Trouvailles

DÉBAT: la gauche socialiste s’émeut de la déliquescence de l’État bourgeois capitaliste

2023: la crise capitaliste mondiale et l’offensive grandissante de la classe ouvrière internationale

Cet article est disponible en fichier Word ici: SOCIALISME-2023

This article is available in 5 languages on this webmagazine: 
8.1.2023-Alabama-Ukraine-Gil-Cambodge-JBL-Yemen-Socialisme-English-Italiano-Spanish

Préambule

Chers amis et camarades,

La pensée socialiste qui a atteint des sommets avec Marx se trouve aujourd’hui sous une pente descendante. Les études historiques, scientifiques, philosophiques et esthétiques qui ont fait le prestige de la pensée sociale, on ne les trouve nulle part ou, sont d’une qualité qui ne correspond pas à ce que l’on attendre d’eux, ou se trouvent cachés dans des cercles universitaires restreints. Pourtant il s’agit d’une pensée qui devrait servir prioritairement à la lutte émancipatrice de l’humanité.

A la place de l’analyse scientifique, multilatérale, contradictoire de la réalité complexe que l’on vit, on nous propose une bouillie mal baclée souvent faite à la va vite. Et cela pour un public qui aujourd’hui a un niveau culturel bien supérieur à celui de l’époque de Marx, d’Engels.

Des domaines  tels l’art, la sociologie, l’histoire, la psychologie sont presque abandonnés de la pensée sociale scientifique et la lutte pour les idées ne se fait plus, le champ étant totalement occupé par les formes le plus réactionnaires  de la pensée actuelle.

Si la crise de l’humanité est la crise de la direction politique des travailleurs, cela se reflète de manière presque directe aussi sur toute le sphère de la superstructure idéologique où les superstitions moyen âgeuses, les approximations scientifiques sous de bases fidéistes, le culte de la laideur, de l’absurde, la négation des lois de l’histoire et du développement occupent et infectent la jeunesse et les masses.

Cependant, le retour aux formes le plus « classiques » du capitalisme, crise économique et guerres, retour qui va marquer les décennies à venir, va obliger les travailleurs conscientes et la jeunesse vraiment intellectuelle à retravailler ces domaines.

En attendant de temps meilleurs, je vous propose deux articles avec des prévisions pour le temps qui viennent. Je ne dis pas « l’année qui commence » car dans les conditions actuelles de crise économique et guerre, même le destin de toute l’humanité peut se jouer … dans un temps bien plus court.

Ils traitent de la politique et de l’économie et doivent être lus critiquement, d’ailleurs comme tout texte vienne d’où il vienne. La « méthode » de tout avaler, sans une analyse critique approfondie « parce que c’est de gauche » nous a conduit à la stérilité de la pensée et par là de l’action.

Quand même, de leur lecture on peut se faire une idée afin de s’orienter dans une année qui se présente grosse des luttes et des questions. La réforme des retraites et l’implication chaque fois plus grande de Macron dans le conflit OTAN/Russie sont des question qui nécessairement vont se répercuter dans la vie des travailleurs.

Bonne lecture

ANONYME


2023: la crise capitaliste mondiale et l’offensive grandissante de la classe ouvrière internationale

  1. Les célébrations du début de la nouvelle année seront brèves. L’année dernière est passée à l’histoire mais ses crises persistent et vont s’intensifier.

 

En ce début d’année 2023, la pandémie de COVID-19 entre dans sa quatrième année sans qu’aucune fin ne soit en vue. La guerre que les États-Unis et l’OTAN mènent contre la Russie continue de s’intensifier. L’économie capitaliste mondiale est affligée à la fois par une inflation et une récession ruineuse. Les institutions de la démocratie bourgeoise des pays capitalistes avancés – en tout premier lieu celles des États-Unis – sont en train de s’effondrer.

 

Les mouvements d’extrême-droite et néo-fascistes ne cessent de gagner du terrain dans le monde entier. Alors que le niveau de vie des masses laborieuses plonge partout dans le monde, la lutte des classes s’intensifie.

 

  1. En 2022, la pression accumulée de ces éléments s’entrecroisant de la crise capitaliste mondiale a atteint l’équivalent de la masse critique. C’est-à-dire qu’ils ont atteint le point où la dynamique de la crise dépasse la capacité des gouvernements à contrôler le mouvement vers un cataclysme social.

 

Les classes dirigeantes sont incapables de contenir la crise ; leurs mesures – économiques, politiques et sociales – sont de plus en plus irresponsables et même irrationnelles. Dans la promotion de l’« immunité collective » comme réponse légitime à la pandémie et dans la volonté de risquer une guerre nucléaire dans une confrontation avec la Russie, les puissances impérialistes montrent un mépris meurtrier pour la vie de la grande masse de la population mondiale. Seule l’intervention de la classe ouvrière, armée d’un programme socialiste international, peut offrir à l’humanité une issue au désastre créé par le capitalisme.

 

La guerre menée par les États-Unis et l’OTAN contre la Russie

 

  1. La guerre que mènent les États-Unis et l’OTAN contre la Russie est un jalon majeur de la marche à la troisième guerre mondiale.

 

La cause essentielle et la nature d’une guerre ne sont pas déterminées par quel pays a « tiré le premier coup de feu » mais par les intérêts socio-économiques et géopolitiques des classes qui contrôlent les pays engagés dans le conflit.

 

Une oligarchie capitaliste ukrainienne corrompue a mis dans une guerre par procuration son pays et son armée à la disposition de l’impérialisme américain et européen. L’objectif de celui-ci est la défaite de la Russie dans le but 1) de démembrer ce vaste pays et de s’assurer le contrôle de ses immenses réserves en ressources naturelles cruciales ; 2) de supprimer tous les obstacles à la domination impérialiste, sous l’égide des États-Unis, du sous-continent eurasien ; et 3) d’achever l’encerclement de la Chine et sa soumission à l’impérialisme américain à travers une combinaison de mesures économiques et militaires.

 

  1. La propagande des médias capitalistes, articulée autour de l’assertion d’une « invasion non provoquée » de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022, est basée sur des mensonges, des demi-vérités et la suppression d’informations vitales. Elle sépare le conflit de toute son histoire antérieure et des 30 dernières années de guerres et d’invasions menées par les États-Unis.

 

  1. Les États-Unis ont regardé la dissolution de l’Union soviétique en 1991 comme l’occasion d’utiliser leur puissance militaire pour établir une domination sans égale dans le monde. Les propagandistes de l’impérialisme l’ont glorifiée comme un « moment unipolaire » permettant aux États-Unis de dicter un « Nouvel ordre mondial » dans l’intérêt de Wall Street. Un document stratégique du Pentagone de 1992 proclamait que la stratégie américaine devait être fondée « sur la prévention de l’émergence de tout concurrent mondial potentiel».

 

  1. Le gouvernement qui accuse aujourd’hui la Russie de « génocide » en Ukraine est le même qui, dans son projet de conquête mondiale, a détruit des sociétés entières et tué des centaines de milliers de gens. La première guerre contre l’Irak en 1990-1991, lancée durant la dernière année de l’URSS, fut suivie tout au long des années 1990 du démantèlement de la Yougoslavie, qui culmina dans la guerre contre la Serbie en 1999. Les mêmes puissances impérialistes qui insistent aujourd’hui sur l’intégrité territoriale de l’Ukraine et exigent le retour de la Crimée n’ont eu aucun scrupule à arracher le Kosovo à la Serbie.

 

  1. On s’est emparé des attentats du 11 septembre 2001 pour proclamer une « guerre contre le terrorisme » et ce que le président George W. Bush a appelé les « guerres du 21e siècle ».

 

Les États-Unis ont envahi l’Afghanistan en 2001 et mené une deuxième guerre contre l’Irak en 2003. Puis, sous le gouvernement Obama, ils ont mené une guerre contre la Libye et orchestré une guerre civile en Syrie en 2011. On a justifié chacune de ces guerres d’une manière ou d’une autre en disant que les États-Unis se battaient pour la « démocratie » et la « liberté » contre tel ou tel diable qu’il fallait faire partir.

 

  1. Les bains de sang orchestrés et dirigés par l’impérialisme américain n’ont cependant pas atteint leur objectif : le contrôle sans partage du Moyen-Orient, de l’Asie centrale et de la masse continentale eurasienne. De plus en plus, les stratèges géopolitiques américains ont commencé à discuter de la nécessité d’un conflit direct avec la Russie comme prélude à un conflit avec la Chine.

 

En août 2021, lorsque Biden a annoncé le retrait des troupes américaines d’Afghanistan, il a affirmé qu’il mettait fin à la « guerre sans fin ». Il est maintenant évident que c’était pour préparer la guerre contre la Russie – qu’il s’est engagé à poursuivre « aussi longtemps qu’il le faudra».

 

  1. Les États-Unis et les pouvoirs européens ont provoqué cette guerre par des décennies d’expansion de l’OTAN vers l’est, jusqu’aux frontières de la Russie. Dans les années précédant l’invasion, surtout après le coup d’État de 2014 orchestré par les États-Unis en Ukraine, qui a renversé un gouvernement pro-russe, les États-Unis et l’OTAN ont transféré des dizaines de milliards de dollars d’armement dans ce pays, qu’on a transformé, sauf de nom, en membre de l’OTAN.

 

  1. L’ex-chancelière allemande Angela Merkel a laissé échapper la vérité lorsqu’elle a déclaré à Die Zeit le mois dernier : « L’accord de Minsk de 2014 [après le coup d’État en Ukraine] était une tentative de donner du temps à l’Ukraine. Elle a également utilisé ce temps pour devenir plus forte, comme vous pouvez le constater aujourd’hui ».

 

  1. Les plans de guerre contre la Russie ont été mis en œuvre en 2022. Sept semaines avant le déclenchement de la guerre, nous mettions en garde:

 

La nouvelle année commence par un renforcement militaire irresponsable mené par le gouvernement Biden, soutenu par l’OTAN, en Ukraine. Biden incite le gouvernement droitier de l’Ukraine à déployer 125.000 soldats à sa frontière avec la Russie et avertit le président russe Vladimir Poutine que les États-Unis n’accepteront « les lignes rouges de personne ».

 

Loin de freiner le régime ukrainien, le gouvernement Biden semble vouloir encourager un affrontement militaire. En décembre, le sénateur démocrate Chris Murphy a menacé de ce que « l’Ukraine [pouvait] devenir le prochain Afghanistan pour la Russie si elle choisissait d’aller plus loin ».

 

  1. Comme dans chaque guerre menée par les États-Unis et leurs complices de l’OTAN, on ne cesse de prétendre que le conflit avec la Russie est une lutte pour la défense de la démocratie. Mais on ne trouve dans les médias aucune référence aux intérêts économiques qui sous-tendent les actes des puissances impérialistes. Cette question a pourtant été examinée avec précision dans un article détaillé publié le 22 mai 2022 et intitulé «Ressources essentielles, impérialisme et guerre contre la Russie», qui explique:

 

La Russie est le plus grand pays du monde. Bien que son économie soit relativement minime par rapport aux puissances impérialistes, sa masse continentale s’étend sur deux continents, avec une taille totale de 17 millions de kilomètres carrés. Les suivants en superficie, le Canada (9,8 kilomètres carrés), la Chine (9,6 kilomètres carrés) et les États-Unis (9,3 kilomètres carrés) sont nettement devancés en termes de taille. À elle seule, la Russie représente 11 pour cent de la masse continentale du monde entier.

 

Cette vaste masse terrestre renferme un éventail de minéraux et de ressources importantes.

 

La Russie produit environ 40 pour cent du gaz naturel de l’UE et près de 12 pour cent du pétrole mondial. La Russie est également le deuxième plus grand détenteur de réserves de charbon au monde, soit 159 millions de tonnes. Ces ressources jouent un rôle clé dans le conflit actuel. Dans un contexte de resserrement des approvisionnements énergétiques mondiaux, ces ressources constituent un obstacle majeur pour l’impérialisme américain dans le monde entier, mais surtout dans ses efforts pour lutter contre la montée en puissance de la Chine…

 

Outre les hydrocarbures, la Russie contient des quantités massives de métaux de base. La Russie est le troisième plus grand détenteur de réserves de fer, avec 22,7 milliards de tonnes métriques. Elle détient également la deuxième plus grande réserve d’or de 6.800 tonnes métriques et est presque à égalité pour la cinquième place en ce qui concerne l’argent. Le pays est également le plus grand producteur de diamants, produisant, en moyenne, environ un tiers des diamants du monde au cours de la dernière décennie.

 

Chacune de ces ressources mérite que l’on s’y attarde, pour comprendre les ambitions géostratégiques des États-Unis et de leurs alliés. Mais cet article se penche sur un aspect moins connu de la politique mondiale des ressources : les minéraux cruciaux. Les minéraux cruciaux désignent une série de métaux et de minéraux de plus en plus essentiels à la production mondiale et dont la demande devrait exploser au cours des deux prochaines décennies. La Russie dispose de sources importantes d’un large éventail de minéraux cruciaux qui, selon les États-Unis, seront essentiels à la puissance économique et politique mondiale au XXIe siècle.

 

  1. Sur la base d’un examen attentif des ressources stratégiques de la Russie, l’article conclut :

 

L’éclatement de la Russie et sa domination par le capital américain constituerait une étape stratégique dans les efforts de la classe dirigeante américaine pour imposer un « nouveau siècle américain » et cherche en même temps à subordonner la Chine et plus largement l’Eurasie à ses objectifs. Les ressources jouent un rôle à cet égard. Dans un contexte de besoin permanent de pétrole et de gaz naturel, ainsi que de besoin rapidement croissant de minéraux cruciaux, la Russie est considérée comme une masse continentale vitale qui possède un vaste éventail de richesses.

 

  1. Malgré la responsabilité centrale de l’alliance des États-Unis et de l’OTAN dans l’instigation de la guerre, l’invasion russe de l’Ukraine, le 24 février 2022, était une action réactionnaire et désespérée entreprise par le régime de Poutine, qui agissait au nom d’une oligarchie capitaliste arrivée au pouvoir suite à la dissolution de l’Union soviétique en décembre 1991.

 

Les efforts du régime de Poutine pour justifier la guerre en invoquant l’héritage réactionnaire du tsarisme et du chauvinisme national représentent une méprisable régression historique.

 

Les provocations de l’OTAN n’auraient pas réussi si le régime de Poutine n’était pas le produit de la répudiation totale des principes démocratiques clairvoyants sur lesquels l’Union des républiques socialistes soviétiques a été fondée en 1922, cinq ans après la révolution d’Octobre. Le gouvernement bolchevique, a fondé l’URSS en tant qu’union volontaire et s’est engagé constitutionnellement à assurer l’égalité démocratique de tous les groupes nationaux et ethniques. L’encouragement délibéré du chauvinisme national en Russie – qui a son pendant ouvertement fasciste en Ukraine – a créé les conditions idéologiques préalables à un conflit fratricide entre les masses des deux pays victimes.

 

Lorsqu’on la place dans une perspective historique, la guerre menée par les États-Unis et l’OTAN en Ukraine prouve une fois de plus la nécessité de mettre fin au capitalisme et au système d’État-nation dans lequel il s’inscrit. La guerre n’est, en fait, qu’une manifestation de l’incompatibilité funeste de la propriété privée capitaliste des moyens de production et de la division du monde en États-nations hostiles avec un développement progressif, voire avec la survie de l’humanité.

 

  1. La guerre est une conséquence tragique de plus de la dissolution de l’URSS. Toutes les affirmations de Gorbatchev, d’Eltsine et de leurs partisans dans la Nomenklatura des classes moyennes privilégiées sur les avantages spectaculaires qui découleraient d’une restauration du capitalisme, ont été réfutées par les événements des 30 dernières années. Au lieu de la paix, de la prospérité et de la démocratie, la répudiation de tout l’héritage et des réalisations sociales et culturelles monumentales de la révolution d’Octobre a produit guerres fratricides, pauvreté de masse et régimes autocratiques.

