Le jour ou le capitalisme s’arrêta

Par OLIVIER CABANEL — Un groupe de touristes chinois sema le désordre en refusant pour la première fois la visite imposée d’un supermarché.

Cet article est disponible en anglais, en italien et en espagnole ici: Articles 6 mats[24458]

C’était le 4 décembre 2007. Une page de notre histoire a peut-être été tournée.

Cette étrange information, donnée par Hervé Kempf dans son dernier livre (pour sauver la planète, sortez du capitalisme, édition du seuil 2009) mérite une explication plus poussée, afin que chacun puisse en prendre la mesure.
Il est de coutume, lors de n’importe quel voyage organisé, ici ou ailleurs, d’arrêter le bus des touristes devant une boutique de souvenir, organisant de cette manière une sorte de consommation « forcée ».
Bien sûr, personne n’est obligé d’acheter, mais pris dans la dynamique du groupe, le touriste mettra la main à la poche, afin d’acheter un objet, aussi modeste soit-il.
Ces arrêts providentiels pour le commerçant visité sont programmés longtemps à l’avance, et nul ne doute qu’un geste généreux du commerçant en question, en direction de l’agence de voyage, soit régulièrement effectué.
Tout le monde y trouve donc son compte.
Revenons à l’épisode décrit dans le livre d’Hervé Kempf.
Ce voyage organisé d’une quinzaine de jour dans une lointaine province chinoise, pour des touristes, chinois eux aussi, mais mieux nantis, était ponctué chaque jour d’arrêts obligatoires devant des grandes surfaces, avec la quasi-injonction du voyagiste de bien vouloir se dégourdir les jambes, et de vider par la même occasion son porte-monnaie aux caisses des supermarchés visités.
La colère montait, à la même vitesse que les porte-monnaie se vidaient, et le quatorzième jour, les touristes firent front, refusant de pénétrer dans le magasin « proposé ».
On en vint rapidement aux mains, et les forces de l’ordre durent intervenir afin de maîtriser la révolte.
Cette petite fable s’est produit le 4 décembre 2007, et l’auteur propose de choisir cette date pour marquer la fin du capitalisme, date qui pourrait être fêtée chaque année lors d’une manifestation citoyenne, au cours de laquelle on se congratulerait d’avoir enfin tourné la page.
Le discours d’Hervé Kempf est court : « pour sauver la planète, il faut sortir du capitalisme en reconstruisant une société ou l’économie n’est pas reine, mais outil, où la coopération l’emporte sur la compétition, où le bien commun prévaut sur le profit ».
Vaste programme.
Il est rejoint dans son analyse par un autre auteur, américain celui là, Gus Speth.
De son vrai nom, James Gustav Speth.
Il est doyen à l’université de Yale (school of forestry and environmental studies) et a publié un livre en 2008 qui va dans le même sens que celui d’Hervé Kempf :
« Le pont du bout du monde : le capitalisme, l’environnement et le passage de la crise vers la durabilité ».
il essaye d’expliquer ce paradoxe :
« Dans la communauté de ceux qui se soucient de l’environnement ne cesse de grandir, de se sophistiquer et d’accroître son influence, elle lève des fonds considérables, et pourtant les choses vont de pire en pire ».
Ces deux écrivains sont dans l’air du temps, et leur propos tombent plutôt bien, au moment ou la crise du capital ne fait que commencer à montrer les dégâts qu’elle va occasionner.
Ces deux livres démontrent, s’il le fallait encore, que les efforts individuels ne suffisent pas, et qu’il faut sortir sans hésiter du capitalisme.
Déjà en 2007, Hervé Kempf avait publié un livre quelque peu prémonitoire : « comment les riches détruisent la planète ».
Dans son dernier livre, il dénonce le capitalisme qui « valorisait à l’extrême l’enrichissement et la réussite individuelle au détriment du bien commun ».
Pour l’instant, le choix des gouvernements est plutôt d’aider les banques et les entreprises à survivre : les pauvres devront patienter.
Pour les deux auteurs, nous devrions donc retrouver les valeurs de solidarité et de partage, valeurs aux quelles nous avons tourné le dos depuis longtemps.
Espérons que ces belles paroles trouveront un écho chez nos dirigeants « bling bling », mais rien n’est moins sûr, car comme disait un vieil ami africain :
«Lorsque tu ne sais pas où tu vas, regardes d’où tu viens».

