Lexique pour stratèges en herbe
RENÉ NABA — Ce texte est publié en partenariat avec www.madaniya.info.
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18.10.2022-Naba-Lexique-ARNm-English-Italiano-Spanish
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Dissuasion, subversion, persuasion sont les trois éléments constitutifs de la composante diplomatie-stratégie.
Stratèges, experts, analystes saturent les ondes et les écrans de leur théorie savante, d’un air convenu, à coups de sous-entendus, de sigles abscons, dont l’objectif prioritaire est de justifier la pulsion prédatrice de leurs commanditaires.
Revue de détails de ces grands prédateurs.
I – Sir Walter Raleigh (1554-1618), théoricien de la colonisation occidentale du Monde.
Sir Walter Raleigh passera à la postérité pour avoir été le théoricien de la conquête occidentale du Monde. De sa colonisation, et, partant, à l’origine de six siècles d’hégémonie occidentale absolue sur le reste de la planète.
«Celui qui commande la mer commande le commerce; celui qui commande le commerce commande la richesse du monde, et par conséquent le monde lui-même”, prescrira-t-il, donnant le signal de la curée. Cf. Sir Walter Raleigh (1554-1618), History of the world.
Au rythme de 500 000 expatriés par an en moyenne pendant 40 ans, de 1881 à 1920, 28 millions d’Européens ont ainsi déserté l’Europe pour peupler l’Amérique, dont 20 millions aux États-Unis, huit millions en Amérique latine. Sans compter l’Océanie (Australie, Nouvelle Zélande), le Canada, le continent noir, le Maghreb et l’Afrique du sud notamment, ainsi que les confins de l’Asie, les comptoirs enclaves de Hong Kong, de Pondichéry et de Macao. 52 millions d’expatriés, soit le double de la totalité de la population étrangère résidant dans l’Union Européenne à la fin du XX me siècle, un chiffre sensiblement équivalent à la population française.
Principal pourvoyeur démographique de la planète pendant cent vingt ans, l’Europe réussira le tour de force de façonner à son image deux autres continents, l’Amérique dans ses deux versants ainsi que l’Océanie et d’imposer la marque de sa civilisation à l’Asie et l’Afrique.
«Maître du monde» jusqu’à la fin du XX me siècle, elle fera de la planète son polygone de tir permanent, sa propre soupape de sécurité, le tremplin de son rayonnement et de son expansion, le déversoir de tous ses maux, une décharge pour son surplus de population, un bagne idéal pour ses trublions, sans limitation que celle imposée par la rivalité intra européenne pour la conquête des matières premières.
- Pour aller plus loin, cf ce lien https://www.renenaba.com/les-colonies-avant-gout-du-paradis-ou-arriere-gout-denfer/
Mais, paradoxalement, cet explorateur anglais, né dans le Devon en 1552, à l’origine de la puissance maritime de la Grande Bretagne et de son rayonnement mondial, sera décapité le 29 octobre 1618 à la tour de Londres, justifiant l’adageselon lequel «Nul n’est prophète en son pays».
- Pour aller plus loin sur l’importance du trafic maritime mondial, ce lien: http://www.filmdocumentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/48254_1
Cinquante-trois mille (53.000) navires de commerce se croisent sur les routes de la mondialisation.
Ils transportent 8 milliards de tonnes de marchandises par an, 90% du commerce mondial. Ils battent pavillon du Panama, du Liberia, des Bahamas, des Îles Marshall, pour plus de la moitié de la flotte mondiale.
Au Pirée, à Marseille, à Hambourg, à Shanghai, à Rotterdam et New York, le flux océanique de marchandises est souvent le “flux sanguin” de l’économie mondiale. Ce système est fragile. Les artères de la mondialisation sont à la merci d’un infarctus, d’une embolie, d’une hypertension.
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II- Rudyard Kipling: Le Fardeau de l’Homme Blanc
L’habillage moral de la prédation économique de la planète par les Occidentaux reviendra à l’écrivain britannique Rudyard Kipling et son célèbre poème «Le Fardeau de l’homme blanc (The White Man’s Burden)
- Pour aller plus loin sur ce sujet, cf ce lien: https://www.renenaba.com/les-colonies-avant-gout-du-paradis-ou-arriere-gout-denfer/
Publié à l’origine en Février 1899 dans la revue populaire MC Clure’s, avec pour sous-titre «Les États-Unis et les îles Philippines (The United States and the Philippine Islands), ce poème a constitué un soutien à la colonisation des Philippines et plus généralement à la colonisation des anciennes colonies espagnoles par les États Unis. Mais aussi comme un avertissement adressé aux États-Unis au sujet des responsabilités morales et financières que leur politique impérialiste les amène à endosser.
La version française du «Fardeau de l’Homme blanc» prendra pour justificatif la «charge d’aînesse» de la France de conduire vers la civilisation les «peuples primitifs».
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III – La théorie de la Sea Power: La version américaine de la théorie du britannique Sir Walter Raleigh
La version américaine de la théorie du britannique Sir Walter Raleigh sera formulée par l’amiral américain Alfred T. Mahan (1840-1914], pionnier de la géopolitique et de la stratégie navale américaine, érigeant en doctrine la prééminence de la force navale, le Sea Power, condition de toute action en politique extérieure.
L’amiral Alfred T. Mahan donne en fait une formulation militaire à la théorie énoncée trois siècles plus tôt par Sir Walter Raleigh, en l’adaptant aux besoins stratégiques des États Unis, puissance planétaire en devenir.
Conseiller du président Théodore Roosevelt, il connut une notoriété internationale et influença la politique maritime de plusieurs pays. Il est considéré comme l’un des artisans de la politique impériale des États-Unis. Le «Sea Power» est une donnée toujours essentielle de la géostratégie des nations, et assurément un élément majeur de la politique extérieure des États-Unis.
Depuis la fin de la bipolarité soviéto-américaine, «La mondialisation, c’est la mer ! Oui, la mondialisation, bien avant Christophe Colomb et les Vikings –avec les migrations des tribus du bout de l’Asie-, la mondialisation c’est d’abord la mer et les océans.
