Grèves sauvages au Royaume Uni: pour l’augmentation des salaires, se mettre en grève partout et sans attendre!
Par GIGC.
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24.08.2022-Strikes-GIGC-Do-Plastic-English-Italiano-Spanish
Avertissement : n’ayant pas les moyens d’intervenir concrètement en Grande-Bretagne dans la situation de mobilisation et de grèves ouvrières.
Il nous est difficile de décliner de manière précise et locale les orientations et les mots d’ordre d’action concrets selon les situations et les possibilités immédiates. Pour autant, la réponse prolétarienne en cours nous permet d’avancer orientations et mots d’ordre généraux sur lesquels l’ensemble du parti communiste, s’il devait être, se mobiliserait et qu’il lancerait. Voilà pourquoi ce qui représente de fait plutôt un communiqué appelant l’attention du prolétariat international sur la situation au Royaume Uni a été rédigé sous forme d’un tract d’agitation.
En ce sens, il se veut direct et limité à quelques orientations et mots d’ordre. Il n’explique pas, il appelle à
l’action. Il n’analyse pas, il avance un mot d’ordre : se mettre en grève tous ensemble.
Mais reconnaissons aussitôt que ce tract est de fait déjà en retard sur la situation réelle et qu’il aurait dû être publié et diffusé avant les grèves successives du métro de Londres et des trains britanniques des 18, 19 et 20 août.
À défaut d’être en avance sur la situation et de pouvoir être massivement diffusé en Grande-Bretagne, il servira à la réflexion et
l’expérience pour les minorités communistes pour la période qui s’ouvre : celle de confrontations massives entre les
classes. Bien sûr, tout camarade ou groupes de camarades qui désireraient le diffuser comme tract d’agitation sont
encouragés à le faire.
Pour l’augmentation des salaires, se mettre en grève partout et sans attendre !
Au Royaume Uni, il n’est qu’un mot d’ordre aujourd’hui pour les prolétaires : se mettre en grève et
rejoindre la vague de luttes et de grèves qui s’est déclenchée depuis plusieurs mois maintenant dans une
multitude d’entreprises et de secteurs plus ou moins importants : transports, trains et métro de Londres en
particulier, port de Felixstowe, raffineries, centres d’Amazon, la Poste, etc. Faire comme de nombreux
grévistes, prendre l’initiative de la grève ou de toute autre forme de lutte si la grève n’est pas possible de
manière immédiate. Prendre exemple sur les nombreuses grèves déclenchées spontanément, ne pas craindre
qu’elles soient « unofficial », c’est-à-dire sauvages, sans appel, ni préavis légal, des syndicats. Renforcer la
dynamique de grèves provoquée par l’inflation et l’explosion des prix en Grande-Bretagne, à l’image de
l’inflation généralisée qui affecte l’ensemble du monde capitaliste, est la voie pour faire reculer, au moins
momentanément gouvernement et bourgeoisie. C’est le moment d’y aller tous ensemble. C’est le moment
d’imposer l’augmentation des salaires pour tous les prolétaires et dans tous les secteurs. C’est le moment
de dire non aux sacrifices au nom de la crise du capital et de la préparation pour la guerre impérialiste
généralisée.
C’est aussi le moment de ne pas laisser l’initiative aux syndicats, que ce soient des directions ou du
syndicalisme de base. S’ils ont été obligés d’appeler à des journées d’action dans les trains et le métro par
exemple, ou encore dans le port de Felixstowe, c’est précisément pour éviter que les grèves non officielles,
qu’ils ne contrôleraient pas, continuent de se manifester à travers le pays de manière croissante et
deviennent massives et unies.
« 10 mai : une centaine d’éboueurs de Welwyn Hatfield ont débrayé pour protester contre un directeur accusé de
sexisme, de racisme et d’intimidation ;
11 mai : quelque 300 travailleurs de la construction d’une raffinerie à Hull se
sont mis en grève parce que le paiement des salaires était retardé ou incomplet.
