mais se borne à valoriser le narcissisme ambiant par la mise en vente des égotistes productions d’artistes petits-bourgeois déconnectés de la réalité. Les conflits de classe et les projets universels émancipateurs ont été répudiés par les artistes contemporains totalement intégrés par le capital.

L’art contemporain ne produit plus d’utopies salutaires. Aussi, faute de transformer la société, se borne-t-il à transformer les objets de fabrication industrielle en œuvres d’art vendues à prix d’or aux collectionneurs richissimes, ces richissimes parasitaires qui préfèrent investir dans la vacuité culturelle que dans la production industrielle.

Dans cette civilisation de pacotilles consumériste où tout peut être recyclé, tout produit fabriqué par la polluante industrie capitaliste peut connaître désormais une nouvelle vie sous la factice opération commerciale artistique propulsé par les mandarins de la culture mercantile. Boîte de conserve, bouteille de Coca-Cola, bidet, urinoir, tout produit peut se transmuer en œuvre d’art monnayable sur le marché.

Ainsi, les déchets et déjections du capital et de la société de consommation se sont mués en uniques sources d’inspiration pour les artistes contemporains décadents, contaminés par la médiocrité intellectuelle de cette société marchande en pleine putréfaction. Aujourd’hui, l’art verse dans l’autosatisfaction, la vulgarité généralisée. La quête de l’originalité esthétique a été bannie, et la stérilité artistique, bénie. Enfant bâtard d’un capitalisme libertaire débridé, l’art contemporain valorise outrancièrement l’exhibitionnisme et la pornographie culturelle. De même, produit d’une société capitaliste vulgaire, il exalte le scatologique et le morbide. Délivré de toute entrave morale, il manifeste un penchant sadique pour la provocation culturelle et la dépravation esthétique.

En outre, l’art contemporain, soumis à la logique du capitalisme libéral, cultive le culte de la subjectivité, expression d’une vacuité culturelle destinée à la bourgeoisie décadente. De nos jours, les galeries d’art servent uniquement à exhiber des objets dénués de toute créativité artistique. Elles permettent surtout de se ménager un espace artificiel culturel où se côtoie l’élite bourgeoise cultivée en déshérence artistique. C’est le lieu de l’entre-soi culturel par excellence, lieu élitiste dans lequel la fine fleur des nantis médiocres érige des codes « artistiques » abscons, incompréhensibles pour le peuple laborieux, exclu des mondanités artistiques, de la culture dominante élitiste.

Par sa marchandisation effrénée, l’art contemporain est devenu un énorme marché offrant des produits culturels factices destinés exclusivement à la bourgeoisie parasitaire oisive en quête de blanchiment de son argent salement extrait de l’exploitation des travailleurs et de ses opérations boursières toxiques. De là s’explique la médiocrité des artistes œuvrant pour la satisfaction capricieuse de cette classe bourgeoise aux goûts culturels frelatés, aux connaissances esthétiques avariées.

Désormais, la frange parasitaire artistique partage les mêmes conceptions bourgeoises médiocres de la culture. Qui plus est, grâce aux revenus qu’elle tire des commandes de la bourgeoisie, cette coterie artistique partage également le même mode de vie privilégié. La coterie artistique et sa clientèle bourgeoise ont les mêmes intérêts : la confrérie vénale artistique ne peut donc subvertir un ordre social qui la valorise, se rebeller contre le système qui la nourrit. Quand bien même certains artistes cultivent un art rebelle, leur rébellion demeure toujours superficielle, purement esthétique, jamais politique ni sociale. Ils refaçonnent les mêmes objets culturels, mais ils sont incapables de façonner une nouvelle réalité illustrée par et dans une œuvre révolutionnaire. Depuis plus d’un siècle, les artistes se sont fondus dans le monde aliénant capitaliste, dilués dans le consumérisme, noyés dans le conformisme. Plus aucune créativité révolutionnaire ne peut sourdre de l’art contemporain corrompu, sourd à l’art de vie populaire.

Pour mieux illustrer la crise de l’art, la décrépitude de l’art, nous bornons (sans jeu de mot) à dessein notre analyse à la peinture ou plutôt à la corporation des peintres : cette coterie où le figuratif artistique a cédé devant la figure de l’artiste.

Car, en matière picturale, l’esthétique s’est transplantée de l’œuvre à son auteur. On n’admire plus un tableau pour sa beauté esthétique mais pour la provocante originalité de son médiatique auteur propulsé au sommet de la célébrité par l’autre vénale confrérie reconnue pour ses performantes productions propagandistes, la congrégation des médias œuvrant servilement au service des puissants, ces concepteurs de l’idéologie dominante faisandée.

