Le nouvel hégémon chinois se pose en médiateur dans la guerre d’Ukraine (dossier)
Titre original sur Le Saker francophone.
Cet article est disponible en anglais, en italien et en espagnole ici :
Articles du 30 avril[27513]
Pourparlers de paix en Ukraine. Un adulte prend les choses en main.
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Vous pouvez parier que l’ancien hégémon américain, sur son déclin, fera tout pour enrayer la balade de son proxy ukrainien sur les chemins de traverse de la Chine conquérante. Incidemment, certains prétendent que Biden s’apprête à « laisser tomber » le fantoche ukrainien…voir l’article en deuxième partie de ce dossier. En troisième partie nous vous proposons une interprétation de la conversation téléphonique entre Xi Jin Ping et Zelensky. Le prolétariat international n’a aucun intérêt à défendre dans cette guerre inter-impérialiste mais il a intérêt à comprendre comment les blocs impérialistes jouent leur jeu alambiqué…car le monde change sous notre regard ébaubis.
Par Moon of Alabama – Le 27 avril 2023
Les États-Unis ne sont pas prêts à abandonner la guerre par procuration qui les oppose à la Russie en Ukraine. La Russie ne peut pas arrêter la guerre sans garantir son intérêt légitime à maintenir l’OTAN et/ou les États-Unis hors de l’État voisin. Perdre cette guerre créerait un danger existentiel pour la Russie.
Les deux grandes puissances étant engagées dans une guerre, une tierce partie était nécessaire pour résoudre le conflit.
Au printemps de l’année dernière, la Turquie et Israël avaient réussi à trouver un accord de paix. Une bonne solution avait été proposée et tant la Russie que l’Ukraine l’avaient acceptée. Mais les États-Unis voulaient que cette guerre continue. Ils ont envoyé le premier ministre britannique Boris Johnson à Kiev pour saboter l’accord. Le président ukrainien a été informé que son pays perdrait tout soutien « occidental » s’il signait un accord avec la Russie.
Les puissances moyennes, plutôt neutres, n’étant pas en mesure de faire accepter un accord, il est devenu évident qu’une tierce partie ayant plus de poids était nécessaire pour en obtenir un.
Il fallait également que le moment soit bien choisi. Le 24 février, un an exactement après le début de la guerre, la Chine a annoncé sa position sur le règlement politique de la crise ukrainienne. Il ne s’agissait pas d’un plan de paix, mais d’une présentation des éléments qui devront être compris et réalisés pour parvenir à une solution durable de la crise.
Quelques mois plus tard, la Chine a franchi l’étape suivante qui sera nécessaire au processus. Elle a présenté un diplomate de haut rang qui mènera les pourparlers préliminaires en Ukraine et en Russie afin de trouver des solutions potentielles. L’annonce a été faite après un appel téléphonique entre les présidents Xi et Zelensky :
Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy a déclaré avoir eu une « longue et significative conversation téléphonique » avec le président chinois Xi Jinping mercredi, un premier contact prévu de longue date entre les dirigeants depuis l’invasion de la Russie il y a 14 mois.
Xi a appelé à l’ouverture de négociations entre Moscou et Kiev, selon un compte rendu de l’appel du gouvernement chinois, que Zelenskyy a demandé, selon Pékin.
Xi s’est engagé à envoyer un « représentant spécial » en Ukraine pour discuter d’un « règlement politique« , tout en avertissant qu’ »il n’y a pas de vainqueur dans une guerre nucléaire« .
La Chine espère devenir un médiateur de paix neutre dans le conflit, bien que les États-Unis et d’autres pays aient mis en doute son impartialité étant donné le partenariat « sans limites » dans lequel elle a apporté à Moscou un soutien rhétorique et financier.
Je n’ai pas connaissance d’un quelconque « soutien financier » de la Chine à la Russie, comme le prétend NBC News. Même les services de renseignement américains affirment que la Russie n’a pas besoin de plus d’argent pour poursuivre sa guerre :
Les services de renseignement américains estiment que la Russie sera en mesure de financer la guerre en Ukraine pendant encore au moins un an, même sous le poids croissant de sanctions sans précédent, selon des documents militaires américains qui ont fait l’objet d’une fuite.
Le communiqué de la Chine lors de l’appel fait allusion à la proposition précédente et propose de la développer :
Alors que la pensée rationnelle et les voix s’élèvent, il est important de saisir l’occasion et de créer des conditions favorables au règlement politique de la crise. Nous espérons que toutes les parties réfléchiront sérieusement à la crise ukrainienne et exploreront ensemble les moyens d’apporter une paix et une sécurité durables à l’Europe par le dialogue. La Chine continuera à faciliter les pourparlers de paix et à déployer des efforts pour un cessez-le-feu rapide et le rétablissement de la paix. La Chine enverra le représentant spécial du gouvernement chinois pour les affaires eurasiennes en Ukraine et dans d’autres pays afin d’avoir une communication approfondie avec toutes les parties sur le règlement politique de la crise ukrainienne. La Chine a envoyé plusieurs lots d’aide humanitaire à l’Ukraine et continuera à apporter son aide au mieux de ses capacités.
Le représentant spécial chinois pour les affaires eurasiennes est Lu Hui, un diplomate de haut rang. Il a occupé plusieurs postes dans les ambassades de Chine à Moscou et à Astana, ainsi qu’au sein du ministère chinois des affaires étrangères :
En 2008-2009, Liu Hui a été vice-ministre des affaires étrangères de la RPC.
D’août 2009 à août 2019, il a été ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République populaire de Chine auprès de la Fédération de Russie.
Le compte rendu de l’appel par l’Ukraine ne mentionne pas l’envoyé. La réaction des États-Unis à l’annonce de l’envoi d’un émissaire vise à mettre en doute les efforts de la Chine :
John Kirby, coordinateur du Conseil de sécurité nationale pour les communications stratégiques, a déclaré que les États-Unis accueillaient cet appel comme une « bonne chose« .
« Nous disons depuis un certain temps que nous pensons qu’il est important que le président Xi et les responsables de la RPC bénéficient du point de vue ukrainien sur cette invasion illégale et non provoquée de la Russie« , a déclaré Kirby aux journalistes, en se référant à la Chine par les initiales de son nom officiel, la République populaire de Chine.
Auparavant, Kirby avait déclaré à NBC News : « Nous laisserons ces deux dirigeants parler des détails de leur conversation« .
Un haut fonctionnaire de l’administration, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, a déclaré qu’il était « bien trop tôt, après avoir été informé de cette conversation, pour spéculer » sur la question de savoir si l’appel devait favoriser l’optimisme quant au plan de paix de la Chine.
« Jusqu’à présent, la Chine ne s’est pas montrée impartiale lorsqu’il s’agissait de soutenir la Russie« , a déclaré le fonctionnaire.
Je ne doute pas que Li Hui fera de son mieux pour faire avancer les négociations avec l’Ukraine et la Russie. Sa tâche la plus difficile est de rallier les États-Unis à toute solution potentielle.
Mais comme les doutes sur la capacité de Kiev à lancer avec succès la contre-offensive annoncée s’expriment chaque jour davantage, l’humeur de Washington pourrait bien être en train de changer.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Biden se prépare à laisser tomber l’Ukraine
Par Moon of Alabama – Le 25 avril 2023
La « contre-offensive » ukrainienne, qui fait couler tant d’encre, est vouée à échouer dans son objectif de couper la ligne de ravitaillement de la Russie vers la Crimée et de libérer les «territoires occupés« . L’administration Biden l’a enfin reconnu et s’emploie à réduire les attentes et blâmer préventivement tout le monde sauf elle-même.
Politico a été le premier à en être informé :
L’équipe de Biden craint les conséquences d’une contre-offensive ukrainienne ratée
Derrière les portes closes, l’administration s’inquiète de ce que l’Ukraine peut accomplir.
Le New York Times s’est joint à lui :
L’offensive de printemps de l’Ukraine comporte d’immenses enjeux pour l’avenir de la guerre
Sans une victoire décisive, le soutien de l’Occident à l’Ukraine pourrait s’affaiblir, et Kiev pourrait être soumis à une pression croissante pour entamer des pourparlers de paix sérieux afin de mettre fin au conflit ou de le geler.
Extrait de l’article de Politico :
Publiquement, l’équipe du président Joe Biden a offert un soutien inébranlable à l’Ukraine, s’engageant à lui fournir des armes et une aide économique « aussi longtemps qu’il le faudra« . Mais si la saison des combats qui s’annonce n’apporte que des gains limités, les responsables de l’administration ont exprimé en privé leur crainte d’être confrontés à un monstre bicéphale qui les attaquerait des deux côtés du spectre, hawkish et dovish.
D’un côté, on dira que les avancées de l’Ukraine auraient fonctionné si l’administration avait donné à Kiev tout ce qu’elle demandait, à savoir des missiles à plus longue portée, des avions de chasse et davantage de défenses aériennes. L’autre camp, craignent les fonctionnaires de l’administration, affirmera que les lacunes de l’Ukraine prouvent qu’elle n’est pas en mesure de forcer la Russie à quitter complètement son territoire.
Cela ne tient même pas compte de la réaction des alliés de l’Amérique, principalement en Europe, qui pourraient considérer une négociation de paix entre l’Ukraine et la Russie comme une option plus attrayante si Kiev ne peut pas prouver que la victoire est à portée de main.
Le Times est moins dramatique :
Alors que les responsables ukrainiens ont déclaré que leur objectif était de percer les défenses retranchées russes et de provoquer un effondrement généralisé de l’armée russe, les responsables américains ont estimé qu’il était peu probable que l’offensive se traduise par un changement radical de dynamique en faveur de l’Ukraine.
L’armée ukrainienne est confrontée à de nombreux défis, ce qui explique pourquoi une impasse reste l’issue la plus probable. Les combats à Bakhmut, dans l’est de l’Ukraine, cet hiver, ont épuisé les réserves de munitions et entraîné de lourdes pertes dans certaines unités expérimentées.
Retour à Politico, qui dresse un tableau plus large de la situation. Si l’Ukraine s’avère incapable de faire ce que le Pentagone avait prévu pour elle, elle sera poussée vers un «cessez-le-feu» qui, espère-t-on, deviendra une solution permanente. L’administration Biden laissera alors la question de l’Ukraine derrière elle et se concentrera sur sa prochaine grande cible : la Chine :
Biden et ses principaux collaborateurs ont publiquement insisté sur le fait que M. Zelenskyy ne devrait entamer des pourparlers de paix que lorsqu’il serait prêt. Mais Washington a également fait part à Kiev de certaines réalités politiques : à un moment donné, en particulier avec les Républicains qui contrôlent la Chambre des représentants, le rythme de l’aide américaine ralentira probablement. Les fonctionnaires de Washington, sans faire pression sur Kiev, ont commencé à se préparer à ce que pourraient être ces conversations et comprennent que Zelenskyy pourrait avoir du mal à se faire accepter sur le plan politique dans son pays.
« Si l’Ukraine ne parvient pas à obtenir des résultats spectaculaires sur le champ de bataille, la question se posera inévitablement de savoir s’il est temps de négocier un arrêt des combats« , a déclaré Richard Haass, président du Council on Foreign Relations. « C’est coûteux, nous manquons de munitions et nous devons nous préparer à d’autres éventualités dans le monde. »
« Il est légitime de poser toutes ces questions sans compromettre les objectifs de l’Ukraine. C’est simplement une question de moyens« , a déclaré M. Haass.
Ni l’Ukraine ni les pays de l’OTAN qui la soutiennent n’ont les moyens de prolonger la guerre. L’article original de Politico, archivé, se lit comme suit :
Les combats ont également fait des ravages chez les Ukrainiens. Quatorze mois après le début du conflit, les Ukrainiens ont subi des pertes considérables – environ 100 000 morts – et nombre de leurs meilleurs soldats ont été mis sur la touche ou sont épuisés. Les troupes ont également consommé des quantités historiques de munitions et d’armes, même la production prodigieuse de l’Occident n’étant pas en mesure de répondre aux demandes urgentes de Zelenskyy.
La version corrigée ultérieurement a remplacé « dead » par « casualties ». Alors que la première version était presque correcte mais trop faible, la nouvelle version est très éloignée de la réalité. Le nombre total de victimes est un multiple de 100 000.
Pourtant, l’équipe Biden sait que la fin approche :
Les fonctionnaires américains ont également informé l’Ukraine des dangers d’une extension excessive de ses ambitions et d’un éparpillement de ses troupes – le même avertissement que Biden a donné au président afghan de l’époque, Ashraf Ghani, lorsque les talibans se sont mis à balayer le pays juste avant le retrait militaire américain en 2021.
Comme Ashraf Ghani, Zelensky a gagné suffisamment d’argent grâce à la guerre et on s’attend à ce qu’il s’en aille silencieusement. Mais pour l’instant, il semble peu probable qu’il soit prêt à le faire.
L’alternative à l’abandon est que les États-Unis intensifient à nouveau leur action en envoyant des troupes sur le terrain. Mais Biden veut gagner sa réélection et toute nouvelle escalade de la guerre en Ukraine l’en empêcherait probablement.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
La Chine passe à la vitesse supérieure pour la médiation en Ukraine
Par M.K. Bhadrakumar – Le 27 avril 2023 – Source Indian Punchline
Malgré tout le tintouin que fait Washington, de plus en plus de pays intègrent leurs chaînes d’approvisionnement avec la Chine. Même le ministre britannique des affaires étrangères fait des ouvertures à la Chine, tandis que Zelensky a eu un appel téléphonique « long et significatif » avec Xi Jinping mercredi. La position de Washington, sanctions et tout le reste, est en train de se désintégrer.
Il est trop tôt pour prédire ce qui ressortira du discours prononcé mardi à Mansion House par le ministre britannique des affaires étrangères, James Cleverly, pour exposer la position du gouvernement à l’égard de la Chine. Le Global Times a réservé un accueil prudent à ce discours.
Il est clair que la Grande-Bretagne ressent l’urgence de sortir du trou dans lequel elle s’est retrouvée après l’échec de la tentative des « Five Eyes » d’enflammer les manifestations de Hong Kong. La Grande-Bretagne ne peut pas être loin derrière, alors que les intérêts généraux des pays européens, qui entretiennent des liens économiques profonds et mutuellement bénéfiques avec la deuxième économie mondiale, se manifestent par une réticence à être entraînés à devenir l’avant-garde de la lutte contre la Chine. (Voir mon article intitulé « Qui a intérêt à ce que la guerre en Ukraine s’éternise ? »)
Cela dit, le moment est intéressant. Le discours de Cleverly a été prononcé à la veille de la conversation téléphonique entre le président chinois Xi Jinping et le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy (à la demande de ce dernier). Depuis sa position unique sur l’axe transatlantique, la Grande-Bretagne peut percevoir les secousses qui ont un impact sur la géopolitique de l’Indo-Pacifique et le conflit ukrainien, qui sont, d’une certaine manière, interconnectées. La Grande-Bretagne se positionne.
Le contenu des conversations au niveau des hauts dirigeants n’est jamais divulgué publiquement et la masse écrasante reste submergée, comme des icebergs qui se détachent des glaciers. Mais le compte-rendu chinois de la conversation entre Xi et Zelensky, mardi, est positif.
Xi a salué les relations sino-ukrainiennes comme un « partenariat stratégique qui stimule le développement et la revitalisation des deux pays » et a fait une référence flatteuse au rôle personnel de Zelensky. Xi a également affirmé la position constante de la Chine selon laquelle « le respect mutuel de la souveraineté et de l’intégrité territoriale est le fondement politique des relations sino-ukrainiennes« . Xi s’est montré prêt à faire progresser le partenariat stratégique entre les deux pays dans une perspective à long terme.
Sur la question de l’Ukraine, Xi a soulevé trois points essentiels : La « position fondamentale de la Chine est de faciliter les pourparlers pour la paix« , comme indiqué dans son document de position du 24 février ; Pékin a l’intention d’être proactif ; et le dialogue et la négociation sont la seule façon d’aller de l’avant.
L’intérêt réside dans la référence de Xi à la « pensée rationnelle et aux voix qui s’élèvent » ces derniers temps et dans le fait que Kiev devrait « saisir l’occasion et créer des conditions favorables à un règlement politique« .
Xi a gardé les yeux rivés sur le ballon et a peut-être laissé entendre que Zelensky pouvait encore l’emporter d’une courte tête si l’idée risquée et insensée d’une «contre-offensive« , dont les germes ont été plantés dans son esprit par Washington et Londres, était mise de côté.
Sentant peut-être la réceptivité de Zelensky, Xi a proposé que la Chine « fasse des efforts pour un cessez-le-feu rapide et la restauration de la paix« . Plus précisément, « la Chine enverra le représentant spécial du gouvernement chinois pour les affaires eurasiennes en Ukraine et dans d’autres pays afin d’avoir une communication approfondie avec toutes les parties sur le règlement politique de la crise ukrainienne« .
Mais aucun calendrier n’a été mentionné. Néanmoins, Xi a pris les devants. Quel pourrait être le calcul ? À l’évidence, Xi vient d’avoir une série d’interactions avec des dirigeants européens en visite à Pékin, ce qui l’a convaincu que « la crise ukrainienne évolue de manière complexe et a des répercussions majeures sur le paysage international« , comme il l’a déclaré à Zelensky.
Entre-temps, la fuite de documents du Pentagone a révélé que la désunion, la méfiance et les divergences entre les États-Unis, l’Europe et l’Ukraine sont sérieuses et ne cessent de s’aggraver. Par ailleurs, Washington n’est pas seulement le principal obstacle à un cessez-le-feu et à des pourparlers de paix, mais il incite les alliés occidentaux à se rallier à sa stratégie indo-pacifique pour contenir la Chine.
C’est là que l’extraordinaire emportement du président français Emmanuel Macron dans son interview à Politico, à bord de Cotam Unité (l’avion français Air Force One), alors qu’il rentrait de Chine après avoir passé environ six heures avec Xi, devient un moment décisif.
Il est certain que l’appel vibrant de Macron à l’Europe pour qu’elle évite de «s’enfermer dans une logique de bloc contre bloc» a trouvé un écho à Zhongnanhai – à savoir l’aspiration de l’Europe à l’autonomie stratégique, les doutes persistants de l’Europe et sa lassitude d’être un « vassal« , les multiples défis de l’Europe en matière de gouvernance sociale et sa priorité au développement et à la prospérité, qui ne lui laissent finalement d’autre choix que d’embrasser l’Eurasie avec une plus grande connectivité, de développer des relations économiques et commerciales bilatérales avec la Chine et de reconstruire les liens avec la Russie. Une avalanche de commentaires chinois a suivi les remarques de Macron. (ici, ici, ici, ici, ici )
La fuite récente de documents classifiés des États-Unis et de l’OTAN sur l’armée ukrainienne et la « contre-offensive de printemps » tant attendue par Kiev (sur laquelle le ministère américain de la justice a depuis ouvert une enquête) aurait toutefois constitué un élément décisif.
