7-de-lhexagone

Joli mois de Mai, quand reviendras-tu?

OLIVIER CABANEL — Le 50e anniversaire des événements de Mai va-t-il aussi nous faire assister à une répétition ?

Bien malin qui pourrait le savoir, mais en tout cas, il est certain que tous les ingrédients d’une agitation populaire sont bien présents.

Comme disait André Malraux au sujet de ces événements « il s’agit là d’événements qui n’appartiennent pas à la politique, mais à l’Histoire, car la politique c’est ce qui reste quand il n’y a pas d’histoire ».

Il ne faut pas oublier non plus que les événements de Mai ont commencé fin mars.

Le 22 mars, une poignée d’étudiants issus de groupuscules d’extrême gauche (JCR, JAC, FER, etc.) envahissent le bâtiment administratif de la nouvelle faculté de Nanterre et occupent la salle du conseil des professeurs.

Ils n’ont pas de programme bien défini, et leur action de ce jour-là, s’apparente pour eux plus à un canular estudiantin qu’à une insurrection.

Mais une fois la faculté occupée, les « enragés » s’y retranchent, et s’organise pour un long siège, en étudiant par petits groupes la refonte de l’université, puis celle de la société, et enfin celle du monde.

Ce sera avant tout une révolte des jeunes contre les vieux, contre tous ceux qui les briment, qui décident, qui interdisent, qui dirigent.

D’où les premiers slogans :

« il est interdit d’interdire » ou « papa pue », et une stratégie se met en place résumée par Daniel Cohn-Bendit, dit Dany le rouge (devenu vert aujourd’hui !) : « bougeons d’abord, nous ferons la théorie du mouvement après ».

Penser que tout a commencé d’un coup le 22 mars serait une erreur, car depuis plusieurs mois régnait à Nanterre une ambiance agitée et trouble.

Divers groupuscules allant des anarchistes aux guévaristes, en passant par les mao, les trotskystes, marxistes et autres anarchistes forment un bouillon de culture ou fermentent les idées les plus folles, les plus farfelues, les plus révolutionnaires.

Pourtant, c’est bien ce jour-là que tout a commencé.

Au grand dam du Parti communiste qui critiquait à ce moment les « enragés » d’une façon virulente cette contestation qui lui échappait.

La suite on la connaît mieux, puisqu’enfin le mouvement ouvrier et toute la gauche descendra dans la rue, provoquant la « fuite à Colombey » du grand Charles.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Il faut creuser profondément dans les couches de la société pour trouver une profession qui ne soit pas dans la contestation.

Des enseignants aux infirmières, en passant par les coiffeurs, les chauffeurs de taxi, les marins-pêcheurs, les retraités, les ouvriers, les caissières de supermarchés, etc., sans oublier bien sûr les étudiants, ils sont tous mécontents.

Ils ont le sentiment d’avoir été trompés par des promesses fallacieuses, et ont voté comme un seul homme pour cet homme qui prétendait que tout allait changer, que les caddies seraient pleins, que la sécurité serait de retour, que l’Etat réduirait ses dépenses.

Mais voilà, en presque un an, rien n’a changé, à part le salaire du président.

De quoi mobiliser plus d’un mécontent.

D’autant que l’effet « Martinon » pourrait bien faire des petits au sein de la majorité.

Celle-ci traitée par-dessus la jambe depuis l’élection, commence à trouver l’inaction pesante.

Des murmures s’élèvent dans la majorité pour demander que l’Assemblée nationale retrouve enfin sa légitimité, qu’elle soit consultée avant proposition de lois, qu’elle puisse faire enfin son travail citoyen.

Comme disait un vieil ami africain :

« Ce n’est pas parce que le mouton n’a pas de dents qu’il faut mettre la main dans sa bouche ».

2 réflexions sur “Joli mois de Mai, quand reviendras-tu?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

En savoir plus sur les 7 du quebec

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading