Actualite économique

La guerre atomique « civil » entre les puissances bellicistes

Par Vincent Gouysse, le 26/12/2022, pour www.marxisme.fr

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Titre original: Géopolitique de l’atome civil : la Chine et la Russie au premier rang mondial!

Le site de la centrale nucléaire chinoise de Tianwan, en octobre 2022. Avec ses 6 réacteurs en service
(quatre réacteurs VVER1000/V428 et deux réacteurs Hualong 1) totalisant 6,24 GW, c’est la 5ème
centrale nucléaire la plus puissante au monde. Elle deviendra la première quand les réacteurs
VVER-1200/V491 n° 7 et 8 (au premier plan) seront achevés…

La rédaction de cet article fait suite à un point récent que nous avons fait au printemps
dernier sur la question énergétique en général et nucléaire en particulier —
Crépuscule atomique occidental vs révolution nucléaire chinoise : quelques digressions — ,
après la publication d’un rapport récent de la World Nuclear Association qui permet d’y
apporter des précisions fondamentales. Sauf mention spéciale, les données et illustrations
infographiques de cet article sont tirées de ce rapport.

Ce rapport met d’abord à l’honneur la mise en service des deux réacteurs HTRC
de démonstration de 4ème génération à Shidaowan, insistant notamment sur
le degré extrême de sécurité offert par ce réacteur de conception chinoise qui garantit
« que, dans tous les scénarios d’accident imaginables, la température maximale de
l’élément combustible ne pourrait jamais dépasser la température
limite de conception, même sans les systèmes d’urgence dédiés»:

«Dans le cas hypothétique d’un accident caractérisé par une perte totale de liquide de refroidissement
et de refroidissement actif, le cœur du HTR-PM ne fondrait pas en raison de sa faible densité de
puissance et de sa géométrie. La température du carburant ne peut jamais dépasser 1 600 °C
dans le HTR-PM. Cela garantit que les accidents, tels que la fusion du cœur, ou le rejet de produits
de fission radioactifs dans l’environnement, ne peuvent pas se produire ».

Cerise sur le gâteau, cette conception chinoise novatrice présente un rendement de conversion
(thermique/électrique) de 42 %, un rendement énergétique sensiblement plus élevé que celui
d’autres réacteurs courants. L’EPR possède en effet un rendement énergétique de 37 %, contre 33 %
pour les REP antérieurs. Cette percée technologique est à l’évidence de toute première importance,
car elle permet surtout de résoudre un problème majeur de la perception des centrales nucléaires
par la population civile : celui de leur sécurité. Le rapport de la WNA témoigne cependant de bien
d’autres faits essentiels.

Ainsi, l’année 2021 a vu débuter la construction de dix nouveaux réacteurs nucléaires dans le monde,
dont 8 de forte puissance (0,9 GW et plus). Cinq d’entre eux sont situés en Chine. Au total, dans le
monde, c’étaient 56 réacteurs totalisant 57,7 GW qui étaient en construction à la fin de 2021.
A elle seule, la Chine représente 35,7 % de ces nouvelles capacités en construction.

A la fin de l’année 2021, les réacteurs nucléaires en construction en Chine représentaient
une capacité installée à peine inférieure à la capacité installée totale du parc nucléaire de la
Corée du Sud, ou équivalente à plus du tiers de celle du parc nucléaire français ! On pourrait
relativiser cette performance si les délais de construction étaient plus longs que ceux de la
concurrence, mais c’est de nouveau l’un des points forts de la filière nucléaire chinoise qui
parvient à construire ses réacteurs nucléaires plus rapidement que n’importe quel autre pays
à n’importe quelle période, en dépit de l’accroissement des exigences de sécurité et de la
complexification des chantiers. Le réacteur nucléaire Hualong-1 n°2 de Karachi au Pakistan a
ainsi été achevé en mars 2021 après 67 mois de travaux. Son homologue, le réacteur n°6 de la
centrale de Tianwan a pour sa part été mis en service en mai 2021 après seulement
56 mois de construction, soit à peine plus de 4 ans et demi, malgré les perturbations liées à la
pandémie de Covid19. A titre de comparaison, le réacteur n°2 de Barakah (Emirats arabes unis),
a été mis en service en septembre 2021 après tout de même 101 mois de travaux… Et le maître
d’œuvre du réacteur à eau pressurisée APR-1400 était la Corée du Sud… A titre de comparaison
additionnelle, le temps de construction moyen d’un réacteur nucléaire (à l’échelle mondiale, donc
selon les standards des mastodontes occidentaux de l’époque) était de l’ordre de 80 à 90
mois durant la période 1981-1995.

Par pudeur, nous éviterons de nous attarder trop longtemps sur les « performances » contemporaines
de la filière nucléaire tricolore (dont le sombre palmarès a été récemment résumé par notre camarade
Gérard Luçon dans un article intitulé « Les guignols du nucléaire », et dont le « fleuron » indigène (EPR)
a vu sa date de mise en service… être pour la énième fois être repoussée aux calendes grecques (si
aucune nouvelle tuile ne survient…) avec pas moins de 12 ans de retard sur le planning de livraison initial…
Il y a peu, la mise en service de l’EPR de Flamanville a en effet été de nouveau repoussée à l’horizon
mi-2024 en raison de la « non-conformité » du traitement thermique de 150 soudures complexes…
Le réacteur nucléaire n’°3 de Flamanville a vu sa construction débuter en décembre 2007 et
sera donc dans le meilleur des cas opérationnel à la mi-2024 ! Avec un minimum de seize ans de
travaux, on ne sera donc pas très loin des 200 mois de chantier, si « tout va bien »…

La France compte aujourd’hui 56 réacteurs nucléaires en service dans son parc nucléaire vieillissant,
dont 32 sont des réacteurs de 0,9 GW et 20 possèdent une puissance unitaire de près de 1,3 GW.
Elle s’apprête à battre un triste record d’indisponibilité de son parc nucléaire en 2022, alors que seuls 40
des 56 réacteurs de l’hexagone étaient en service à la mi-décembre… La situation pourrait ne pas être
meilleure en 2023 alors que les analyses faites sur quatre réacteurs de 1,3 GW en 2022 ont révélé qu’ils
étaient « les plus sensibles au développement du phénomène de corrosion sous contrainte », ce qui
impliquera des « réparations préventives » sur les douze autres (en 2023). C’est d’autant plus problématique
que ces réacteurs, les plus puissants du parc nucléaire français, sont aussi « les plus récents ».
Des réparations qui nécessiteront « un arrêt de 160 jours », et qui augurent donc déjà « un hiver 2023-
2024 encore compliqué »… En 2021, le facteur de charge moyen du secteur nucléaire mondial était de 82,4%.
Il a été de moins de 63 % pour la France alors qu’il a atteint 85 % en Chine…

Si la junte atlantiste macroniste a annoncé en février dernier en grandes pompes sa volonté de construire
six nouveaux EPR (avec une option ultérieure pour huit autres), avec un démarrage des travaux en 2028 pour
une livraison prévue à l’horizon 2035, on ne doit pas douter que cette annonce relève davantage d’une
stratégie de communication électoraliste mystificatrice que d’une réelle stratégie de développement de
moyen-long terme la filière nucléaire française… Pourquoi sinon attendre 2028, soit après le 2nd mandat
présidentiel de Pluton, pour débuter les travaux dont les experts de la filière nucléaire savent pertinemment
qu’ils seront inévitablement, et sous bien des aspects (budget, perte de compétences et malfaçons,
timing de réalisation très ambitieux), problématiques ? Et nous ne parlons pas là de l’expansion de
la production électrique nucléaire française, mais de sa simple survie, car il faut prévoir et planifier le
remplacement de réacteurs dont la moyenne d’âge frôle aujourd’hui les quarante ans, soit autant
ou davantage que leur durée d’exploitation initialement prévue… Nous renvoyons également à une
remarquable intervention télévisée de Fabien Bouglé du 11 décembre dernier sur CNEWS qui accusait
les lobbys et leurs représentants responsables de « la destruction » de la filière nucléaire française.

