SAUVER LE SOLDAT BIDEN-Les multiples facettes des préparatifs de guerre
Traduction et commentairres :
L’armée russe a annoncé la fin échelonnée des manœuvres en cours de la Méditerranée à la Biélorussie. Mais selon la presse américaine, l’invasion de l’Ukraine est toujours imminente et la tension continue de croître, en fait il y aurait 7 000 soldats supplémentaires sur le terrain, de sorte que le déploiement de l’OTAN devrait être renforcé et prolongé. Mais la France et l’Allemagne font déjà autre chose, contredisant ouvertement le discours américain, incorporant la Chine et se plaçant aux antipodes d’une propagande américaine dont les véritables objectifs semblent être de « sauver le soldat Biden » en difficulté aux États-Unis et de changer de force la matrice énergétique européenne.
Table des matières
- La Russie recule-t-elle ? Pourquoi?
- L’incubation d’une position franco-allemande qui veut contenir à la fois les États-Unis et la Russie
- Sauver le soldat Biden
- La Chine et la géopolitique du Français et du capital allemand
- La paix à notre époque ?
La Russie recule-t-elle et Pourquoi?

À ce stade, il semble tout à fait clair que les « mesures techniques militaires » annoncées par Poutine en cas de non-accord avec l’OTAN ne passeraient pas par une invasion de l’Ukraine mais par le déploiement de missiles nucléaires à moyenne portée en Biélorussie, qui modifie expressément sa constitution pour prêter son sol à l’armée russe. L’équilibre nucléaire en Europe et la fin de la « profondeur stratégique » russe ont été la question sous-jacente dès le début de cette crise, qui a néanmoins mis beaucoup plus de choses sur la table.
En effet, selon John Sawers, ancien directeur du Mi6, le renseignement extérieur britannique, « les préoccupations en matière de sécurité russe ont une fois de plus figuré en tête de l’agenda diplomatique international », ce qui serait un triomphe suffisant pour s’attendre à ce que le Kremlin démantèle discrètement les manœuvres actuelles. La Russie n’aurait eu l’intention que de secouer la planche, sans véritable prétention de la briser.
De plus, si l’on lit attentivement les messages de l’OTAN, ils parlent de consolider leurs positions à l’Est à moyen terme dans le cadre d’une «nouvelle normalité» avec la Russie. L’insistance sur l’imminence supposée d’une invasion a déjà disparu, bien qu’ils mettent en scène l’indignation de l’OTAN parce que «les troupes russes se déplacent d’un endroit à l’autre» entre différents exercices sans réduire leur nombre total ni même l’augmenter.
Dans ce contexte, le message de Biden mardi, assurant qu’«une invasion est encore clairement possible », ce que la Maison Blanche a insisté mercredi, et pourtant semble plus que douteux à Paris et à Berlin. Plus que l’angoisse de Pierre face au scepticisme de ses voisins lorsqu’il avertit pour la énième fois de l’arrivée du loup – et c’est vrai – cela semble une invitation désespérée du jeune berger au loup d’être présent immédiatement…ce que le loup Poutine accepte mais selon son propre agenda.
L’incubation d’une position franco-allemande qui veut contenir à la fois les États-Unis et la Russie

La presse Français a été la première à remettre en question les messages des services de renseignement américains et britanniques affirmant qu’ils faisaient partie d’une guerre de propagande. À ce stade, après avoir passé le fameux jour J au cours duquel, selon Biden, la Russie allait envahir l’Ukraine, même les doux médias publics espagnols ont répandu le scepticisme. Mais le message va beaucoup plus loin dans certains médias, reflétant un positionnement de plus en plus conflictuel des bourgeoisies allemande et Française.
Pour refléter avec une clarté particulière le ton des opinions et des chroniques que nous lisons ces derniers jours dans des médias très divers tant en Allemagne qu’en France, il convient de citer longuement le dernier éditorial de Marianne et de lancer un signal d’alarme sur le titre : «Ukraine : savoir qui veut vraiment la guerre».