Historiquement, l’art pictural remonte à la nuit des temps, au temps des cavernes, dont de nombreuses, notamment la grotte de Lascaux, témoignent de l’esprit créatif de nos ancêtres. Avant de s’épanouir en plein air à l’ère néolithique, illustrée par l’art rupestre dont les gravures du Tassili du Hoggar illustrent la créativité de nos aïeux nord-africains, la peinture préhistorique s’est longtemps exprimée, à l’époque paléolithique, d’abord dans les profondeurs des cavernes. Cet art pariétal est l’œuvre de l’Homo sapiens. Cependant, sur ce chapitre, il ne faut pas verser dans l’anachronisme car, probablement, le dessin rupestre ne peut être considéré, en vertu d’une forme de projection anachronique, comme de l’art. En effet, contrairement à nos représentations mentales contemporaines pétries d’esthétisme galvaudé, le dessin rupestre de la préhistoire devait avoir une signification magique, objet possiblement de conjuration des maléfices ou d’adoration mystique. N’entrait dans ces dessins aucune dimension esthétique.

Au reste, au plan historique et philosophique, l’existence de l’Art, en tant que catégorie artistique consacrée par la société, n’est jamais antécédent à sa conscience de soi (au sens hégélien du terme, pour qui la conscience est le moteur de la transformation car la connaissance de soi, de ses aptitudes, induit inéluctablement l’émergence du pouvoir d’action sur les objets comme sur la réalité, notamment sur autrui). Avant la poésie, le drame, les arts figuratifs, il n’existait pas une poésie, un drame, un art figuratif ignorant d’eux-mêmes, mais respectivement un langage, un comportement, un objet unitaire et indistinct, tant au niveau de l’opération que du produit. Cette consécration des activités usuelles normatives en structures artistiques intervient tardivement, dans les sociétés divisées en classes, marquées par la naissance de fonctions intellectuelles auréolées de prestigieuses considérations.

Une chose est sûre : l’histoire de la peinture n’a pas été un cadre temporel badigeonné de sereines créativités. Son tableau historique a été recouvert de controverses « stylistiques » relatives aux procédés picturaux, de divisions artistiques relativement aux choix des thématiques sociétales et de leurs représentations, mais aussi bariolé de ruptures idéologiques consécutivement aux bouleversements sociaux et politiques. Cependant, toutes ces dissidences artistiques de la peinture avaient pour motivation essentielle d’accomplir une reproduction picturale encore plus fidèle et plus remarquable du réel. Toutes les écoles artistiques dissidentes visaient la perfection dans la représentation culturelle, l’abonnissement esthétique.

De manière générale, durant plusieurs millénaires, les peintres, auxquels il convient d’adjoindre les sculpteurs, reproduisaient fidèlement le réel, offraient une représentation des êtres, des lieux et des choses, identifiables et reconnaissables par tout un chacun, grâce à leur génie artistique. Les peintres avaient également pour mission de donner une figure tangible aux croyances et aux mythes, d’illustrer visuellement la religion, les légendes et l’histoire, au moyen de techniques picturales ou sculpturales.  D’éclairer picturalement le monde par l’observation directe du réel reconstitué fidèlement dans leurs œuvres, aisément perceptibles et intelligibles par tout un chacun.  D’immortaliser, pour la postérité, les événements historiques peints dans le feu de l’action. Cette mission de reproduction du réel, de représentation des êtres et des choses, a été des milliers d’années durant dévolue aux peintres. Du moins, jusqu’au XIXe siècle, époque de l’invention de la Photographie. Au cours de cette longue période, les peintres ont bénéficié d’une vénération quasi divine, d’une protection royale et religieuse officielles, de gratifications matérielles substantielles.

Puis est venue l’époque de la révolution industrielle, technique, technologique. Cette révolution fera descendre les peintres de leur piédestal artistique. Ils vont perdre la main des maîtres absolus de la reproduction du réel. Leur pinceau ne peut plus prétendre détenir l’exclusivité de la « production de l’image ». Leur chevalet ne peut plus rivaliser avec les nouvelles technologies photographiques, puis cinématographiques.

Gouaches, pastels, aquarelles, tableaux, feront pâle figure devant la nouvelle invention à la représentation du réel époustouflante : la Photographie. Incontestablement, l’invention de la photographie provoqua une onde de choc au sein de la corporation des peintres. Leur image narcissique fut sacrément malmenée. Leur métier millénaire sérieusement bousculé, basculé, concurrencé par la photo. La concurrence des photographes leur sera fatale : ils seront désormais supplantés du marché de l’art des portraits. La photographie s’est d’abord cantonnée aux portraits, puis elle s’est étendue aux paysages.

