Êtes vous égo-logiste?
OLIVIER CABANEL — Cette expression, chère à Joèl de Rosnay définit celui qui préfère le JE ou nous, et illustre bien la tendance sociale du moment.
Tout comme on oppose le yin et le yang, on peut aujourd’hui opposer les fervents du « tout à l’égo » à ceux qui lui préfèrent les valeurs de solidarité et de partage.
Faut-il faire confiance à celui qui décide tout tout seul, convaincu d’avoir toujours raison, ou à ceux qui préfèrent ce qu’on appelle aujourd’hui « l’intelligence plurielle ».
Wikipédia, l’encyclopédie citoyenne illustre parfaitement cette intelligence collective, donnant à chacun la possibilité de renseigner, ou de se renseigner.
Cette opposition a été parfaitement illustrée lors de la dernière élection présidentielle ou l’on a vu la victoire du « Je » sur le « Nous ».
Rappelez vous les discours du Prez : « J’irais chercher le pouvoir d’achat avec les dents ».
« Je défendrais les droits de l’homme partout où ils sont méconnus et menacés » lien (on a vu de quelle façon il ne l’a pas fait avec Kadhafi, ou avec la dictature chinoise).
Le « Je » étais toujours présent dans ses discours, alors que de l’autre côté, c’est le « nous » qui était privilégié.
La crise écologiste va emprunter bientôt le pas sur la crise économique, et tout laisse croire que le « chacun pour soi » et « que le meilleur gagne » vont l’emporter.
En France le Grenelle est un lamentable échec, accumulant les effets d’annonces, sans de réelles applications, ou avec de si misérables avancées qu’elles seront sans effet notoire.
Ces Grenelles successifs sont la marque évidente du choix politique qui privilégie l’apparence, et prend la vérité avec des pincettes et une certaine distance, tout comme le récent documentaire présenté par Yan Arthus Bertrand : Home.
Ce film est la preuve que la défense de l’environnement est toujours présentée par le petit bout de la lorgnette, et que les sujets qui fâchent sont soigneusement évités.
Pas un mot dans ce film sur le danger nucléaire qui nous menace depuis un demi-siècle, et dont les conséquences sur notre planète sont de plus en plus préoccupantes.
Ce film est soutenu par de magnifiques images bien sur, destinées à nous émouvoir et censées nous donner envie de défendre notre planète « home », mais ces mêmes images sont portées par un discours émaillé de contre-vérités.
En effet, le spectateur attentif aura bien noté que le réalisateur utilise le futur, alors qu’il aurait tout aussi bien pu utiliser le présent.
Il évoque, par exemple, la quantité phénoménale de méthane piégée sous le pergélisol et dans le permafrost et qui pourrait s’échapper un jour, accélérant dramatiquement le réchauffement planétaire. lien
Sauf qu’il oublie de dire que ce méthane s’échappe actuellement à gros bouillons, tel qu’il a été observé par plusieurs missions scientifiques récentes.
La lente et inexorable montée des eaux a commencé à chasser les habitants de leur lieu de vie, et dans les pays riches la parade est déjà prête.
Il existe de par le monde des zones totalement sous contrôle, avec ses barrières de sécurité, ses vigiles, ses caméras de surveillance, ses moyens de défense, prêtes à repousser avec la plus grande fermeté les assauts prévisibles des futurs délogés climatiques.
Les entreprises sont de plus en plus nombreuses pour proposer ce genre de service, et les caméras de surveillance se multiplient. lien
Cette opposition du « Je » et du « Nous » se retrouve aussi entre les fervents partisans de la croissance, convaincus que seule celle-ci pourra redonner du pouvoir d’achat, avec ceux qu’on appelle aujourd’hui « les décroissants », ceux-ci préférant jouer la carte de la solidarité et du partage, refusant de continuer à consommer toujours plus, aux dépens des peuples affamés et asservis.
Pourtant il est visible que cette solution décroissante est la seule qui permettrait de contrer la récession.
Les écarts de salaires qui vont aujourd’hui de 1 à 400, ne devrait pas dépasser un écart de 1 à 7, ce qui était d’ailleurs inscrit dans le programme commun défunt des années 70.
Le choix est aussi entre le « partage du travail », ou le « travailler plus », (y compris le dimanche), même si çà doit générer plus de chômage.
Toujours donc l’opposition entre le je et le nous.
Ce choix de société est décisif sur ce qui nous attend pour les années à venir, et il est à craindre que le bon choix ne sera pas fait.
