Actualite économique

Critique du texte du groupe «ORAGE»: Travail productif et improductif – Quelles activités créent de la valeur?

Par Gérard Bad.

Cet article est disponible en anglais, en italien et en espagnole ici: Articles 10 mars[24555]

Il me semble important que je vous fasse connaître le groupe Orage. Ce groupe produit des analyses sérieuses sur l’ évolution du capitalisme, même si sur certains raisonnements je ne suis pas d’accord avec eux…voir ma critique ci-dessous.  Cependant, certains de leurs textes devraient être lues.  Visitez leur site. https://lorage.org/

https://lorage.org/2021/01/19/profits-fictifs-et-ia-financieres-au-royaume-du-capitalisme-drogue/

Tesla et SpaceX : une bulle spéculative permettant l’accumulation du capital productif


Critique du texte d’«ORAGE» Travail productif et improductif – Quelles activités créent de la valeur?

Publié le 26.01.2021

Tout le débat sur le travail productif de plus-value et le travail improductif, présente un intérêt économique, à savoir «les limites de la production capitaliste». C’est à dire le moment où la masse de capital fictif n’ est plus à même de se valoriser en créant une expansion productive de plus-value. Moment où le capital fixe (Cc) se fige et se dévalorise et où il n’y a plus assez de liquidités (crédits) pouvant propulser le capital total vers un nouveau cycle productif. Ce moment est il venu ?

C’est toute la question qui nous préoccupe.

Premièrement, il me semble indispensable de rappeler la distinction que Marx fait entre travail productif et travail productif de plus-value.

« Du simple point de vue du procès de travail en général, est productif le travail qui se réalise en un produit ou, mieux, une marchandise. Du point de vue de la production capitaliste, il faut ajouter : est productif le travail qui valorise directement le capital ou produit de la plus-value, c’est-à-dire le travail qui se réalise, sans aucun équivalent pour l’ouvrier qui l’exécute, en une plus-value représentée par un surproduit, donc en un incrément additionnel de marchandises pour celui qui monopolise les moyens de travail, le capitaliste. En somme, seul est productif le travail qui pose le capital variable – et partant le capital total – comme C + C = C + Cv, autrement dit, le travail utilisé directement par le capital comme agent de son auto-valorisation, comme moyen pour produire de la plus-value.» ( Travail productif et improductif ( extrait du chapitre inédit du capital).

Cette distinction est importante dans le sens où l’une fait la distinction typiquement saint simonienne entre ceux qui participent à la production en général et le point de vue marxiste qui ne considère que la plus-value qui est la substance de son auto-valorisation. Marx va préciser quelques lignes plus loin sa pensée.

« Il faut toute l’étroitesse d’esprit du bourgeois, qui tient la forme capitaliste pour la forme absolue de la production, et donc pour sa forme naturelle, pour confondre ce qui est travail productif et ouvrier productif du point de vue du capital avec ce qui est travail productif en général, de sorte qu’il se satisfait de cette tautologie : est productif tout travail qui produit en général, c’est-à-dire qui aboutit à un produit ou valeur d’usage quelconque, voire à un résultat quel qu’il soit. Seul est productif l’ouvrier dont le procès de travail correspond au procès productif de consommation de la force de travail – du porteur de ce travail – par le capital ou le capitaliste.» ( Travail productif et improductif ( extrait du chapitre inédit du capital).

Sont donc exclus les travailleurs indépendants (notamment les artisans, les agriculteurs…) sauf si ils emploient des salariés qui eux vont créer de la valeur. « Premier employeur de France avec 1,3 million d’entreprises et 2,3 millions de salariés »

Deuxièmement, Il faut faire aussi la distinction entre la sphère de production ( création de plus value) tout le tome 1 du Kapital et la sphère de circulation du capital (sa dévalorisation) tout le tome 2 du Kapital. Avec cette particularité de la branche transport «comme la continuation d’un procès de production à intérieur du procès de circulation et pour lui.» (T.2 ,du capital, p.152, ed. Moscou ). Le capital commercial étant considérer comme agent de la sphère de circulation, non créateur de plus-value. Le tome 3, c’est le procès d’ ensemble du capital en mouvement contradictoire

Toute la critique qui va suivre tourne autour de ces distinctions.