 

  1. Les régimes de Kiev et de Moscou, tous deux produits de la dissolution de l’Union soviétique, puisent leur inspiration idéologique dans les cloaques de la réaction politique. Le fasciste Stepan Bandera, chef de l’Organisation des nationalistes ukrainiens, qui a collaboré avec les nazis dans le meurtre de masse des Juifs et des Polonais pendant la Seconde Guerre mondiale, est aujourd’hui honoré comme un père fondateur de l’Ukraine.

 

Pour sa part, Poutine incarne le type politique et social que Lénine, en pensant à Staline, avait décrit en 1922 comme « cet homme vraiment russe, le chauvin grand-russe, en substance un coquin et un tyran, comme l’est le bureaucrate russe typique ». [Œuvres complètes, vol. 36]

 

  1. L’une des conséquences les plus réactionnaires de cette guerre par procuration a été la normalisation des armes nucléaires comme instrument légitime de conflit géopolitique. L’affirmation répétée que les puissances de l’OTAN ne seront pas « dissuadées » par l’usage éventuel d’armes nucléaires ne peut que signifier qu’elles sont déterminées à poursuivre leur guerre jusqu’à la victoire complète sur la Russie et, le moment venu, sur la Chine, même si cela veut dire risquer la vie de milliards de personnes.

 

  1. Alors que la guerre entre dans sa deuxième année, la logique de l’escalade militaire se poursuit inexorablement, alimentée par la nécessité d’effectuer une percée décisive, fondée sur des objectifs irréalistes et des erreurs de calcul désastreuses. L’attaque du jour de l’An par l’Ukraine contre un bâtiment de Donetsk qui abritait des soldats russes illustre la trajectoire dangereuse de cette guerre. L’attaque a tué des dizaines, voire des centaines, de recrues. Cette attaque massive est survenue une semaine seulement après le voyage du président ukrainien Zelensky aux États-Unis, dont l’objectif ouvertement déclaré était d’obtenir plus d’armes et de soutien militaire.

 

  1. On a mené l’attaque du 1er janvier avec des missiles tirés par l’artillerie de pointe HIMARS fournie par les États-Unis. Étant donné le rôle prépondérant des États-Unis dans la direction de la guerre et la sophistication de ce système de roquettes, il ne fait aucun doute que le gouvernement Biden a autorisé l’attaque et que des techniciens militaires américains étaient directement impliqués dans le ciblage des soldats russes et le lancement des missiles.

 

  1. Il n’est pas clair si l’administration Biden cherche à provoquer une réponse russe drastique ou si elle croit que le régime de Poutine évitera une escalade de la guerre avec l’OTAN. Mais, qu’il s’agisse d’une provocation délibérée ou d’une évaluation incorrecte de la politique russe, la Maison-Blanche prend des risques qui pourraient conduire à une catastrophe mondiale.

 

Les États-Unis et les autres grandes puissances de l’OTAN, utilisant les Ukrainiens comme chair à canon et comme pions, sont déterminés à remporter une victoire militaire et ne cherchent rien moins qu’une capitulation russe.

 

Comme le Financial Times, le principal organe du capital financier britannique, l’a déclaré dans un éditorial publié le 2 janvier : « Les succès de l’Ukraine sur le champ de bataille ne signifient pas que ses alliés peuvent relâcher leur soutien… Ce n’est pas non plus le moment d’envisager l’idée d’un cessez-le-feu ou d’une négociation ».

 

  1. Les autres principaux pouvoirs impérialistes se préparent eux aussi à une guerre mondiale. Les budgets militaires massifs votés par l’Allemagne et le Japon l’année dernière sont des budgets de guerre.

 

Et si les principaux pouvoirs sont actuellement unis dans le conflit avec la Russie et la Chine, « l’alliance de l’OTAN et les pactes militaires auxiliaires qui incluent des pays d’Asie et d’Asie-Pacifique ne constituent pas » comme l’a noté « une “bande de frères” mais un repaire de voleurs et d’égorgeurs impérialistes. La logique des rivalités inter-impérialistes conduira dans un avenir pas trop lointain à des conflits amers entre les alliés temporaires d’aujourd’hui. Les inimitiés du passé, comme par exemple entre les États-Unis et l’Allemagne, resurgiront inévitablement ».

 

  1. L’effondrement de la démocratie et l’influence politique croissante des mouvements d’extrême droite et fascistes sont des phénomènes mondiaux. En Italie, les Frères d’Italie (FdI), successeur du Mouvement social italien fasciste et héritiers du dictateur fasciste Benito Mussolini, sont arrivés au pouvoir en octobre, avec à leur tête la Première ministre Georgia Meloni.

 

En France, la candidate néo-fasciste Marine Le Pen, a remporté 45 pour cent des voix au second tour des élections contre Emmanuel Macron en mars. En Allemagne, où la dictature nazie a été responsable des pires crimes du XXe siècle, un raid mené en décembre a mis au jour un complot terroriste fasciste visant à prendre le pouvoir par la force militaire. Le mouvement des «Reichsbürger» a des liens étroits avec le parti d’extrême droite l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) et le mouvement néonazi a des liens intimes au sein de l’appareil du renseignement et de l’armée.