Ces documents ont mis en évidence les nombreux désavantages et lacunes de l’armée ukrainienne et ont confirmé l’évaluation top secrète de Washington selon laquelle l’armée ukrainienne est en grande difficulté après les récents revers subis. En effet, un climat d’incertitude et de perte d’estime de soi s’est installé à Kiev, qui doute de plus en plus de la constance et de la fiabilité du soutien occidental.
Ces complexes ont été aggravés par la fuite d’informations selon lesquelles les États-Unis « espionnent également les principaux dirigeants militaires et politiques de l’Ukraine, ce qui témoigne de la difficulté pour Washington d’avoir une vision claire des stratégies de combat de l’Ukraine« . (New York Times) Un peu comme Edward Snowden – c’est ainsi que les États-Unis maintiennent leur hégémonie !
Néanmoins, un éditorial du Global Times remarque : « Au fil du temps, la communauté internationale s’est engagée dans une réflexion plus froide sur ce conflit brûlant. En particulier, la volonté de négocier entre toutes les parties s’accroît, et des voix plus rationnelles émergent dans divers pays européens. D’une certaine manière, la possibilité de promouvoir une solution politique à la crise ukrainienne est apparue. »
Xi a rapidement donné suite à sa conversation avec Zelensky en nommant Li Hui, directeur général adjoint du département de l’Eurasie du ministère des affaires étrangères, à la tête de la délégation chinoise pour le règlement de la crise en Ukraine. Il s’agit d’une décision intelligente.
Li Hui, l’un des meilleurs spécialistes chinois de l’Eurasie, a déjà été envoyé au Kremlin pendant une période extraordinairement longue de dix ans (2009-2019). Il connaît très bien la situation ukrainienne et russe, comprend la psychologie des peuples slaves et, bien sûr, parle russe.
La nomination d’un représentant spécial est une tentative sérieuse d’activer les fonctions de médiation pour construire des ponts. Mais il y a de formidables défis à relever. La Russie accueille favorablement tout ce qui pourrait rapprocher la fin du conflit ukrainien, mais elle doit aussi atteindre les objectifs de son opération militaire spéciale en Ukraine.
Par ailleurs, la Russie ne voit pas l’Occident se préparer à un règlement pacifique. Il y a des raisons valables à cela, car Washington compte entièrement sur une solution militaire et une victoire totale.
Des négociations sous l’égide de la Chine porteraient un coup terrible à la stratégie américaine en Ukraine et, si elles gagnent du terrain, elles mettraient les États-Unis en porte-à-faux dans la région indo-pacifique également. À court terme, donc, la pression ne peut que s’accroître sur Zelensky pour qu’il lance sa « contre-offensive« .
M.K. Bhadrakumar
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Versão em Língua Portuguesa:
https://queonossosilencionaomateinocentes.blogspot.com/2023/04/a-nova-hegemonia-chinesa-coloca-se-como.html
@ TOUS
Il faut le dire et le redire plusieurs fois. Dans la guerre économique, politique, idéologique, sociale, diplomatique et militaire qui confronte les deux grands blocs impérialistes (USA-OTAN-Union européenne) vis-a-vis (Chine-Russie-Iran et quelques autres) le prolétariat ne prend pas partie ni pour un impérialisme ni pour l’autre alliance.
Cependant, nous devons nous tenir bien informé des malversations et des manigances, des complots que chaque Bloc agressif mène contre son concurrent de manière à voir venir…
Nous prolétaires sommes contre les guerres de rapines, les guerres d’annexion, les guerres de conquête et en faveur des guerrres réellement révolutionnaires ou une classe sociale opprimée – exploitée- aliénée appel à son éamncipation.
Merci de nous fournir votre interprétation de ces textes (ci-haut)… le débat-échange est ouvert.
Robert Bibeau
L’hégémonisme c’est fini, mais ça, il faut savoir le comprendre. Les Chinois l’ont compris. Mais les Occidentaux matérialistes, seront les derniers.