4 réflexions sur “Le jour ou le capitalisme s’arrêta

  • 7 mars 2023 à 16 h 25 min
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    Bonne nouvelle ! …. Merci de nous relater cette histoire ! et moi j’en ai une autre pour vous, celle des caissières et travailleuses Chinoises des Super-Marché chinois immenses qui ont fleuri a Montréal et a travers le Canada…. Il y a 20 ans, on les acheminait par contrats ici, et on leur vendait les contrats en Chine pour des sommes rondelettes, les forçant a s’endetter auprès des passeurs et leurs employeurs en occident, mais les patrons a force d’être harcelés et d’écoper en inspections et en amendes et parfois en accusations plus lourdes, ils ont fini par les caser das le système, avec des salaires minimum et un peu au delà, et aujourd’hui, elles prennent conscience de leur condition de prolétaires au même titre qie leur homologues masculins des rayons de poissonnerie et boucherie, du ménage ou des rayons de légumes, et au même titre que leur homologues Canadiens qui s’accordent tous sur le fait que ces salaires ça ne vous paie pas les loyers de cette époque, ni que ça vous nourrit et répond a vos besoins élémentaires! comment je le sais ? a travers leur attitude, et leur mine rabattue tout le temps ! fini le temps ou on état esclaves du patron Chinois qui semait la terreur et imposait l’omerta et la culture du silence ! et s’il y a encore que des Chinois qui travaillent encore la-dedans par dizaines c’est parce qu’elles ont un frein principal de langue, ils et elles ne parlent souvent ni le français, ni l’anglais sauf quelques rares personnes….! même s’il faut imaginer encore que pour des raisons culturelles et de surveillance accrue par les autres, on continue dans ce milieu de craindre les représailles, car dans ce milieu, le patron est encore un petit Dieu riche qui donne l’exemple :  »travailles fort et saches commet exploiter ton prochain pour réussir » :))))

    Et ces patrons Chinois gagnent tellement de fric que lorsqu’ils ne savent plus quoi en faire, ils ne pensent même pas a concurrencer les supermarchés locaux, ou améliorer la qualité et le service, ils investissent plutôt dans plus de marchandises, dans plus de supermarchés, ou alors, ils te tapissent le supermarché d’écrans télé plasma immenses par dizaines qui diffusent de la pub en boucle de leur produits, ou de la cousine qui est Agent immobilier qui cible la clientèle Chinoise friquée…. sans jamais penser s’ouvrir sur la clientèle locale ou multiculturelle pourtant nombreuse aussi ! pas un mot en français ou en anglais, sauf sur les caisses pour dire si on accepte les cartes ou le cash seulement, et lorsque tu dis au poissonnier qu’il a mal nettoyé ton poisson que tu as payé cher en plus du prix du nettoyage, il te regarde béat et il hausse les épaules et t’ignore et commence a crier pour servir le prochain client :))) …. pas très sympas comme d’hab…. mais il y a des femmes sympas après tout, et qui te font un joli sourire en coin pour te faire oublier l’incident :)))…. Pourquoi on y va pour commencer ? eh bien pour le prix du poisson frais, pour les nouilles chinoises et les chinoiseries, ou pour les sauces soja ou piquantes qui coûtent trois fois moins chers que chez nos épiciers habituels ….

    Je termine en formulant le même vœux que vous ! le capitalisme ne fonctionne pas ! ni que les pauvres se laisseront faire encore et toujours ! les gouvernements par contre sauteront lorsque les travailleurs ne voudront plus travailler dans ces conditions, et que les patrons ne trouveront plus personne pour refourguer leur saloperies !