 

  1. Dans toute l’Europe, on a légitimé politiquement les partis fascistes, fournissant un soutien politique critique à la promotion du militarisme, à l’abandon des mesures sanitaires, à l’attaque des immigrés et des réfugiés et surtout, à la préparation d’une confrontation avec la classe ouvrière.

 

  1. L’importance du fascisme en tant que réponse des classes dirigeantes à la menace de la révolution socialiste a été démontrée par l’expérience historique. En 1923, Mussolini et ses escadrons de fascistes ont été mis au pouvoir par la bourgeoisie italienne pour réprimer violemment le mouvement de la classe ouvrière.

 

On a utilisé Hitler et ses nazis dans le même but en Allemagne, avec une brutalité encore plus grande. Les formes prises par les mouvements fascistes ont différé d’un pays à l’autre. Dans certains cas, comme en Allemagne et en Italie, ils ont obtenu le contrôle quasi absolu de l’État capitaliste.

 

Dans d’autres – et, en fait, plus fréquemment – les organisations fascistes ont fonctionné comme des instruments paramilitaires auxiliaires de la répression étatique, assistant (comme par exemple en Espagne, en Argentine, au Chili, en Indonésie) l’armée et la police dans le travail sanglant de la contre-révolution dirigée par l’État.

 

  1. Dans la situation actuelle, la pression de la crise objective pousse l’élite dirigeante à abandonner les formes démocratiques de gouvernement et à frapper un coup préventif contre le mouvement émergent de la classe ouvrière.

 

La crise économique du capitalisme américain et mondial

 

  1. L’extrême instabilité politique est causée, en dernière analyse, par une situation économique et financière de plus en plus instable. L’élément central de la politique de la classe dominante au cours des trois dernières décennies a été l’injection de liquidités toujours plus importantes dans les marchés. Cela a commencé après le «choc Volcker» de 1979, lorsque la Réserve fédérale américaine sous la direction de Paul Volcker a fortement augmenté les taux d’intérêt pour provoquer une récession et faire grimper le chômage. La période prolongée de faibles taux d’intérêt qui a suivi, à partir des années 1990 et pendant les deux premières décennies du 21e siècle a permis d’injecter de l’argent dans les marchés financiers et d’alimenter la hausse de la valeur des actions.

 

  1. La classe dirigeante américaine a répondu à l’effondrement économique et financier de 2008 par un renflouement de Wall Street. On a doublé la dette nationale pratiquement du jour au lendemain pour financer l’achat de centaines de milliards de dollars d’actifs spéculatifs par la Réserve fédérale. Cela fut répété à une échelle encore plus grande en 2020 durant les premiers mois de la pandémie de COVID-19. Les valeurs boursières ont été propulsées à des niveaux records au milieu de la mort et de la misère sociale en masse.

 

  1. La politique des classes dirigeantes, États-Unis en tête, consista à gonfler les actifs financiers par l’impression de monnaie, tout en maintenant les salaires à un bas niveau par la suppression de la lutte des classes. La richesse – de l’élite industrielle et financière, mais aussi de sections importantes de la classe moyenne supérieure – se trouva de plus en plus dissociée du processus réel de production.

 

  1. La forme la plus extrême de cette manie spéculative s’est manifestée sur le marché des crypto-monnaies, une monnaie fictive pour un capital fictif, dont la valeur a explosé dans la décennie qui a suivi la crise de 2008. Le prix du bitcoin, créé en 2009, a atteint plus de 64.000 dollars à son zénith en 2021. En novembre 2021, le marché cryptographique au total – incluant le bitcoin et d’autres – culmina à plus de 3.000 milliards de dollars, soutenu par l’injection massive de liquidités dans le marché financier global.

 

  1. Au cours de l’année écoulée, cette politique a abouti à une impasse. L’économie mondiale a été frappée par les plus forts taux d’inflation monétaire depuis quatre décennies, le produit des opérations d’impression de monnaie des banques centrales, aggravé par l’impact sur les chaînes d’approvisionnement mondiales de la pandémie et de la guerre des États-Unis et de l’OTAN contre la Russie.

 

  1. Sous l’impulsion de la Réserve fédérale américaine, les banques centrales ont réagi en procédant à la plus forte hausse des taux d’intérêt depuis le début des années 1980. Mais les mesures prises en réponse à l’inflation ne font qu’aggraver la crise économique tout en intensifiant des tensions sociales qui produisent une recrudescence de la lutte des classes.

 

  1. Le relèvement des taux a déjà eu un impact important sur les marchés financiers. La bourse du NASDAQ a chuté de près de 35 pour cent au cours de l’année, tandis que le S&P 500 a perdu 20,6 pour cent et le Dow Jones 9,5  pour cent. La valeur marchande d’entreprises comme Tesla, Google, Amazon, Microsoft et bien d’autres, qui prospéraient grâce à la spéculation, s’est effondrée. La valeur totale du marché des crypto-monnaies a chuté de plus de 60 pour cent, passant de 2.300 milliards de dollars à un peu plus de 800 milliards de dollars. L’arrestation en décembre de Sam Bankman-Fried, le fondateur de la bourse de crypto-monnaies FTX qui s’est effondrée, n’est que l’expression la plus nue du dégonflement de la manie spéculative du capital financier.