« Vladimir Poutine n’est pas plus conseillé que Saddam Hussein. Et il a rassemblé ses troupes autour de l’Ukraine. Mais un projet d’invasion nécessite une logistique autre que des exercices militaires, visible par satellite. Et nous voudrions que les États-Unis, cette fois-ci, ne nous demandent pas de croire leur parole.
Face à une telle situation, un peu de profondeur historique est nécessaire pour comprendre que les appels à l’unité entre «Européens», et même parmi les «Occidentaux», ne viendraient que d’un alignement sur des intérêts qui ne sont pas les nôtres et ne serviraient pas la stabilité du monde.
Premier point à garder à l’esprit, les démocrates américains ont toujours été des faucons convaincus que les Russes restent l’ennemi héréditaire. […] La défaite d’Hillary Clinton face à Donald Trump, que les démocrates attribuent à la manipulation russe pour ne pas admettre la nullité de leur candidate, a encore renforcé leur obsession. […] »
La tension entre Vladimir Poutine et les États-Unis remonte encore plus loin, au début des années 2000, lorsque le tout-puissant chef de Ioukos, la première compagnie pétrolière russe, a forgé des alliances avec le groupe Exxon Mobil.
Son PDG, Mikhaïl Khodorkovski, envisage alors de vendre son groupe aux Anglo-Saxons pour 25 milliards de dollars, ce qui lui aurait permis de financer une campagne présidentielle avec la bienveillance des Américains. Vladimir Poutine le fait alors tomber pour évasion fiscale et l’emprisonne pendant dix ans. Les Américains comprennent à ce moment-là qu’ils ne mettront pas la main sur les matières premières russes.
Vingt ans plus tard, les États-Unis sont devenus exportateurs de gaz naturel liquéfié et cherchent à conquérir le marché européen. Les Allemands, sous la pression des Verts, ont opté pour 45% d’énergie renouvelable intermittente: ils ont besoin du gaz supplémentaire de leurs centrales à gaz, actuellement alimentées par des gazoducs russes. Et le nouveau, Nord Stream 2, vous permet de contourner l’Ukraine. ( Voir : https://les7duquebec.net/?s=nord+stream
Évidemment, c’est ce pipeline que les Américains menacent de fermer en cas d’incident sur le sol ukrainien. Garder cela à l’esprit, c’est éviter de croire que, parce que Vladimir Poutine est un autocrate sans scrupules, ceux qui l’affrontent sont de généreux philanthropes. Ni la France ni l’Europe n’y gagneraient. »
UKRAINE : SACHEZ QUI VEUT LA GUERRE. NATACHA POLONY, DIRECTRICE DE MARIANNE.
Spiegel se demandait déjà si la crise ne se terminerait pas par un accord russo-américain qui laisserait l’Ukraine dans une situation impossible… et l’axe franco-allemand. En fait, l’une des principales craintes des chancelleries européennes – sur laquelle la presse allemande insiste de plus en plus chaque jour – a été de savoir si la tension accumulée au cours de ces mois ne se terminerait pas par un changement de régime à Kiev avec un gouvernement ultranationaliste remplaçant Zelensky.
Zelensky, qui partage évidemment ces préoccupations, est allé jusqu’à défier les États-Unis en exigeant, selon la BBC, que si les puissances occidentales avaient «des preuves solides» de l’imminence d’une invasion, elles le montreraient. Une position audacieuse pour le chef d’un état tampon.
Juste au cas où et craignant un coup d’État ultra, Zelensky a décidé de retirer littéralement le drapeau des mains de ses opposants les plus nationalistes en appelant hier – le jour de l’invasion supposée – un « jour d’unité ». Une exposition de drapeaux et d’actes patriotiques dédiés à l’exaltation de l’union sacrée des classes et à la préparation de l’État et de la société à la guerre. Les chroniques ont montré que, heureusement, l’atmosphère chauvine et belliciste de la classe dirigeante ukrainienne n’obscurcit pas la plupart des ukrainiens… une population loin d’être enthousiaste et qui n’a pas participé massivement.
Sauver le soldat Biden

Pour sa part, la presse pro-démocrate américaine est entrée directement dans le mode de la propagande de guerre et de la désinformation avec des bijoux tels que le New York Times montrant une base polonaise branlante pour réfuter la crainte russe d’un déploiement de missiles INF sur le sol polonais.