Voilà quelques faits qui donnent la mesure des capacités actuelles comparées des filières nucléaires
françaises et chinoises… Au rythme actuel annuel moyen de cinq gros réacteurs livrés par an, il ne
faudrait qu’une décennie à la Chine pour ravir aux USA leur première place mondiale en termes
de capacité installée ! Voilà pour l’évolution en cours du rapport de forces au sein de la filière
nucléaire mondiale…

Bien que l’Inde figure aujourd’hui parmi les pays dont la filière nucléaire civile connaît la plus
importante expansion, celle-ci reste cependant embryonnaire : ses 22 réacteurs en service à la fin
de l’année 2021 totalisaient une capacité installée de seulement 6,8 GW. La plupart de ces réacteurs
sont en effet des réacteurs indigènes pressurisés à eau lourde de faible puissance, à l’exception
notable de deux réacteurs (russes) VVER-1000 entrés en service à

Kudankulam en 2013 et 2016. L’Inde est donc hautement dépendante de technologies étrangères
pour la construction de réacteurs nucléaires de grande puissance, à l’inverse de son voisin chinois qui,
non-content de posséder le premier parc nucléaire mondial en construction, possède aujourd’hui
des compétences indigènes très étendues…

Le premier semestre 2022 n’a pas démenti la tendance fondamentale : du 1er janvier au 30 juin,
la Chine a réalisé trois des cinq connections au réseau de nouvelles centrales dans le monde
(dont une au Pakistan : Karachi 3). Elle a aussi réalisé 100 % des lancements des trois nouveaux
chantiers de centrales nucléaires dans le monde (Tianwan 8, Xudabao 4, Sanmen 3) !
Les quelques graphes ci-après renseignent sur le poids et la dynamique de quelques puissances
nucléaires civiles majeures dans l’ordre suivant : Chine, Russie, Etats-Unis, France.

 

Alors que la Chine et la Russie connaissent un essor (très) évident de leur filière nucléaire nationale,
celle des USA et de la France montre des signes évidents de stagnation et de contraction.
Face au rythme de construction de la filière nucléaire en Chine (les échelles en abscisse ne sont pas
identiques, la Chine ayant deux décennies de « retard ») ou au regard de la capacité installée des parcs
nucléaires domestiques, la place de la Russie pourrait apparaître au premier abord comme
relativement secondaire : la Russie ne construit actuellement en effet « que » 3 réacteurs nucléaires sur
son sol, dont deux VVER-1200 de forte puissance (à Koursk). De même, la Russie compte
« seulement » 37 réacteurs en service totalisant une capacité installée de 27,7 GW, soit la moitié
de celle du parc nucléaire français…

Si le poids de la filière nucléaire russe peut sembler de prime abord relativement modeste au
regard des nouvelles installations domestiques, cela n’est pas le cas à l’export, car sur les huit nouveaux
chantiers majeurs lancés en 2021 dans le monde, cinq sont réalisés en collaboration avec la Russie :
un réacteur VVER-1200 V-509 à Akkuyu (Turquie), deux réacteurs VVER-1000 V-412 (Kudankulam 5 et
6 en Inde) et deux réacteurs VVER-1200 V-491 en Chine (Tianwan 7 et Xudabao 3). Au total, à la fin
de l’année 2021, la Russie était impliquée dans les chantiers de pas moins de 17 nouveaux réacteurs
nucléaires VVER à travers le monde : quatre en Chine, quatre en Inde et trois en Turquie !

La Russie construit également deux réacteurs nucléaires VVER-1200 V-392M au Bangladesh (Roopour),
deux réacteurs nucléaires VVER-1000 V440 de 0,94 GW de puissance unitaire en Slovaquie, un réacteur
VVER-1200 V-491 en Biélorussie et un réacteur nucléaire VVER-1000 à Bushehr en Iran…

Voilà pour les faits saillants de l’année 2021 dans la filière nucléaire.