 

  1. Il y a de plus en plus de signes que l’économie mondiale entrera en récession en 2023. En octobre, le Fonds monétaire international a prévu que la croissance mondiale tomberait à 2,7 pour cent cette année, le plus faible taux de croissance depuis 2001, si l’on exclut la crise de 2008-2009 et la première année de pandémie. Cette évaluation semble toutefois trop optimiste. En novembre, The Economist a écrit qu’une récession mondiale en 2023 était « inévitable », citant l’impact de la « permacrise » causée par les conflits géopolitiques, la hausse des prix des matières premières et « la perte de stabilité macroéconomique » due à la hausse des taux d’intérêt.

 

  1. Du point de vue de la classe dirigeante, l’impact des hausses de taux d’intérêt sur le marché boursier est considéré comme un mal nécessaire permettant d’atteindre un objectif stratégique plus important : vaincre la résistance de la classe ouvrière à la baisse vertigineuse de son niveau de vie dans l’année écoulée. En août, lorsque le président de la Réserve fédérale J. Powell a annoncé qu’il n’y aurait aucun répit dans la hausse des taux d’intérêt, il a souligné qu’il était nécessaire de créer des « conditions plus souples sur le marché du travail » – c’est-à-dire créer un chômage de masse – qui « allaient faire souffrir ménages et entreprises ».

 

  1. L’inflation galopante a eu un impact dévastateur sur les conditions de vie des travailleurs du monde entier. Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), les salaires réels ont diminué de près de 1 pour cent en 2022, marquant la première baisse mondiale de ce type depuis des décennies. Dans l’Union européenne, où l’inflation en glissement annuel a atteint 11,5 pour cent en octobre 2022, les salaires réels ont connu une chute vertigineuse de 2,4 pour cent au premier semestre de 2022 par rapport à l’année précédente.

 

  1. Alors que les salaires réels ont diminué, la productivité du travail a continué d’augmenter, ce qui indique que l’exploitation de la classe ouvrière atteint des niveaux sans précédent. Par conséquent, les analystes des entreprises craignent que tant dans les pays avancés que dans ceux en développement, les grèves et protestations sociales domineront en 2023.

 

Selon une analyse de Bloomberg Law sur les relations industrielles américaines, «au moins 150 grand contrats syndicaux vont expirer l’an prochain. Cela pourrait annoncer de nouveaux troubles chez les travailleurs dans un contexte d’inflation galopante et d’augmentation des bénéfices des entreprises. Les conventions qui arrivent à échéance représentent au moins 1,6 million de travailleurs, soit plus que la population de Philadelphie ».

 

L’offensive mondiale émergente de la classe ouvrière

 

  1. La flambée des prix a accéléré les processus sous-jacents qui entraînent une montée de la lutte des classes dans le monde entier. La longue période de stagnation imposée par le mécanisme des appareils syndicaux se heurte à une opposition massive. Dans chaque pays, on assiste à un renouveau du militantisme de la classe ouvrière. «Les lois de l’histoire sont plus puissantes que l’appareil bureaucratique».

 

  1. L’augmentation du coût de la vie, notamment la flambée des prix des denrées de première nécessité, est un des principaux facteurs de la montée de l’agitation sociale. Selon le Fonds monétaire international, le prix du blé a augmenté de 80 pour cent entre avril 2020 et décembre 2021, à mesure que la pandémie de COVID-19 s’installait dans le monde, faisant monter les prix alimentaires à leur plus haut niveau depuis les années 1970.

 

En 2022, le prix du blé a encore bondi de 37 pour cent et celui du maïs de 21 pour cent. Les contrats à terme sur le blé sont 80 pour cent plus élevés qu’il y a six mois et ceux sur le maïs de 58 pour cent.

 

  1. Au Sri Lanka, les manifestations contre le gouvernement ont commencé fin mars et se sont poursuivies en avril et mai, culminant dans trois grèves générales massives qui ont forcé à la démission le président Gotabhaya Rajapakse, qui a fui le pays. D’importantes manifestations centrées sur les prix des denrées alimentaires et du carburant ont également eu lieu en Équateur, au Pérou, au Liban, au Pakistan et dans d’autres pays.

 

  1. En Turquie, il y eut une série de grèves sauvages en décembre et en janvier, impliquant des travailleurs de l’acier, du papier, de la chaussure, du fer et de la construction.

 

  1. En Iran, les manifestations antigouvernementales ont commencé en septembre après la mort de Mahsa Amin, arrêtée par la Police de la moralité pour avoir prétendument enfreint la loi sur le hijab obligatoire. Les premières manifestations ont impliqué principalement des couches de la classe moyenne motivées par l’hostilité au régime bourgeois clérical de l’ayatollah Khamenei. L’impérialisme américain cherche également à exploiter la crise intérieure en Iran pour promouvoir ses propres intérêts au Moyen-Orient.

 

  1. En décembre, des couches de la classe ouvrière iranienne – notamment, des ouvriers de la pétrochimie, des travailleurs de l’acier et du ciment, et des chauffeurs de bus – ont participé à une « grève nationale » de trois jours dans le cadre des manifestations. Le développement des protestations dans une direction progressive – en opposition au gouvernement bourgeois en Iran sans soutenir les opérations de changement de régime de l’impérialisme américain – dépend de la construction d’une direction politique propre dans la classe ouvrière.

 

  1. L’inflation a un impact immense sur le développement de la lutte des classes en Afrique. Vingt-trois des 54 pays d’Afrique dépendent de la Russie et de l’Ukraine pour plus de la moitié des importations d’un de leurs produits de base. La flambée des prix exacerbe la faim dans des conditions où la plupart des pays africains n’offrent aucun filet de sécurité sociale. L’impact est particulièrement extrême dans les pays qui importent la plupart de leurs denrées alimentaires et où les effets économiques du COVID-19 ont été les plus durement ressentis, comme au Nigeria, au Kenya, au Ghana, au Rwanda et en Égypte. Le nombre de gens confrontés à la faim en Afrique devrait dépasser 500 millions sur les 1,2 milliard d’habitants du continent.

 

  1. Dans toute l’Afrique, des travailleurs sont entrés en lutte malgré les efforts des appareils syndicaux. Les travailleurs de la santé du Kenya ont défié une décision de justice et se sont mis en grève le 9 décembre. Le Nigeria a connu des grèves de professeurs d’université, de chauffeurs de bus et de fonctionnaires. La grève des chauffeurs de bus de Lagos (Nigeria), qui a défié la bureaucratie du syndicat officiel NURTW (Syndicat national des travailleurs du transport routier), a eu une importance particulière.

 

  1. L’Afrique du Sud a également connu des grèves allant des travailleurs de Makro, en grève pour des questions de salaire, aux travailleurs licenciés de la compagnie d’électricité sud-africaine Eskom qui ont fait grève pour leur réintégration. En Afrique du Sud, les travailleurs de la base affrontent la bureaucratie de la confédération syndicale COSATU qui forme une alliance tripartite avec le parti bourgeois ANC (African National Congress) et le Parti communiste sud-africain. Des milliers de travailleurs sud-africains de la fonction publique ont participé à des manifestations nationales en novembre pour réclamer une augmentation de 10 pour cent de leurs salaires. Ces manifestations ont débouché sur une grève générale d’une journée dans tout le secteur public.

 

  1. L’Amérique latine, qui a été il y a trois ans le théâtre de soulèvements massifs contre les inégalités sociales et les régimes politiques pourris de la région, a connu une nouvelle vague de lutte des classes en 2022. En plus de grèves générales des travailleurs des docks, de l’industrie du pneu, des transports, des enseignants, des soignants et d’autres secteurs, l’Argentine a enregistré plus de 9.000 manifestations de rue en 2022, ce qui en fait l’année avec le plus grand nombre de « piquets de grève » de l’histoire du pays. Au Brésil, une vague de luttes salariales au cours du premier semestre a entraîné 75 pour cent de grèves de plus et deux fois plus d’heures en arrêt de travail qu’à la même période l’année précédente.

 

  1. Des manifestations massives contre l’augmentation du coût de la vie ont éclaté dans un certain nombre de pays d’Amérique latine, notamment, après les chocs économiques provoqués par la guerre déclenchée par les États-Unis et l’OTAN en Ukraine, à plus de 10.000 km de là. Les gouvernements ouvertement de droite – comme ceux d’Ariel Henry en Haïti et de Guillermo Lasso en Équateur – et ceux de la « marée rose » soutenue par la pseudo-gauche – comme Pedro Castillo au Pérou et Gabriel Boric au Chili – ont répondu à ces manifestations par une répression d’État brutale.

 

  1. En Europe, le gouvernement français du président Emmanuel Macron a été secoué par une série de grèves des travailleurs des raffineries.

 

L’évolution en Allemagne a également été marquée par une radicalisation de la classe ouvrière, qui s’est traduite par une série de grèves. À l’automne, le syndicat des métallurgistes, IG Metall, s’est vu forcé d’appeler des centaines de milliers de travailleurs à une grève d’avertissement pour maîtriser la colère croissante des travailleurs face aux effets de l’inflation et à la politique de guerre du gouvernement allemand. D’autres grèves importantes ont eu lieu dans les secteurs des soins médicaux et de l’aviation durant toute l’année et en été chez les dockers.

 

  1. Au Royaume-Uni, les cheminots, les dockers, les travailleurs des télécoms, du courrier et d’autres sections de la classe ouvrière se sont engagés dans une série de luttes. Celles-ci ont joué un rôle majeur dans la déstabilisation d’un gouvernement britannique qui a connu trois Premiers ministres en une seule année pour la première fois depuis 1924. A la fin de l’année, les syndicats cherchaient à contenir les demandes croissantes de grève générale dans ce que les médias ont appelé le nouvel « hiver du mécontentement » en Grande-Bretagne.

 

  1. En Australie, les grèves ont atteint des proportions qu’on n’avait pas vues depuis plus de dix ans, malgré les tentatives de l’appareil syndical de limiter et de diviser les grèves. L’élection du gouvernement travailliste dirigé par Anthony Albanese en mai 2022 a été suivie d’une recrudescence des grèves de soignants, d’enseignants, de travailleurs du rail, de la mer et des transports et d’autres, contre les charges de travail intolérables et la baisse des salaires due à l’inflation. La réponse du gouvernement Albanese et des gouvernements des États fut d’intensifier les lois et mesures antigrèves utilisées depuis plus de quatre décennies pour supprimer les luttes de la classe ouvrière.