    Merci pour le billet !

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  • 8 mars 2023 à 3 h 24 min
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    Les écolos sont les larbins bourges des capitalistes, comme dit Michéa et déjà Hegel en son tps.

    Diversion de la lutte des classes, green washing, sainteté du bourge en Tesla, négriers verts de l’Open Society de Soros, alibi à l’abstinence pour les pauvres, individualisme libéral-libertaire, pédophilie verte. Le bourge vert veut juste polluer jusqu’à sa dernière couche, en baffrant biobio.

    « La pensée dominante organise son opposition dominante » Marx

    « Un discours théorique justifie dans une perspective universelle des intérêts de classe […] L’humanisme écologisant sera le véhicule de la bonne volonté (celle qui pave l’enfer), de l’idéologie […]L’idéologie humaniste [ouverture négrière, sainteté capitaliste écolo, féminisme, anti-spécisme] et libertaire [sociétalisme, gode-bébé-gpa] va se trahir et révéler son opportunisme [la destruction des acquis, les restrictions pour le bas-peuple, l’oligarchie mondialiste, c’est fait !] »
    Le capitalisme de la séduction, 1981 Clouscard, marxiste

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  • 9 mars 2023 à 10 h 56 min
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    MESSAGE POUR OLIVIER ET SES LECTEURS

    Website: http://babalouest.eklablog.com

    Message: Bonjour Olivier.
    Je lisais ce matin ce thème, MÉDIAS, qui devient si prégnant, surtout pour ceux qui ont encore une télévision et un ordiphone. Et je repensais à ceux qui se battent pour garder la tête froide et pour se protéger.

    Justement, je ne sais pas si vous avez été mis au courant. Le 7 février, coïncidence, deux actions importantes ont été intentées. L’une auprès de la Cour Royale de Londres, l’autre au Parlement de Bruxelles. Celle de Bruxelles a été lancée par deux Français : la députée européenne Michèle Rivasi, et le Docteur Arazi. J’ai diffusé un petit compte-rendu de ces deux évènements ici :
    http://assoc-resistance5g-nantes.eklablog.com/7-fevrier-a-londres-comme-a-bruxelles-une-journee-capitale-pour-nos-lu-a213800569
    La vidéo de cet évènement est disponible jusqu’au 14 mars ici :
    https://www.grosfichiers.com/ntuXksNBMZb

    Il se trouve que notre association de Nantes (pour rappel, cité natale de Jules Verne) est devenue la plaque tournante internationale de ces luttes. Il faut dire aussi que, les Français ayant souvent une vue politique plus vaste, ils ont inclus de nombreux aspects « sur 360°, un peu comme la vision de la mouche » en ajoutant les graves dossiers ÉNERGIE (de plus en plus d’énergie est nécessaire à la fois pour faire les appareils, et pour les nourrir, alors qu’officiellement « on » préconise une modération énergétique : et ce paradoxe grandit avec l’ajout de nouvelles technologies avides d’énergie, sans pour autant en enlever d’autres, mais aussi EXTRACTIVISME de minerais rares, de plus en plus rares, et qui ne seront pas renouvelés (il n’y aura que la fin qui sera triste, quand nombreux parmi ces minerais serons épuisés). Il y a aussi un fait sociologique alarmant : nombreux parmi les humains, et surtout les plus jeunes, se retrouvent vissés à leur mini-écran, et oublient les vrais contacts humains !

    De plus en plus d’universitaires, de chercheurs, poussent des cris d’alarme concernant leur branche, un peu partout dans le monde. Bien entendu les médias officiels en rendent rarement compte, ou pour tenter de démolir ces dossiers en les affirmant appuyés sur rien. Il se trouve que 70% des études sont alarmistes, et seulement 15% ne le sont pas, celles qui sont financées par les grandes industries. Le reste, ce sont ceux qui n’osent se prononcer.

    Continuons à aider le maximum de gens à ouvrir les yeux.
    Cordialement

    JCC

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