Ce constat se fonde sur trois raisons principales: 1) mers et océans constituent le vecteur structurant de l’économie globalisée; 2) plus de 65% de la population mondiale vit dans les zones portuaires et côtières; 3) enfin, la plupart des crises internationales se déversent, aujourd’hui dans l’eau: détroits, canaux et nombres d’îles sont devenus des enjeux stratégiques de premier plan». Parole d’expert, précisément de Richard Labévière auteur notamment de «Reconquérir par la mer – La France face à la nouvelle géopolitique des océans». Editions Temporis, janvier 2020
- Pour aller plus loin sur ce thème, cf ce lien : https://prochetmoyen-orient.ch/routes-de-la-soie-maritimes-et-armees/
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IV- La théorie des «anneaux maritimes» des États-Unis de l’Amiral William Harrison
Variante de la précédente, elle constitue la première théorie stratégique de la seconde moitié du XX me siècle, visant déjà à contenir la Chine et la Russie, perçues déjà comme les deux grands concurrents des États Unis du XXI me siècle.
En application de la «théorie des anneaux maritimes», les États Unis ont procédé, dès la fin de la 2me Guerre mondiale, à leur déploiement géostratégique selon la configuration de la carte de l’Amiral William Harrison, conçue en 1942 par la marine américaine, en vue de prendre en tenaille la totalité du monde eurasiatique, articulant leur présence sur un axe reposant sur trois positions charnières: Le détroit de Behring, le Golfe arabo-persique et le détroit de Gibraltar.
Avec pour objectif de provoquer une marginalisation totale de l’Afrique, une marginalisation relative de l’Europe et à confiner dans un cordon de sécurité un «périmètre insalubre» constitué par Moscou-Pékin-Delhi-Islamabad, contenant la moitié de l’humanité, trois milliards de personnes, mais aussi la plus forte densité de misère humaine et la plus forte concentration de drogue de la planète
Les grands bouleversements de l’histoire ont rarement une date d’anniversaire exacte. Ce n’est qu’arbitrairement que l’on peut fixer à la fin de la deuxième Guerre mondiale (1939-1945) le début du déploiement planétaire de l’empire américain et de sa compétition feutrée avec la Chine, dont le point de percussion majeur aura pour théâtre l’Afrique à l’entame du XXI me siècle, particulièrement le Maghreb, le Ponant du Monde arabe, le flanc méridional de l’Europe et son point de jonction vers l’Afrique et, au-delà, l’Amérique latine.
Premier continent au Monde pendant six siècles, l’Europe de la seconde moitié du XXe siècle, a subi, sanction de son bellicisme, la division en deux blocs, hermétiquement verrouillés par un rideau de fer. Saignée et ruinée par deux guerres mondiales, son volet occidental placé sous perfusion financière américaine du Plan Marshall, menant un combat d’arrière-garde face à la révolte des peuples coloniaux d’Asie, du Monde arabe et d’Afrique.
Ce combat d’arrière-garde face à la Chine, l’Inde et le Pakistan, -les futures puissances nucléaires d’Asie-, le Monde arabe, le principal réservoir énergétique de la planète, le continent africain, vaste gisement minier, ont signé sa relégation de la magistrature suprême de la gestion des affaires du Monde.
Une conjoncture idéale pour les États Unis, qui s’engouffreront dans la brèche, sur les débris du colonialisme anglais et français en Asie occidentale et en Afrique, à la faveur de l’ostracisme de la Chine continentale communiste de Mao Tsé Toung au bénéfice de la Chine insulaire capitaliste de Taïwan de Tchang Kaï Chek, le vaincu du Komintern.
Héritiers de l’Europe et témoins privilégiés de ses déboires, les États-Unis se sont certes portés à deux reprises au XX me siècle au cours des deux guerres mondiales (1914-1918/1939-1945), au secours des grandes démocraties européennes avant de les supplanter en tant que puissance planétaire, sans toutefois- là réside le Hic- tirer profit des égarements coloniaux de leurs ancêtres européens.
Sur les débris du colonialisme français et anglais, l’Amérique, soutenant les indépendances du Maroc et de l’Algérie dans la foulée de la folle équipée tripartite (anglo-franco-israélienne) de Suez, en 1956, a été accueillie en héros par les peuples arabes.
Mais, au mépris des enseignements de l’Histoire, elle va fonder son hégémonie sur une collusion avec les forces arabes les plus conservatrices et des alliances contre nature avec les principaux ennemis du monde arabe, dilapidant ainsi son capital de sympathie par une politique erratique illustrée par le combat implacable qu’elle a menée contre le nationalisme arabe renaissant.
Deuxième erreur fatale qui permettra à la Chine, dans la décennie 1960, d’en tirer profit en y prenant pied, en Asie occidentale et en Afrique du Nord, notamment l’Algérie, son plus ancien et plus loyal allié dans la zone.
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V – La théorie du Chaos et son corollaire la théorie du fou
La théorie du Chaos a été inspirée par Leo Strauss (1899-1973). Elle se fonde sur un postulat: «C’est par la destruction de toute résistance plutôt qu’en construisant que le pouvoir s’exerce», ou «c’est en plongeant les masses (les pays vulnérables) dans le chaos que les élites (les pays dominants) peuvent aspirer à la stabilité de leur position».
«C’est dans cette violence que les intérêts impériaux des États-Unis se confondent avec ceux de l’État juif», soutient ce philosophe juif allemand dont les principes adoptés par tous les stratèges, donneront naissance à la pensée néoconservatrice par la symbiose historique entre sionisme et calvinisme.
La doctrine prend corps au début de la décennie 1980, lorsque le chantre du néolibéralisme sauvage, Ronald Reagan (1981-1989), met un terme à la détente pour revenir à l’endiguement (les Soviétiques en Afghanistan) et au «double endiguement» (l’Irak de Saddam Hussein contre l’Iran de Khomeiny).
Les néo-conservateurs, souvent de double nationalité israélo-américaine, étaleront leurs plans tordus visant au remodelage du Grand Moyen-Orient conformément aux obsessions de Washington et de Tel-Aviv: le contrôle des zones riches en hydrocarbures suppose une redéfinition des frontières, des États et des régimes politiques.
Le plan Oded Yinon, rendu public en 1982, concocté par un stratège israélien pour le gouvernement du Likoud de Menahem Begin, définit ainsi «la stratégie pour Israël dans les années 1980». Il propose sans ambiguïté de «déconstruire tous les États arabes existants et de remodeler l’ensemble de la région en petites entités fragiles, malléables et incapables d’affronter les Israéliens».