A ceux qui seraient tentés d’un revers de main de balayer les prétentions de la filière nucléaire russe
à construire des réacteurs nucléaires modernes puissants et sûrs en raison de la catastrophe de Tchernobyl,
rappelons que celle-ci s’est produite sur un réacteur de type RBMK dont la conception remontait aux années
60 L’Histoire a déjà prouvé que les réacteurs nucléaires de conception occidentale n’étaient pas dénués de
défaut comme l’illustrent les catastrophes de Three Miles Island (1979) et de Fukushima (2011).
La conception des réacteurs RBMK est très éloignée de celle des réacteurs VVER (proche des réacteurs à eau
pressurisée occidentaux) avec un design indépendant et original intégrant de nombreux dispositifs
de sécurité. Notons au passage que les REP occidentaux (français inclus) sont dérivés des REP américains :
le REP « tricolore » de 0,9 GW a été conçu sur la base de son homologue étasunien et a recours à des
licences de l’américain AP Westinghouse… De l’aveu des spécialistes occidentaux de la sécurité de la filière
nucléaire, la sécurité de l’ensemble du parc nucléaire des pays de l’Est, a été « considérablement améliorée,
de plusieurs façons » après la catastrophe de Tchernobyl, que ce soit pour les réacteurs VVER mais aussi
pour les réacteurs RBMK.

Cette digression atlantiste catastrophiste intéressée étant close, on peut comprendre
plus rationnellement le dynamisme et l’aura à l’export dont jouit aujourd’hui la filière nucléaire russe…

Sur les trois nouveaux chantiers de construction qui ont démarré en Chine au premier semestre 2022,
deux sont des réacteurs VVER-1200 V-491 (Tianwan 8 et Xudabao 4) réalisés avec la collaboration de
ROSATOM… et dont la construction a été lancée après le 24 février !

Voilà pour la réalité de la dynamique fondamentale contemporaine de la filière nucléaire à l’échelle mondiale.

Signalons enfin que l’opération militaire russe en Ukraine va changer sensiblement le
paysage nucléaire européen, via l’intégration de la centrale nucléaire de Zaporojie au parc
nucléaire russe. Cette centrale est la plus puissante d’Europe et la 9ème plus puissante au monde
avec ses six réacteurs VVER-1000 V-320 d’une capacité installée totale de 5,7 GW. La centrale,
placée sous la protection et la juridiction russes, est aujourd’hui à l’arrêt forcé pour des
raisons de sécurité à cause du terrorisme nucléaire bandériste perpétré impunément avec
la complicité des experts délégués par l’AIEA sous influence atlantiste qui l’observent depuis
des mois sans en dénoncer toute la réalité.

La sécurisation à long terme de cette infrastructure énergétique majeure des régions libérées
exigera sans aucun doute que la Russie mène son opération militaire à son terme complet avec
à la clef la libération de la totalité de la « Novorossia » de l’occupation atlantico-bandériste,
qui se traduira à son tour par la perte de la seconde plus puissante centrale nucléaire du pays
« Ukraine du Sud » (trois réacteurs VVER-1000 V-302/320/338 situés dans la région de Nikolaïev).
La « décommunisation » et la « dés-énergisation » du Bandéristan, amputé des territoires où les
populations à majorité russophone étaient ouvertement opprimées depuis 2014, aura alors été
menée à son terme…

La Russie devrait à l’inverse voir son parc nucléaire gonfler de plus de 8,5 GW de capacité
installée… La « purification » ethnique de l’Ukraine se fera ainsi à minima par la perte de 43%
de son parc nucléaire, mais plus probablement de 65 % de sa capacité installée totale, soit
les deux tiers, alors que la production nucléaire représentait 55 % de son approvisionnement
électrique en 2021… Difficile donc de taire l’option jusqu’auboutiste de la junte bandériste
de Kiev qui apparaît être un pur suicide humain, mais aussi énergétique et économique à court,
moyen et long terme, et cela sans même parler des dernières semaines de frappes
systémiques de drones et de missiles russes contre ce qui reste de l’infrastructure énergétique
du Bandéristan…

Le suicide énergétique ukrainien n’est cependant pas un cas isolé. D’autres pays, notamment en
Europe, ont également fait ce choix, en apparence irrationnel, et ce même sans le concours de
l’armée russe… La planification de l’approvisionnement et de la sécurité énergétique d’un pays
relève d’ordinaire d’une stratégie pensée à l’échelle de décennies, et doit prendre en compte
les besoins à court terme, mais aussi à beaucoup plus long terme. Elle ne doit donc pas être
réalisée en hypothéquant l’avenir… Les pays qui se lancent dans une collaboration nucléaire
technique avec la Chine et la Russie jugent donc dès aujourd’hui que ces puissances seront
garantes de leur avenir énergétique au cours des décennies à venir…