De toute évidence, l’irruption de la photographie dans le paysage de la reproduction figurative pulvérisa le monopole des images en deux dimensions. Dès le début de l’invention de l’appareil photographique dans les années 1830, après avoir observé les premières photographies, un célèbre peintre s’écria : « à partir d’aujourd’hui la peinture est morte ».

Cependant, à l’instar de nombreuses inventions, comme l’ordinateur inventé  au cours  de la Seconde Guerre mondiale, cantonné longtemps au monde professionnel hautement technologique et à l’univers militaire, avant de se populariser seulement presque un demi-siècle plus tard, l’appareil photographique, le daguerréotype, demeura des années durant confiné dans le milieu restreint des professionnels, en raison de son utilisation compliquée (pour prendre une seule photo, le temps de pause pouvait durer une demi-heure), mais surtout du fait de son coût exorbitant (à l’instar des premiers ordinateurs personnels inabordables du fait de leurs prix prohibitifs). Sa commercialisation intervint tardivement, à partir des années 1860. En 1888, Georges Eastman commercialisa le premier appareil d’amateur Kodak, équipé d’un film de cent photos avec développement en usine. Quelques années plus tard, avec la « démocratisation » de l’appareil photographique amateur massivement commercialisé, c’est autour des photographes professionnels d’être détrônés de leur monopole.

Quoi qu’il en soit, l’émergence de la photographie accula de nombreux peintres, rudement malmenés par les performances reproductrices de la photographie, à innover en matière de production picturale pour se différencier de la rivalité de l’image photographique. C’est le début de la fuite en avant vers des formes picturales régressives, éloignées de la figuration exacte du visible, de la représentation fidèle du réel, existant ou imaginaire, abondamment illustrée par l’avènement graduel de figures dégradées artistiques, tels l’impressionnisme, le symbolisme, etc.

Pour se démarquer de la tradition de la peinture axée sur la figuration optique du monde selon la technique de la perspective, les peintres se fourvoieront dans la voie de la rupture d’avec le réalisme. C’est le début de l’abandon de la peinture figurative au profit de l’abstraction, du nihilisme pictural. D’aucuns diront : du gribouillage pictural.

Manet fut parmi les pionniers à s’être adonné à une peinture rompant avec le réalisme. Avec Monet se dessine progressivement le courant impressionniste. La peinture impressionniste privilégie la spontanéité, l’improvisation, l’approximation. Elle valorise l’impression visuelle aux dépens de la précision de l’image. C’est la technique de la prédominance de la couleur sur le dessin, de la sensation colorée sur l’exactitude visuelle, de la gaucherie puérile sur la maîtrise réfléchie.

Sous couvert de la liberté de création ou de l’esprit de révolte, de nombreux peintres, déphasés et déclassés, se mirent à répudier les règles de la peinture « réaliste ». Au vrai, c’est pour se protéger de la redoutable concurrence des photographes, nouveaux artistes de la reproduction de l’image d’une précision plus authentique que le modèle, que de nombreux peintres se fourvoyèrent dans le registre pictural hermétique et mystique, loin du champ de la représentation du monde identifiable et reconnaissable par tout le monde.  L’impressionnisme et le symbolisme illustrent cette dérive picturale. Avec le cubisme, l’abandon de la représentation du réel atteint son paroxysme : la rupture avec l’imitation des formes des êtres, des lieux et des choses est consommée. Cette fuite en avant dans la démolition de la peinture « conventionnelle » fut certes déclenchée par l’invention de la photographie, mais, au fil du temps, cette descente vers l’abîme se nourrit de sa propre dégénérescence, accentuée par la décadence de la société bourgeoise, dévorée par le nihilisme, la perte de ses prétentions civilisatrices et de ses croyances progressistes.

Cette dégénérescence s’accentuera tout au long du XXe siècle. C’est l’ère de l’artiste sans art, incarné au début du XXe siècle par Marcel Duchamp, inventeur du ready-made (Objet ou ensemble d’objets manufacturés sans aucune élaboration, élevé au rang d’objet d’art par le seul choix d’un artiste), érigé en égérie de la modernité culturelle avec sa célèbre cuvette d’urinoir en faïence blanche. Cet urinoir symbolise la déliquescence de l’art, cet art millénaire désormais réduit à une déjection fécale achetée à prix d’or par l’argent sale de la bourgeoisie décadente.