- Pour aller plus loin avec le plan Oded Yinon qui définit la «stratégie pour Israël dans la décennie 1980», paru en 1982, dans la foulée de l’invasion israélienne du Liban, de la destruction de la centrale nucléaire irakienne de Tammouz et de l’annexion du Golan, cf ce lien: https://www.renenaba.com/revue-detude-palestiniennes-n-14-fevrier-1982/
Le complément opérationnel du chaos créateur est la «théorie du fou» de Richard Nixon, préconisant de suggérer que l’Amérique est dirigée par «des cinglés au comportement imprévisible, disposant d’une énorme capacité de destruction, afin de créer ou renforcer les craintes des adversaires».
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VI – Heartland, Rimland and Muslim Green Belt
Pour la stratégie américaine la planète est divisée en trois zones Heartland, Rimland et la Muslim Green Belt:
Heartland, autrement dit le bloc eurasiatique, s’étend du Nil (Égypte) à l’Indus (Inde), d’Ouest en Est, et des steppes de Russie à l’Océan indien, du Nord au Sud, englobant le fameux croissant fertile. Il est considéré comme «la clé du contrôle absolu de la planète», selon l’auteur de cette thèse, Halford John Mackinder. Cette thèse a été reprise par Zbigniew Brzezinski, dans son ouvrage «Le Grand Échiquier-1997).
Le contrôle du Heartland est une garantie de continuité de l’hégémonie politique, militaire, culturelle et économique des États Unis, estime l’ancien conseiller à la Sécurité nationale du Président Jimmy Carter.
- Pour aller plus loin sur ce thème, cf les enjeux sous jacents de la guerre d’Ukraine
https://www.madaniya.info/2022/03/22/la-guerre-dukraine-enjeu-central-pour-le-controle-du-heartland/
A la périphérie, les terres off-shore où les empires de la mer guignant l’hégémonie ont édifié leurs bases. Entre les deux, un «Rimland», dont une bonne partie est occupée par une «ceinture verte musulmane» qui constitue un espace riche et stratégique qu’il faut contrôler. Le cocktail des deux théories, le chaos et le fou, va s’avérer détonnant pour les peuples de cette «Muslim Green Belt». La logique du chaos ne relève pas du droit, mais d’un choix stratégique dicté par la géopolitique.
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VII – La doctrine de la domination à spectre total, corollaire de la subdivision de la planète en trois zones (Heartland, Rimland, Muslim Green Belt).
L’objectif final est d’étouffer l’émergence de toute puissance susceptible de contrarier leurs ambitions, conformément à la «doctrine de la domination à spectre total» élaborée par le Pentagone.
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VIII – La doctrine du choc et de l’effroi (Shock and Awe) ou la doctrine de la «domination rapide»
Doctrine de la guerre post soviétique formulée par Harlan Ullman et James Wade, en 1996 pour le compte de la Défense nationale des États-Unis, «Choc et effroi» est une doctrine militaire basée sur l’utilisation de la puissance écrasante et des manifestations spectaculaires de la force pour paralyser l’adversaire de la perception d’un champ de bataille et de détruire sa volonté de se battre. La doctrine «Choc et effroi» a été utilisée notamment en Afghanistan (2001), en Irak (2003) et en Libye (2011).
Par un curieux retournement de tendance, les mots utilisés par le Pentagone lorsqu’il jouissait du monopole du recours à la force et qu’il était sur le point d’écraser Saddam Hussein reviennent le hanter deux présidents plus tard.
Ainsi en 2019, lors de la dernière épreuve de force entre Washington et Téhéran, l’Iran fait connaître le choc et l’effroi au président américain Donald Trump et à son secrétaire d’État Mike Pompeo. C’est Téhéran – et non Washington – qui est doué pour les démonstrations de domination rapide visant à désorienter son ennemi. Il n’y aurait pu avoir de meilleure démonstration de «choc et effroi» que celle qui a frappé deux des plus grands terminaux pétroliers d’Arabie saoudite samedi.
- Pour aller plus loin sur ce thème, cf:
https://www.middleeasteye.net/fr/opinion-fr/trump-et-les-saoudiens-ont-seme-le-chaos-liran-leur-rend-la-monnaie-de-leur-piece
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IX- La théorie de l’amiral Arthur Cebrowski: la guerre sans fin
Variante de la théorie du choc et effroi, la théorie de la guerre sans fin a été formulée par l’amiral Arthur Cebrowski. Elle a connu ses premières applications en Irak et en Afghanistan avec le succès que l’on sait.
A noter la prépondérance des amiraux dans la formulation de la stratégie militaire américaine: l’Amiral Alfred Matham sea power); l’Amiral William Harrisson anneaux maritimes), et l’Amiral Arthur Cebrowski (La guerre sans fin: USA and The ROW).
Élaborée en tandem avec Donald Rumsfeld, à l’époque secrétaire à la défense, cette théorie divise le monde en deux: The USA and The ROW ( the rest of the world), autrement dit les États globalisés et tous les autres. Ces derniers sont condamnés à n’être que des réservoirs de richesses naturelles et de main d’œuvre. La mission du Pentagone post-11-Septembre n’est plus de gagner des guerres, mais de priver les régions non-globalisées de structures étatiques et d’y installer le chaos.
Une stratégie élaborée en fonction des nouveaux outils informatiques visant à détruire les États en tant qu’organisations politiques et permettre aux grandes entreprises informatiques de diriger le monde globalisé à leur place. Le lendemain même du 11-Septembre, la revue de l’armée de Terre, Parameters, expose le projet de remodelage du «Moyen-Orient élargi”.
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X – Barack Obama et la militarisation du cyberespace
Affligé par les lourds déficits hérités de son prédécesseur George Bush jr, (Guerre d’Afghanistan, Guerre d’Irak, Guerre contre le Terrorisme), Barack Obama (2008-20016) s’engagera dans la militarisation du cyberspace comme réplique à la montée en puissance de la Chine et son positionnement en tant que sérieux concurrent des États Unis.
L’accélération et l’institutionnalisation de la militarisation du cyber space, cinquième domaine militaire (Air, Mer, Terre, Balistique, Cyberspace), découlent toutes deux du pivot vers l’Asie, élément central de la grande stratégie d’engagement sélectif adoptée par Barack Obama à l’endroit de la Chine. Elle participe à la préservation de la «stabilité et en Asie-Pacifique», autrement dit le statu quo, objectif considéré indispensable à la protection à long terme des intérêts vitaux américains.
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XI- Vietnam, Cuba, Iran, Venezuela: Les Limites de la superpuissance et de la technologie de pointe
La superpuissance et la technologie de pointe si elles mettent en mesure un état de mener une bataille décisive au sens stratégique de Clausewitz, en ce qu’elle provoque une modification radicale des rapports de forces régionaux et la création d’une nouvelle réalité sur le terrain peuvent parfois été mise en échec par le patriotisme et le professionnalisme.
Les cas de Cuba et du Vietnam sont les plus illustres. A l’époque contemporaine, celui du Venezuela retient l’attention.
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A – Le cas du Venezuela: La ruse d’Hugo Chavez: Le SEBIN inflige une humiliation à la CIA
Pour déstabiliser Hugo Chavez, le siège du Pentagone (USSOUTHCOM) en charge de l’Amérique centrale et du sud avait mis en place des moyens de l’Espionnage technologique (TECHINT- intelligence technique) afin d’évaluer, d’analyser et d’interpréter les informations relatives au matériel de combat de l’armée vénézuélienne.
Il s’agit de moyens de type MASINT (Measurement and signature intelligence) qui reçoivent à distance, les vibrations, la pression, l’énergie calorique produite par les systèmes de combat. Il y a également d’autres moyens (ELINT) concernant les émissions électroniques des systèmes de radar et de radionavigation qui équipent les systèmes de missiles sol-air, les avions et les navires militaires du Venezuela.
Mais la plupart des moyens d’espionnage ont été utilisés pour intercepter les réseaux de communication (COMINT). L’Agence nationale de renseignement électronique (NSA) a un réseau appelé ECHELON, conçu pour l’interception et l’enregistrement des communications par téléphone, fax, radio et le trafic de données grâce aux satellites espions américains.
Toutefois, le SEBIN, le petit service de contre-espionnage vénézuélien (SEBIN: Servicio Boliviariano de Intellicia Nacional) a infligé une humiliation à la CIA en infiltrant tous les groupes d’opposition par des agents fidèles au régime de Caracas, doublée d’une opération d’intoxication psychologique, notamment des «fuites» en direction de la CIA, concernant l’intention de plusieurs généraux du premier cercle de trahir le président Nicolas Maduro.
La «désertion» du général Manuel Figueira, chef du SEBIN, la libération de Leopoldo Lopez de son assignation à résidence, et la mise à disposition, pour Juan Guaido, d’un peloton de soldats appartenant au SEBIN, pour prendre la garnison Carlota à Caracas, plus de 1 000 militaires, faisaient partie de l’opération d’intoxication des agents de la CIA afin de convaincre Washington du succès du coup d’État.
Même pour un pays sud-américain sous embargo, lutter avec patriotisme et professionnalisme peut briser les plans de la CIA. Que serait-ce alors dans le cas de l’Iran rodé, lui, depuis 40 ans, aux démonstrations de force des États Unis, d’Israël, des pétromonarchies du golfe, soutenus en sous mains par leurs alliés européens, la France et le Royaume Uni en tête.
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XII – La «stratégie du collier de perles» de la Chine, lointaine réplique chinoise à la théorie américaine des anneaux maritimes
Pris en tenaille entre l’Inde, sa grande rivale en Asie, le Japon, le géant économique de l’Asie, et les États-Unis, maître d’œuvre du blocus de la Chine maoïste, la Chine a cherché à se dégager de ce nœud coulant en développant «la stratégie dite du collier de perles».
Le terme a été utilisé pour la première fois au début de 2005 dans un rapport interne du Département d’État titré «Energy Futures in Asia».
Cette stratégie a été mise au point dans le but de garantir la sécurité de ses voies d’approvisionnement maritimes jusqu’au Moyen-Orient, ainsi que sa liberté d’action commerciale et militaire.
Elle a consisté dans le rachat ou la location pour une durée limitée d’installations portuaires et aériennes échelonnées des ports de Gwadar (Pakistan), Hambantota (Sri Lanka), Chittagong (Bangladesh), jusqu’à Port Soudan, via l’Iran et le périmètre du golfe d’Aden pour escorter ses navires à travers cette zone infestée de pirates, ainsi que dans la zone sahélo-saharienne, l’Algérie et la Libye, à tout le moins sous le régime du Colonel Mouammar Kadhafi (1969-2012), enfin en Syrie et au Pirée, la grande plate-forme commerciale de la Chine sur le flanc méridional de l’Europe Occidentale.
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XII Bis – Le Projet Obor: La nouvelle route de la soie
Traduction économique de la stratégie du collier des perles, le projet OBOR est communément désigné sous le vocable de «nouvelle route de la soie» ou la Ceinture et la Route. Cette stratégie aussi appelée OBOR en anglais pour One Belt, One Road) consiste en un ensemble de liaisons maritimes et de voies ferroviaires entre la Chine et l’Europe passant par le Kazakhstan, la Russie, la Biélorussie, la Pologne etc.
Le nouveau nom de projet grandiose est «Initiative route et ceinture» (Belt and Road Initiative, B&R selon l’acronyme anglais) afin de marquer le fait que ce projet ne se limite pas à une seule route.
Outre l’amélioration de la connectivité ferroviaire, il s’agit aussi d’une stratégie de développement pour promouvoir la coopération entre les pays sur une vaste bande s’étendant à travers l’Eurasie et pour renforcer la position de la Chine sur le plan mondial, par exemple en préservant la connexion de la Chine avec le reste du monde en cas de tensions militaires sur ses zones côtières.
La Nouvelle route de la soie a été dévoilée à l’automne 2013 par le gouvernement chinois en tant que pendant terrestre du collier des perles. Selon CNN, ce projet englobera 68 pays représentant 4,4 milliards d’habitants et 62 % du PIB mondial.
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XIII – La stratégie de la grenouille, illustration tangentielle de la «stratégie de l’effacement»
La paternité du terme revient à John Feffer, auteur américain, spécialiste du Monde communiste, auteur du livre «zones de divergences» qu’il définit comme «un état proche de la tectonique des plaques, de la séparation des continents».
Chaque pays peut être vu comme un diamant, qui peut se subdiviser en éclats. Ainsi la France peut se comparer à un diamant avec plusieurs facettes, la Bretagne, la Provence, la Corse. Un diamant parfait, sans conflits, mais avec des clivages à l’œuvre dans le pays.
Les États sont comme des boules de billard, qui se heurtent les unes aux autres. En fait, tous les États “ont explosé», selon John Feffer.