« …le temps de circulation détermine seulement la valeur pour autant qu’il est un obstacle naturel à la valorisation du temps de travail. En effet, c’est une déduction sur le temps de surtravail, autrement dit une augmentation du temps de travail nécessaire. Il est clair que le temps de travail nécessaire doit être payé, que le procès de circulation se déroule lentement ou rapidement. » Grundrisse, 3, Chapitre du capital, p. 58 édt. 10/18.)

« Le temps de circulation représente donc une limitation de la productivité du travail; il augmente le temps de travail nécessaire, et diminue la plus-value, bref c’est un frein, une barrière à l’autovalorisation du capital » (Grundrisse, 3, Chapitre du capital, p. 59 édt. 10/18.)

« Le capital tend donc nécessairement à circuler sans temps de circulation, et cette tendance représente la base de toutes les formes capitaliste du crédit. »'(Grundrisse, 3, Chapitre du capital, p.267, édt. 10/18.)


Sur le texte d’ orage

Dans la partie « Phase de production et phase de circulation »

Orage met le doigt sur un point sensible de la théorie de la valeur «qui produit de la plus-value», il reprend la classification de Marx en sphère de production et de circulation et pense qu’elle soulève des ambiguïtés qu’il va cerner.

Nous sommes d’ accord avec Orage, pour rejeter la « glorification du travail manuel » comme seul producteur de plus-value.

« La première est historique. Elle tient à la glorification du travail manuel idéalisé des ouvriers à la fois par divers groupes et partis politiques « ouvriéristes », mais également par certains gouvernements capitalistes se référant de manière identitaire à la pensée de K. Marx qui pourtant ne porte pas cette dimension. » Orage.

Ensuite Orage va nous parler des ambiguïtés possibles de la distinction entre la phase de production et de circulation du capital, ceci est valable en ce qui concerne le transport, un vieux débat concernant le fret SNCF, le transport de voyageurs ( pour aller au travail ou se distraire). Marx sur cette question a finalement tranché, reconnaissant que le transport peut être créateur de valeur.1

« La seconde est plus théorique et liée aux ambiguïtés possibles que soulève la distinction qu’introduit Marx entre la phase de production du capital et la phase de la circulation du capital qu’il considère comme improductrice de valeur. » Orage.

Fort de cette ambiguïté reconnue par Marx, Orage s’autorise à vouloir enfoncer le clou plus loin. En posant la question- Commerciaux, vendeurs et publicitaires sont-ils des travailleurs productifs ?- Au moment où la publicité est omniprésente et devient le fouet «indispensable» pour la vente des produits (matériels et immatériels) nous ne pouvons pas rejeter le débat qu’Orage nous propose avec de nombreux arguments. Nous en viendrons ensuite à l’auto-entrepreneur.

Orage procède par une reconnaissance de l’ analyse de Marx, pour ensuite nous faire la démonstration du contraire.

« Marx souligne que l’acte de vendre une marchandise quelle qu’elle soit, n’est pas producteur en soi de valeur ou de plus-value. En effet, le fait de parvenir à revendre plus cher que son prix d’achat une marchandise ne permet que de récupérer de la valeur antérieurement produite au détriment de l’acheteur. Ce sont des frais de circulation qui sont récupérés par le capital marchand sur la valeur produite lors de la phase productive. » Orage.

Pour nous dire tout de suite après

« Cette constatation a induit de nombreux lecteurs en erreur en les poussant à considérer certains emplois comme ceux de caissière, vendeur ou comptable comme intrinsèquement improductif. Si en effet, l’acte en lui-même du transfert de propriété d’une personne à une autre ne crée en rien de la valeur, nombre d’autres actions permettant de rendre cet acte possible sont quant à eux purement productifs. »

Et de citer quelques exemple

«  Emballer, transporter une marchandise d’un point A à un point B tout comme la déballer ou la mettre en rayon sont des actions productives qui ajoutent de la valeur à une marchandise. ».

Orage pose ici une question importante qui n’ a pas été relevé à ce jour sauf sommairement : dans la sphère de circulation du capital (sa dévalorisation) il existe des emplois qui ne sont pas des faux frais, mais valorisent encore le capital.

