Une dangereuse meute de hyènes erre en Europe…entre la Pologne et l’Ukraine (Macgregor)

Par The Saker – Le 17 novembre 2022 – Source The Saker’s Blog

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À l’heure actuelle, la plupart d’entre vous doivent avoir entendu parler du « mystérieux » tir de missile qui a frappé la Pologne.  Si vous l’avez manqué, voici quelques articles qui montrent comment ce non-événement a été développé par les médias à la solde du Grand capital:

 

Il est en fait assez intéressant de voir comment cette histoire a « évolué« . D’abord, elle a été présentée comme une attaque russe. Bien sûr. Comment pourrait-il en être autrement ?

Puis il est devenu assez évident que le missile était un missile de défense aérienne ukrainien S-300.  Maintenant, je dois vous dire que les Ukronazis ont accusé la Russie d’utiliser de vieux S-300 contre des cibles terrestres. Cependant, il n’y a aucun S-300 russe à portée de l’endroit où le missile a atterri, seulement des S-300 ukrainiens. Et, comme l’a souligné Gonzalo Lira, un agriculteur polonais a vraiment fait une bonne action en photographiant les débris du missile. Je voudrais noter que Lira a tort lorsqu’il affirme qu’un missile russe ne peut venir que de l’Est. Les armes russes à distance utilisent des guidages par satellite, inertiel et le suivi du terrain pour suivre une trajectoire soigneusement préparée afin de contourner les défenses aériennes et elles peuvent très bien voler autour d’une cible avant de la frapper « par derrière«.

Comme on pouvait s’y attendre, la bande habituelle de cinglés a exigé une réunion du Conseil de Sécurité des Nations Unis et une réunion de l’OTAN. Les Ukies ont été particulièrement véhéments, et la raison en est assez évidente : Les S-300 ukrainiens frappent des bâtiments depuis un certain temps déjà, et chacune de ces explosions a, bien entendu, été imputée à la Russie (ou même personnellement à Poutine). Il existe des vidéos sur Telegram montrant des missiles de défense aérienne ukrainiens décollant, effectuant une grande courbe et explosant en plein vol ou, pire, frappant le sol. La même chose s’est produite pendant la guerre du Golfe, lorsque les Patriots américains n’ont pas réussi à intercepter les SCUD irakiens et ont tué des personnes au sol. Les tentatives de Kiev de dissimuler la véritable origine de ce missile par des hystéries sur « l’agression russe » n’ont pas très bien fonctionné cette fois-ci.

Au départ, il semble que certains politiciens polonais aient voulu immédiatement utiliser cet incident pour créer encore plus de tensions, mais la réaction plutôt tiède des États-Unis leur a envoyé un message clair : les États-Unis ne souhaitent pas participer à ce qui serait une PSYOP ou un false flag vraiment ridicule (et potentiellement très dangereux).

Les Polonais ont compris le message et ont rapidement convenu que le missile était ukrainien.

Le seul « prix de consolation » que les Polonais et les Ukrainiens ont obtenu a été une déclaration américaine molle selon laquelle la Russie était « responsable en dernier ressort« , ce qui est à peu près aussi significatif et intéressant qu’un pétard mouillé.

Pourtant, la hyène polonaise s’efforce de montrer ses prouesses en menant de « petites guerres« , car ses maîtres américains ne lui permettent pas (encore !) de déclencher la grande guerre dont elle a désespérément besoin pour, une fois de plus, arracher des terres à l’Ukraine vaincue (comme elle l’a fait lors de la partition de la Tchécoslovaquie avec l’aide d’Hitler en 1938).

La dernière victoire polonaise est d’avoir vaincu Roger Waters, à qui ils ont désormais interdit de se produire en Pologne. Roger Waters figurait déjà parmi les « ennemis de l’Ukraine » sur la tristement célèbre liste des « Mirotvorets« . Il a maintenant été élevé au rang d’« ennemi de la Pologne ».

Une confirmation de plus que les Ukrainiens nazis, les Polonais latins et les Israéliens sionistes ont les mêmes « ennemis » en dépit de leurs différences idéologiques, relativement mineures.

Pour être juste, le Royaume-Uni, le Canada, le Banderastan ou l’un des trois États baltes ne sont pas moins des hyènes que la Pologne. Eux aussi ne font preuve de courage que lorsqu’ils sont protégés par les suzerains américains.

Alors oui, cette fois-ci, les Ukronazis et les Polonais n’ont pas pu utiliser un missile indiscutablement ukrainien pour tenter de forcer l’OTAN à attaquer la Russie. Mais que se passera-t-il la prochaine fois si aucune photo n’est disponible (les Ukronazis ont déjà interdit la réalisation de photos ou de vidéos de tout endroit touché par un missile !)

Alors, où tout cela nous mène-t-il ?

C’est simple : premièrement, les Polonais détestent les Ukrainiens tout autant qu’ils détestent les Russes. Les Ukrainiens, d’ailleurs, ne détestent pas moins les Polonais que les Russes (et les Juifs). La seule différence est que la haine polonaise anti-ukrainienne est teintée de mépris alors que leur haine anti-russe est teintée de peur. Ajoutez à ce tableau les Britanniques, avec leurs propres douleurs fantômes impériales et leur sentiment de supériorité raciale sur les Européens « continentaux » (« Brouillard sur la Manche, l’Europe est isolée« ) et vous verrez rapidement qu’il y a beaucoup de haine entre ces « alliés« .

Nous avons donc affaire à une meute entière de hyènes haineuses.

Les Polonais et les Ukies ont une chose principale en commun, ils veulent que l’OTAN fasse la guerre à la Russie : les Ukies veulent simplement que leur pays survive et les Polonais veulent s’emparer d’un morceau de l’Ukraine. Certains partis politiques polonais veulent même que les réfugiés ukrainiens jurent fidélité à la Pologne ! En vérité, les Ukronazis ont adopté des lois qui, en substance, permettent aux ressortissants polonais d’avoir les mêmes droits que les Ukrainiens.

On dirait bien que la Pologne, ou du moins une partie du Banderastan, est préparée pour une fusion éventuelle en une seule entité. Si cela se produit vraiment, l’UE aura un gros et très vilain problème sur les bras 🙂

Et, bien sûr, les dirigeants de l’OTAN aimeraient bien vaincre la Russie dans une guerre majeure, mais ils savent qu’ils n’ont tout simplement pas les effectifs nécessaires pour y arriver, d’où la « prudence » des États-Unis et les discussions sur la « désescalade« .

Certains envisagent une sorte de « coalition de volontaires » ou une « alliance des démocraties« , mais tous ces jolis concepts n’apportent ni effectifs ni puissance de feu. Cette approche a échoué lamentablement partout où elle a été tentée, et elle échouera encore.

Attaquer la Russie quand elle est faible, ou déjà attaquée par d’autres ennemis, est une tradition polonaise bien ancrée et leur héros national est un dirigeant psychopathe qui veut sérieusement que la Pologne devienne une superpuissance européenne en s’emparant de toutes les terres entre la mer Baltique et la mer Noire. Dieu sait qu’ils ont essayé suffisamment de fois pour savoir que cela n’arrivera jamais, alors la meilleure solution pour les Polonais est de s’emparer de la plus grande partie possible de l’Ukraine.

L’autre stratégie « sophistiquée » des Polonais est d’être le caniche le plus abjectement soumis dans l’ »Anglo-Eurokennel« , dans l’espoir que la « nouvelle Europe » de Rumsfeld (c’est-à-dire la Pologne) remplace la « vieille Europe » (c’est-à-dire l’Allemagne et la France). Vous vous souvenez qu’ils voulaient un « Fort Trump » ?  Ils étaient même prêts à payer (principalement avec des subventions de l’UE) pour avoir l’»honneur » d’accueillir les forces américaines !

C’est ainsi que les Polonais veulent devenir une « superpuissance de l’UE« . Sans blague !

Il en va de même pour les Britanniques dont la politique étrangère séculaire peut se résumer en une seule phrase : « mettre le feu à l’Europe en déclenchant des guerres et des révolutions ».

Il n’est donc pas surprenant que les Britanniques et les Polonais entretiennent actuellement une sorte de relation amoureuse (malgré le sentiment de supériorité des Britanniques sur cette prétendue superpuissance européenne).

Leur principal problème est qu’aucun des deux pays ne possède d’armes nucléaires et qu’ils ont tous deux besoin du feu vert de l’oncle Shmuel non seulement pour utiliser des armes nucléaires, mais aussi pour organiser un incident (relativement) mineur ou un faux drapeau. Et alors que les Polonais se sont armés (et s’arment toujours) comme des fous, l’armée britannique est assez largement une plaisanterie. Mais il est tout simplement impossible que les Polonais trouvent le courage (certes suicidaire) d’attaquer les forces russes toutes seules. Les trois États baltes contribueraient volontiers à une si noble cause, mais leurs capacités militaires sont vraiment dérisoires et leur géographie les condamne à mort s’ils attaquent la Russie.

Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de Polonais qui se battent en Ukraine. Il y a au moins plusieurs milliers de Polonais qui combattent actuellement en Ukraine mais, comme le reste du personnel de l’OTAN, ils sont officiellement soit des « volontaires« , soit des « conseillers« , soit des « fournisseurs d’aide« . À propos, les « vieux Européens » sont également bien représentés en Ukraine avec des unités françaises, espagnoles et italiennes.

Mais ces nombres sont loin d’être ceux qui sont nécessaires pour affronter directement l’armée russe.

Quoi qu’il en soit, les politiques et les attitudes véritablement insensées des Polonais et des Ukrainiens font lentement prendre conscience du fait que l’expansion de l’UE vers l’Est était une erreur énorme et fatale. Non seulement des pays comme la Hongrie et la Pologne ne sont pas disposés à obéir à tous les ordres des eurobureaucrates, mais l’arrogance infinie des Ukrainiens, qui exigent constamment, et non pas demandent, que l’OTAN et l’UE les soutiennent quoi qu’il arrive, entraîne maintenant une sorte de contrecoup (toujours très discrets, la plupart des politiciens européens sont encore incapables de défier ouvertement les États-Unis). Au fur et à mesure que les économies occidentales s’enfoncent dans un gouffre économique, l’arrogance et le sentiment d’être dans leur bon droit des Polonais et des Ukrainiens déclencheront de plus en plus de réactions négatives.

Tôt ou tard, le reste de l’UE en aura assez de ces fous.

Certains, comme le très populaire Tucker Carlson, en ont déjà bien assez de ces affreux clowns.

Même certains politiciens américains, y compris des Libéraux et des Conservateurs, s’opposent au soutien total des États-Unis au régime de Kiev.

Ces voix se regrouperont-elles un jour pour un retour à la raison ? Honnêtement, je n’en sais rien.

L’avenir du continent européen sera largement déterminé par la capacité des pays de l’UE, disons, « sains d’esprit« , à maîtriser et à contenir les fous purs et durs de la bande 3B+PU+UK. À l’heure actuelle, les 3B+PU+UK ont le soutien total des États-Unis, ce qui est extrêmement dangereux car cela les encourage à s’engager davantage dans des actions vraiment dangereuses et même téméraires. Les néoconservateurs américains sont au moins aussi haineux à l’égard de la Russie que le gang 3B+PU+UK, aussi ne pouvons-nous que prier et espérer qu’il y ait suffisamment d’esprits sains au Pentagone et ailleurs pour inciter à la prudence (ce qui s’est apparemment produit dans le cas de la « mystérieuse » attaque de missiles sur le tracteur polonais).

L’essentiel est le suivant : à moins que les adultes dans la pièce ne parviennent à tenir en laisse les différentes « hyènes de l’UE« , tôt ou tard, l’une de ces hyènes déclenchera une chaîne d’événements potentiellement cataclysmiques. N’oubliez pas que les personnes qui ont mis les nazis au pouvoir à Kiev sont les mêmes qui ont fédéré les Takfiris dans ce qui est devenu Al-Qaïda (merci Zbig !). C’était il y a plus de 40 ans, et le monde paie encore un énorme prix en sang innocent pour ce « brillant » plan de la CIA…

Pour l’instant, je ne vois aucun « adulte dans la salle« , mais peut-être cela va-t-il changer au cours de cet hiver?

Nous le saurons bientôt.

Avant de conclure, je voudrais vous laisser avec trois éléments intéressants:

Premièrement, ce qui semble être des documents déclassifiés de la CIA qui montrent que la CIA était profondément impliquée avec les nationalistes ukronazis. Je ne peux pas me porter garant de l’authenticité de ces documents, mais j’ai demandé à un ami qui le saurait peut-être, et il m’a dit qu’ils lui semblaient vrais.

Deuxièmement, n’oubliez pas de consulter le commentaire d’Andrei Martyanov sur ce « missile faux drapeau« . Je suis entièrement d’accord avec lui lorsqu’il dit que (la plupart) des journalistes occidentaux sont des criminels de guerre.

Troisièmement, je vous laisse avec une interview très intéressante du colonel (retraité) Douglas MacGregor, un superbe analyste militaire américain et un homme qui dit la vérité sur la guerre en Ukraine depuis longtemps maintenant.