Illustration tangentielle d’une diplomatie de l’effacement, dont elle constitue le corollaire, la «stratégie de la grenouille» est la marque caractéristique des États atteints d’une «nostalgie de grandeur». A l’image de la grenouille assise dans une eau qui devient de plus en plus chaude, lentement, sans que le batracien ne se doute un seul instant qu’il est entrain de cuire doucement pour être consommé en cuisses de grenouille
Cas typique de la France, dont la communication racoleuse vise à masquer une diplomatie aux abois du fait de ses grossières erreurs au Proche et Moyen orient, sur fond de stagnation économique. Un pays contraint à suivre une politique réduite à ses moyens déjà très réduits, faute de s’être doté des moyens de sa politique.
Avec un passif de quatre capitulations en deux siècles (Waterloo 1815, Sedan-1870, Montoire-1940, Dien Bien Phu-1954), fait unique dans les annales militaires des grandes démocraties occidentales. Plus la France tardera à en prendre acte, plus la marmite de la grenouille chauffera, plus le festin s’approchera.
Cinquante quatre (54) milliards d’euros en 2017 en superposition à 100 milliards d’euros d’évasion fiscale, en dépit de la suppression de l’ISF, avec en parallèle, un endettement publique en 2018 de l’ordre de 2299,8 milliards d’euros, frôlant le seuil symbolique des 100% et au sein de l’Union Européenne sous la coupe de l’Allemagne, le grand vaincu de la 2me guerre mondiale, avec en prime, le gel des retraites, la suppression de 5 euros au titre de l’APL etc… De quoi expliquer amplement cette explosion de colère sans pareille depuis la révolte étudiante de Mai 1968.
Reléguée au 7me rang des puissances économiques mondiales, supplantée désormais par l’Inde, une ancienne colonie britannique, le Japon et l’Allemagne, les deux grands vaincus de la II me Guerre Mondiale, la sanction symbolique de ce grenouillage pourrait être, à moyen terme, le transfert à l’Union Européenne du statut de la France de membre permanent du Conseil de Sécurité disposant d’un droit de veto.
Un statut jugé désormais «exorbitant» par bon nombre de ses concurrents tant en Europe, l’Allemagne notamment, qu’en Asie, particulièrement l’Inde, un état continent de 1,6 milliards d’habitants, puissance atomique et 6 ème puissance économique du Monde, supplantant la France à ce classement en 2018.
L’histoire est impitoyable avec les perdants. L’Histoire se venge de ceux qui l’insultent. «L’histoire finit toujours par punir la frivolité stratégique» (Henry Kissinger) – L’ordre du monde, Fayard,
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Pour aller plus loin
- Le théorème du parapluie du mathématicien Mickaël Launay Flammarion Ou l’art d’observer le Monde dans le bon sens
https://www.momox-shop.fr/mickael-launay-le-theoreme-du-parapluie-taschenbuch-M02081427524.html?variant=UsedVeryGood&gclid=CjwKCAiAis3vBRBdEiwAHXB29FiWGpUdAISxQRNIAxGcOzBcHMkem-Ps0rdYQcZKBSA9Oo2rLjHpURoC9oQQAvD_BwE
Excellent billet…quoique je prends depuis toujours toutes ces pseudo »théories » Yankees ou British avec une pincée de sel… puisqu’elles n’en disent pas plus sur le cheminement historique qui a fait des USA un hégémon qui allait s’imposer sur le reste du monde, ni que cette lecture s’interresse aux impérialismes historiquement parlant et de tout poils d’autres pays également comme la Russie…et plus tard l’Iran ou la Chine aujourd’hui, l’Arabie Saoudite et les tiers-mondistes détenteurs de pétrole… occultant ainsi les rapports de force tout aussi hégémoniques pour ne pas dire cyniques et sans pitié pour les plus faibles a chaque fois ! … et puis »Shock and Awe », on l’a vu aussi avant 1993 ou sa »révélation », lorsque les troupes Américaines ont décimé toutes les divisions blindées de Saddam en 1991 en une seule après-midi, lors de l’opération Desert Storm… ce qui revient en ce qui me concerne a penser qu’on ne fait que vouloir »glorifier » tous ces diseurs de bonne aventure, stratèges machin et architectes d’on ne sait quoi, alors que dans toutes les armées du monde, tous les establishments de pays bellicistes, il se trouve des faucons et des théoriciens qui ne font que ça du matin au soir et n’hésitent pas a jouer avec le destin de leur propres populations ou minorités persécutées….
Rappelons par exemple que les USA n’ont fait que profiter de la déroute des puissances coloniales au lendemain de la première guerre moniale et seconde guerre mondiale et qu’il ne se trouvait personne ni aucune banque sur la planète capable d’avancer deux milliards de dollars a la France et quatre milliards au Royaume uni au lendemain de la première guerre, ensuite au lendemain de la seconde guerre, quatre milliards a la France en effaçant la dette précédente de deux milliards, et huit milliards au Royaume uni en effaçant également la précédente de quatre milliards de la première guerre ! De plus, comme la nature a horreur du vide laissé au lendemain de la deuxième guerre dans le monde entier, et disposant de flottes et d’avions en pagaille, les états-unis étaient pratiquement la seule nation au monde avec des navires militaires éparpillés aux quatre coins du globe et dans ses endroits les plus isolés et insolites qui pouvaient communiquer en temps réel avec leur état major au bercail, et rendre compte de leurs activités et tournées de surveillance ! ils ont alors progressivement et face a leur perceptions du communisme considéré qu’il devenait impérieux de ne pas laisser cette doctrine se propager et gagner leur pays strictement ancré dans le libéralisme au lendemain de la deuxième guerre… et si vous ajoutez a cela comment Staline a obtenu d’eux ce qu’il voulait et s’est payé leur tête a Yalta… vous comprenez aisément pourquoi les chose ont évolué depuis ! Israel encore ne fut même pas le vœux le plus cher de Roosevelt… qui promis aux Arabes de les consulter sur la question puisque c’est Truman qui entérina l’accord pour la création de cet état le même jour plus tard en 1948 et sans même consulter personne au congrès ou ailleurs ! Roosevelt n’avait aucune idée que les choses allaient se précipiter pour la création d’un tel état, et même au lendemain de sa mort, Truman avait constitué une commission pour étudier la question pour la première fois en 1946, en consultant les Britanniques maîtres de cette colonie, et les deux avaient convenu et autorisé uniquement des déplacements de réfugiés juifs européens sur place par vagues, 100.000 pour commencer en cherchant a en limiter le nombre et trouver d’autres solutions…mais aussitôt qu’en octobre de la même année Truman convert a la cause annonça qu’il était pour la création d’un État juif… puisque les deux (Londres et Maison blanche) avaient en mémoire, et étaient favorables a la promesse de Balfour des années plutôt…, Les nations unies ne feront qu’enteriner cette décision américaine a travers la commission spéciale pour la Palestine et sa résolution 181, et face a la crainte qu’a suscité une possible ingérence Soviétique en Palestine, et le bouillonnement Arabe face a la question a fini par précipiter les choses, et Truman d’entériner la création de l’état d’Israel illico le même jour en 1948 ! On peut dire qu’il y a eut affinités, convictions et duplicité religieuse Judéo-chrétienne et derrière la question côté Américain, mais côté Russe qui ne reconnaissait pas la religion, et se déclarait communiste et athée, les craintes américaines de vouloir s’opposer a la question ne s’avèreraient même pas fondées, l’URSS fut la première a reconnaitre Israel »de juré » comme on dit trois jours plus tard… autrement dit, reconnaissance définitive et coulée dans le béton encore pire que celle des états-unis !