Depuis lors, toutes les règles et conventions picturales ont été jetées dans cet infecte « artistique urinoir » puant la décrépitude culturelle. Avec Marcel Duchamp (et, à sa suite, la majorité des artistiques), l’art a perdu ses règles. Toutes les conventions artistiques seront disloquées. N’importe quel objet, même une déjection canine, refaçonnée par un illuminé artiste, peut se prévaloir du statut d’œuvre d’art. Tous les canons artistiques fondées sur une représentation du monde visible reconnaissable par tout le monde et sur des critères précis communément partagés par l’ensemble de la communauté humaine, seront pulvérisés. Pour laisser place à un narcissisme débridé où l’hermétisme le dispute à l’absurde, le délire au puéril, le scatologique au pornographique.

Pour justifier leur fourvoiement dans l’anti-art, les peintres, autoproclamés d’avant-garde, invoqueront l’argument du refus de peindre ce qui peut être désormais photographié. Dès lors, pour cette coterie, le véritable artiste est celui qui peindrait au-delà du perceptible, du connaissable, du reconnaissable. À l’exemple de Picabia qui, pour se conformer à ces délirantes divagations artistiques, décide de peindre ce qui ne peut être photographié, à savoir les idées. C’est une régression dans le néoplatonisme. Vers le chamanisme. Cette échappée vertigineuse dans le ciel éthéré des idées, accessibles prétendument qu’aux génies dotés de la prodigieuse capacité artistique de reproduction à coup de pinceau, est la dernière lubie de ces peintres illuminés du XXe siècle marqué par une prolifération d’idéologies aussi nihilistes que totalitaires. Il n’est pas inutile de rappeler que ces fantasmagoriques délires artistiques fleurissent à la veille (en pleine, après) de la Première Guerre mondiale, époque de l’entrée du capitalisme dans sa phase de déliquescence, illustrée désormais par le triptyque : Crise-Guerre-Reconstruction, autrement dit Paupérisation généralisée, Massacres massifs, Réfection du capital.

Cette prétention de peindre au-delà de la représentation du réel s’apparente à une conception religieuse. Elle réintroduit, par voie culturelle, la vision mystique archaïque selon laquelle l’artiste d’avant-garde, à l’instar des prophètes, serait un être exceptionnel, surhumain, capable de communiquer avec l’authentique réalité accessible uniquement à la pensée et à l’intuition, dissimulée au commun des mortels. Les galeries d’art pullulent de ces œuvres hermétiques, ésotériques, insondables à nos petits esprits prolétaires incultes, dépourvus de culture artistique pour apprécier à leur juste valeur vénale les productions picturales contemporaines incontestablement banales.

Seuls les initiés, comme par hasard issus de la même classe parasitaire bourgeoise, sont susceptibles de discerner le message prodigieusement mystérieux des œuvres d’art contemporaines. On est en plein mysticisme. On navigue dans l’occultisme. Ainsi pour s’offrir à bon compte un simulacre de légitimité, l’art contemporain s’appuie-t-il sur une forme de mysticisme modernisé. L’art décadent contemporain réactualise les conceptions éculées archaïques millénaires, issues du platonisme, de la gnose, du romantisme germanique.

Toutes ces mythologies affirment que l’univers visible n’est qu’une apparence. Cette apparence dissimule l’authentique réalité imperceptible à l’œil vulgaire humain, mais accessible uniquement à l’intelligence supérieure des grands esprits, à l’intuition affinée des génies. En un mot : aux prophètes et aux gourous propagateurs de sectes, de religions. Les romantiques du XIXe siècle n’affirmaient-ils pas que l’artiste est l’Élu de Dieu ; l’artiste voit l’invisible. Pour les illuminés de l’art, la vérité du monde se niche dans les idées enfouies derrières la banalité des apparences. Aussi, la mission du peintre contemporain est-elle de fournir une représentation de ces idées, accessibles uniquement à leur génie. On est loin des anciens peintres préoccupés par le souci de la représentation du réel dans toutes ses dimensions reconnaissables et connaissables. On est passé de l’enchantement du monde représenté fidèlement au désenchantement du monde enténébré délibérément.

À l’instar du néoplatonisme pour qui derrière le monde matériel se dissimule la réalité spirituelle accessible qu’aux initiés, l’art pictural contemporain cultive la même mystique. Derrière la matérialité brute d’une œuvre d’art aux contours apparemment énigmatiques se nicherait l’essence profonde reproductible uniquement par le génie du peintre doté d’un don inné artistique, essence accessible qu’aux esthètes pourvus d’un sens de l’observation spirituel acquis par la fréquentation initiatique des grandes œuvres. De fait, l’œuvre n’est rien. Seul compte l’artiste doté du don inné du génie capable d’accéder au monde des réalités, invisibles pour le commun des mortels, inobservables par voie rétinienne vulgaire (populaire).