Orage nous cite Marx à l’appui :

« Marx appelle cela le « procès de production se poursuivant pendant l’acte de circulation »[18]. À l’inverse le temps passé à calculer le prix que doit être vendu tel ou tel produit, ou celui utilisé par la caissière pour compter son fond de caisse tout comme l’acte du transfert de propriété au moment de l’achat en lui-même est improductifL’ensemble du travail nécessaire pour rendre ce transfert matériel est quant à lui productif. Si l’ensemble de ces emplois ont effectivement pour but la réalisation de la valeur, c’est-à-dire de vendre une marchandise, ils n’en sont pas moins partiellement intégrés au processus de production. »

S’ il est exact que Marx dans certains cas considère le transport comme créateur de valeur, il va s’ en expliquer

« La circulation. c’est -à-dire la course effective des marchandises dans l’espace est résolue par le transport. D’un côté, l’industrie des transports constitue une branche autonome de production, et par conséquent une sphère spéciale de placement du capital productif ; d’un autre côté, elle se distingue en ce qu’elle apparaît comme la continuation d’un procès de production à intérieur du procès de circulation et pour lui. »p.152 ed Moscou 

A noter que Marx va faire une nette différence en l’industrie des transport (branche autonome) et la branche autonome du capital commercial.

« Dans un but de simplification (puisque nous ne considérerons que plus tard le commerçant comme capitaliste et comme capital commercial), nous allons admettre que cet agent de l’achat et de la vente est un homme qui vend son travail. Il dépense sa force de travail et son temps de travail dans ces opérations M-A et A-M ; et il vit de cela comme un autre vit en filant ou en faisant des pilules. Il accomplit une fonction nécessaire, puisque le procès de reproduction implique même des fonctions improductives. Il travaille tout aussi bien qu’un autre, mais la substance de son travail ne crée ni valeur ni produit. Il fait lui-même partie des faux frais* de la production. Ce qui fait son utilité, ce n’est pas de transformer une fonction improductive en fonction productive, ou du travail Improductif en travail productif. Ce serait miracle que pareille transformation pût être opérée par un tel transfert de la fonction d’une personne à une autre. Son utilité consiste, au contraire à diminuer la portion de force de travail sociale et de temps de travail social liée à cette fonction improductive. K Marx T 2 page 134 ed.Moscou

Ce passage de Marx peut sembler étrange et même déconcertant par rapport à d’ autres comparaisons puisqu’il récuse que capitaliste commercial et ses salariés ne sont pas producteurs de plus-value et il va s’ en expliquer.

« Admettons que cet agent Soit un simple salarié, mieux payé si l’on veut que les autres. Quelle que soit sa rétribution, en tant que salarié il travaille gratuitement une partie de son temps. Il est possible qu’occupé journellement 10 heures, il touche le produit-valeur de 8 heures de travail. Les 2 heures de surtravail qu’il fournit ne produisent pas plus de valeur que ses 8 heures de travail nécessaire, bien que ces dernières lui procurent une partie du produit social. Premièrement, au point de vue social, nous voyons une force de travail utilisée pendant 10 heures en cette simple fonction de circulation. Elle n’est utilisable à rien d’autre à aucun travail productif. Deuxièmement la société ne paie pas ces 2 heures de surtravail, bien qu’elles aient été dépensées par l’individu qui les accomplit. Ce faisant, la société ne s’ approprie ni produit ni valeur additionnels. »K Marx T 2 page 134 ed.Moscou

Nous voyons ici assez clairement que le fait d’«  Emballer, transporter une marchandise d’un point A à un point B tout comme la déballer ou la mettre en rayon sont des actions productives qui ajoutent de la valeur à une marchandise. ». Ne sont pas comme le dit Orage des fonctions productives de plus-value.

« II est inutile d’entrer ici dans tous les détails des frais de circulation, tels que l’emballage, l’assortiment, etc. La loi générale est que tous les frais de circulation qui résultent uniquement du changement de forme de la marchandise n’ajoutent pas de valeur à cette dernière.  Ce sont simplement des frais de réalisation de la valeur , de passage de la valeur d’une forme à l’ autre. Le capital dépensé pour ces frais (y compris le travail auquel il commande) rentre dans les faux frais de la production capitaliste .Ces frais sont nécessairement compensés à partir du pur produit et ; pour la classe capitaliste prise dans son ensemble, ils viennent en déduction de la plus-value, du surproduit, tout comme le temps dont l’ouvrier à besoin pour acquérir ses moyens de subsistance est pour lui du temps perdu. Cependant les frais de transport jouent un rôle trop important pour que nous ne leur consacrions pas ici une brève étude. (III FRAIS DE TRANSPORT. Page 150)