Bien entendu, je ne conteste pas ce qui est expliqué dans le billet en ce qui concerne les stratégies tardives américaines, ou encore leur morcellement du monde en »lands » stratégiques… mais je ne minimise pas pour autant le rôle de la compétition féroce a laquelle se livrent une floppée de pays qui nous chauffent les oreilles tout autant avec leurs théories de grandeur… d’ailleurs pour moi, bien que l’Iran constitue une pseudo »république »…encore pseudo révolutionnaire, héritée des communistes Iraniens en vérité et totalement absents de la scène depuis le retour de Khomeini, je ne fais que très peu de différence entre le régime Iranien et celui e l’Arabie Saoudite auxquels j’attribue tous les deux les problèmes du proche et du moyen orient et ceux du Maghreb tout autant, et l’instrumentalisation et la radicalisation religieuse et sectaire qui n’a fait que servir les desseins des deux régimes pour asseoir leur pouvoir et durer dans le temps… la question Palestinienne étant justement surexploité a ce même titre par les deux depuis toujours…
Et je vous prie de prendre mon opinion pour ce qu’elle est… émanant sincèrement d’un ressortissant arabe qui en a marre des embrigadements pour l’un ou l’autre, ou encore pour les deux superpuissances nucléaires qui continuent de détruire les autres peuples encore aujourd’hui a travers la guerre Ukrainienne ! Merci !
Versão em Língua Portuguesa:
https://queonossosilencionaomateinocentes.blogspot.com/2022/10/glossario-para-estrategas-em.html
Une excellente réflexion qui rejoint un peu ce que je disait … et qui parle de nécessité de revisiter le concept d’Impérialisme a notre époque, ayant besoin d’une »actualisation théorique et conceptuelle » et depuis le grand basculement vers la mondialisation…intitulée « De l’impérialisme à l’impérialisme », Nouveaux Cahiers du socialisme…, par Michel Husson, économiste et statisticien français…parue en 2015 sur la revue »Cahiers du socialisme » … et qui explique très bien le phénomène des nouveaux mouvements des capitaux, chez les pays émergents entre autre… et les tendances comme les leçons a en tirer… bref..très intéressant
https://www.cahiersdusocialisme.org/23581-2/
En espérant que vous me pardonnerez mes nombreuses fautes et le style ampoulé de mon premier commentaire écrit a la hâte et en premier jet a 3 heures du mat ! :)))..bref, je tenais a formuler l’idée que coûte que coûte…en tombant de sommeil ! Merci !
@ René
Que dire ? je suis soufflé par cet article – sa qualité – la recherche qui le supporte.
Merci de partager avec nous sur les7duquebec.net camarade.
Chacun devrait lire et relire = Bravo
Robert Bibeau
Bref, cette réflexion que je vous ai mis en lien, ne fait pas que déconstruire le vieux discours »soixante huitard » autour de l’usitée conception d’un imperialisme Nord-Sud, consistant en un occident exploitant le sud de l’hémisphère pauvre, en y exportant les capitaux pour les récupérer plus tard et jouir du profit, maintenant ces pays dans la sous industrialisation ou encore l’industrialisation d’assemblage primaire et archaïque, mais elle apporte la preuve que tout ceci fit bel et bien parti du passé, dans la mesure que depuis la globalisation progressive a laquelle on a assisté, les capitaux se sont depuis libéré des économies nationales, et des nationalités tout court… devenant les acteurs économiques de premier plan conférant au monde son instabilité et contrôlant les processus de production depuis la conception a la livraison, en recherchant la maitrise de coûts et les économies d’echelle… faisant des états-unis par exemple non plus un exportateur de capitaux et un exemple édifint de cet impérialisme d’antan, mais plutôt un importateur de capitaux par excellence depuis quelque temps déjà, et encore plus depuis la mondialisation récente qui a fait que les principales firmes technologiques ou industrielles »américaines » emploient beaucoup plus en Asie et dans le sud de l’hémisphère qu’elle ne le font aux états-unis, et déployant tout autant de capitaux libres, énormes que l’économie Américaine ne verra jamais ! même chose pour les Européens, et même chose dans les pays émergents aujourd’hui aussi, dont l’analyse souligne les disparités et l’inégalité en terme d’industrialisation et de capitaux destinés a l’industrie, ou encore a la spéculation lorsque ce n’est pas a la fuite dans les paradis fiscaux la encore !
Ce que cette réflexion ne dit pas nécessairement, c’est que depuis le choc pétrolier de 73, et avant ce grand chamboulement dans la mondialisation, les pays pétroliers et gaziers comme l’Arabie Saoudite et plus tard ses voisins les pays du Golf, et d’autres pays également, sont devenu les porte étendards de l’impérialisme financier en tous cas, et détenaient bien plus de capitaux que certains blocs ou pays occidentaux ! et donc ont pu faire la nuit et le beau temps pendant 30 ans au moins sur le plan de la géopolitique mondiale, et l’Iran ou l’Irak ne sont pas en reste, l’Iran par exemple, même sous sanctions engrange toujours des recettes et des bénéfices record qu’elle destine pas seulement au soutien de son économie, mais également et principalement a ses efforts d’industrialisation et de recherche et développement militaire ! comparée a une Arabie Saoudite limitée par ses parrains et mentors occidentaux a investir dans les technologies civils et importer la totalité de ses besoins en équipements et technologie militaires … une autre histoire bête de consommation on va dire… ce qui n’est pas le cas des Brics, et d’une multitude ou brochette de pays industrialisé du sud comme le Tigre Coréen et bien d’autres aujourd’hui !