17 mai : plus d’un millier de
travailleurs de l’industrie pétrolière en mer du Nord ont débrayé sur 19 plates-formes pour exiger que leur salaire
corresponde à l’inflation ;
27 juillet : une centaine de travailleurs d’une usine alimentaire de Bury ont débrayé parce
qu’ils n’avaient pas droit à des pauses correctes au travail ;
3 août : des centaines de travailleurs d’Amazon sur divers
sites à Tilbury, Rugeley, Coventry, Bristol, Dartford et Coalville ont organisé des débrayages et des ralentissements en
réponse à une « augmentation » de salaire de seulement 35 pence de plus par heure ;
10 août : des centaines de
travailleurs contractuels, notamment des échafaudeurs et des agents d’entretien, dans des raffineries, des usines
chimiques et d’autres installations à Teesside, Grangemouth, Pembroke, Fife, Fawley et Drax, ont débrayé dans le cadre
d’une lutte pour les salaires, et ont dressé un piquet de grève devant les voitures entrant et sortant des installations.»1
La dynamique de grève au Royaume Uni est l’exemple – du moment – à suivre pour l’ensemble du
prolétariat international. D’ailleurs, manifestations de rue et émeutes contre la hausse des prix explosent
sur tous les continents. Mais surtout, la même dynamique de grèves, souvent elles-aussi spontanées et
sauvages, tend à émerger, ici ou là, dans d’autres pays, en particulier en Europe occidentale comme en Italie
et en France2
.
C’est précisément cette dynamique que les syndicats britanniques essaient de maîtriser pour en saboter le
développement en organisant des journées d’action, celles de juin et d’août et celle, appelée «grève
générale» à venir pour… «après la nomination de Lis Truss comme Premier ministre en septembre » !3
Chevaucher la dynamique de réactions prolétariennes spontanées pour mieux la maîtriser et, ainsi, l’orienter vers des
journées d’action étalées dans le temps ; et cela au nom de la soit-disant préparation d’une lutte unie de
tous les secteurs. Si les prolétaires du Royaume Uni se laissent amadouer par les syndicats, leur laissent
l’initiative et l’organisation de la lutte, le terrain des revendications et le timing des manifestations et
grèves, d’ici octobre, la dynamique actuelle aura été étouffée.
Se mettre en lutte et en grève donc partout où c’est possible. Ne pas reprendre le travail après les journées
d’action et décider de continuer la grève. Chercher la solidarité et l’extension aux autres entreprises et
secteurs, à commencer par celles les plus proches géographiquement. Y envoyer des délégations et des
piquets de grève les plus massifs possibles. Pour les travailleurs pas encore en lutte ouverte, se regrouper
en comité de lutte et aller chercher l’aide et la solidarité des prolétaires déjà en grève. Ne pas laisser les
syndicats déterminer les revendications et le timing des combats et des batailles en prenant l’initiative
partout où c’est possible. Voilà les mots d’ordre généraux de l’heure. Aux prolétaires les plus combatifs et
aux minorités et noyaux révolutionnaires sur place, à les décliner localement en fonction des besoins et
possibilités immédiates.
Contre la hausse des prix !
Pour l’augmentation générale des salaires !
Tous en lutte ! Tous en grève contre la misère croissante que crise capitaliste et guerre impérialiste ne
peuvent qu’aggraver !
Le GIGC, 20 août 2020
NOTES
1 . TCI-CWO, Wildcat Strikes in the UK: Getting Ready for a Hot Autumn
(http://www.leftcom.org/en/articles/2022-08-15/wildcat-strikes-in-the-uk-getting-ready-for-a-hot-autumn).
2 . « Ce mardi, les conducteurs de train SNCF sur le réseau Paris-Nord ont posé le sac et se sont mis en grève sans respecter le délai de
prévenance. Inflation, bas salaires et casse des conditions de travail provoquent l’exaspération des cheminots. » (Révolution permanente,
https://www.revolutionpermanente.fr/Greve-surprise-des-conducteurs-SNCF-a-Paris-Nord-Avec-l-inflation-on-ne-s-en-sortpas). «Grâce à une « grève surprise » suivie massivement mercredi dernier, les cheminots du réseau SNCF Saint-Lazare ont obtenu une
prime et stoppé une partie des attaques contre leurs conditions de travail. » (https://www.revolutionpermanente.fr/Greve-SNCF-aSaint-Lazare-On-a-prouve-qu-avec-une-greve-bien-organisee-on-peut-gagner)
3 . The Guardian, “Union leader issues threat of UK general strike as rail crisis grows”, July 27th.
FRANCE
Crédits photos : JOE GIDDENS / AP Source: https://www.revolutionpermanente.fr/Preparer-la-contre-offensive-face-a-Macron-les-grevistes-anglais-montrent-la-voie
Pour la rentrée, Macron veut nous préparer à « payer »
« Accepter de payer le prix de la liberté ». Ce vendredi, pour sa première prise de parole depuis le 14 juillet, Emmanuel Macron a choisi de profiter de sa commémoration annuelle de la libération de Bormes-les-Mimosas en 1944 pour envoyer quelques signaux sur la rentrée. Malgré un parallèle délirant reliant la libération de la France à la situation actuelle, marquée par les tensions économiques engendrées par la guerre en Ukraine, le message était clair : l’heure est à « l’alliance sacrée » et les travailleurs et classes populaires vont donc devoir faire des efforts.