Car comme disait un vieil ami africain :
« Une pirogue n’est jamais trop grande pour chavirer ».
version en portugais:
https://queonossosilencionaomateinocentes.blogspot.com/2022/02/voce-e-um-eco-logista.html
Excellent !
»Il existe de par le monde des zones totalement sous contrôle, avec ses barrières de sécurité, ses vigiles, ses caméras de surveillance, ses moyens de défense, prêtes à repousser avec la plus grande fermeté les assauts prévisibles des futurs délogés climatiques. »
Pauvres délogés climatiques en effet… je reviens juste d’un trip au bled qui subit une quatrième année de sécheresse consécutive et terrible au sens propre du terme et dont les effets sont tragiques sur la faune, la flore et les humains par dessus tout dans un pays ou des classes dominantes de bougnouls anoblis et devenu milliardaires grâce à leur associations au pouvoir ultra corrompu et prédateur se foutent éperdument des aléas climatiques, de la misère qui cerne la population de toute part, et de la déchéance sociale de plus en plus frappante sur place ! les délogés climatiques dans ce bled comptent par dizaines de milliers qui vont s’installer chaque jour (je n’éxagère pas les chiffres sont réels et font peur depuis plus de 30 ans maintenant) aux abords de grandes villes, et dans les bidonvilles…. car la campagne sans pluie est devenue le domaine exclusif des riches exploitants qui ont les moyens de creuser des puits toujours plus profonds pour atteindre les grandes nappes souterraines jadis préservées, et équiper ces puits de moteurs et pompes puissantes, tout en aménageant et creusant en surface des bassins immenses de rétention des eaux puisées ainsi… et qui peuvent faire la superficie de cinq terrain de football (j’en ai pris qq uns en photos), afin d’irriguer au goutte a goutte leurs domaines d’arbres fruitiers et parfois vendre le surplus de cette eau rare aux voisins moyennant la récupération de la moitié de leur récoltes en guise de paiement !
Si vous vous baladez dans mon bled et voyez la multiplication des résidences d’un luxe inouï et inexistant en occident, les boutiques de luxe genre 19ème et debut 20ème comme si on était un pays peuplé de ducs et de duchesses, les quartiers de luxe, les restaurants de luxe qui facturent 200 euros un repas et ne désemplissent pas… et les bagnoles de grand luxe assurément qu’on exhibe sans le moindre complexe face à un peuple cloîtré dans des appartements économiques de moins de 60 mètres carré construits par millions avec des cités ghettos qui donnent froid dans le dos…et qu’on considère aujourd’hui »classe moyenne »…. sans jamais vous attarder sur la misère des bidonvilles par milliers et les villages de montagnes désertées et en ruines avec quelques survivants dans la misère noire, vous comprenez comment se fait cette marche du monde et comment on compte en découdre avec le peuple dans le nouveau paradigme des pouvoirs en place…. le tout dans un contexte de flambée des prix de l’énergie et des denrées alimentaires dont ne se soucient même pas les classes dominantes et le pouvoir qui possèdent tout ceci et revendent au peuple son propre labeur a un prix dont il ne peut rêver s’acquitter…. vous comprenez aussi comment la dictature moderne a changé de méthodes et de visage, beaucoup plus brutale en réalité, elle est plus soft cette fois en apparence, elle discoure de »capital humain » et de »citoyens ayants droits »… mais se fout d’eux et les quadrille de toute part afin que personne ne puisse exprimer la moindre plainte !
Yann Arthus Bertrand ou un autre peuvent bien entendu nous vendre leurs feuilletons sur la planète saccagée et les populations déplacées de force en toute quiétude… ils iront chercher leurs prix et leurs trophées à la sortie de chacun de leurs »films » ….et encaisser surtout en monnaie sonnante et trébuchante le fruit de leur travail en toute hypocrisie… mais chuuut… il ne faut surtout pas parler des gens comme ça….c’est négatif, c’est méchant, c’est ignare et c’est sous-développé….car si ça se trouve, ces gens la sont eux aussi de grands mécènes et possèdent de »grandes âmes charitables » et passent leur vie a faire don de leurs gains aux »pauvres et démunis »…. :)))
Superbe article d’Olivier Cabanel comme d’hab !
Je souhaiterais beaucoup savoir quand donc pour la première fois Joël de Rosnay (qui serait lui aussi finalement un suppôt du maléfique Schwab) a utilisé le néologisme, en soi malheureusement fondé, d’égologiste.
Merci