La Russie par ailleurs, totalement dépassée et déstabilisée depuis la chute du mur et voulant renouer avec son passé industriel et se projeter au devant de la scène financière, s’engagera dans un processus de privatisations encore jamais vu ailleurs, et mobilisera des capitaux énormes en plus de sa rente énergétique et minière pour mener une offensive pour ne pas dire une vendetta attardée a travers ses oligarques contre un occident déjà déboulonné et désindustrialisé en partie, pour investir massivement et dilapider des capitaux énormes dans les acquisitions immobilières et foncières, le tourisme, la presse, les clubs de foot ball, et la prise de participations dans certains secteurs industriels du segment du luxe… et sur le plan domestique cette fois, investir massivement dans le secteur des armes et du complexe militaro industriel, et orienter toute sa politique obsessionnelle dans des dessins de règlements de comptes géopolitiques et bellicistes… faisant manquer au peuple Russe de belles opportunités de se hisser bien au dessus de standards occidentaux !
l’Iran et l’Arabaie saoudite par ailleurs ont totalement viré impérialistes depuis leur querelles sectaires autour d’un leadership bidon au proche et moyen orient et se sont livré a une course qui a détruit cette région, et j’y crois dur comme fer depuis toujours, dont leur dernière victime fut le Yemen !
Et nous en sommes encore qu’au début, lorsqu’on voit un ensemble de pays »rentiers » du sud principalement sur la base de pétrole, de gaz, ou les ressources minières importantes ou peu importe, et qu’on les voit jouer de compétition mondiale et exercer toutes sortes de pressions pas nécessairement et pas toujours dans l’intérêt de leur intérêts nationaux mais pour permetter a de vieux régimes de régler des comptes politiques, internes et externes, ou encore financer en sous main des guerres régionales, des séparatismes et créer des remous sous prétexte d’alibis aussi attardés que ceux de la Russie de Poutine, on se dit que les choses ne feront que s’envenimer encore plus ! et les états-unis n’y sont pour rien la-dedans !
Les états-unis d’ailleurs ne font que tenter de sauver leur hégémon aujourd’hui a travers un renforcement de leur présence militaire et stratégique, mais a travers surtout un maillage plus serré de leur relations avec les pays du sud et tous ces pays émergents qui contrôlent en partie la moitié de la production et l’economie mondiale… il faudrait a ce titre mentionner que la configuration actuelle et depuis toujours du conseil de sécurité de l’ONU est ce qui permet encore a certains pays occidentaux dont les états-unis qui détiennent des sièges permanents avec droit de veto d’exercer encore une forme ancienne d’impérialisme qui ne se justifie pas aujourd’hui, et donner cette impression sur le plan géopolitique que les pays occidentaux conservent toute leur vigueur et leur force ou encore détiennent les ficelles économiques du monde ! Faux évidemment ! perpétuant ainsi le discours soixante huitard et les anciennes définitions de l’impérialisme ! et A ce titre, seule l’Armada navale, aérienne et terrienne Américaine justifie encore cette situation et lui permet de subsister… autrement dit, s’il devait y avoir coalition entre Inde et Chine et Brics, il y aurait lieu de renverser les sièges permanents du conseil de sécurité de l’ONU et renverser l’ordre mondiale en ce simple tour de passe passe ! … mais il faut croire justement que ces pays n’y sont pas encore prêts, ni qu’ils ont la volonté de le faire, cultivant chacun son propre impérialisme a deux sous, ou impérialisme tiers-mondiste, et encore plus dans le cas de la Russie qui elle a choisi le chemin extrême de se condamner a la guerre permanente en faisant cavalier seul en Ukraine et ailleurs !
Les relations internationales ne peuvent être confondues avec les mouvements réels des capitaux, les centres de pouvoirs et de décision économiques des multinationales dont les capitaux sont flottants autour du globe et se foutent éperdument des aspirations nationales ou nationalistes ! même Israel tente de se positionner sur ce nouvel échiquier mondial et a du mal a s’y projeter avec l’assurance qu’elle possédait hier et on la voit tantôt encenser la Chine et lui donner des concessions en Israel a Haifa par exemple, tantôt essayer de rapatrier des capitaux américains chez elle, ou encore tenter de refaire le monde au Soudan Sud, et en Afrique et y édifier de nouvelles bases pour un nouveau départ et vision depuis lesquels elle peut contrôler sa destinée et vouloir échapper a la vindicte internationale ou celle de la région ! et tous ces vieux plans qu’elle a du concocter avec les yankees sont forcément tombé a l’eau… il lui reste les monarchies arabes du golf pour tenter cette fois une percée de nature promotionnelle et marketing … pour mieux marketer son image auprès des masses arabes, même si elle croit qu’elle détient en ces pays une nouvelle base qui protège désormais ses arrières ou son flanc égyptien !
Personne en tous cas ne peut prédire ce qu’il en sera de l’echiquier mondial dans les vingt prochaines années, la seule chose dont on est presque certain c’est qu’il n’y aura pas de cadeau a quiconque, et comme conclut cette réflexion en lien…en reprenant un peu l’idée qui ressort des études de l’OCDE »Si vous voulez de la croissance, il vous faudra plus d’inégalités »…puisque les capitaux énormes qui circulent au nord comme au sud, a l’est comme a l’ouest de l’hemisphère sont aveugles, et ne font que laisser dans leur sillages plus d’inégalités aux quatres points cardinaux de la planète !