Comme le professait Plotin, la vision intérieure de l’artiste vaut plus que l’œuvre réalisée. Ce qui importe dans une œuvre, au-delà des apparences du monde sensible, c’est sa signification intérieure. Selon ces illuminés peintres contemporains, en conformité avec cette conception mystique antique, une œuvre d’art est « moins destinée aux yeux qu’à l’âme ».

Grâce à la peinture impressionniste, symboliste, cubiste, abstraite, l’humanité peut enfin accéder à la réalité cachée du monde. Mais pour accéder à ce paradis artistique, paradoxalement, il faut payer rubis sur l’ongle, au prix fort, le nouveau Dieu créateur d’œuvres des temps modernes : l’artiste.

La conception mystique de l’artiste doté de pouvoirs surnaturels lui permettant d’accéder à une réalité transcendantale s’est répandue aussi bien dans le courant dada que dans le mouvement surréaliste, sans oublier l’expressionnisme abstrait, tous trois adeptes des pratiques fondées sur le hasard, l’automatisme, l’occultisme.

À l’instar du chaman, l’artiste est réputé disposer de la capacité surnaturelle d’entrer en communication (communion) directe « avec les forces qui régissent le monde ». Selon la conception mystique des nouveaux artistes, la mission du peintre n’est pas de peindre ce qu’on observe mais ce qu’on pense. Il revient donc au peintre de transmettre via ses œuvres les pensées aux spectateurs. « L’œil n’a pas la primeur de l’expérience par rapport aux sentiments et aux pensées ». Ce qui importe dans un tableau, ce n’est pas la reconnaissance de l’objet peint, grâce à l’œil du spectateur, mais la signification de l’idée véhiculée par la peinture, quand bien même la peinture demeure absconse pour le spectateur, indéchiffrable pour le commun des mortels.

Cette conception de l’art, élevant l’artiste au rang d’un être surhumain, quasi divin, aux œuvres naturellement prodigieuses, a amplement été fustigée et ridiculisée par Nietzsche.

Quoi qu’il en soit, si naguère l’artiste était jugé sur la qualité de ses œuvres, la modernité décadente artistique a bouleversé cet ordonnancement de l’art. De nos jours, hissé au rang de dieu en raison de son supposé génie, l’artiste brille plus que ses œuvres. Ce ne sont pas ses tableaux qu’admire et vénère le public bourgeois bouffi de suffisance, mais sa personne incarnée par ses tableaux. Avec l’art contemporain, « il ne subsiste plus rien de l’art sinon l’artiste ». Pour paraphraser la célèbre formule de Louis XIV déclarant que « l’État, c’est moi », le peintre contemporain peut s’écrier : l’Art, c’est moi. Autrement dit, ce qu’on désigne par art, c’est l’artiste. C’est Le point de mire de l’art. Aujourd’hui, l’art moderne décadent se réduit au culte de la personnalité, à la déification de l’artiste.

Une chose est sûre : l’art ne chôme pas en matière de production de vacuités. Il ne connaît pas la crise. Il devient même la valeur refuge pour les capitalistes parasites réfractaires à l’investissement productif. L’actualité culturelle récente vient confirmer notre étude sur la dégénérescence de l’art contemporain. Il y a tout juste deux ans, au mois de décembre 2019, c’est une banale banane scotchée à un mur à la foire Art Basel, à Miami, qui aura défrayé la chronique et effrayé la sensibilité artistique des authentiques admirateurs de l’esthétique. L’œuvre, composée d’une banane, fixée à un mur à l’aide d’un ruban adhésif gris, et intitulée Comedian, est la conception géniale de l’artiste Maurizio Cattelan. Cet artiste italien est déjà célèbre pour ses créations provocatrices, comme America, des toilettes en or 18 carats réellement fonctionnelles estimées à 6 millions de dollars. Cette banale banane, transfigurée en œuvre d’art par la vénale culture postmoderne, a été vendue à 120.000 dollars. Achetée par un amateur d’art français, la banane a été aussitôt décrochée du mur par un visiteur pour s’offrir le plaisir de la dévorer, non pas des yeux mais à belles dents (n’est-ce pas sa fonction naturelle que de nourrir le ventre et non pas l’imagination débridée des artistes repus décadents en quête de sensations monnayables). Le visiteur dévoreur de culture bananière, artiste de son état, a invoqué, pour justifier son geste gourmand de gloutonnerie, un contre-argument esthétique : il a indiqué qu’il s’agissait d’une « performance artistique ». N’empêche : le repas frugal a coûté la bagatelle somme de 120.000 dollars. Pour rassurer les amateurs d’art éplorés devant cette dégradation de l’œuvre d’art, la galerie Emmanuel Perrotin, qui a vendu Comedian, a précisé qu’il n’y aucun préjudice à déplorer, étant entendu que le visiteur affamé « n’a pas détruit l’œuvre. La banane, c’est l’idée », a déclaré philosophiquement le directeur des relations avec les musées, Lucien Terras. Qui a dit que l’art s’est transformé en déjection, à l’instar de cette œuvre bananière métamorphosée en matière fécale par la grâce de la gourmandise espiègle du visiteur affamé. Nous connaissions la République bananière, nous découvrons l’Esthétique bananière (où règne qu’une forme vénale de création et la corruption artistique). Selon les spécialistes, la fameuse banane dévorée n’a aucune valeur intrinsèque ; c’est le certificat d’authenticité, paraphé par le gigantissime artiste italien, qui vaut son pesant d’or. Quoi qu’il en soit, l’œuvre en question a été reproduite en cinq exemplaires, déjà vendus à des collectionneurs adeptes de bananes mûres financièrement turgescentes. Chaque banane pesant 200 grammes, au total la série des 5 bananes (achetées probablement à l’épicier du coin de la rue à 1 dollar le kilo) rapporteront à leur écornifleur artiste la banale somme de 600.000 dollars.