Ces partenaires sont à l’évidence jugés infiniment plus fiables et recommandables que les
puissances occidentales aujourd’hui victimes de démence sénile… Les experts de pacotille censés
défendre les intérêts de la ploutocratie atlantiste n’auraient pas été surpris de la neutralité
bienveillante de la Chine et de l’Inde à l’égard de la Russie, sans oublier l’intelligent double-jeu
de la Turquie, s’ils avaient en vue ces indices matériels concrets, bien éloignés de leurs fantasmes
propagandistes qui rêvent de voir les liens entre ces trois géants eurasiatiques se dégrader
et la Turquie de nouveau s’embrigader dans une alliance militaire perdante…

La rationalité et le pragmatisme de ce pôle de la planète tranchent indéniablement avec la
pratique proprement schizophrène qui s’est emparée d’un autre de ses pôles et dont l’Allemagne
est la quintessence… En 2010, la capacité installée du parc nucléaire allemand se montait à 20,5 GW
et avait permis de produire jusque-là annuellement environ 150 TWh d’électricité (soit le quart des
besoins du pays). Mais les dirigeants du pays ont opté pour l’euthanasie délibérée programmée
à court terme de cette filière (avec l’aide d’idiots utiles « verts »). A la fin de l’année 2021, le parc
nucléaire allemand ne comptait plus que 3 réacteurs en opération totalisant 4 GW de capacité
installée avec la perspective d’une fermeture complète de ce reliquat à l’horizon fin 2022…

Au cours de la seule année 2021, l’Allemagne a éteint de manière permanente trois de ses réacteurs
nucléaires d’une capacité totale de 4 GW et donc d’une capacité unitaire moyenne de 1,35 GW.
Les centrales thermiques (au gaz russe bon marché) devaient combler les besoins du pays de manière
bien plus rentable que la filière nucléaire française. Mais la volonté russe d’en finir avec la Guerre civile
en Ukraine a fourni à Washington le prétexte d’en finir également avec le gaz et le pétrole russe
bon-marché.

Le mutisme des autorités allemandes devant le sabotage de Nordstream par le lobby atlantiste,
avec des conséquences apocalyptiques pour le secteur énergétique et l’économie de l’Allemagne,
a d’ores et déjà coûté au pays (selon Reuters) la coquette somme de 440 milliards d’euros en 2022,
soit 12 % du PIB ! Et cela lui coûtera encore bien davantage au cours des années à venir, en termes
budgétaire, industriel ou sociétal…

Comme nous l’avons remarqué les 10 et 17 décembre dernier, cela pourrait avoir motivé
Angela Merkel à confirmer publiquement aux yeux des peuples du monde, le bien-fondé
de l’intervention militaire russe au bandéristan. La déclaration publique de l’utilisation délibérée
par l’Occident du répit offert par les accords de Minsk pour renforcer et armer l’Ukraine en vue
de futures opérations militaires contre les populations russophones de l’Ukraine (afin de provoquer
par ricochet une crise politique et économique aigüe visant à la déstabilisation voire à la dislocation
d’une Russie forcée d’intervenir), pourrait être la déclaration revancharde d’une fraction du Capital
allemand face au lobby atlantiste (siégeant à Berlin comme à Washington). Un lobby qui a engagé
l’Allemagne dans un processus de suicide énergétique et industriel dont nous avons précocement
(janvier 2022) décrit l’intérêt fondamental pour l’impérialisme américain : faire s’effondrer
préférentiellement le tissu industriel et économique de ses (anciens) « alliés » de manière anticipée,
afin de préserver le sien propre dans un nouveau monde en mutation… Et ce avec le concours actif
du clergé de la religion carbocentriste et leur détachement de choc de missionnaires « khmers verts »,
qui, ayant échoué à contenir le développement énergétique, industriel et économique du
dragon chinois, ont décidé que leur mystification pseudo-scientifique aurait au moins une utilité
indigène : aider à faire passer (idéologiquement et moralement) la pilule bien amère du Grand Reset
dans les centres impérialistes d’Occident aujourd’hui en cours de déclassement…