D’ailleurs, sur le plan économique, les États-Unis ne sont plus qu’un gouffre d’endettement et financier sans fond…qui n’arrive a maintenir se armées et sa colonne vertébrale militaire que grâce encore a cet endettement colossale et continu ! et cette histoire ne pourra durer éternellement, car comme le Japon, si la politique de l’endettement sans fin et sans conditions a pu être possible depuis au moins 40 ans, atteignant 250% du PIB au Japon, et 170% du PIB aux États-Unis, ce n’est que grâce comme je l’ai déjà expliqué au fait que ces dettes ont toujours été détenues a plus de 80% par les acteurs économiques intérieurs au Japon ou aux États-unis, acceptant ou se permettant souvent des taux d’intérêts nuls ou négatifs, et pouvant se rattraper grâce au dynamisme de l’économie… j’avais posté je me souviens le lien qui schématise quels institutions aux états-unis détiennent ces »actifs », et quels part chacune d’entre elles possèdent dans la dette du gouvernement ! … mais c’est de moins en moins le cas aujourd’hui, puisque les dettes US sont de plus en plus rachetées par des intérêts étrangers… et lorsque le seuil d’un certain pourcentage sera atteint, les états-unis … tout comme le Japon, seront rattrapé par la réalité et deviendront aussi vulnérables qu’un pays Africain.. et devront comme tout le monde subir les agences de quotation, les plafonds d’endettements en plus de devoir rembourser ce qu’ils ont dilapidé durant toutes ces années, dans le cas des USA en trilliards de dollars…sur lesquels ils ne paient encor pour l’instant que les intérêts en centaines de milliards chaque mois et chaque année !
Un jour proche viendra ou les états unis ne pourront pas trouver de quoi faire le plein a leur flottes et armada, et encore moins de quoi payer des munitions…et des armes … lorsqu’il n’y aura plus de cash et qu’il en pleuvra plus comme avant !
Et pour ce qui est de l’Iran et l’Arabie Saoudite, la propagande qui veut que ce sont encore des géants, ou encore du côté d’une certaine extrême gauche que l’Iran serait invincible et sur la voie d’on ne sait quelle réalisation… c’est des bêtises en ce qui me concerne… l’Iran et l’Arabie Saoudite sont condamné aujourd’hui a ramasser les pots cassés et subir le retour du boomerang pour toute la pagaille qu’ils ont foutu en Irak, en Syrie, et au Yemen et ailleurs… de plus en plus décriés et dénoncés, les deux régimes font face d’abord a une contestation intérieure en plus de leurs victimes de part et d’autres dans tous ces pays ou ils ont activement entretenu la guerre sectaire et confessionnelle et détruit les peuples et les économies… et l’Irak en est un exemple criant dont il faut craindre un retournement de politique totale a l’encontre de l’Iran considérée aujourd’hui par la rue Irakienne comme le grand Satan qui a foutu leur pays en l’air… même Moqtada Sadr a démissionné de ses fonctions politiques et ne veut plus en entendre parler et n’arrive toujours pas a endiguer la violence de ses partisans et ex fanatiques !
Bref, et comme on dit, qui vivra verra !
Pour revenir a cette histoire d’endettement du gouvernement US, totalisant 31 trillions de dollars, la part des détenteurs domestiques et nationaux de cette dette a encore diminuée aux dernières nouvelles, alors qu’elle était a plus de 80% de l’endettement total il y a quelques années, elle est passée a moins de 67% au 31 Décembre 2021 ! pendant que la part détenue par les pays étrangers ou investisseurs étrangers a augmenté a la même date a 33% se dirigeant dangereusement vers le seuil critique de la fin de l’endettement sans limite ou non plafonné presque, et obligeant le gouvernement Américain et ses économistes a tirer la sonnette d’alarme dès maintenant car devenant de plus en plus proche d’un endettement classique des autres pays a travers le monde devant rendre des comptes sur son endettement, et subissant de plus en plus les agences de quotation et de mesure de la solvabilité, ou encore exigeant de réduire l’endettement en un temps record pour le ramener a moins de 70% du PIB ou plus… au lieu du 170% du PIB comme maintenant, qu’aucun pays au monde ne peut même songer a le devenir ou l’imaginer …ou encore de quoi donner des crises cardiaques aux économistes et gestionnaires de l’État ! ….et donc, il suffirait que la part des détenteurs nationaux de la dette du gouvernement Américain tombe a 50% face aux détenteurs étrangers qui en détiendront l’autre 50% ou moitié, pour que ce processus s’enclenche !
Bref, pour une idée plus précise de qui détient cet endettement par les nationaux et par les étrangers
Détenteurs nationaux : (du total de 67% de détenteurs nationaux) : toujours au 31 Dec 2021.
Reserve Fédérale 39%
Fonds Mutuels 22%
Banques 11%
États et gouvernements locaux 9%
Fonds de pension 8% (Principalement celui des enseignants »Teachers »)
Compagnies d’assurance 3%
Autres investisseurs nationaux 8%
(A noter que chaque année, ces détenteurs nationaux doivent se contenter parfois de taux de rendements nuls ou négatifs…)
Détenteurs étrangers (du total de 33% de détenteurs étrangers) classés par ordre d’importance… Cette fois a Octobre 2022
Japon 17%
Chine 13%
Royaume Uni 8.8%
Irlande : 4.3%
Luxembourg : 4.2%
Suisse 4.1 %
Belgique 4.1 %
Autres pays de par le monde (en forte croissance année après année) : le reste des pays du monde
Historiquement, les chiffres officiels sont contradictoires et vraisemblablement, on tente de masquer la tendance haussière des actifs étrangers vs ceux nationaux en baisse, mais grossomodo et selon la Fed cette fois, les gouvernements et investisseurs étrangers détenaient 5% du total de la dette Américaine en 1970, augmentant a 23% en 1995, et 33% aujourd’hui… et il faudra noter que juste entre le 31 décembre 2021 et aujourd’hui, cette part étrangère a encore augmenté de quelques points de pourcentage.
Dans ce contexte, et sachant que les états-unis sont devenu presque exclusivement des importateurs de capitaux et non plus des exportateurs de ces derniers, il y a lieu de ne plus parler d’impérialisme si on se réfère a la définition de Lénine ou de Rosa Luxembourg de l’impérialisme, (Soixante huitard également), devant consister a exporter les capitaux au lieu de les importer ou être demandeur d’investissements étrangers !
Bref, il n’y a encore techniquement parlant que les sièges permanents a l’ONU avec droits de veto qui tentent de justifier encore l’impérialisme Yankee ou encore celui de tous les membres…hors Chine…qui elle ne fait qu’affûter et préparer le sien avant de passer a la phase prochaine de vouloir non seulement ramener Taiwan dans son giron, mais également un nombre incalculables d’îles qui appartiennent au Japon et a d’autres voisins qu’elle revendique depuis toujours !
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