De tous temps, tant que les artistes réalisaient des œuvres visant à reproduire et à représenter le réel de manière identifiable par tous, c’était par l’œuvre qu’était jugé l’artiste. Aujourd’hui, depuis l’efflorescence de la décadence de l’art, sous couvert de modernisation de l’art cristallisé par les multiples écoles ésotériques picturales comme l’impressionnisme, le symbolisme, l’abstrait, c’est par l’artiste qu’est jaugé et jugé l’œuvre.

Durant des milliers d’années, les peintres, quelle que soit leur « école », œuvraient à rendre le plus reconnaissable et le mieux peint possible l’univers de la réalité. L’œuvre d’art était une image du réel ou du vraisemblable reconnaissable par tous, une représentation du monde transfigurée par l’œil et la main experte de l’artiste. Les sujets étaient inspirés du monde réel, perceptible et identifiable par tout le monde : scènes de la vie courante, portraits, paysages, natures mortes. Puis, à la faveur de la naissance de la photographie et de l’amorce de la décadence du capitalisme, les artistes seront happés par le crétinisme esthétique, sombreront dans la médiocrité artistique.

À l’évidence, désarçonnés par la concurrence des photographes aux techniques de reproduction du réel extraordinaires, beaucoup de peintres, atteints dans leur image narcissique, se sont résignés à devenir l’ombre d’eux-mêmes. Lâchant la proie artistique pour l’ombre fallacieuse picturale absconse, ils ont fini par sombrer dans le nombrilisme esthétique. Avec leurs ésotériques œuvres pathologiquement narcissiques, ils ont érigé le culte du dérisoire, de l’absurde, du canular, de l’ignoble, de l’abject, de la provocation, en nouvelle religion de l’art.

Sans verser dans l’administration beat de l’art conventionnelle avec ses canons esthétiques aujourd’hui évidemment désuets, il convient de renouer avec l’esprit créatif inspiré directement de la réalité, de la collectivité humaine en lutte pour sa survie imposée par un système économique mortifère. Pour cela, l’artiste moderne doit inscrire son œuvre dans ce combat porté par l’humble humanité opprimée, dans une perspective révolutionnaire à la fois ludique et politique, esthétique et émancipatrice, distrayante et libératrice, pour redonner ses lettres de noblesse à l’Art. « L’art ! L’art !… L’art humain aura beau faire, il ne sera jamais qu’artificiel. Il ne vaudra jamais la vie. », a écrit avec lucidité Nietzsche.

