Et c’est ainsi que commence…la crise financière de 2023

Par Dmitry Orlov – Le 14 mars 2023 – Source Club Orlov

Cet article est aussi disponible en anglais, en italien et en espagnole ici:
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Les banques font faillite, les marchés financiers s’effondrent et la Fed s’apprête une fois de plus à intervenir et à ouvrir le robinet à liquidités en dollars. Alors que la précédente crise financière de 2007-2008 avait été causée par le risque de crédit (les prêts hypothécaires à risque regroupés en titres adossés à des créances hypothécaires toxiques, vous vous souvenez de tout cela ?) et le risque de défaillance du marché, celle-ci est causée par la hausse des taux d’intérêt profitable aux riches : la Fed a tenté de juguler l’inflation causée par sa gestion de la crise précédente (l’émission de milliers de milliards de dollars de crédit bidon)  en augmentant les taux d’intérêt plus rapidement qu’elle ne l’avait jamais fait au cours des quelque 45 années précédentes.

 

Les divers instruments financiers à faible rendement détenus par les banques ont ainsi perdu beaucoup de leur valeur. Ce n’est pas nécessairement un problème (les banques disposent de divers mécanismes pour résoudre les problèmes de trésorerie)… à moins qu’il n’y ait une ruée sur les banques, obligeant ces dernières à vendre leurs instruments financiers de peu de valeur pour un montant insuffisant, ce qui entraînerait leur faillite.

Vous avez probablement déjà entendu parler de la Silicon Valley Bank, qui s’est effondrée avec un bruit sourd et écœurant la semaine dernière. Elle avait de nombreux problèmes : les vautours… pardon, le capitalisme à risque devenait problématique, le responsable des risques de la banque s’occupait de sujets Woke et LGBT et pas vraiment de gestion des risques, etc. Mais son problème de base était le même que partout dans le système bancaire américain : des pertes non réalisées résultant de la hausse des taux d’intérêt et exposées à un problème de trésorerie causé par une ruée sur la banque. L’ampleur des pertes non réalisées varie d’une banque à l’autre : pour la Silicon Valley Bank, elle était de 100 %, mais c’est aussi un problème pour d’autres grandes banques : pour Bank of America, elle est de 43 %, pour State Street, de 27 %, pour Wells Fargo, de 25 % et pour US Bancorp, de 24 %.

Quelle sera la réponse de la Fed à cette crise ? La même qu’auparavant, bien sûr : la Fed acceptera comme garantie divers instruments financiers dépréciés par des taux d’intérêt plus élevés. Elle ne tiendra pas compte du fait qu’ils ne valent plus rien et les acceptera quand même à leur valeur nominale. Puis elle inondera le système de nouveaux crédits sur la base de cette logique erronée…frauduleuse.

Et qu’est-ce que l’inondation du système par de nouveaux crédits non soutenus par une quelconque activité économique rémunératrice ou par la perspective d’une telle activité aura comme effet sur l’inflation ? Eh bien, elle l’augmentera encore plus, bien sûr ! Et qu’est-ce que la Fed sera obligée de faire pour lutter contre une inflation encore plus élevée ? Augmenter encore le taux d’intérêt préférentiel, bien sûr ! Si vous avez l’impression que la Fed est en train de courir après sa propre queue, c’est que vous avez compris.

Serait-il si surprenant qu’après d’autres manigances de ce genre, on en vienne à offrir à quelqu’un un million, un milliard ou un millier de milliard de dollars et qu’on se fasse frapper au visage ? J’ai prédit que cela arriverait il y a quelque temps, et je pense que nous nous rapprochons de plus en plus de ce moment. Aujourd’hui, la Russie vend son pétrole en roupies, l’Arabie saoudite et l’Iran se tiennent la main et s’apprêtent à vendre leur pétrole en yuans… Comment se porte le pétrodollar ?

Pendant ce temps, si vous avez plus de 250 000 dollars de dépôts assurés par la FDIC dans l’une des merveilleuses institutions suivantes, peut-être devriez-vous… hum… faire une ruée sur les banques ? Vous pouvez aussi attendre que la Fed lance un crédit entièrement vaporeux d’une valeur de 500 milliards de dollars et espérer qu’une partie de ce crédit vous parvienne.

  • First Republic Bank, 213 milliards de dollars d’actifs
  • Western Alliance Bancorporation, 67,8 milliards de dollars
  • Signature Bank, 110,4 milliards de dollars
  • Pacwest Bancorp, 41,3 milliards de dollars
  • Customers Bancorp, 20,9 milliards de dollars
  • Webster Financial Corporation, 71,3 milliards de dollars

Dmitry Orlov

 

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

4 réflexions sur “Et c’est ainsi que commence…la crise financière de 2023

  • Ping : Et c’est ainsi que commence… la crise financière de 2023 | Boycott

  • 28 mars 2023 à 11 h 17 min
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    Vanguard – principal actionnaire de BlackRock (qui appartient aux Rothschild et dont Brian Deese, directeur mondial de l’investissement durable de BlackRock, est le principal conseiller économique de Joe Biden et directeur du Conseil économique national des États-Unis) – est très impliqué dans des sociétés ayant appartenu à la famille Rockfeller dans les années 70.
    Vanguard est précisément un fonds d’investissement qui contrôle des entreprises leaders aux États-Unis, des banques en Allemagne et en France, le conglomérat BigFarma, et pas loin de la totalité des médias américains.

    Ils sont actionnaires principaux de la Fed, Monsanto, Apple, Google, Microsoft, IBM, Exxon, Mac Donald’s, Pepsico, Mondelez International (n°1 de l’agroalimentaire mondial), Paramount, Goldman Sachs, Bank of New York Mellon, City Group, JP Morgan Chase, Honda, US Bancorp, Philip Morris, Imperial Tobaco, Bank of America.

    Parallèlement ils sont actionnaires de : Nasdaq, Facebook/meta, Altice (Patrick Drahi), Yahoo, Wells Fargo, Deutsche Bank, Banque Lazard, Morgan Stanley, HSBC, Lockheed Martin, Alcoa Inc. Altria Group, AT&T, Boeing, Washington Post, The New York Time, Ebay, Amazon, Caterpillar, Coca-Cola, Pepsi, General Electric, Rolls Royce, Trip Advisor, Unilever, Nestlé, Siemens, Allianz, General Motors, Ford, Renault, Daimler, Chrysler, Fiat, BMW, V A G, Harley Davinson, Halliburton, Hewlett-Packard, BASF, Intel, Motorola, Nokia, Cisco, Xerox, 3M, Johnson & Johnson, Novatis, Merck & Co, Pfizer, Bayer, Roche, Teva, Sanofi, Procter & Gamble, Time Warner, Walt Disney, Viacom, CBS Corporation, NBC Universal, Ebay, Amazon,Samsung, Mitsubishi, LG, Vivendi, Nestlé,Total, BP, Publicis, Airbus Eads, Axa, BNP Paribas, Illiad, Havas, etc … mais aussi de la plupart des sociétés européennes cotées en bourse et autres agences de notation.

    Quand on nous parle des marchés financiers, on sait mieux de qui on parle. Mais le plus troublant, c’est que les propriétaires de ces 4 grands groupes n’existent pas. Ils sont les uns propriétaires des autres. Ce qui est étonnant et tout à fait suspect.

    Vous avez dit bizarre ? Comme c’est bizarre …

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    • 28 mars 2023 à 13 h 40 min
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      @ NADINE

      Il n’y a rien de bizarre la-dedans C’est l’essence même du mode de production capitaliste.
      Ainsi assez souvent j’utilise l’expression le Grand Kapital mondialisé afin de bien me démarquer de la gauche ou de la droite politique qui cherche à personnaliser la chose économique ou politique.

      L ecapitalisme est un système global – inclusif – ou des milliardaires vont et viennent – font des affaires selon les règles – lois – préceptes du système. Il est futile de personnaliser Bedos – Rockefeller – Muts – Arnaud – demain tout ces personnages seront morts et le système se perpétuera

      OUI il y a des propriétaires de toutes ces entreprises que tu énumères – c’est la classe des grands actionnaires – c’est le groupe social global qui possède – gère – l’ensemble de ces avoirs – de ces capitaux – mais en suivant scrupuleusement le Mode d’emploi et si l’un d’entre eux ne suit pas le MODE D’EMPLOI – il est automatiquement écarté mis au rancart par le système.

      Mais Nadine réjouit toi s’ils suivent tous le mode d’emploi DU SYSTÈME CAPITALISTE ils sont assurés de tous se retrouvé au fond du précipice…là ou le système se dirige mécaniquement…en ce sens qu’il ne peut se perpétuer.

      La question révolutionnaire qui nous confronte est très simple … quand ils auront tous ces gros bonnets déclencher leur guerre désespérée et qu’ils seront au fond du fossé – et nous avec eux – le prolétariat saura-t-il profiter de l’opportunité pour s’échapper de leur emprise – de l’aliénation de classe – s’emparer du pouvoir et construire un nouveau mode de production OU retournerons-nous bosser et perpétuer ce système capitaliste inopérant – inefficace et aliénant – décadent ayant fait son temps.

      Tu as raison Nadine ces 4 grands groupes de compagnies sont tous intégrés en un tout = le capital financier c’est ce que l’on appel LA MONDIALISATION QU’IL FAUT ABOLIR

      rOBERT bIBEAU

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