Banco-centralisme – Quand le « capitaliste » n’est plus un capitaliste mais un mendiant

Source: http://mai68.org/spip2/spip.php?article14914

Cet article est disponible en anglais, en italien et en espagnole ici:
Articles du 17 avril[26990]

Cet essai sur le banco-centralisme part d’un schéma indiqué par Luniterre.

Pour bien comprendre, il faut savoir que « World GDP » désigne une évaluation du PIB mondial. Le PIB désigne la production de richesse. On peut constater qu’aujourd’hui le PIB est d’environ 100 000 milliards de dollars, tandis que la dette mondiale, de 300 000 milliards de dollars, est 3 fois plus élevée.

Certes, la dette indiquée par la courbe est cumulée et le PIB est annuel ; mais, il faut regarder l’accroissement du PIB. C’est pour cet accroissement que le capitaliste s’endette afin d’investir dans l’espoir d’accroitre la richesse qu’il avait déjà.

Or la dette s’accroit bien plus vite que le PIB, c’est-à-dire bien plus vite que la richesse. Le capitalisme a cessé d’être rentable, globalement parlant. Pire, son rendement est désormais négatif. Depuis 1980 environ. C’est pourquoi le banco-centralisme l’a remplacé.

Explications :

Cela signifie qu’aujourd’hui, la société emprunte 3 fois plus d’argent qu’elle produit de richesses.

Cette société prétend être « capitaliste ». Ce sont les « capitalistes » qui empruntent de l’argent pour l’investir dans leurs entreprises en espèrant ainsi en tirer des bénéfices qui augmenteront leur capital de départ.

Mais, le schéma ci-dessus montre que globalement, aujourd’hui, l’ensemble des « capitalistes » doivent investir 300 000 milliards de dollars pour ne recueillir que 100 000 milliards de dollars de bénéfices.

Conclusion : en moyenne un « capitaliste » doit investir 3N pour recueillir N de bénéfice et avoir une dette de 2N. Ce n’est plus du capitalisme !

Je mets ci-dessous une explication pour le cas où elle serait nécessaire :

N désigne un certain nombre d’Euros. 3N désigne trois fois ce nombre et 2N, deux fois.

Les 3N sont empruntés en dernière analyse aux banques centrales.

Le « capitaliste » fait un bénéfice de N grâce aux 3N empruntés (et investis dans le but de faire un bénéfice).

Bien sûr, le « capitaliste » ne peut penser avoir fait un bénéfice de N qu’à la condition d’oublier totalement qu’il a fallu emprunter 3N pour le faire.

Le « capitaliste » ne peut rembourser que N. S’il le fait, il doit donc encore aux banques centrales 3N-N c’est-à-dire 2N.

Résultat : le « capitaliste » a augmenté sa dette globale de 2N. Il aurait mieux fait de rester couché ! Sauf… sauf si la banque ne lui demande pas de rembourser sa dette, auquel cas il a vraiment gagné N.

Remarquons déjà sur le schéma que depuis 1995 l’écart entre le PIB et la dette ne fait que s’accroitre de plus en plus énormément. Ce qui laisse peu d’espoir que la dette soit un jour remboursée.

Les banquiers centraux, à qui les « capitalistes » empruntent et doivent rembourser leurs dettes, sont devenus les grands maîtres du jeu. C’est l’esclavage par la dette. Le « capitaliste » n’est plus un capitaliste ; c’est un mendiant, et il ne le sait pas.

J’ai mis des guillemets seulement au mot « capitaliste ». Mais, il faudrait en mettre presque à tous les mots importants. Je ne l’ai pas fait pour faciliter la lisibilité.

Par exemple, le bénéfice n’est plus un bénéfice puisque la dette est bien plus forte que le bénéfice obtenu grâce à elle. La dette n’est plus une dette puisqu’elle ne sera jamais remboursée, elle sert seulement à rendre esclave.

Bref, le banco-centralisme utilise le vocabulaire du capitalisme pour qu’on ne se rende pas compte qu’on n’est plus du tout en système capitaliste. Cependant, il y a eu une rupture nette, un « saut qualitatif » comme dirait Karl Marx.

Mais, me direz-vous comment font les banques pour pouvoir accepter que les « capitalistes » ne remboursent pas leurs dettes ?

C’est parce qu’en fait, bientôt, l’argent n’aura plus que le sens que les banques centrales voudront lui donner.

En effet, le prix d’une marchandise est égal au temps de travail humain nécessaire à sa production. La plus-value est la différence entre ce prix, et le prix qu’est payé le travail humain par le capitaliste.

Avec les progrès scientifiques et techniques, les travailleurs humains sont de plus en plus remplacés par des machines. Ce qui produit une « baisse tendancielle du taux de profit »

Comme bientôt toutes lignes de production existeront sans aucun travailleur (humain), la plus-value disparaitra complètement. Donc, l’argent devrait disparaître avec elle ainsi que la division de la société en classes.

Seuls les grands-maîtres de la monnaie (les banco-centralistes, ceux à qui appartiennent les banques centrales) peuvent conserver le pouvoir à condition de rendre artificiellement indispensable l’utilisation de l’argent.

À l’époque où Marx invente le concept de « baisse tendancielle du taux de profit », et encore longtemps après, le capitaliste emprunte N à la banque et fait un bénéfice de 2N. Il peut donc rembourser le N qu’il avait emprunté, il lui reste un bénéfice bien réel de N. Il est gagnant. Il n’est pas un mendiant, mais un capitaliste.

Avec la baisse tendancielle du taux de profit, le bénéfice devient de plus en plus petit, mais le capitaliste peut encore rembourser sa dette et garder un peu de fric pour lui.

Marx pensait que quand le bénéfice deviendrait tout à fait nul, le capitalisme s’éteindrait de lui-même et ce serait la révolution. Mais ce n’est pas le cas. Au lieu de ça, le capitalisme a muté en banco-centralisme.

On peut se demander pourquoi.

Je songe à une maladie mentale très grave de nos maîtres. Ils éprouvent le besoin de rester nos maîtres alors qu’il n’y a plus besoin de maîtres, ni du point de vue de l’histoire, ni de leur point de vue à eux personnellement.

Après coup, on peut se dire que l’importance de cette maladie était prévisible, et que pourtant on ne l’avait pas prévu. On avait plutôt prévu la révolution. Je pense qu’elle viendra plus tard, quand tout ce monde aura guéri, ou quand on les aura mis l’asile… s’il n’y a pas la fin de l’humanité avant…

Faut se dépêcher…

Car les robots ne nous pardonneront pas !

Bien à vous,
do
http://mai68.org/spip2

Références :

1. Le banco-centralisme est déjà le stade post-mortem du capitalisme et de l’impérialisme :

http://mai68.org/spip2/spip.php?article14895

2. Banco-centralisme – La dette, de Giscard à Liz Truss :

http://mai68.org/spip2/spip.php?article12712

3. Le banco-centralisme :

http://mai68.org/spip2/spip.php?article9492

4. La grande réinitialisation – Le grand remplacement – Quand les robots extermineront-ils les humains sur Terre ?

http://mai68.org/spip2/spip.php?article7637

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Au fait…

Les esclaves ont-ils une très grave maladie mentale symétrique à celle de leurs maîtres ? Éprouvent-ils le besoin d’avoir des maîtres ? d’avoir des gens au-dessus d’eux ? qui pensent à leur place ? qui prennent les décisions à leur place ? qui prennent les responsabilités à leur place ? qui prennent la culpabilité à leur place comme le Christ sur la croix ? Nietzsche disait que le christianisme est une religion d’esclaves !

6 réflexions sur “Banco-centralisme – Quand le « capitaliste » n’est plus un capitaliste mais un mendiant

    • 20 avril 2023 à 2 h 16 min
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      Très intéressant article avec cependant des lacunes :

      1) les chiffres étudiés sont mondiaux, or il y a, me semble-t-il d’énormes différences selon les deux pôles, celui des nations anciennement industrialisées et désindustrialisés maintenant et celles en cours d’industrialisation, entre les pays ayant de fortes ressources et les autres.
      2) l’auteur ne tient pas compte de l’épuisement des ressources et de leur pénurie pour produire (avec ou sans intrant humain) de sorte que l’idée que la production peut continuer sans maîtres et sans profits dans une société sans classes est très discutable, même à moyen terme, et même sans conflit majeur qui pompe encore plus vite les réserves.
      3) L’opposition finance, capital est complètement obsolète. La finance ne contrôle pas seulement les entreprises par l’argent, elle les dirige en ayant pris la tête des plus grosses entreprises qu’elles ont concentré de telle sorte de tenir tous les marchés. Le concurrence n’est qu’apparente ou résiduelle et tend rapidement à disparaître rapidement.
      Cette mutation n’a cependant rien de nouveau. C’est un phénomène qui est né avec le capitalisme. Il a seulement atteint aujourd’hui un stade de concentration mondiale inégalé.
      Le capitalisme n’est pas à sa première crise de la dette.
      Cette crise fait partie du cycle économique normal du fonctionnement du capitalisme, puisque le profit diminue avec le temps, plus vite que les prix de revient.
      Les seuls sorties sont les innovations technologiques qui peuvent renouveler les marchés et les guerres militaires et économiques qui permettent le plus souvent de les imposer.
      La guerre militaire est une phase majeure du capitalisme, celle qui permet d’écraser la dette, d’écraser les prix de revient par le travaille forcé et le rationnement, écraser la richesse non productive par la destruction, relancer les profits par la production de masse de produits limités et pré-vendus, endetter les vaincus, c’est à dire, en faire des travailleurs et des vendeurs à bas coût, et des consommateurs captifs à profits élevés.
      Je ne vois rien à l’horizon qui détournerait la finance de provoquer une guerre.
      Même l’écrasement total de la dette n’a rien pour la contenter. Elle a beaucoup plus à gagner dans le chaos des guerres et la suspension du droit en temps de paix et les pleins pouvoirs.
      La guerre est la période pour la finance et le capital, la plus profitable et de loin. C’est à cela qu’elle travaille sans cesse avant tout : avancer et provoquer la guerre.

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  • Ping : Le camp du bien occidental (2ème partie) (D. Delawarde) – les 7 du quebec

  • 21 avril 2023 à 9 h 55 min
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    @ Luniterre

    Quelques remarques…

    1) Tu écris ceci: « Résultat : le « capitaliste » a augmenté sa dette globale de 2N. Il aurait mieux fait de rester couché ! Sauf… sauf si la banque ne lui demande pas de rembourser sa dette, auquel cas il a vraiment gagné N. »
    Je suis d’accord avec toi … le Grand capital mondialisé ne remboursera jamais l’immense dette qu’il a contracté via ses États culs de jattes et via ses entreprises corporatives.

    Nous sommes en droit de nous demander pour qui la go-gauche des FI et des altermondialistes et des DÉMONDILISTES et autres gauchistes et droitistes travaillent quand ils réclament des audis afin de justifier le nom remboursement des dettes publiques ??? Mais il est entendu que les riches ne rembourseront jamais les subventions qu’ils recoivent de l’État des riches…pas besoin d’audis pour cela!!!

    2) Je ne serais pas surpris d’apprendre que le Grand capital finance ces organisations de la gauche et de la droite bourgeoise…

    3) Dans l’extrait suivant cher Luniterre tu commets une erreur fondamentale. TU écris ceci: « Comme bientôt toutes lignes de production existeront sans aucun travailleur (humain), la plus-value disparaitra complètement. Donc, l’argent devrait disparaître avec elle ainsi que la division de la société en classes. »
    Moi je pense que ces ROBOTS mécaniques, ces appareils numériques, ces machines outils mécanisés sont le fruit=le produit=la marchandise produite par le travail humain – de la conception – le design – le planing – l’assemblage – la numrisation – la programmation informatique – la fabrication des lignes d’assemblages – l’électrification des procédés – etc. etc. l’alimentation des lignes de montage… etc.

    La valeur de ces robots égale le total du travail humain en amont de leur opération plus la valeur des matières premières et des énergies et de la supervision de leur opération sans compter la valeur du transport des marchandises produites à commercialiser.

    Voilà la source de la valeur (salaire + plus-value) de l’AMORTISSEMENT que ces machines-robotisées transfèreront aux marchandises – produits finis commercialisables.

    La classe prolétarienne est appelée encore à travailler comme esclave salarié technicisé de haute productivité.

    4) Si Karl Marx a prédit que le capitalisme allait s’éteindre de sa belle mort spontanée – automatique avec la faillite de son système monétaire et bancaire et la Dépression de son système de production … alors Karl s’est trompé…

    5) Malheureusement, nous ne ferons pas l’économie d’une RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE internationale… ni probablement pas d’une 3e Guerre mondiale.

    6) LA question est bien de savoir si ayant comme toi constaté les limites absolues du mode de production du Kapital – à travers l’étude de son système financier notamment – de savoir dis-je si notre classe sociale saura s’organiser – prendre l’initiative et la direction de l’INSURRECTION POPULAIRE pour renverser – éradiquer – détruire le monde capitaliste et commencer la construction d’un nouveau mode de production = VOILÀ LA DÉFINITION DE RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE.

    Merci pour ton texte.

    Robert Bibeau

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  • Ping : L’économie mondiale dans l’expectative…d’une crise majeure – les 7 du quebec

  • 28 avril 2023 à 10 h 41 min
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    G.Bad je vous livre une partie du long débat que j’ avais eu avec luniterre, et qui nécessitera que je revienne dessus.

    Dévalorisation permanente de la force de travail à l’échelle globale, pour empêcher la dévalorisation du capital.

    Le Covid est, bien évidemment à l’ échelle mondiale ce « marché » dont ils vont chercher à tirer profit ( cela ne veut pas dire qu’ils (les capitalistes) vont y parvenir tout dépendra des réactions populaires. Je dis populaire car il n’y aura pas que le prolétariat concerné, mais aussi la classe moyenne salariée CMS,les petits entrepreneurs et tout ceux qui seront victime de la « nouvelle économie ». Il y a encore dans les pays de l’OCDE des réserves en épargne que le capital est en mesure de pomper ( son dernier recours).
    Le mouvement des gilets jaunes caractérisé d’ atypique fut de ce type.
    La période actuelle marque l’échec de l’économie du développement. Aussi bien du nationalisme économique des ex-colonies et des pays de l’Est que l’activité des institutions internationales d’aide au développement. Elles ont été incapables de développer des pôles nouveaux d’accumulation qui puissent servir de marché pour le capital.

    Les eldorados capitalistes successifs qu’ont été le Mexique, le Brésil, certains pays d’Afrique se sont rapidement effondrés sous le poids de leur endettement et de termes de l’échange systématiquement défavorables.
    Gerard Bad:L’ endettement international et l’échappatoire de la planche à billet.

    La région de l’Asie du Sud-Est mériterait de ce point de vue une étude particulière, pour déterminer dans quelle mesure l’accumulation du capital y est plus équilibrée,d’une part, et d’autre part pour savoir dans quelle mesure ce développement – tant qu’il dure – ne résulte pas simplement d’un processus de délocalisation à partir d’autres zones, le cas du Vietnam et de l’ Ethiopie.

    Tels sont donc les éléments qui illustrent et résument le caractère déséquilibré de l’accumulation du capital dans la période actuelle. Il y a déséquilibre, non seulement au sens social ,mais aussi au sens où la production effective de plus-value est insuffisante pour justifier les anticipations que le système du crédit fait sur cette production: la dette s’accumule de façon inexorable, et rien ne permet de penser que les créanciers recouvreront un jour la totalité de la valeur qu’ils ont avancée. Autrement dit par Loren :

    « Il s’agit maintenant de montrer comment et pourquoi la transformation keynésienne de l’état capitaliste entre 1933 et 1945, était l’expression nécessaire de la domination formelle/ plus value absolue et la domination réelle/plus value relative. L’ Etat Schachto-Keynésien1 de 1933-45, et l’état keynésien mur d’après 1945, apparaît au moment ou la composition organique du capital, globalement, est suffisamment élevée pour que toute innovation technologique visant la plus value relative tend à dévaloriser-transférer en fictivité- davantage de capital fixe qu’elle n’en produit de plus value apte à être transformée en profit, intérêt et rente foncière. » Cet Etat a pour fonction d’organiser la dévalorisation permanente de la force de travail à l’échelle globale, pour empêcher la dévalorisation du capital. (Remarque sur la transformation de l’Etat capitaliste dans la phase de la plus-value relative Loren Goldner )

    Actuellement le Capital fictif cherche une porte de sortie, en considérant la dette comme perpétuelle « non remboursable » en théorie. Mais il va chercher à recouvrer cette dette au maximum, peu importe de quelle façon, C’ est l’objectif de la nouvelle économie du capitalisme vert, du big pharma et du contrôle planétaire par la 5G.

    Comme tu l’ affirmes, cette issue est complètement bouchée, mais le capital va tout tenter pour éponger sa création monétaire à perpétuité, c’est ici que nos divergences se font jour, toi tu penses qu’ils ne peuvent plus pomper les populations « nos maigres revenus ».

    « Tu cherches désespérément les moyens par lesquels la bourgeoisie forcerait le prolétariat à « rembourser la dette »…Tu en cites quelques uns, bien réels, mais sans vouloir voir la démesure entre ce qu’ils pourront « rapporter » et le gouffre actuel de la dette, qui ne cesse pas, pour autant, de se creuser ! »(…) « C’est carrément vouloir vider la mer avec une petite cuillère, ou même avec une louche, en ce qui concerne nos maigres revenus prolétariens, mais quand, d’un autre côté, ce sont des torrents de dettes qui s’y déversent. »
    Avant de parvenir à la situation que tu décris « ‘impossibilité de rembourser les dettes » en fait « la crise finale du capitalisme » qui d’ailleurs est déjà en phase de décomposition par manque de plus-value. Les contretendances étant devenues inopérantes, pour éponger une mer à écoper à la petite cuillère comme tu le dis. Cette mer , l’ endettement mondial est actuellement de 250 000 Milliards de dollars (selon les données préliminaires de l’Institute of International Finance (IIF) pour 2019 ). Ce chiffre bien qu’impressionnant nécessiterait une analyse dans le détail puisque un pays endetté comme la Chine détient de la dette américaine, que la dette chinoise permet son expansion économique ( route de la soie )…
    L’océan des 250 000 Milliards nécessite de le disséquer, car tu conviendras qu’il y a plusieurs sorte de dettes.
    http://www.chine-info.com/french/Rs/Ec/20190716/326113.html
    Si l’arc historique est juste, tu te trompes en pensant qu’il n’y a plus rien à pomper, ils peuvent encore paupériser les classes moyennes,les retraités, les petits capitalistes (la pléthore) …et l’ épargne mondiale.
    Il va y avoir une montée en puissance des luttes sociales des populations justement de plus en plus paupérisées, précarisées et surnuméraires qui vont devoir s’ affronter aux états et s’y affrontent déjà, tel est l’ essor spontanée et historique des mouvements de masse qui viennent se briser régulièrement sur les falaises du capital , le menaçant de destruction, d’ anarchie. La tâche de l’ heure n’ est pas revendiquer un contrôle du crédit, qui d’ ailleurs ne peu se faire que dans un contexte où la révolution sociale se sera débarrassé des appareils d’ état à l’ échelle mondiale.
    Ta découverte du Banco- centralisme, c’ est à dire du déficit croissant de « plus value réelle » était déjà inscrit dans l’ avènement de la machinerie, c’ est à dire selon Marx des la crise de 1825, mais il y avait encore loin de la coupe aux lèvres et Marx et Engels feront leur autocritique « L’histoire nous a donné tord à nous et à tous ceux qui pensaient de façon analogue. Elle a montré clairement que l’ état de développement économique sur le continent était alors bien loin d’être mûr pour la suppression de la production capitaliste ; elle l’a prouvé par la révolution économique qui depuis 1848 a gagné tout le continent et qui a véritablement donné droit de cité qu’ à ce moment à la grande industrie … » (Introduction de F Engels a « luttes de classes en France ». Comme quoi « anatomie de l’ homme explique l’ anatomie du singe » s’applique aussi à l’ évolution des forces productives.
    C’est seulement après la seconde guerre mondiale que le coup de boutoir décisif de la domination réelle du capital va se faire. Il aura sa consécration par l’ abandon de l’ étalon change or qui donna aux USA l’ autorisation d’imprimer de la monnaie universelle à gogo. Ce n’ est d’ailleurs pas un hasard, si régulièrement il est question de remise en cause du dollar pour un panier de monnaie. Le système du QE et de la dette à perpétuité n’ est que la poursuite de cette course folle pour le maintien du capitalisme. La victoire de la domination réelle du capital et en même temps sa perte, il est vraiment la fin de l’histoire de son histoire.
    K.Marx, considérait que c’ est après la crise de 18251 que s’ ouvre le cycle périodique de la vie moderne du capital, c’est à dire de la soumission réelle du travail au capital. Ce passage d’ une forme d’ exploitation basée sur le force de travail créatrice de plus value absolue par le truchement du surtravail existe toujours dans le monde, c’est celle de l’ augmentation du taux de profit par l’ allongement du temps de travail. Ce qui change c’ est sa place au sein du procès de production.

    « Dés lors, le procès de production cesse d’ être un procès de travail, au sens où le travail en constituerait l’ unité dominante. Aux nombreux points points du système mécanique, le travail n’ apparaît plus comme être conscient, sous forme de quelques travailleurs vivants. Éparpillés, soumis au processus d’ ensemble de la machinerie, ils ne forment qu’un élément du système, dont l’ unité ne réside pas dans le travailleurs vivants, mais dans la machinerie vivante (active) qui par rapport à l’ activité isolée et insignifiante du travail vivant, apparaît comme un organisme gigantesque. » (K Marx Grundrisse 3chap. Du Capital ed. 10/18 ,p.328
    Cette perte de centralité du prolétariat2 au sein du MPC est la conséquence de la baisse tendancielle du taux de profit, nous pouvons donc considérer que « la baisse tendancielle du taux de profit «  compensée par sa masse » est une identité des contraires ,le pôle positif étant la plus value absolue et le négatif la plus value relative les deux termes entrent en conflit devant provoquer un saut qualitatif issu de ce conflit, c’ est à dire une révolution sociale car il faudra bien un jour exproprier les expropriateurs.
    Il ne faut pas voir dans cette perte de centralité du prolétariat au sein du MPC un affaiblissement de celui-ci, mais un affaiblissement des gestionnaires de la force de travail « les syndicats » et sur le plan politique celui de la « démocratie politique » poussée de l’ abstention, rejet du parlementarisme, des partis. Les prolétaires du monde occidental pensent que leur travail se délocalise de plus en plus et que de jour en jour ils perdent leurs acquis au profit de classes bourgeoises montantes dans les pays émergents.
    En réalité il y a une nouvelle restructuration du capitalisme mondial dite « mondialisation » où les forces productives d’ occident se déplacent vers la haute technologie, même sur le plan militaire laissant derrière elle une population surnuméraire facteur de révolution sociale. En effet sous la domination réelle du capital « Le temps est tout, l’homme n’est plus rien; il est tout au plus la carcasse du temps. Il n’y est plus question de la qualité. La quantité seule décide de tout : heure pour heure, journée pour journée; mais cette égalisation du travail n’est point l’œuvre de l’éternelle justice de M. Proudhon; elle est tout bonnement le fait de l’industrie moderne. » K.Marx, Misère de la philosophie ed. Sociale, p.64)
    Quand Marx a écrit cela, il était considérablement en avance sur son temps. Il faudra attendre la crise de 1929 pour que se manifeste dangereusement, cette mise hors circuit de millions de travailleurs. La crise qui secoua le monde capitaliste dans ses centres historiques ; suivi par un chômage de masse confirmait la théorie selon laquelle il y a accumulation de la richesse à un pôle et la pauvreté à l’ autre. Durant cette crise, comme en témoignera Paul Mattick le mouvement révolutionnaire resurgissait ( voir les IWW aux USA) et avec lui l’idée que le capitalisme n’ en avait plus pour longtemps, son effondrement était proche. Le chômage n’ était plus seulement structurel mais chronique. Ceci inquiéta non seulement Keynes, mais aussi Eugène Varga3 économiste de l’ Internationale communiste.
    la période Keynésienne donna l’ impression avec les trente glorieuses que le capitalisme était en mesure de satisfaire au plein emploi et la consommation de masse. La crise de 1929 avait pourtant secouer le monde capitaliste dans ses centres historiques et la reprise ne se fit pas rapidement « le problème du chômage ne fut pas résolu avant que l’approche de la Deuxième Guerre mondiale eût contraint les gouvernements à réaliser ce qu’ils n’ avaient pas voulu ou pu entreprendre pendant la dépression. » (Mattick, Marx et Keynes, ed. Gallimard, p.148)
    Mattick dans son livre Mars et Keynes dans un contexte d’expansion du capitalisme monopoliste d’ état avait prévu que le Keynésianisme aurait une fin.4 .Nous pouvons sans trop nous tromper dire qu’ effectivement la vague monétariste anti-inflation visait la restauration des taux de profits, par un réajustement des coûts des états providence de l’ OCDE. Malgré une offensive économique sans pareil contre le monde du travail , le capital ne fut pas en mesure d’ empêcher la crise de 2007/2008 qui perdure encore actuellement.
    Un rapport publié par l’ OIT constatait avec une certaine inquiétude le déclin des classes moyennes en occident .Le rapport cite l’exemple de l’Espagne où les ménages à revenus intermédiaires ne représentent plus que 46% de la population active fin 2010, contre encore 50% en 2007. Aux Etats-Unis, la part des ménages aux revenus moyens est tombée de 61% à 51% entre 1970 et 2010. Or, l’affaiblissement des classes moyennes dans les économies développées est un sujet de préoccupation « pour des raisons économiques », souligne l’OIT, car « les décisions d’investissement à long terme par les entreprises dépendent aussi de la présence d’une vaste et stable classe moyenne qui soit en mesure de consommer », analyse Raymond Torres, chercheur à l’Organisation. Il convient donc de soutenir cette classe de revenus, afin de créer un cercle vertueux de croissance. Les chiffres ci dessus datent, mais la tendance se poursuit.
    Pour conclure provisoirement notre débat, il faut dénoncer régulièrement toutes les tentatives ( souvent par la fiscalité et taxation…) des états à éponger leur dette. Voir la constitution réelle de ces dettes afin de vérifier ce que nous avançons « le manque de plus-value » et la fuite du capital dans la fictivté.

    G.Bad le18 octobre 2020

    Emmanuel Todd: « L’ennemi de classe, c’est l’aristocratie stato-financière »
    3-Figure importante de l’Internationale communiste, il a été le collaborateur de toutes les Directions qui se sont succédé à la tête du Parti communiste de l’Union soviétique et de l’Internationale – de Lénine jusqu’à Khrouchtchev. Souvent attaqué pour opportunisme « de droite », plusieurs fois disgracié, il est toujours revenu dans le cercle dirigeant, mettant son expertise au service de la Direction en place.
    4-Voir son livre Marx et keynes ed. Gallimard

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