Mais le meilleur a été laissé pour les colonnes d’opinion et les spin doctors. Quelques heures seulement après qu’il ait été confirmé que la Russie n’avait pas envahi l’Ukraine à la date et à l’heure lancées par Biden, un véritable feu croisé de ditirambiques et d’exaltations épiques du président s’ouvrait. Le message : s’il n’y a pas de guerre ou d’invasion, c’est à cause de la «gestion magistrale de la crise» par Biden. (sic)… ridicule en effet.
Fait révélateur, ce qui a été souligné dans tous les articles, c’est que cette gestion magistrale avait consisté à « mettre nos alliés européens, en particulier l’Allemagne, en formation » et à avoir découvert «des moyens d’approvisionner l’Europe en gaz naturel liquéfié». Ils ont oublié de dire que oui, que les voies en question sont les mêmes que celles que Trump a essayé d’imposer depuis qu’en 2018, il a ouvert la bataille pour NordStream2: Résultats de recherche pour « north stream » – les 7 du quebec forcer l’Allemagne à acheter du gaz américain, deux fois plus chers, aux installations polonaises.
Et bien sûr, il ne pouvait pas manquer la fin d’un avertissement à la Chine: «nous croyons aux alliances, et lorsque nous agissons en accord avec nos alliés, nous pouvons toujours fermer un poing puissant, au cas où il envisagerait de prendre le contrôle de Taiwan.» (Voir: https://les7duquebec.net/?s=ukraine
Bien que ces messages puissent être risibles du point de vue européen, ils sont profondément inquiétants. La presse démocrate les diffuse non seulement parce qu’elle veut éviter l’usure interne de Biden, de plus en plus touché dans les sondages.
Sauver le soldat Biden est fondamental pour eux parce qu’ils comprennent que la façon dont le Parti démocrate peut réduire la violence de la fracture entre les factions de la bourgeoisie de leur pays et gagner un certain secteur de la petite bourgeoisie en colère, c’est en accélérant et en élevant le niveau de développement militaire de leurs lignes de conflit impérialiste…bref, en intensifiant les préparatifs de guerre mondiale suite à l’exercice pandémique-sanitaire mettant en jeu de nouvelles armes virales dont ils ont prouvé qu’ils ne maîtrisaient pas les paramètres létales.
Au moins tant que les démocrates verront leurs perspectives électorales incertaines, une période de tensions inter-impérialistes potentiellement explosives s’annonce. Bien qu’il n’y ait pas eu d’invasion et qu’il n’y en aura pas, ce n’est pas un jeu de vantardise et ce sera de moins en moins… comme Poutine vient de l’annoncer en créant deux républiques bidon aux marges de l’empire Russe.
La Chine et la géopolitique du capital français et du capital allemand


À tout cela, Xi a eu une conversation téléphonique hier avec Macron. L’agence officielle chinoise, Xinhua, a publié un communiqué de presse succinct qui, dans l’édition Française, avait un petit ajout, que nous avons copié en gras, rien de décontractée.
Le président chinois a également souligné que les parties concernées devraient utiliser pleinement les plates-formes multilatérales, y compris le format Normandie.
Le format Normandie est un tableau à quatre entre la France, l’Allemagne, la Russie et l’Ukraine. Et il est évidemment préféré et proposé à Poutine par Macron et Scholz. Le message de Xi est donc double.
- Poutine transmet l’importance de maintenir sa propre relation avec la France et l’Allemagne en dehors de l’OTAN qui ne court-circuite pas la perspective d’un grand marché eurasien des capitaux et des biens, de Shanghai à Faro.
- Macron et Scholz sont poussés à prendre au sérieux l’intégration économique avec la Chine et à lancer une fois pour toutes l’accord d’investissement UE-Chine qui a été paralysé il y a un an.