De fait, si Emmanuel Macron s’est théoriquement adressé aux « Français », le gouvernement a largement démontré ces dernières années quels intérêts il défendait en faisant payer la crise aux classes populaires tout en préservant les profits du patronat. La loi dite « pouvoir d’achat » en offre l’exemple le plus récent. Or, alors que le gouvernement fera sa rentrée mercredi, Bruno Le Maire a confirmé ce dimanche dans Sud Ouest que ce cap serait maintenu dans les mois à venir. Expliquant (on ne sait pas comment) que nous serions au « pic de l’inflation », ce dernier s’est contenté d’annoncer la prolongation de la ristourne sur le carburant tout en insistant sur sa « détermination totale à rétablir les finances publiques. »
Alors que toutes les études montrent une chute des salaires réels et que l’achat des fournitures scolaires conduit d’ores et déjà de nombreuses familles à des sacrifices, la rentrée va donc rimer avec détérioration des conditions de vie de la majorité de la population. Pire, pour les plus précaires ou les étrangers, c’est une salve d’attaques qui se prépare.
De LFI aux directions syndicales, des plans de bataille en-deçà de l’urgence
Face à cette situation les plans de bataille affichés sont cependant plus que minimaux. Du côté du mouvement ouvrier, outre une date isolée dans la santé le 22 septembre, la journée interprofessionnelle du 29 s’affirme d’ores et déjà comme une échéance sans lendemain, proposée par défaut par des directions syndicales restées silencieuses tout l’été. En face, la France Insoumise appelle à construire une « marche » contre la vie chère un samedi en octobre. Comme en 2017, cette initiative n’a pas vocation à construire le rapport de forces face aux patrons et au gouvernement, pour arracher des augmentations de salaires ou leur indexation sur les prix, mais de faire une démonstration de la capacité de LFI/NUPES à mobiliser dans la perspective de futures élections.
Si la journée du 29 a au moins l’intérêt de reposer sur un appel à la grève, les deux initiatives apparaissent en décalage avec l’urgence de la situation. D’autant plus qu’au Royaume-Uni, les grévistes des transports et des docks font justement ces dernières semaines une démonstration de force. En dépit d’un manque de synchronisation, avec des secteurs qui se mobilisent en ordre dispersé, ce mouvement historique remet la grève au centre de la guerre contre l’inflation et ceux qui veulent nous la faire payer.
Plutôt que de repartir sur des formes d’action qui ont montré leur échec, il faut se mettre à l’heure anglaise et se préparer à la construction d’un rapport de forces. C’est par la grève, massive, reconductible, interprofessionnelle, que l’on pourra imposer des mesures d’urgence face à la crise et faire remballer à Macron ses attaques contre les plus précaires, ses lois racistes ou sa réforme des retraites. Autour de mots d’ordre clairs et d’un programme qui donne envie de se battre – l’indexation des salaires sur les prix, des augmentations conséquentes pour tous – il serait possible de lancer une bataille décisive pour les conditions de vie de notre classe.
Une telle dynamique permettrait également de commencer à poser la nécessité d’un combat d’ampleur pour en finir avec la crise écologique, le risque de nouvelles guerres ou encore les offensives réactionnaires qui pointent. De ce point de vue, ces derniers mois, les conséquences économiques de la guerre en Ukraine comme les incendies dévastateurs de l’été ont bien mis en lumière le fait que défendre nos conditions d’existence et renverser ce système sont aujourd’hui deux tâches indissociables.
Versão em Língua Portuguesa:
https://queonossosilencionaomateinocentes.blogspot.com/2022/08/greves-selvagens-no-reino-unido-pelos.html
La classe ouvrière espère le pouvoir d’achat.
Est-ce à cela que Macron pense en nous parlant de fin d’abondance (doit-on réellement, alors abonder en son sens?)
https://wp.me/p4Im0Q-5Fo – JdG N° 49 (J + 193) : le nouveau jeu qui va faire führeur à la rentrée : à celui qui se serrera le plus la ceinture. Le premier prix = 5 ans d’abonnement à « comme j’aime » – 27/08/2022
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