L’infiniment petit est-il infiniment dangereux?

OLIVIER CABANEL — A l’instar des dioxines et autre tensio-actifs, les pesticides sont aujourd’hui montrés du doigt par la communauté scientifique.

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Inventé par nos savants dans les années 1950 pour lutter contre les insectes qui dévoraient nos récoltes, les pesticides ne sont plus la panacée. Le « round-up », dont on nous garantissait l’innocuité, pose problème.

Et les pesticides sont partout :

En France, on en a trouvé dans les oignons (10,9 mg), le persil (12,8 : fongicides), les pommes de terre (10,5 mg : désherbant antigerminatif) dans les salades (jusqu’à 4,3 mg : acephate), dans les fraises (3,1 mg de cyprodinil pour vous permettre de trouver de belles fraises bien appétissantes). Et ni le vin ni le lait n’y échappent.

Idem pour les fruits exotiques : les belles bananes bien jaunes sont traitées massivement à la chlordécone. Ainsi, dans les Antilles, on décèle parfois des concentrations de pesticides 200 fois supérieures au maximum autorisé, et la chlordécone n’est pas biodégradable.

Quelles sont les conséquences pour l’étre humain ?

Des dizaines de milliers de cas de stérilité masculine ont été constatés et seraient liés a l’utilisation d’un pesticide (DBCP) dans les années 1970.

Mais aussi des pathologies neurologiques comme la maladie de Parkinson.

D’autre part, on suspecte très sérieusement un lien entre les pesticides et les cancers. Une étude (Agrican) est menée actuellement et son résultat est attendu pour 2009.

Et bien sûr ces pesticides se retrouvent maintenant dans l’eau du robinet à tel point que peu de secteurs sont épargnés dans notre pays.

En Isère, depuis 1999, l’eau distribuée par le Syndicat des eaux des Abrets serait polluée en pesticides : 0, 238 ug/l en 2004 alors que la norme préconise de ne pas dépasser 0,1. Le consommateur reçoit tous les ans du syndicat un avis qui signale ce grave dépassement. L’eau est déclarée « non conforme », mais elle est pourtant vendue.

Alors tout le monde se tourne vers les OGM nouvelle panacée qui devrait nous éviter toute cette pollution.

Pourtant, une récente enquête épidémiologique menée par Monsanto prouve le contraire.

Il a fallu toute la pugnacité de scientifiques et d’avocats (Corine Lepage, Jean-Marie Pelt, entre autres…) pour avoir communication de cette enquête.

Elle portait sur des rats, nourris exclusivements de maïs transgénique, et ils ont vu leur organes (foie, reins…) subir des dommages considérables, accompagnés d’une perte notable de stérilité.

Depuis 1996, le soja transgénique est en train d’envahir l’Argentine et, de là, arrive en Europe et en Chine (huiles pour la consommation humaine et aliments pour le bétail). 14 millions d’hectares, soit la moitié des terres cultivables argentines sont accaparées pour le soja. Et la déforestation explose.

Le soja transgénique, c’est Monsanto. Un soja résistant au glyphosate (le round-up). Les graines sont vendues avec le désherbant qui tue tout le reste, sauf ce soja, et qui est épandu par avion. Avec ça, promis, des rendements énormes (et au début, ce fut exact).

Sauf que…

Apparaissent des mauvaises herbes tolérantes au glyphosate et il a fallu augmenter les doses de poison (35 litres à l’ha au lieu de 2 – 150 millions de litres de glyphosate épandus maintenant au lieu de 1 million de litres avant). Un cercle vicieux. Les cultures vivrières à proximité sont détruites et abandonnées. Les animaux et les hommes sont malades. Un cauchemar sanitaire.

Pour la France, est-ce pour bientôt ?

Notre nouveau président est hostile au moratoire contre les OGM, ce qu’il confirmera sans doute lors du « Grenelle » de l’environnement.

NDLR : Nous avons reçu un droit de réponse de la part de M. E. de Lucy président de l’UGPBAN que nous publions ici à la suite de l’article :

« II nous est apparu important de vous signaler que les arguments avancés par M. Olivier Cabanel dans le 3ème paragraphe de son papier ne sont pas fondés.

II cite : « Idem pour les fruits exotiques : les belles bananes bien jaunes sont traitées massivement à la chlordécone. Ainsi, dans les Antilles, on décèle parfois des concentrations de pesticides 200 fois supérieures au maximum autorisé, et la chlordécone n’est pas biodégradable. « 

D’une part, le chlordécone est interdit dans la production bananière depuis 1993, et n’est plus utilisé par les planteurs antillais depuis cette même date. D’autre part, nous réalisons des analyses régulières sur nos bananes (mélange peau et pulpe), d’où il ressort que celles­ci ne présentent que des traces infimes de chlordécone, à un niveau au moins dix fois inférieur à la norme recommandée par l’AFSSA (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments). En cela, ces produits sont totalement conformes aux recommandations des autorités sanitaires. »

E. de Lucy Président UGPBAN, Union des Groupements de Producteurs de Bananes de Guadeloupe et Martinique

4 réflexions sur “L’infiniment petit est-il infiniment dangereux?