Le cas finlandais est également hautement symptomatique de l’hystérie suicidaire qui a
submergé l’Occident. Au printemps dernier, la société finlandaise Fennovoima a unilatéralement
annulé son contrat avec Rosatom pour la construction d’un réacteur nucléaire VVER-1200/491 à
Hanhikivi. Un contrat signé en 2013 qui faisait de ROSATOM un actionnaire du projet à hauteur de
34 %… Quand on connaît le chemin de croix du projet de l’EPR finlandais, dont la production régulière
devait démarrer à l’été 2022, il faut avoir la foi ou être d’un optimisme à toute épreuve pour renoncer
à une alternative éprouvée… Entre complexité et malfaçons, la construction de l’EPR finlandais
«s’avère un casse-tête» et est déjà synonyme de « près de 13 ans de déboires » pour les finlandais…

« Après [12] années de retard, le réacteur nucléaire finlandais d’Olkiluoto 3 ne devrait pas
commencer sa production régulière d’électricité avant la fin du mois de janvier (au plus tôt),
a indiqué lundi l’exploitant TVO, après la détection de dommages en octobre. (…)

Le coup est d’autant plus rude pour la Finlande que le pays scandinave comptait sur son nouvel EPR,
le plus puissant d’Europe avec une capacité de 1 600 mégawatts, pour compenser l’arrêt des livraisons
d’électricité russes décidées par Moscou après l’annonce de la candidature de la Finlande à l’Otan en mai ».

Le suicide énergétique des juntes indigènes compradore atlantistes, en particulier en Allemagne
et en France est le reflet de leur degré de soumission à l’impérialisme américain, de sa stratégie du chaos
visant dans l’idéal à détruire son principal rival stratégique (la Chine) via la destruction de la sécurité de son
approvisionnement énergétique (pétrole, gaz, uranium), d’où les menées de l’empire atlantiste contre
le Kazakhstan et la Russie, quitte à sacrifier au passage ses « alliés » (ses féaux) d’Europe et d’Asie…
Même si le Japon et la Corée du Sud cherchent indéniablement à biaiser et semblent rechigner à suivre
docilement les injonctions de Washington visant à leur (rapide) suicide énergétique et industriel via
l’adoption de sanctions directes contre la Russie (exemple des projets gaziers offshore russo-nippons
Sakhaline), ils seront néanmoins inévitablement frappés par le ricochet de l’instabilité et de la hausse
des cours mondiaux de l’énergie. Ceci est particulièrement vrai pour le Japon qui a vu sa dépendance
énergétique au gaz et au pétrole exploser depuis l’arrêt quasi-total et la remise à niveau sécuritaire (très)
progressive de son parc nucléaire suite à la catastrophe de Fukushima : 60 TWh produits en 2021
contre jusqu’à 300 TWh avant 2011…

Voilà donc l’essentiel pour l’atome civil qui reflète indéniablement les contradictions tout comme
le rapport de force changeant de notre époque tumultueuse… La situation contemporaine n’est pas
davantage en faveur des puissances impérialistes d’Occident en ce qui concerne l’usage militaire de
l’atome. La détention du monopole absolu de l’arme atomique des débuts (1945-1948), une époque
au cours de laquelle les impérialistes anglo-saxons se prenaient même à rêver de l’extermination des
grands centres urbains du « diable rouge » (cf. publication du 13/11/2022) n’est plus qu’un lointain souvenir

Et si la menace contemporaine n’est plus pour l’Occident impérialiste au sens propre, pleinement
existentielle,(puisqu’elle ne remet en cause que son rang et pas sa condition d’exploiteur :
l’enjeu n’est pas la destruction du mode de production bourgeois, mais une répartition différente
de la plus-value mondiale), la perte imminente de sa prééminence mondiale par la caste ploutocratique
atlantiste semble néanmoins lui avoir fait perdre (presque) toute raison…
Face aux pulsions psychopathes de l’Occident, les russes sont aujourd’hui contraints
de montrer au grand jour leurs capacités militaires conventionnelles… d’agiter jusqu’à leur arsenal
nucléaire, et de brandir en guise d’avertissement leurs productions modernes uniques les plus redoutables.

