Guerre d’Ukraine: l’Union européenne, la mondialisation et l’échec du modèle social-libéral
Par Robert Bibeau
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17.12.20022-Bibeau-War-Greek-Ysengrimus-Baroud-Palestine-English-Italiano-Spanish
À l’origine de l’Union européenne
À l’origine, l’Europe unie – confédérée – n’était pas un projet américain, mais un « objet » politique européen devant fournir le cadre juridique, politique, diplomatique, et idéologique (superstructure) de la matrice économique (infrastructure) sur le territoire de la nouvelle Europe scindée en deux par le « Rideau de fer ».
L’Allemagne et la France étaient, sont et seront les pièces maîtresses de la configuration ou de la reconfiguration européenne. Ces deux puissances impérialistes rivales poursuivent leurs propres objectifs stratégiques dans la construction du supermarché européen et font collusion pour imposer leurs intérêts aux partenaires de l’Union en contrepartie du paiement d’une rente. Chaque puissance collabore avec les autres tout en guerroyant pour étendre son aire d’influence de la Russie – à la Méditerranée – de la mer Noire – à la Baltique.
Depuis le début du « projet », la superpuissance impérialiste américaine est contrariée par les ambitions hégémoniques du grand capital continental. Afin de défendre ses intérêts hégémoniques, l’Amérique se pose en conciliateur (le pompier pyromane) entre les deux pôles européens – Berlin et Paris – de manière à entretenir la zizanie dans l’Union. Au début, de manière à affaiblir Paris, l’Amérique supporta l’Allemagne dans son opposition revancharde à l’Union soviétique. L’Amérique a soutenu l’infiltration allemande parmi les pays de l’Est, des Balkans et du Caucase – son aire d’expansion historique «naturelle» disaient les NAZI, depuis les Chevaliers teutoniques.
Le développement économique capitaliste se déroulant en une suite de récessions, de périodes d’expansion et d’inflation, suivies de dépression, la concurrence et la collaboration entre les deux puissances centrales fluctua au gré des développements économiques systémiques. À la création de la CEE, les États-Unis d’Amérique représentaient 45% de l’économie mondiale – leur hégémonie économique et militaire était totale et l’Union européenne était assujettie à la politique économique yankee.
L’effondrement du modèle social-fasciste du capitalisme
L’effondrement de l’Union soviétique en 1991 marque un tournant décisif dans la politique de l’Union européenne. Désormais, l’expansion vers l’Est était grandement facilitée et l’Allemagne prit de l’ascendant sur l’ensemble de l’Union. L’Amérique, dont le poids économique mondial était moindre que celui de l’Europe des 27, joua le trouble-fête et provoqua discordes et tensions entre les partenaires. La crise économique mondiale de 2008 accéléra l’effondrement de l’économie capitaliste occidentale, des États-Unis et de son dollar et favorisa la montée en puissance concomitante de la Chine – la véritable concurrente des États-Unis d’Amérique. Le vassal européen cru le moment venu d’acquérir de l’autonomie et d’étendre ses marchés et ses zones d’influence vers l’Est, les Balkans et le Caucase.
L’Amérique ne l’entendait pas de cette oreille. Depuis l’effondrement de l’empire soviétique, les États-Unis multiplient les troubles, les guerres, les malversations, et les « Révolutions colorées » dans les pays de l’ex-COMECON-Pacte de Varsovie…créant de multiples difficultés au Grand capital européen désireux de se partager les nouvelles conquêtes à l’est du continent.
La grande rupture et la constitution de deux blocs rivaux
Le Grand capital russe ne l’entendait pas de cette manière et il cultiva l’illusion d’un partage équitable des anciennes possessions soviétiques entre le bloc impérialiste Atlantique et le bloc impérialiste russe en voie de constitution. Le coup d’État en Ukraine en 2014 (Maïdan) marque un autre tournant de l’interventionnisme américain en Europe. En installant un gouvernement fantoche d’inspiration NAZI en Ukraine, l’Amérique posa les conditions de l’expansion du capital allemand et européen vers l’Est, et bloqua définitivement toute tentative de collaboration ou d’alliance entre le nouvel empire russe et les vassaux « unis » européens (UE). Les suites de Maïdan – 2014 sont connus. En février 2022 la Russie, s’alignant résolument sur le bloc chinois du Pacifique, lançait officiellement la contre-offensive de ce bloc contre l’agression de l’Alliance Atlantique (OTAN), Place Maïdan à Kiev, 8 années plus tôt…à moins que ce ne soit la riposte au coup de la Place Rouge à Moscou en 1990 !?…
Les États-Unis ne s’y sont pas trompés et ils ont compris que par cette contre-attaque la Chine venait de lier son sort à celui de la Russie dans le conflit pour l’hégémonie impérialiste mondiale. Le capital allemand ne s’est pas trompé lui non plus et il a compris qu’il était désormais enchaîné à l’impérialisme américain. Afin que Berlin ne l’oublie pas, l’empereur de Washington fit exploser les pipelines de gaz qui reliaient l’industrie allemande et européenne à l’empire russe sous les applaudissements des sous-fifres de services (Von der Lien et consorts). Pourquoi les Américains ont-ils saboté les pipelines russes North Stream 1 et 2 ? – les 7 du quebec
« Sous la pression des États-Unis , l’Allemagne a annulé NordStream2 parmi ses premières réponses à l’invasion russe de l’Ukraine. Siemens, comme la quasi-totalité des grandes entreprises allemandes, a rejoint les sanctions et abandonné la maintenance de NordStream1. Résultat : Gazprom a déjà réduit le débit de 40 %. L’importateur allemand, Uniper, est déjà insolvable et menace de devenir un Lehman Brothers allemand. Le gouvernement allemand a non seulement participé au sommet de l’OTAN à Madrid, mais n’a pas hésité à présenter la Russie comme son principal ennemi…et l’Ukraine comme une armée interposée dans la guerre contre la Russie. LA FIN DE L’ALLEMAGNE ET DE L’UE EN TANT QUE GRANDES PUISSANCES – les 7 du quebec.