Je ne peux qu’espérer et prier pour que les gens du Pentagone et les autres écoutent ce que MacGregor a à dire !

L’interview originale est sur sa chaîne YouTube :

The Saker

Source secondaire: Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.


[ Entretien ] Douglas Macgregor: « Quels sont les intérêts de la France qui justifient sa participation à une coalition antirusse en Europe de l’Est? »

Colonel de l’armée américaine, expert, praticien et théoricien, Douglas Macgregor est une voix dissonante dans le concert de « narratifs » formatés. Une voix qui mérite d’être écoutée.

Le colonel Douglas Macgregor (capture d’écran extraite de la vidéo Douglas Macgregor: Margin of Victory )

Douglas Macgregor est diplômé de West Point et titulaire d’un doctorat en relations internationales de l’Université de Virginie. Durant ses 28 ans de carrière militaire, il a notamment été directeur de la planification stratégique et du centre d’opération interarmes du commandement suprême de l’Otan durant l’intervention de 1999 au Kosovo. Il fut également le conseiller du secrétaire à la défense par interim Stephen Miller.

Douglas Macgregor est un spécialiste de la “configuration des forces”. Les deux livres qu’il a écrit sur le sujet Breaking the Phalanx (Praeger, 1997) and Transformation under Fire (Praeger, 2003), font autorité sur le sujet. Son dernier ouvrageMargin of Victory: Five Battles that Changed the Face of Modern War est disponible chez Naval Institute Press.


L’Eclaireur : Que pensez-vous du dernier épisode d’hystérie collective provoqué par la chute d’un missile en territoire polonais ?

Col. Douglas Macgregor : Tous ceux qui ont une expérience de la chose militaire vous diront qu’ils s’attendaient à ce que cela arrive. Je ne me souviens plus du nombre de fois durant ma carrière où j’ai vu lors de manœuvres, d’exercices ou de simples entraînements, des projectiles tirés par erreur atterrir sur des corps de fermes ou dans des jardins. Si de tels incidents surviennent en temps de paix, ils se produisent immanquablement en temps de guerre.

A ce stade, ce que l’ont sait, c’est que les débris ramassés sur site en Pologne montrent qu’il s’agit très vraisemblablement de missiles sol-air S300 d’une batterie anti-aérienne ukrainienne. Les Ukrainiens les auraient tirés pour abattre des missiles de croisière. Les Russes ont mené ce jour-là plus de 90 frappes à longue distance.

Ce sont donc bien des missiles ukrainiens et je pense que c’est pour cette raison que Soltenberg (le secrétaire général de l’Otan, ndlr) et Biden ont déclaré qu’il n’y avait aucune raison de déclencher l’article 4 du traité de l’Otan (qui prévoit que “Les parties se consulteront chaque fois que, de l’avis de l’une d’elles, l’intégrité territoriale, l’indépendance politique ou la sécurité de l’une des parties sera menacée”, ndlr).

L’Eclaireur : Pas de consultation au titre de l’article 4 ?

Col. Douglas Macgregor : Non, ce ne n’est pas à l’ordre du jour. Les Polonais se sont vu répondre qu’ils pouvaient enquêter s’ils le souhaitaient. Mais tout indique qu’il s’agit de missiles ukrainiens, non pas d’une frappe russe. Les Russes, en toute franchise, ont depuis le début du conflit évité de manière systématique la confrontation avec l’armée américaine et toute autre force de l’Otan, malgré de très nombreuses provocations.

L’Eclaireur : Des Etats-Unis, comment considérez-vous la situation en Europe – Europe continentale comprenant l’Ukraine, Union européenne et l’Otan ? Quelle évolution voyez-vous?

Col. Douglas Macgregor : Ma première réaction est d’avancer que pour le moment, la situation en Europe n’est pas aussi mauvaise qu’on le dit mais qu’elle va vite s’aggraver. En matière de stabilité économique, l’impact de la crise énergétique et alimentaire n’est pas très sévère. Pour l’instant.

Malheureusement, aux Etats-Unis comme en Europe occidentale, pour que les gens commencent à se préoccuper des questions importantes, il faudra que les choses empirent significativement. Et elles vont être bien pire. A partir du moment où le froid s’installera vraiment en Allemagne, en République tchèque, aux Pays Bas, au Danemark… on verra des gens réellement souffrir de la crise énergétique.

Je pense également que de plus en plus d’Européens commencent à douter des informations que leur bombardent les médias mainstream, qu’ils soient publics ou privés. Hier, par exemple, un sondage a été publié en Allemagne qui montre que 40% des Allemands doutent de la véracité de ce qu’on leur dit au sujet de la Russie et de ce qui se passe en Ukraine.

Mais une fois encore, il faudra que la crise s’aggrave. Et à mesure que les économies européennes s’effondreront, on pourra peut-être voir des changements. Il ne m’étonnerait pas que la plupart des gens aujourd’hui au pouvoir en Europe ne soient plus là au printemps ou début de l’été prochain.


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L’Eclaireur : Quelle analyse faite-vous de l’alignement des leaders européens sur les positions américaines ?

Col. Douglas Macgregor : Les problèmes auxquels est confronté l’Union européenne sont les mêmes que ceux de l’Alliance atlantique. Personne ne voit ce qui se passe en Europe de l’Est à travers le même prisme. Ce qu’on considère comme un problème ou une menace est contingent d’où on est situé, d’où l’on habite.

Je pense que l’Europe fonctionnait nettement mieux quand elle ne se préoccupait que du marché commun et n’avait pas fait sacerdoce d’imposer un Etat supranational. Il est possible qu’à l’avenir cette obsession fédérale s’estompe, qu’on retourne vers quelque chose qui sera – comment dire ? – moins uniforme dans sa manifestation politique, plus focalisé sur ce qui est bon économiquement pour l’Europe. La multiplicité des points de vue et des d’intérêts, c’est compliqué.

L’Eclaireur : D’un point de vue stratégique, l’effet des sanctions?

Col. Douglas Macgregor : Les Italiens, par exemple, n’ont pas envie de sanctionner la Russie. Ce sont nous les Américains qui avons décidées et imposées les sanctions. Nous ne semblons pas comprendre que quand nous sanctionnons un pays économiquement – que ce soit par des droits de douane ou autre chose – nous menons une guerre économique, ce qui est un conflit bien réel. Et nous avons été en guerre contre tous ceux qui ont une vision du monde différente de la nôtre. Nous sanctionnons des pays qui ne font montre d’aucune hostilité à notre égard, afin de les forcer à faire ce que nous disons. Sinon, ils souffrent.

Après tout, nous contrôlons le système financier. La finance et le commerce mondial sont dollarisés. Nous contrôlons les institutions (de Bretton-Woods, ndlr), Fonds monétaire international comme Banque mondiale. Tout cela sont autant d’instruments que nous avons utilisés pour punir ceux qui ne nous soutiennent pas ou ne se sont pas alignés sur nos positions.

Cela date de la guerre du Vietnam. En fait, on peut même remonter jusqu’à la crise de Suez en 1956. Je pense que les Européens en ont soupé de nos arguties et vont découvrir que ce bonhomme, Stoltenberg (le secrétaire général de l’Otan, ndlr), comme ses prédécesseurs, n’est que le pantin de Washington. Est-ce vraiment là ce que les Européens attendent de l’Otan ? Est-ce bien ce que les Européens veulent de l’UE ?

En toute franchise, je ne vois pas beaucoup d’avenir pour ces deux organisations, qui ne survivront pas à moins de changer profondément, de devenir plus européennes dans leurs orientations. Pour l’instant, elles sont sous influence américaine au service des intérêts américains.

Dans les années 1990, je travaillais à la direction de la stratégie et de la planification (war plans, ndlr) à l’état-major de l’armée de terre, qui est l’une des directions les plus importantes du Pentagone. L’un des sujets majeurs de discussion y était comment européaniser l’Otan, parce que la raison – la menace soviétique – et la mission – préserver la paix en Europe – pour lesquelles on l’avait constituée originellement n’existaient plus.

Il était impérieux de diminuer la présence militaire américaine. Certains, dont moi, étaient partisans d’un retrait presque total d’Europe. Nous n’avons pas eu gain de cause même si l’engagement américain fut considérablement diminué. En outre, nous étions d’avis qu’un Européen occupe le siège de commandant suprême en Europe (SACEUR, Supreme Allied Commander in Europe, ndlr) et que les Européens aient la main haute sur les affaires militaires en Europe, pas les Américains. Là aussi, nous avons perdu la bataille parce que l’establishment politico-militaire américain prend un réel plaisir à diriger l’Europe. Ils adorent ça! Ils adorent dicter ! Et les Européens l’ont accepté parce que cela leur permettait de faire de grosses économies.

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Zelensky, l’ukro-nazi, désespéré

 

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

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