 L’art n’est pas voué à la médiocrité esthétique. Grâce à un sursaut révolutionnaire, il peut de nouveau renouer avec la réflexion critique de l’ordre existant, la société marchande. Redonner ses lettres de noblesse à la créativité en lui restituant son esprit subversif, son imaginaire soucieux d’exploration de nouvelles possibilités d’existence sociale plus humaine. Il faut replacer l’art au cœur de la vie pour redonner du cœur à l’art, rendu insensible au drame humain par le capitalisme décadent. À l’image de la société de consommation friande de l’obsolescence programmée, l’art moderne favorise l’instantanéité, le transitoire, le consomptible. C’est l’art kleenex : jetable. C’est l’ère de la standardisation-massification de l’art. L’art ne s’inscrit plus dans une perspective historique, ni sociologique. L’art contemporain ne correspond pas aux attentes du public en quête de réponses artistiques à ses questionnements existentiels. Car l’art, quoiqu’il ne remplace pas le militantisme révolutionnaire, peut contribuer au débat politique par le truchement de ses œuvres engagées. Il peut aider à changer le monde pour changer la vie. Comme l’a écrit Walter Benjamin, l’art doit collaborer « à la création d’un monde où l’action serait enfin la sœur du rêve ». Assurément, l’art n’a jamais suscité le moindre soulèvement populaire. A contrario, les périodes d’effervescence contestataire sociale ont souvent favorisé l’émergence d’une créativité artistique exceptionnellement prodigieuse et prolifique. L’art se fait révolutionnaire et la révolution devient un art. La révolution se poétise, l’art se politise. L’imagination s’empare du pouvoir de l’action, l’action s’affine à l’aide de l’imagination. L’art œuvre pour l’émancipation, l’émancipation devient une œuvre d’art. La créativité se met au service du combat contre toutes les aliénations. L’art devient une arme d’émancipation car il ne se borne pas à interpréter le monde mais œuvre à transformer le monde. L’art s’articule aux luttes sociales dans une perspective émancipatrice.

Aussi, l’art doit-il s’inscrire dans une rupture d’avec le monde aliénant dominant pour privilégier une créativité en opposition totale avec les normes et les contraintes sociales mercantiles diffusées et imposées par l’État et le Capital.

Khider Mesloub

 

 

 

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

7 réflexions sur “L’imposture de l’art contemporain: entre barbouillage pictural et maquignonnage culturel

  • 31 janvier 2022 à 7 h 50 min
    Permalien

    Le vieux poncif fascisant du chialage contre l’art moderne et contemporain. La tenace hystérie de la « dégénérescence » des beaux-arts… L’argument bateau de la pourriture bourgeoise (bien effective, d’autre part) qui, parce qu’elle paye bonbon pour des croutes et des zizins difformes, orchestrerait perfidement la décadence conspiro du beau…

    Analyse intégralement pitoyable. On en veut pas de ton esthétique réactionnaire implicite et de ton « réalisme socialiste » paternaliste, folliculaire philistin mal avisé… Va te cacher…

    Répondre
  • 31 janvier 2022 à 8 h 56 min
    Permalien

    Au contraire de l’intervenant précédent, j’ai beaucoup aimé l’article. La plupart des productions « artistiques » modernes sont insipides, ne sont là que pour flatter l’ego et augmenter la cote de « l’artiste »… N’importe qui peut d’ailleurs devenir « artiste », sans même posséder le moindre talent : seules comptent les relations, le piston… Il y a assurément une vraie dégénérescence des arts et de la culture sous le capitalisme. Je souscris totalement à l’argumentaire de l’auteur, jusqu’à sa conclusion… L’avantage de ces productions « artistiques » vides de sens et dénuées d’esthétique : on pourra les bazarder sans regret, quand bien même elles auraient été achetées les yeux de la tête, pour faire place nette à celles qui jailliront de la vie nouvelle, une fois l’Homme désaliéné ! On pourra quand même garder quelques croûtes de l’art contemporain afin de faire un « musée des horreurs » témoignant d’une période où tout était renversé, laid et vide de sens… Donc, bravo pour la forme (belle écriture) comme pour le fond !

    Un petit exemple de peintures que je trouve belles, même si les scènes sont rudes : https://dailygeekshow.com/peintures-seconde-guerre-mondiale/

    Preuve qu’on peut faire de la belle peinture, même à l’époque de la photographie…

    Répondre
    • 31 janvier 2022 à 10 h 40 min
      Permalien

      Le moins qu’on puisse dire c’est que vos choix esthétiques picturaux illustrent magistralement l’article. On peut pas vous reprocher de manquer de cohérence…

      Limitations figurativistes, étroitesse intellectuelle, même combat…

      Et votre musicien favori, c’est Paul Mauriat?