Il ne faut donc pas confondre le renchérissement du prix d’une marchandise, comme étant de la création de plus-value. « De toute façon, le capital et la force de travail qui servent à la conservation et à la garde de la provision de marchandise sont soustraits au procès direct de production. » l-Frais de garde.p 140.  « Par conséquent, des frais qui renchérissent le prix de la marchandise sans lui ajouter de la valeur d’usage, qui appartiennent donc pour la société aux faux frais* de la production, peuvent être une source d’enrichissement pour le capitaliste individuel. Ils n’en conservent pas moins Un caractère d’improductivité, puisque le supplément qu’ils ajoutent au prix de la marchandise ne fait que répartir également ces frais de circulation. »ll-Frais de garde.p 138

Mais comme il arrive que le procès de production s’ achève dans la circulation il nous faut voir ce que Marx entend par la :

« le caractère productif est simplement dissimulé sous la forme circulatoire. D’autre part, envisagés du point de vue social, ils peuvent, tout en étant des frais purs et simples, une dépense improductive soit de travail vivant, soit de travail matérialisé, opérer par ce fait même une création de valeur pour le capitaliste individuel, ajouter un supplément au prix de vente de sa marchandise. La première raison en est que ces frais diffèrent d’une sphère de production à l’autre et parfois, dans la même sphère de production, d’un capital individuel à l’autre. » ll-Frais de garde.p 138

Ce passage peut amener à une certaine confusion, mais il veut simplement mettre en avant que la création de valeur est ici dissimulé par le prix.

« Quelle que soit la forme sociale du stock de produits, sa conservation occasionne des frais: locaux, récipients, etc., pour contenir le produit; moyens de production et travail, en quantité plus ou moins grande suivant la nature du produit, pour le protéger contre les influences nuisibles. Plus la concentration sociale des provisions est poussée, plus ces frais sont relativement faibles. Ces dépenses constituent toujours, que ce soit sous forme matérialisée ou sous forme vivante, une fraction du travail social, – donc, sous la forme capitaliste. des avances de, capital, – qui n’entre pas dans la création même du produit, mais vient par conséquent en déduction du produit. »Page 146

Ensuite Orage, va nous poser quelques problèmes

«  Du point de vue du capital, deux canettes de soda identiques, l’une vendue dans un supermarché, l’autre vendue par un distributeur automatique, ne sont pas des marchandises identiques, car on ne retrouve pas la même valeur cristallisée dedans. Au sein d’un même travail, les activités productives peuvent s’entremêler avec d’autres, improductives, mais nécessaire à la circulation, sans qu’il soit aisé de définir où commence l’une et où s’arrête l’autre. » Orage.

Ce passage est confus et enfume le lecteur , en effet quant un produit arrive sur le marché il devient une marchandise visant à réaliser la plus-value contenue en elle. A ce stade, sa mise en vente dans un super marché ou un distributeur, ne peut créer aucune plus-value bien au contraire, puisqu’elle se trouvent dans la sphère de circulation/dévalorisation du capital, nombre de marchandises périssables deviennent invendables. Marx à ce sujet va développer son analyse sur le stockage. Pour nous inciter à mieux comprendre Orage poursuit ;

« Pour mieux comprendre, rentrons dans le détail de plusieurs professions souvent considérés comme improductives. Une grande partie du travail du commercial ou du vendeur employé par une entreprise pour écouler sa production se découvre ainsi comme un travail productif pour le capital. Tout d’abord il transporte le produit qu’il vend, ce transport est un travail productif. Ensuite, ses arguments, ses boniments et flatteries envers son client peuvent se retrouver comme autant de valeur qui s’ajoute à la marchandise qu’il vend. Par son travail il peut créer de la valeur ajoutée à la marchandise, même si ce travail ne change pas forcément la nature physique de cette dernière. » Orage.

Je souligne volontairement en gras le point fort de l’ argumentation, (bien qu’il faut remplacer sa production par ses marchandises) en effet puisque nous avons considérer que tout individu faisant fructifier le capital est un prolétaire producteur de plus-value comme la chanteuse de carbaret ou le professeur de piano dans le privé. Nous ne voyons pas pourquoi le vendeur ferait exception, sauf que le produit de la chanteuse c’est sa voix celui de l’ éducateur ses connaissances ; ils ne médiatisent pas un produit venant de l’ extérieur ils sont directement le produit/marchandise.

Le vendeur se trouve dans la situation ou son salaire lui sera payé avec une partie de la valeur contenue dans le produit, plus il se vend de produits plus vite le capitaliste commerçant fait des profits mais le produit ne prend aucune plus-value supplémentaire. La valeur est ici caché par le prix de vente. Le salarié vendeur est bien exploité, son patron tirant un profit de lui, mais le produit ne prend aucune valeur supplémentaire, preuve en est qu’il peut être vendu directement sur le Net ou les GAFA se sont infiltrés sur cette différence. Orage en exemple dit :

« Par exemple, un appareil de cuisine vendue lors d’une émission de téléachat avec l’aide des efforts exagérés du présentateur, de toute l’équipe de tournage et de diffusion, peut ne pas avoir la même valeur que celui acheté directement sur internet. La satisfaction pour le consommateur de posséder cet objet rendu merveilleux par sa présentation magnifiée ne se présente pas seulement comme une valeur d’échange supplémentaire, mais également comme une valeur d’usage supplémentaire. Cela se retrouve d’ailleurs la plupart du temps dans son prix. Le consommateur pourra retirer une satisfaction sociale supplémentaire à l’utilisation de cet objet en société, ressortant parfois même une partie des arguments du colporteur à ses convives. Par contre le moment spécifique où le commercial vend son produit à son client. » Orage.  « Le moment où s’effectue le transfert de propriété et où la marchandise change de forme en s’échangeant contre de l’argent. Ce moment-là est improductif et nécessite certaines activités de la part du vendeur qui peuvent être considérés comme des frais de circulation. »

Orage introduit cette idée que les faux frais du capital commercial «  ne se présente pas seulement comme une valeur d’échange supplémentaire, mais également comme une valeur d’usage  supplémentaire ». Voilà toute la démarche centrale d’Orage , nous faire passer les faux frais pour de la création de valeur. Orage devrait relire le chapitre VI du capital T-II page 133 ed. Moscou.

« toujours est il que le temps consacré à la vente et à l’ achat ne crée pas de valeur. C’est une illusion introduite par le fonctionnement du capital commercial. Sans insister pour le moment, nous voyons clairement ceci d’emblée: une fonction improductive en elle même, mais constituant un moment nécessaire de la reproduction, qui était auparavant exercé par un grand nombre de gens à titre accessoire, ne change pas de caractère lorsque la division du travail en fait l’ exercice exclusif d’un petit nombre de personnes, leur occupation particulière. » p 133

C’est presque ce que nous dit Orage ci dessus, seul bémol c’est qu’il pense qu’un salarié du commercial dés lors qu’il intervient sur un produit pour le vendre «emballage, et le baratin«  il crée de la valeur pour son employeur. Quelques lignes plus loin Marx précise ceci.

« Dans un but de simplification (puisque nous ne considérerons que plus tard le commerçant comme capitaliste et comme capital commercial), nous allons admettre que cet agent de l’achat et de la vente est un homme qui vend son travail. Il dépense sa force de travail et son temps de travail dans ces opérations M-A et A-M ; et il vit de cela comme un autre vit en filant ou en faisant des pilules. Il accomplit une fonction nécessaire, puisque le procès de reproduction implique même des fonctions improductives. Il travaille tout aussi bien qu’un autre, mais la substance de son travail ne crée ni valeur ni produit. Il fait lui-même partie des faux frais* de la production. Ce qui fait son utilité, ce n’est pas de transformer une fonction improductive en fonction productive, ou du travail Improductif en travail productif. Ce serait miracle que pareille transformation pût être opérée par un tel transfert de la fonction d’une personne à une autre. Son utilité consiste, au contraire à diminuer la portion de force de travail sociale et de temps de travail social liée à cette fonction improductive. » page 134 ed. Moscou.

« Par conséquent, des frais qui renchérissent le prix de la marchandise sans lui ajouter de la valeur d’usage, qui appartiennent donc pour la société aux faux frais* de la production, peuvent être une source d’enrichissement pour le capitaliste individuel. Ils n’en conservent pas moins Un caractère d’improductivité, puisque le supplément qu’ils ajoutent au prix de la marchandise ne fait que répartir également ces frais de circulation. C’est ainsi que les sociétés d’assurances répartissent sur l’ensemble de la classe capitaliste les pertes des capitalistes individuels; ce qui n’empêche pas les pertes ainsi compensées d’être et de rester des pertes au point de vue du capital total de la société. »p139

Gérard Bad


1Nous avons de nombreux exemples qui vont du transport du tabac a dos de chameau, en passant par les fruits dits climactériques comme les pommes, les poires, les tomates, etc. qui demandent d’être réfrigérés pendant le transport et le stockage.

 

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