  • 2 mai 2022 à 13 h 22 min
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    En général, plus les légumes et les fruits sont petits, diformes, atteints partiellement de champignons ou anomalies pas très graves, et donc naturels, et surtout, plus ils seront arrosé avec une eau naturelle aussi, mieux ils goutteront… et bien plus savoureux ils seront ! et ça vaut pour la France ou ailleurs…, ce sont bien entendu les processus de calibrage, d’uniformité, de classements et de quantité…qui eux sont exigés par le consommateur stupide et par les contraintes des marchés qui a fait que les acheteurs et les producteurs ont suivi ensemble cette voie et eu recours depuis 50 ans aux labos et autres instituts de recherches agronomiques pour standardiser un max et créer plusieurs variétés… et on ne parle même pas d’OGM a ce stade-ci… on ne parle que  »d’amélioration de souches et de variétés naturellement »….!

    les consommateurs stupides n’ont pas idée non plus du nombre incalculable de fruits et légumes qui sont broyés chaque jour alors qu’ils sont encore hyper frais… par les marchés d’import et les distributeurs en occident…afin de ne pas affecter les prix… et pour s’en apercevoir… n’importe qui peut aller chez les grossistes et faire le tour par en arrière la ou les semi-remorques livrent ces places d’entreposage et de réfrigération et constater lui-même que chacune de ses entreprises, jette dans des conteneurs vides et entreposés a l’arrière des tonnes de fruits ou légumes super frais et a peine reçu… quand il n’investit pas dans des méga-broyeurs pour s’assurer de ne pas les retrouver sur le marché en sous-main…. car tous ces grossistes fonctionnent de la même manière a peu près, ils ont des centaines de frigos d’entreposage, des halls d’entreposage pour ce qui va quitter tout de suite… et surtout des salles de négoce ou des commerciaux vendent et fixent les prix avec les clients… et le surplus… souvent important va a la broyeuse …. je l’ai vu de mes propres yeux… et pas qu’une fois !

    les producteurs du tiers-monde, privent ainsi leur pays et leurs populations de denrées fraîches et causent la hausse des prix de ces denrées alors que le pouvoir d’achat local ne peut pas se les permettre … et le pire est qu’ils vendent en gros au occidentaux a prix moindre de ceux qui se négocient pour le marché local de gros…. pour la simple raison que les acheteurs occidentaux ne vous achètent rien lorsque vous êtes un producteur de pays émergents si vous n’êtes pas capable de vous engager pour des quantités importantes sur toute l’année ! c’est un ancien ami qui bosse pour un gros producteur au Maroc, qui m’a bien expliqué tout ceci…. et en plus, ses clients qui sont les chaînes de supermarché en Europe, lui envoient des inspecteurs au moins deux fois par an… pour s’assurer qu’il paie les cotisations sociales et emploie des gens déclarés, qu’il ne fait pas bosser d’enfants, et qu’il respecte les normes de qualité, iso machin et de production directement dans les champs et les fermes… et c’est au moins 30 à 40% de tout ce qu’il leur a vendu finira aux poubelles en Europe… et pour les pesticides et autres agents de conservation… les tests se font sur les arrivages et dernières livraisons…. et il n’est pas rare de refuser un gros lot à sa réception pour ces histoires de taux de produits sanitaires ou de pesticides…même lorsque les écarts ou hausses sont très faibles… car personne des clients n’a envie de se retrouver avec des plaintes ou des amendes salées sur le dos…

    Cette année au Maroc par exemple et pour la première fois en des décennies, il y a eu pénurie de tomates et de légumes car trop sont destinées à l’export… et le peuple est descendu manifester à cause des prix qui ont triplé et quadruplé et même dépassé ce seuil de prix multipliés par quatre… bien plus chers qu’en europe….du jamais vu ! lEn même temps, des marocains établi en europe et qui bossent dans la filière… filmaient des centaines de tonnes de tomates et autres légumes en provenance du Maroc jetés ou broyés ou encore affichés a des prix moindres au détail… qu’au Maroc ! le gouvernement a finalement pris peur que la cocotte minute explose cette fois et donc pour la première fois aussi, a exigé une baisse des exportations pour fournir le marché local ! mais encore aujourd’hui, les prix n’ont pas beaucoup baissé ou retourné a la normale… loin de la !

