“La deuxième plus grande faillite bancaire de l’histoire des États-Unis, après l’effondrement de la Washington Mutual en 2008, a soulevé le spectre de licenciements massifs dans les start-up et d’une instabilité généralisé du système financier américain”, s’inquiète le Los Angeles Times.

Le président Joe Biden a tenté lundi 13 mars de rassurer les Américains. “Notre système bancaire est sécurisé, vos dépôts sont sécurisés”, a-t-il déclaré. Mais la prise de contrôle de deux banques en trois jours par les régulateurs, soit la Silicon Valley Bank (SVB) et Signature Bank “a intensifié les craintes d’une crise financière plus large”, note The New York Times, faisant chuter les titres de plus d’une vingtaine de banques, alors de nombreux clients se sont précipités pour retirer leurs avoirs.

LIRE AUSSI : Économie. La Silicon Valley Bank s’effondre, provoquant la plus grosse faillite bancaire aux États-Unis depuis 2008

Dans le milieu de la Tech, les craintes des retombées de cette faillite sont bien réelles. Dans une requête adressée au gouvernement américain le 12 mars, que résume le quotidien indien Mint, l’incubateur de start-up Y Combinator déclare que près de 10 000 petites entreprises pourraient ne pas être en mesure de payer leurs employés dans les trente prochains jours. “Plus de 100 000 emplois seraient concernés dans le secteur d’innovation le plus dynamique de notre économie”, poursuit Y Combinator – qui est à l’origine du démarrage d’entreprises comme Airbnb ou Reddit.

La main-d’œuvre immigrée en première ligne

Boundless, un cabinet de conseil spécialisé en immigration, souligne que les entrepreneurs et employés immigrés pourraient être très impactés par cette faillite “car près de 44 % des entreprises technologiques ont été créées par des immigrants et plus de 70 % des professionnels de la Silicon Valley sont nés dans un autre pays”.

Boundless remarque qu’à elle seule la Silicon Valley Bank emploie plus de 4 000 personnes, dont beaucoup sont des expatriés. Pour eux, la perte d’un emploi lié à un visa de travail pourrait se révéler plus grave que celle d’une source de revenus :

“Si vous perdez votre emploi alors que vous êtes titulaire d’un visa H-1B ou d’un autre visa de travail, vous êtes considéré comme ‘hors statut’ aux États-Unis car la loi américaine exige que le titulaire du visa soit en emploi pour pouvoir conserver son statut.”

Les professionnels étrangers qui n’ont plus de travail bénéficie généralement d’un délai de grâce de soixante jours pour trouver un nouvel emploi avant de devoir quitter le pays. Or la conjoncture actuelle est loin d’être favorable pour ces travailleurs. Selon Forbes, les retombées de la faillite de la banque californienne pourraient avoir un impact négatif sur le marché de l’emploi, “notamment dans les secteurs du capital-risque, des start-up et des cryptomonnaies, où [la Silicon Valley Bank] était un prêteur et un banquier de premier plan”. Les contrecoups pourraient être importants, anticipe le magazine :

“Cette crainte incitera probablement les entreprises à retarder les embauches et à licencier d’autres employés pour réduire les coûts au cas où les choses empireraient”.