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Simple comme l’eau chaude

OLIVIER CABANEL — Au moment où chacun s’ingénie à trouver des solutions dangereuses pour remplacer le pétrole, d’autres en Islande se servent tout simplement de l’eau chaude du sous-sol.

Mais ce que l’on ne sait pas, c’est qu’en France nous avons des nappes d’eau chaude à 70° en moyenne dans quasiment chaque région, et que manifestement, cela n’interesse pas grand monde.

La nappe du Dogger, située sous la région parisienne, est étendue sur 15 000 km2, et sert depuis 1964 à chauffer la Maison de la Radio à Paris, et assure le fonctionnement de 34 stations géothermales, dont 1310 logements HLM à Chateauroux. Cette nappe commence du coté d’Angers, passe à Paris, et finit à Metz. Sa température va de 56 à 85°.

Sur les 70 exploitations géothermiques créées en France, il en reste une soixantaine seulement en activité, dont 41 dans la région parisienne, et 15 en Aquitaine.

Elles assurent pourtant le chauffage de 150 000 appartements, et permettent une économie de 130 000 tonnes de pétrole par an, tout en évitant d’envoyer dans l’athmosphère 400 000 tonnes de CO2 tous les ans, contribuant ainsi à lutter contre le réchauffement de la planète.

Mais il y aurait beaucoup mieux à faire : les nappes d’eau chaude ne manquent pas : dans le Sud-Ouest, dans la région de Toulouse, près de Bordeaux, dans les Bouches-du-Rhône, entre Lille et Amiens, dans le Massif Central, près de Lyon : dans les Dombes, en Alsace entre Strasbourg et Mulhouse, du côté de Valence, et en Corse, sans oublier la nappe du Dogger qui va quasiment d’Angers à Metz.

Notre pays est pour ainsi dire situé sur une énorme nappe d’eau chaude, à part peut-être la Bretagne. Il suffit de consulter le site de l’ADEME pour s’en assurer.

http://www.notre-planete.info/actualité

Les premières traces de l’utilisation de la géothermie par l’homme remontent à près de 20 000 ans.

Pour la petite histoire, dès 1330, nous avons des écrits faisant mention d’un réseau d’eau géothermale pour quelques maisons à Chaude-Aigues, dans le Cantal, réseau sur lequel le seigneur local prélevait, évidemment, une taxe !

Cette géothermie appelée « à basse énergie » est d’une telle simplicité d’accès qu’on est en droit de se demander pourquoi aucun gouvernement, aucun ministre de l’environnement, ne se décide à l’encourager.

Cela pourrait représenter au moins 30 millions de tonnes équivalent pétrole, soit plus du dixième de nos besoins énergétiques.

Le principe est pourtant assez simple : on creuse deux puits, l’un pour extraire l’eau chaude, et l’autre pour renvoyer l’eau devenue tiède.

Il y a parfois des problèmes de corrosion à élucider, dus à la salinité de l’eau, mais souvent, chez nous, on préfère fermer le captage, plutôt que de prendre exemple sur ceux qui font ça très bien depuis des années. L’Islande, par exemple, qui est l’Etat le moins pollué de la planète entend être bientôt le premier pays du monde à se passer complètement du pétrole.

La géothermie permet de chauffer 85 % des maisons islandaises, de chauffer des piscines, des hectares de serres où sont produits les fruits et légumes qui approvisionnent les marchés islandais (ils produisent même des bananes). Depuis quelques années, ce sont même les trottoirs et les rues de Reykjavik qui sont chauffés par la géothermie.

Mais nous en France, nous allons tenir des tables rondes au mois d’octobre prochain pour palabrer sur l’environnement, le sexe des anges, et la protection des petits oiseaux à l’endroit même où fut creusé le premier puits géothermique, c’est-à-dire à Grenelle, à 546 mètres de profondeur.

C’était en 1841, il y a 181 ans.

2 réflexions sur “Simple comme l’eau chaude

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