L’Union européenne, la mondialisation et l’échec du modèle social-libéral du capitalisme
L’économie internationale n’est pas en cours de mondialisation comme le prétendent certains, elle est déjà mondialisée, intégrée et interdépendante. La guerre d’Ukraine – l’holocauste ukrainien – est une nouvelle manifestation de la mondialisation décadente. Pour le Grand capital mondial, le choix ne se pose pas en termes de nationalisation-régionalisation-relocalisation des usines, mais en termes d’adhésion à un bloc impérialiste ou à un autre afin «d’assurer», si possible l’accumulation du capital. Voilà la clé qui permet de comprendre l’économie politique apparemment paradoxale du soi-disant tandem germano-français et de l’Union qui détruisent leurs sources d’approvisionnement énergétique et brûlent les ponts derrière eux. L’Allemagne pari, encore cette fois, sur l’empire occidental…ce qui fait hésiter la France dont le président Macron, de retour d’une visite urgente chez son suzerain, affiche sa panique.
Les États-Unis exigent une soumission sans faille. Comme disait l’imperator Bush « Vous êtes avec nous ou contre nous »…pas question d’offrir des « garanties » de sécurité à la Russie…sinon la garantie que la guerre mondiale en préparation s’intensifiera au fur et à mesure que l’économie capitaliste s’effondre…veuillez transmettre à Poutine et à Xi Jinping. Voilà l’ordre de mission transmis au caporal Macron (1).
La classe dirigeante allemande est piégée par sa propre idéologie titrait un journal. Ce n’est pas « l’idéologie » qui piège l’économie ou si l’on préfère qui piège le Grand capital allemand. – C’est la poursuite inéluctable de l’accumulation qui force les capitalistes allemands à s’aligner sur le Bloc impérialiste de l’Atlantique ou sur le Bloc impérialiste du Pacifique. Pour le moment Olaf Scholtz au pouvoir fragile représente la faction du capital allemand qui parie sur la victoire de l’axe américain contre l’axe impérial chinois. Cependant, le capital allemand doit porter allégeance et ne doit pas espérer jouer les conciliateurs entre les ennemis irréconciliables… erreur que commet Macron. Xi Jinping n’impose pas de serment d’allégeance pour le moment – c’est à son avantage – ça viendra avec la montée en puissance hégémonique.
L’avenir de l’Europe est soudé à celui du prolétariat
La guerre d’Ukraine est le test crucial qui tracera les contours géographiques des deux alliances impérialistes en Europe. L’Alliance Atlantique déclinante autour de Washington et de son vassal berlinois, contre l’Alliance Pacifique émergente autour de Pékin et de Moscou. D’ici à ce que les grands capitalistes mondialistes aient fait leur choix, la classe prolétarienne doit maintenir son unité stratégique. Cette guerre de partage impérialiste des marchés, des ressources et des capitaux ne nous concerne pas et nous la répudions. Toutes nos forces de classe devraient être consacrées à la guerre pour les salaires, les conditions de travail et de retraite et le pouvoir d’achat. Si le capital ne sait pas assurer les besoins humains dans la paix et l’équité alors À BAS LE CAPITAL. Guerre impérialiste réactionnaire ou guerre populaire révolutionnaire voilà l’alternative.
Prolétaires du monde entier, unissez-vous!
NOTE
- Le président Emmanuel Macron se rend aux Etats-Unis à partir de ce mercredi 30 novembre pour rencontrer son homologue américain Joe Biden. Les deux chefs d’Etat espèrent tourner la page de l’affaire des sous-marins franco-australiens, qui avait provoqué une crise bilatérale. Si Washington et Paris souhaitent recoller les morceaux de leur vieille amitié, le président français compte aussi aborder des sujets qui fâchent. La question de l’impact de la guerre en Ukraine qui nourrit des tensions entre Paris et Washington ainsi que l’Inflation Reduction Act (IRA), vivement critiqué par les Européens. L’objectif de Macron sera de montrer à la Maison-Blanche qu’il est un partenaire fiable… https://www.msn.com/fr-fr/actualite/monde/voyage-de-macron-%C3%A0-washington-lobjectif-est-de-red%C3%A9finir-la-relation-franco-am%C3%A9ricaine/ar-AA14JJbk
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