Le marché eurasien à consolider
Cela révèle une nouvelle force de fond dans la tectonique formant des blocs que nous connaissons. Le continent eurasien est une grande île sur laquelle vit 70% de la population mondiale. Il a deux grands pôles d’accumulation du capital, un à chacune de ses extrémités. Deux pôles qui aspirent à unifier leurs marchés et à développer de nouvelles bases de consommateurs et opportunités d’investissement dans l’espace qui les sépare… dans lequel la Russie est une partie très importante à tous points de vue, de la logistique à l’énergie.
Cette image continentale est ce qui donne un vrai sens à l’affirmation de Scholz au Kremlin, où, bien qu’il soit plus énergique que conciliant, il a clairement affirmé que :
Pour nous, Allemands, mais aussi pour tous les Européens, il est clair qu’une sécurité durable ne peut être atteinte contre la Russie, seulement avec la Russie. Nous ne devons pas nous retrouver dans une impasse. Ce serait une honte pour nous tous.
La paix à notre époque ?


Le fait qu’il n’y ait pas eu d’invasion russe de l’Ukraine et qu’aucune guerre n’ait éclaté avec la participation directe des grandes puissances ne devrait pas provoquer d’enthousiasme. L’équilibre qui émergera à la suite de cette guerre fantôme est celui d’un développement du militarisme et de l’agressivité dans la confrontation entre les intérêts impérialistes.
Et pas seulement sur le sol européen, le déploiement russe au Japon ces jours-ci est en fait plus inquiétant que celui de l’Ukraine en ce qu’il ne répond à aucune autre menace que celle d’un positionnement diplomatique japonais.
Et alors que les médias regardaient la frontière ukrainienne, la France a été expulsée d’un Mali maintenant allié de la Russie. Macron envisage maintenant de faire venir ces soldats européens au Niger sans craindre apparemment une nouvelle escalade des tensions avec l’Algérie. La Commission qui dirige l’UE dispose déjà de pouvoirs garantis pour réduire ou geler les fonds reçus par la Pologne et la Hongrie. Sans parler de l’évolution des équilibres au Moyen-Orient ou de la course aux armements et au nucléaire dans le Pacifique.
La seule nouvelle qui fait allusion à une alternative est celle de l’absence de masses de travailleurs dans les actes patriotiques qui, tant en Ukraine qu’en Russie, ont cherché à mettre en scène « l’union sacrée » pour la guerre.
Il ne doit pas être surdimensionné, c’est une résistance passive au formatage militariste et fasciste étatique. Mais elle se nourrit d’une expérience récente de frappes des deux côtés de la frontière du Donbass qui représentaient une alternative, la seule possible, à la tendance à la mondialisation de la guerre que nous vivons.
version en portugais:
https://queonossosilencionaomateinocentes.blogspot.com/2022/02/salvar-o-soldado-biden-as-muitas.html
En complémentaire à propos de la riposte russe aux agressions américaines :
https://lesakerfrancophone.fr/le-judo-ukrainien-de-poutine-revisite
@ Robert
Je ne sais pas si vous voyez les infos…. mais »l’Anschluss » ou annexion de l’Ukraine par le caporal Poutine a déjà commencé ! l’invasion est totale d’Est en Ouest et du Nord et Sud du pays… ainsi que les graves menaces de Poutine d’anéantir quiconque qui s’en mêlerait… ou voudrait l’empêcher d’accomplir son rêve de conquête et de guerre totale ! on est mort de rire, car ça va très très mal finir pour lui ! et il était temps je dirais !
J’ai laissé un autre commentaire dans le billet sur la pseudo »Agression US de la Russie »… ou j’exprime ce point de vue… et je ne prendrai pas des pinces pour l’exprimer clairement !
Poutine a tout fait depuis trop longtemps pour devoir quitter ce monde »en martyr »… alors soit, ses voeux seront exhaucés … pas avant certes qu’il ait exterminé un nombre incalculable d’innocents ! Mais Amen tout de même ! Qu’est ce qu’on s’impatiente pour voir ce caporal devenu Tsar pendu a une grue… Et que le Peuple Russe puisse retrouver un semblant de dignité enfin, après des décennies de soumission forcée aux oligarques assassins et milliardaires de merde qui ont mis a sac l’économie Russe et se soient partagé le butin d’une économie qui aurait pu être l’une des plus développées au monde ! ….
Et qui vivra verra !
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