 

  1. En Nouvelle-Zélande, face à une inflation à 7,2 pour cent, de larges sections de travailleurs sont entrées en lutte contre le coût de la vie et les pressions générées par la crise du COVID. Les pompiers ont fait grève dans tout le pays pour la première fois en 20 ans, de même que les universitaires, les travailleurs de l’industrie manufacturière et de l’hôtellerie. Les soignants des hôpitaux publics ont refusé de faire des heures supplémentaires et se sont opposés à la suppression par le gouvernement Ardern (travailliste) du paiement temporaire de la « prime d’hiver ».

 

  1. Au Canada, 55.000 travailleurs de l’éducation de l’Ontario ont défié une loi antigrève, et engendré dans la classe ouvrière un large soutien pour une grève générale contre le gouvernement provincial d’extrême droite de Doug Ford, qui ne fut bloquée qu’à travers l’arrêt de la grève par les syndicats mêmes.

 

  1. Enfin, certaines des batailles de classe les plus explosives se déroulent aux États-Unis, le centre du capitalisme mondial, où le nombre des grèves a considérablement augmenté en 2022 par rapport à l’année précédente, plus de 40 pour cent selon une base de données gérée par l’université Cornell. Cela comprend des grèves des travailleurs du pétrole, de l’industrie manufacturière, des soignants et d’autres salariés de la santé, d’enseignants et d’autres travailleurs de l’éducation. L’année s’est terminée sur l’arrêt d’une puissante grève de 48.000 travailleurs de l’Université de Californie.

 

  1. Le nombre des grèves n’exprime cependant pas pleinement l’opposition existant dans la classe ouvrière. Une lutte beaucoup plus vaste a été empêchée par l’appareil bureaucratique qui a collaboré étroitement avec les entreprises et le gouvernement dans une tentative désespérée de contenir la colère sociale. Cela a pris la forme de la suppression de la lutte de 100.000 travailleurs du rail où les syndicats ont bloqué les grèves malgré les refus répétés de contrats et les votes d’autorisation de grève. Cette situation a culminé avec l’intervention directe du gouvernement pour rendre une grève illégale en décembre, une mesure de caractère essentiellement fasciste à laquelle l’appareil syndical ne s’est pas opposé – et qu’il a en fait soutenu.

 

Les marxistes dans la décennie de la révolution socialiste

 

  1. Le développement de la lutte mondiale des classes représente un tournant historique majeur. La pente descendante de la chronologie graphique de la lutte des classes qui remonte à la fin des années 1970 a clairement changé de direction et s’incurve vers le haut.

 

  1. Dans cette nouvelle situation objective, le rôle et la pratique du parti révolutionnaire sont décisifs. Lors d’une université d’été en 2019 on a constaté un changement qualitatif de la situation politique. La période actuelle, a-t-il noté, serait caractérisée par «la rencontre d’une nouvelle poussée révolutionnaire de la classe ouvrière internationale avec l’activité politique du Comité international».

 

Le Comité international de la Quatrième Internationale a entamé la cinquième étape de l’histoire du mouvement trotskyste. C’est l’étape qui verra une vaste croissance du CIQI en tant que Parti mondial de la révolution socialiste. Les processus objectifs de la mondialisation économique, identifiés par le Comité international il y a plus de 30  ans, ont connu un nouveau développement colossal. Combinés à l’émergence de nouvelles technologies qui ont révolutionné les communications, ces processus ont internationalisé la lutte des classes à un degré qu’on aurait eu du mal à imaginer il y a seulement 25  ans. La lutte révolutionnaire de la classe ouvrière se développera en tant que mouvement mondial interconnecté et unifié. Le Comité international de la Quatrième Internationale se construira comme la direction politique consciente de ce processus socio-économique objectif. Il opposera à la politique capitaliste de la guerre impérialiste la stratégie de classe de la révolution socialiste mondiale. C’est là la tâche historique essentielle de la nouvelle étape de l’histoire de la Quatrième Internationale.

 

  1. S’appuyant sur cette analyse, le WSWS a écrit, dans sa déclaration du Nouvel An publiée le 3 janvier 2020, que la décennie à venir serait la « décennie de la révolution socialiste ». Nous avons écrit : « La croissance de la classe ouvrière et l’émergence de la lutte des classes à l’échelle internationale constituent la base objective de la révolution. Les luttes spontanées des travailleurs et leur aspiration instinctive au socialisme sont cependant insuffisantes par elles-mêmes. La transformation de la lutte des classes en un mouvement conscient pour le socialisme est une question de direction politique ».

 

  1. Le défi de la direction politique est d’analyser la logique objective de la crise capitaliste et, sur cette base, de développer des initiatives qui élèvent la conscience de la classe ouvrière, augmentent sa confiance en soi et sape l’influence politique des partis capitalistes.

 

  1. Le marxisme se base sur une compréhension matérialiste historique des lois et processus objectifs qui donnent naissance aux mouvements révolutionnaires de masse. La perspective des marxistes est pénétrée d’un optimisme politique qui s’appuie sur une compréhension scientifiquement fondée de la capacité révolutionnaire de la classe ouvrière à mettre fin au capitalisme. Mais cet optimisme n’est pas celui d’un observateur passif qui se console en pensant que « l’histoire est de son côté ». Il est vrai que la crise du capitalisme mène à la révolution. Il est vrai que la crise du capitalisme mène à la révolution. Mais la révolution doit être préparée et conquise. La résolution socialiste de la crise du capitalisme exige la résolution de la crise de la direction de la classe ouvrière.

 

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

En savoir plus sur les 7 du quebec

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture