LA “BONNE GUERRE” DE 1939-1945 (sic)

Par Klasbatalo de la TCI, sur Les tranchées de la toundra | Leftcom

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Articles du 4 avril[25737]

LA “BONNE GUERRE” DE 1939-1945

Des milliers de femmes défilent contre les conditions de travail dans les mines de Kirkland Lake (Canada).

 

La société capitaliste est marquée par un antagonisme fondamental entre deux classes : la classe ouvrière et la classe capitaliste. En temps de crise, les politiciens et les experts masquent cet antagonisme en faisant appel à des capitalistes font appel à la « paix sociale » pour duper les travailleurs et les amener à prendre du retard sur l’effort « national ».

Plusieurs tentatives de ce type ont été faites au cours de ces dernières années: pendant la pandémie, le gouvernement disait vouloir “soutenir les travailleurs essentiels sans augmenter les salaires “,. Après le déclenchement de la guerre par Poutine en 2022, une baisse des salaires et un recul de l’âge de départ à la retraite des travailleurs en France et en Angleterre ont été justifiés par “l’effort national” qu’il convenait de fournir dans le  contexte d’une guerre entre nations.

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Presque universellement, les attaques contre la classe ouvrière et ses conditions de vie ont lieu sous couvert
d’un sacrifice commun à tous. La « paix sociale » est assimilée, par la gauche comme par la droite, à la « bonne
cause » pour sauver la nation. La Seconde Guerre mondiale impérialiste en est un parfait exemple : l’histoire
officielle présente l’effort de guerre par les puissances alliées comme une défense de la “démocratie” (sic),
menacée par l’URSS et Hitler, qui exige de sacrifier les intérêts immédiats des travailleurs.

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En réalité, la « paix sociale » de la Seconde Guerre mondiale n’est qu’un mythe. Malgré la propagande, les
travailleurs de tout le Canada se sont engagés pendant toute la durée de la guerre contre les restrictions
de salaires, pour l’amélioration de leurs conditions de travail. Ils ont exercé leur capacité de grève et de
négociation collective. Au début de la guerre en 1939, l’État canadien a établi une série de contrôles
des salaires et des prix.

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En théorie mis en place pour empêcher l’inflation en temps de guerre, il s’agissait en fait d’une attaque
directe contre la
classe ouvrière en empêchant les augmentations de salaire alors que le chômage
diminuait en raison de la
mobilisation pour la guerre.

Partout au Canada, des commissions régionales du travail ainsi que la Commission
nationale du travail de guerre (NWLB) ont été créées pour « arbitrer » les conflits de travail,
mais dans tous les cas, leur fonction principale était d’étouffer la lutte des classes et de faire
respecter les revendications des patrons. Tout au long de ce processus de « conciliation »,
les grèves ont été rendues illégales.

 

Malgré la répression stricte des grèves pendant la guerre, la classe ouvrière au Canada
parvient à lancer une vague de grèves qui menace le capital canadien de 1941 à 1943.
Au cours de cette période, 425 000 travailleurs participent à 1 106 grèves. En 1943, un tiers
des travailleurs syndiqués sont sur les lignes de piquetage. La grève constitue une réponse
directe au contrôle des salaires et à la détérioration des conditions de travail alors que l’État
mobilisait l’économie pour la guerre impérialiste.

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Des batailles rangées dans la guerre des classes ont eu lieu à travers le pays; travailleurs des
chantiers navals au Québec et dans les Maritimes, travailleurs du système de transport en
commun, des aciéries et d’une usine d’avions à Montréal, métallos à Sault-Sainte-Marie, ON,
Trenton, ON et Sydney, Nouvelle-Écosse, mineurs à Kirkland Lake, ON , et les travailleurs de
l’automobile de Ford à Windsor ont tous déclenché des grèves illégales pour défendre leurs
conditions de vie.

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En fin de compte, de nombreuses grèves ont été vaincues par la répression des commissions
du travail, l’intervention du gouvernement fédéral, le recours à la police et aux briseurs de grève
et par le sabotage des syndicats. Lorsque les métallurgistes de Sault-Sainte-Marie ont rejeté une
maigre offre du NWLB, les « dirigeants » du syndicat CIO les ont forcé à se retirer et à abandonner
tout espoir de reprendre la grève.

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L’État canadien ne se demandait pas si l’effort de guerre reposait sur la victoire du capital contre
les travailleurs. En 1943, pendant les grèves de l’acier à Sault Ste. Marie, Trenton et Sydney (Canada),
le premier ministre William Lyon Mackenzie King a rencontré les grévistes pour les convaincre
de ne pas faire pression pour un salaire minimum de 55 cents et a écrit dans son journal :

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« J’ai dit [aux sidérurgistes] qu’ils doivent se rendre compte qu’au fond de toute cette
guerre se trouve la question de la sécurité sociale [lire : la paix sociale]. Que toutes les
parties sont solidaires dans le maintien de cet objectif et que nous devrons commencer
par notre propre arrière-cour à Sault Ste. Marie et Sydney.»

 

Le combat de notre classe pendant la Seconde Guerre mondiale
nous donne une leçon pour aujourd’hui :

rejetez la « paix sociale » pour la lutte de classe ininterrompue! La lutte
des classes ne cessera jamais simplement parce que les capitalistes
le veulent ; nous devons nous battre pour l’étendre à tous les échelons et
lui donner un caractère direct et politique. Alors que les tensions
impérialistes ne font que s’intensifier et que le Canada et tous les autres
États capitalistes se préparent au conflit, nous devons, maintenant plus
que jamais, lutter pour l’indépendance de la classe ouvrière et guider notre classe
vers la victoire révolutionnaire sur le système capitaliste.

 

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

Une réflexion sur “LA “BONNE GUERRE” DE 1939-1945 (sic)

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