      Répondre
  • 31 janvier 2022 à 9 h 06 min
    Permalien

    J’ajouterai que ce que j’ai dit du « piston » est inspiré de l’expérience pratique, celle de mon père, qui en dépit d’un talent certain (peinture-sculpture), n’a jamais pu vivre de ses productions, bien qu’il ait ponctuellement exposé dans de « grandes » galeries d’art… (dont les Thénardiers sont d’ailleurs loin d’être tous honnêtes…) C’est de la peinture onirique, mais techniquement et esthétiquement, c’est d’un très haut niveau. Ce n’était pourtant pas à la mode dans les années 1990…. http://wakixponline.chez-alice.fr/onirique.html

    Répondre
  • 31 janvier 2022 à 9 h 23 min
    Permalien

    @ Chacun

    Sans vouloir versé dans le « réalisme socialiste » de la gogauche emmurée, ni dans les élucubrations de la petite-bourgeoisie de droite dégénérescente, je propose une lecture de classe de deux textes ici présentés :

    ICI : https://les7duquebec.net/archives/269796 et ICI : https://les7duquebec.net/archives/269929

    @ Tous

    La petite-bourgeoisie joue un certain nombre de rôles précis dans l’oppression de classe du prolétariat. L’article que voici offre la description imagée de l’un de ces rôles prépondérants du petit-bourgeois… enfumer la populace et rendre incompréhensible la révolte populaire… construire des boucs émissaires et égarer la conscience mûrissante de la classe ouvrière dans les méandres de la folie sociale et idéologique bourgeoise décadente.

    La petite-bourgeoisie dite intellectuelle apporte ainsi sa contribution à l’écrasement des flux révolutionnaires et à l’endiguement des forces confuses du prolétariat intellectuellement émergent…après un siècle de confusion entre capitalisme-socialisme-communisme… et tutti quanti.

    La confusion éclectique qu’étale la petite-bourgeoisie endémique provient de l’ambiguité de sa position de classe parasitaire. La petite-bourgeoisie – particulièrement sa faction intellectuelle – réfléchissante (comme un miroir de son narcissisme) – est à la fois dépendante du grand capital dirigeant-gouvernant et dépendante aussi de la force de travail, unique productrice de valeur d’échange – de richesse – d’impôts qui servent de prébende pour stipendier cette engeance petite-bourgeoise écarteler entre deux maîtres.

    Ne soyez pas surpris de lire ce genre d’ânerie de la plume du petit-bourgeois collabo : « Extrait : « les jeunes sont l’attaque, l’aventure, ils doivent cesser d’être une marchandise, pour devenir les consommateurs de leur propre élan, si la jeunesse ne se sauve pas, elle perdra le monde ».

    Le jeune reproduit exactement ce que le « grand » lui apprend…Mai-68 du petit-bourgeois en quête d’un emploi l’a confirmé amplement. Que reste-t-il de ces phrases alambiquées de Mai l’illusion et de Dany Le Rouge – le damné? Que des idées enfumées dont Onfray nous pollue la vue ce pédant philosophe de l’effondrement du capitalisme en décrépitude.

    La contradiction qui paralyse la petite-bourgeoisie décrépit est la même que celle qui confronte la grande bourgeoisie – plus le petit-bourgeois milite pour le sauvetage du mode de production capitaliste et davantage il court à sa perte car le salut du grand capital réclame la spoliation de tout le capital (petit-moyen-grand) et sa concentration monopoliste maximale au sommet de la pyramide sociale.

    Bref, le petit-bourgeois intellectuel ou autre est appelé à sacrifier sa vie – à paupériser et à se prolétariser pour le bénéfice du grand capital mondial… ce que justement il cherche à éviter désespérément. Cette confusion dialectique explique la confusion de la petite-bourgeoisie éclectique.

    C’est pourquoi nous prolétaires révolutionnaires, nous acceptons de marcher à côté du bataillon petit-bourgeois – sans jamais baisser notre garde et en évitant la confusion des « genres » ou l’amalgame… Tôt ou tard la petite-bourgeoisie devra faire son choix ultime : Pour ou Contre la Révolution Prolétarienne.

    Robert Bibeau

    Répondre
  • 1 février 2022 à 10 h 20 min
    Permalien

    Notre camarade Khider dresse ici le portrait de la décadence du capitalisme dans le domaine des arts comme dans tous les autres domaines ou la marchandise bourgeoise ne trouve plus preneur … si ce n’est parmi les cercles d’initiés dépravés.

    Je retiens entre autre cette phrase de Mesloub « Avec le nouvel esprit nihiliste du capitalisme dominé par la production en série d’objets factices, en matière d’art tout objet insignifiant et fastidieux peut être métamorphosé en représentation artistique par la grâce de la propagande médiatique affidée, chargée de vendre la camelote idéologique bourgeoise sous emballage culturel. »

    Le capitalisme moribond entraîne à sa suite ses sous-fifres intellectuels, marchands de malheur et décadents.

    Entre intellectuels et artistes – et le prolétariat – la rupture est consommée.. Voyez le résultat à Ottawa ou le monde renaît.

    Robert Bibeau

    Répondre

Répondre à Ysengrimus Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *