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La flambée des taux d’intérêt oblige la BCE à s’engager sur un dispositif anti-fragmentation…Panique à la banque

Un Conseil des gouverneurs « non prévu » s’est tenu ce mercredi. Les équipes de la BCE vont plancher sur un dispositif pour éviter un trop grand écartement entre les coûts d’emprunts d’Europe du Nord et du Sud. Au grand soulagement des marchés : le taux à 10 ans italien qui avait dépassé 4 % pour la première fois depuis 2014 a reculé de plus de 40 points de base.

La Banque centrale européenne veut être en mesure de contrer une possible fragmentation des taux souverains en zone euro.
La Banque centrale européenne veut être en mesure de contrer une possible fragmentation des taux souverains en zone euro. (Armando BABANI/AFP).
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Par Guillaume Benoit. Source: La flambée des coûts d’emprunt oblige la BCE à s’engager sur un dispositif anti-fragmentation | Les Echos

La nouvelle est tombée tôt ce mercredi matin. La Banque centrale européenne a décrété le branle-bas de combat face à la flambée des taux européens. Le Conseil des gouverneurs – qui rassemble le directoire de la BCE et les patrons des banques centrales nationales de la zone euro – s’est réuni pour une rencontre « non prévue » par le calendrier. Objectif : trouver comment calmer des marchés financiers chauffés à blanc.

Il y avait urgence. Depuis la réunion de la BCE le 9 juin, un mouvement de vente massive des obligations d’États européens a fait bondir les coûts d’emprunts des Etats à des niveaux inédits depuis plusieurs années. En particulier pour les plus endettés d’entre eux.

Mardi, le rendement de la dette italienne à 10 ans s’est ainsi envolé au-delà de 4 % pour la première fois depuis 2014. Plus inquiétant, son écart avec le taux à 10 ans allemand s’est creusé pour atteindre 240 points de base, ravivant le spectre d’une nouvelle crise de la zone euro .

Doutes

Pour la banque centrale, il était essentiel d’apporter une réponse rapide à des investisseurs qui doutent de sa capacité à mener une hausse de ses taux directeurs et la fin de ses achats , tout en luttant contre un écartement trop important des taux entre pays du Nord et pays du Sud. Le risque est qu’une telle fragmentation des conditions de financement en zone euro rende insupportable le coût de la dette pour certains Etats, et dans le pire des cas, les prive d’accès aux marchés financiers.

A l’annonce du Conseil des gouverneurs surprise de mercredi matin, les marchés s’attendaient donc à une réponse forte. D’autant que la dernière fois qu’une telle réunion avait eu lieu en urgence, c’était en mars 2020. Et elle avait accouché du gigantesque plan d’achat urgence pandémie (PEPP).

Réinvestissements

Rien de tel cette fois-ci. La BCE a confirmé ce qu’elle avait déjà annoncé concernant les réinvestissements de son portefeuille. Elle va d’abord mobiliser les montants issus des remboursements des 1.700 milliards d’euros d’obligations acquises dans le cadre du PEPP lorsqu’elles arrivent à échéance. Ces achats pourront au besoin être centrés sur les titres des pays les plus fragiles.

Au-delà de cette première ligne de défense, la banque centrale va se doter d’un dispositif spécifique de lutte contre la fragmentation. Mais ceux qui attendaient des précisions sur son but ou son fonctionnement en sont pour leurs frais. La BCE a juste indiqué avoir demandé à ses équipes et à celles des banques centrales nationales « d’accélérer l’achèvement de la conception d’un nouvel instrument anti-fragmentation en vue de son examen par le Conseil des gouverneurs ».

Soulagement temporaire

Dans un premier temps, les marchés ont manifesté une certaine déception. « Beaucoup de bruit pour rien », a ainsi déploré Franck Dixmier, responsable mondial de la gestion obligataire chez Allianz GI. Préempter l’attention des investisseurs avant la Fed pour si peu est une occasion perdue. » D’autant que la veille, l’allemande Isabel Schnabel, membre du directoire de la banque centrale avait suscité de grands espoirs en déclarant devant les étudiants de la Sorbonne que l’engagement de la BCE à prévenir la fragmentation n’avait « aucune limite ».

Les taux européens qui avaient enregistré une forte détente dans la matinée ont accusé le coup. Le rendement italien à 10 ans avait reculé de plus 30 points de base à 3,75 % et le 10 ans français de 15 points de base à 2,2 %. La tendance était toujours à la baisse après la publication du communiqué, mais dans une moindre mesure.

Puis un certain optimisme a repris le dessus, les investisseurs estimant que la BCE cherchait à se donner les moyens de réagir avant que les taux ne dérapent trop fortement. Le 10 ans italien a terminé à 3,8 % contre 4,2 % la veille. Surtout, son écart avec son équivalent allemand est redescendu à 220 points de base.

La banque centrale a, encore une fois, réussi à calmer les craintes avec des mots. Mais les marchés attendent désormais des actes. Et ils pourraient rapidement revenir tester la capacité de réaction de l’institution.

La BCE entérine la fin de l’argent facile

Guillaume Benoit

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

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