Du terrifiant missile balistique intercontinental RS-28 Sarmat au planeur hypersonique Avangard
(à capacité nucléaire), la Russie démontre qu’elle possède une avance technologique rendant caduque
la défense anti-missiles occidentale, à l’évidence déjà durement éprouvée par les armements conventionnels.
Dans le même temps, la Russie a prouvé au cours des derniers mois, avec l’interception de nombreux missiles
HIMARS étasuniens volant à Mach 3, détenir la défense anti-missile la plus efficiente au monde.
Ces faits constituent la promesse de punir au décuple toute aventure nucléaire du IVe Reich atlantiste,
même entreprise « préventivement »…

Dans un clip musical patriotique publié le 17 décembre dernier déjà visionné plus de 370 000
fois et intitulé « Sarmatushka », le chanteur Denis Maïdanov souhaite aider
« à calmer les esprits des politiciens étrangers qui attisent la Troisième Guerre mondiale ».

Les paroles explicites de la chanson déclarent entre autres : « Les États-Unis ne sont pas un obstacle
pour lui. Il n’a pas peur des sanctions. Pour Sarmat, c’est une joie : De troubler les rêves de
l’OTAN. Depuis la Mère-Russie, Sarmatushki regarde au loin, aux États-Unis, É-tats-U-nis ! »
(cf. post du 20/12/2022) Dans l’incapacité industrielle de mener et soutenir dans la durée
une guerre conventionnelle frontale face à la Chine ou/et à la Russie, certain d’être anéanti
davantage que ses adversaires s’il se risquait à une attaque nucléaire, en proie à une crise
de décomposition économique d’une acuité particulière, l’arsenal d’armes encore aux mains de
l’Occident semble bien réduit et limité. Même l’arme des sanctions commerciales et financières
s’avère inutile et lui revient dans la figure comme un boomerang… Dans ces conditions, les pays
bourgeois dont les élites aspirent à une véritable souveraineté énergétique, industrielle et
économique ne peuvent aujourd’hui que s’opposer au plan contemporain de l’impérialisme
américain, qui, confronté à la phase terminale de la dislocation de son hégémonie
mondiale, semble déterminé à « suicider » méthodiquement ses féaux pour tenter de
prolonger son règne selon l’adage éprouvé « divide et impera »…

Habitué à pousser ses ennemis et rivaux (à l’instar de l’Allemagne nazie et de l’impérialisme nippon
qu’il s’efforça de jeter dans une guerre d’extermination contre l’URSS) à s’entretuer afin de tirer
les marrons du feu, coutumier de la mise en œuvre d’embargos énergétiques et économiques, et
enfin drogué aux ingérences coloniales directes ou téléguidées et exécutées par leurs pantins et idiots
utiles indigènes (à l’occasion de « révolutions colorées » comme celle de Maïdan qui a frappé l’Ukraine
en 2014), l’Oncle sénile d’Amérique en pleine crise de démence semble incapable de comprendre que
ces tactiques ne pouvaient donner de sérieux résultats que tant qu’il possédait une domination économique,
industrielle et militaire réelles sur le reste du monde.

Mais le château de cartes du « rêve américain », bâti sur les sables mouvants inhérents au principe léniniste
de l’inéluctabilité de l’inégalité de développement des pays capitalistes ayant permis l’émergence du dragon
chinois, voit ses fondations se dérober brutalement sous ses pieds depuis la crise des subprimes et achève
aujourd’hui de s’effondrer sous nos yeux…

Les convulsions accompagnant le trépas de ce super-prédateur si longtemps demeuré incontesté, se paient
aujourd’hui de flots du sang de bien des peuples de ce monde sacrifiés sur l’autel du Dieu Mammon,
adoré jusqu’à la folie destructrice par une ploutocratie capitaliste occidentale incapable de faire le deuil
d’une domination mondiale pluriséculaire aujourd’hui pourtant bientôt révolue… Les peuples de pays
longtemps opprimés par l’ordre colonialiste et fasciste promu par la « communauté internationale » atlantiste
retireront inévitablement des bénéfices (au moins ponctuels) de cette mise à mort de l’hégémonie mondiale
de « l’empire du mensonge »… Mais les communistes, parviendront-ils à saisir cette opportunité pour pousser
la cause de la libération de l’Humanité jusqu’à son terme nécessaire : l’abolition de l’esclavage salarié et de
l’impérialisme sous toutes ses formes, violentes comme pacifiques ?…