    Je dirais enfin qu’il est impossible de faire marche arrière au point où les choses sont rendues… et pour les pesticides… les gens ne savent pas qu’un plant de tomate en serre et le terreau qui l’acceuille, ne tolère aucun  »contaminant »… sinon vous perdez tout du jour au lendemain ! seuls les hollandais sont doté de moyens et de tech capable de vous faire de la tomate bio en grosse quantité sous serre et assurer un environnement stérile sans l’ajout de pesticides… ou en utilisant des pseudo pesticides  »bio » aussi… ! même chose de plus en plus pour les autres fruits et légumes….

    le pire est apparu lorsqu’on a commencé à voir des fruits et légumes emballés pour être consommé directement et sans être lavés…. comme les salades, les concombres et autres …. une autre exigence folle des consommateurs ! alors qu’un bon lavage suffit très souvent pour éliminer 80% des pesticides et produits de conservation s’il y en a ! et en réalité c’est la menthe fraîche, le thé chinois que vous achetez, le persil et certaines herbes qui prennent le plus de pesticides et qui sont susceptibles de donner des cancers… mais les gens s’en foutent…il a été prouvé que les thés verts, les thés noirs aussi et même les meilleures marques et les plus chères provenant de Chine contiennent le plus de saloperies …. ! et même en le divulguant au public… les gens ne s’en méfient que très peu… ! même chose quand vous dites aux gens de diminuer ou cesser de bouffer du poulet industriel de supermarché, ou des viandes rouges… les chips, les croquettes de fromage et autres…tous directement responsables des cancers par l’alimentation…. mais vous prêchez dans le désert…. et c’est encore pire pour les charcuteries industrielles, les mortadelles et les saucissons produits en usine… et ce sont tous les nutritionnistes et les spécialistes en agroalimentaire qui l’attestent…. mais les gens s’en foutent ! et c’est valable pour les plats et sauces préparés, les mayonnaises et produits similaires… peut-être moins les moutardes…, et certaines vinaigrettes mélangées aussi…. c’est des poisons…ou tournent au poison lorsqu’ils sont ouverts la première fois ! et enfin… il y a les fameux jus de fruits du supermarché…. les gens n’ont pas idée de leur provenance, ne voient pas dans quelles conditions ils sont produits…et dans quelles conditions les fruits sont entreposés… ils ne les achèteraient pas sinon !

    Merci pour le billet !

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  • 2 mai 2022 à 21 h 09 min
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    Le National Géographic nous informe qu’il y a une extinction de masse des insectes de l’ordre de 41%, due notamment à l’usage de pesticides dangereux dans l’agriculture intensive. Ce qui a un retentissement général sur les écosystèmes de l’ensemble des règnes de vie sur la planète. Selon de récentes études de biologistes, dans 100 ans tous les insectes auront disparu.

    Au rythme où nous saccageons la planète, nous seront certainement les derniers à partir, regardant de haut ce qui se passe, juchés sur une montagne de détritus..

    Peut-être trop réaliste??

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  • 3 mai 2022 à 18 h 00 min
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    « J’ai vécu en Chine pendant un an et demi. J’y ai vu la quantité de viande qu’ils importent d’Amérique du sud et d’Australie, je me suis rendu compte qu’au train où les choses vont, nous aurons un désastre écologique sur les bras. » …. Andras Forgacs, PDG de Modern Meadow, Cofondateur de Google.

    Ceci est tiré d’un article que je recommande a tous de lire, tiré du Nouvel Obs, et qui explique que sera la nourriture du future, sur la base d’expériences que font différents entrepreneurs dans le monde…dont un Montréalais qui cultive des serres sur les toits d’immeubles du centre ville, et produit et vends des milliers de tomates, de fruits et de légumes chaque jour, en utilisant la chaleur des immeubles en question, et un contrôle biologique sans terre, ni pesticides, ni produits chimiques… il fait pousser le tout en  »hydroponie » sans terre, mais sur des fibres de coco, de la mousse de tourbe, avec des solutions nutritives…ou encore, a propos de ceux qui se sont mis en tête de produire de la viande autant protéinée que la viande normale a base de végétaux… et qui vous donnent cette définition de ce qu’est la viande que nous connaisson ;  »la viande ce sont des acides aminés, des lipides, de l’eau, des hydrates de carbone et des minéraux. C’est un ensemble agencé d’une certaine façon, que nous comprenons. »

    Bref l’article date de 2014, et il est encore d’actualité, puisqu’on retrouve tout un tas de Burgers végétariens depuis dans les rayons frigorifiés et du congelé dans les supermarchés depuis …

    https://www.nouvelobs.com/societe/20141001.OBS0827/ces-docteurs-folamour-qui-inventent-la-nourriture-du-futur.html

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