Ceux qui croient encore à un atterrissage en douceur de l’économie se bercent d’illusions, prévient le président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ).

L’effet de la hausse  des taux d’intérêt ne fait que commencer, avertit Charles Emond, président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

L’effet de la hausse  des taux d’intérêt ne fait que commencer, avertit Charles Emond, président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec.© Jacques Nadeau Le Devoir

« Actuellement, le marché et les investisseurs ne veulent pas voir, mais croire. C’est-à-dire [qu’ils font] abstraction des données économiques fondamentales qui annoncent un ralentissement des profits des entreprises », a déploré Charles Emond en entrevue au Devoir la semaine dernière.

Dans ses prévisions économiques de la semaine dernière, la Réserve fédérale américaine indiquait clairement d’ailleurs, mais sans le dire, que les États-Unis seraient en récession pendant au moins une partie de cette année.

 Quant aux fortes turbulences bancaires qui secouent notamment les États-Unismais aussi l’Europe, elles sont, il est vrai, en partie le fruit « d’angles morts dans la réglementation des banques régionales ». Mais pas uniquement, souligne le chef de la CDPQ, dont 40 % des 400 milliards d’actifs au 31 décembre étaient aux États-Unis. Elles sont aussi, encore une fois, les conséquences du resserrement des taux d’intérêt par les autorités monétaires.

En relevant le coût du crédit, ces hausses de taux viennent, dans un premier temps, graduellement freiner la consommation des ménages et l’investissement des entreprises. Mais elles viennent aussi bouleverser les paramètres économiques et financiers sur lesquels se basaient les banques, les forçant à se montrer brusquement beaucoup plus prudentes et conservatrices.

« Tout cela s’opère rapidement, mais ne va pas se faire ressentir immédiatement, explique Charles Emond. L’effet des premières hausses de taux commence à peine. […] C’est comme ces tremblements de terre qui sont suivis par un tsunami. »

Aux États-Unis, les autorités financières ont déployé de toute urgence des filets de sécurité sous les banques en difficulté afin d’éviter un effet de contagion. On peut comprendre les raisons qui amènent ces changements en catastrophe des règles dont on avait convenu, dit le patron de la Caisse de dépôt, « mais lorsqu’on commence à faire cela, même si on sauve l’institution visée, tout le reste de l’industrie se pose des questions et devient inquiet ». « Ce qui peut tarir [un peu plus encore] les sources de financement sur lesquelles les banques pouvaient compter », note-t-il.