Il y a déjà près d’un siècle, Staline remarquait déjà sur
la base d’une analyse économique matérialiste dialectique
implacable la réalité de la soumission des
puissances impérialistes de l’Europe aux USA. Bien des
« marxistes-léninistes » autoproclamés feraient bien de
relire son œuvre, en particulier la fraction traitant de
la question nationale et coloniale… Aujourd’hui,
certains russes du XXIe
siècle redécouvrent (en partie)
l’actualité de l’œuvre de Staline et la grande
clairvoyance d’un des plus brillants de leurs chefs : le
13 décembre dernier, Boris Rozhin citait dans un
message aujourd’hui visionné plus de 380 000 fois, un
extrait du rapport présenté par Staline au XIVe
Congrès du PCUS(b) en 1925 (plus ici : post du 13/12/2022) :
« Auparavant, l’Angleterre, la France, l’Allemagne et,
en partie, l’Amérique étaient les plus importants
Etats exploiteurs. Aujourd’hui, ce sont les Etats-Unis
d’Amérique et, en partie, leur complice, l’Angleterre,
qui constituent les plus importants exploiteurs
financiers du monde et, par suite, ses créanciers
principaux. Cela ne signifie pas encore que l’Europe
se soit transformée en colonie. Les pays européens
poursuivent l’exploitation de leurs « propres »
colonies, mais ils sont eux-mêmes tombés sous la
dépendance financière de l’Amérique. A ce point de
vue, le cercle des grands Etats qui exploitent
financièrement le monde s’est réduit au minimum ».
Et le Colonel Cassad de remarquer :
« Ce n’est pas tout le monde qui peut regarder
demain. Peu de gens peuvent le faire ».
Au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, Staline
espérait que les pays européens placés sous la tutelle
de Washington et « profitant » du plan Marshall
chercheraient un jour à reconquérir leur
indépendance nationale.


Si cela venait à se produire, ce ne sera
à l’évidence pas sur l’initiative des cliques
bourgeoise-compradore atlantistes aujourd’hui
au pouvoir, et cela ne pourra se
faire que sous la pression des masses populaires
longtemps acculturées/dépolitisées/
consumérisées mais aujourd’hui brutalement
plongées dans les nécessités d’un Grand
Reset des plus spartiates dont le média
russe Russian Today vient d’ailleurs de donner un bref aperçu vidéo « festif » acerbe…

 

Quant aux peuples d’Ukraine, s’ils veulent éviter
d’être enrôlés et de servir de chair à canon
dans la Wehrmacht 2.0 déployée en Novorossia
par le IVe  Reich atlantiste « jusqu’au dernier
ukrainien » valide ou victimes d’une apocalypse
nucléaire (civile et/ou militaire), sacrifiés avec
enthousiasme par la ploutocratie atlantiste
démagogue dans un (lâche) combat que cette dernière
se refuse à mener ouvertement (par incapacité) contre la Russie, ils doivent se débarrasser de la junte
bandériste ukro-atlantiste qui a conduit dans l’abîme d’une guerre civile fratricide le pays
qu’elle administre pour le compte de Washington…

Après la dernière visite du sinistre clown-mendiant de Kiev à Washington, un haut
représentant de la junte bandériste de Kiev a affiché un drapeau américain à 51 étoiles
aux couleurs de l’Ukraine. Les ukropithèques revendiquent donc ouvertement la transformation
de leur pays en colonie étasunienne ! Ces nationalistes de pacotille doublés de nazis de carnaval
n’ont que faire « d’indépendance nationale » : leur fonds de commerce, c’est la russophobie
pathologique ! Dans le même temps, Zelenski a offert au Congrès US un drapeau signé par
les soldats ukrainiens occupant Artemovsk (dans le Donbass)… Entouré en rouge sur cette
photographie aussi compromettante qu’embarrassante, le symbole nazi bien connu de la SS…
A titre de réciprocité, nous conseillons donc à Washington
de placer la croix gammée bien en évidence sur le drapeau US !

Par  Vincent Gouysse, le 26/12/2022, pour www.marxisme.fr

 

 

 

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

2 réflexions sur “La guerre atomique « civil » entre les puissances bellicistes

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