Pourquoi les travailleurs et les travailleuses de la BAnQ sont-ils en grève à Montréal?

Par Comité « Pas de guerre sauf la guerre de classe » de Montréal

Cet article est disponible en anglais, en italien et en espagnole ici:
Articles du 15 mai 2023[28304]

Pourquoi les travailleurs et les travailleuses de la BAnQ sont en grève ?

 Les travailleurs et les travailleuses de la BAnQ sont en grève parce que, même avant la période inflationniste actuelle, leurs salaires ont été comprimés, sans aucune augmentation depuis 2018. Avec l’inflation généralisée, les prolétaires ont vu leur salaire réel diminuer en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires et de la spéculation immobilière qui fait grimper en flèche les prix des loyers.

Car, bien que beaucoup d’entre eux et elles soient diplômé-es, leurs salaires stagnent. Cela révèle la précarité générale de la classe ouvrière. Dans le contexte d’une rentabilité en baisse, le capital cherche à faire baisser la condition générale de notre classe et ne considère aucun niveau d’éducation comme sacré : tous les travailleurs et travailleuses doivent faire des sacrifices.

Pourquoi les prolétaires de la BAnQ sont en grève ? Parce que, dans le monde entier, une offensive totale est menée contre notre classe, qu’il s’agisse de l’augmentation de l’âge de la retraite en France, des cheminot-es surmené-es aux États-Unis, des prolétaires turc-ques incapables de se procurer les produits de première nécessité ou des travailleurs et travailleuses de l’éducation de l’Ontario dont la grève a été déclarée illégale. Il n’y a pas d’alternative pour un système capitaliste en crise profonde.

La réponse à la question « Pourquoi les travailleurs et travailleuses de la BAnQ sont en grève? » doit donc être : parce qu’ils et elles font partie de la classe ouvrière.

Pourquoi les capitalistes passent à l’attaque ?

 Ces dernières années, nous avons assisté à de nombreuses grèves, mais la grande majorité d’entre elles n’ont pas permis d’obtenir des salaires supérieurs à l’inflation. Pourquoi les capitalistes ne peuvent-ils pas « se permettre » de payer des salaires supérieurs à l’inflation ? Le capitalisme est avant tout fondé sur les profits, c’est-à-dire sur la capacité du capital à accumuler toujours davantage. Et plus les salaires sont élevés, plus les profits sont faibles.

Depuis les années 1970, jusqu’en 2008 et avec la crise économique actuelle, le capital «souffre» de marges bénéficiaires très faibles. Alors que le capitalisme s’enfonce de plus en plus dans la récession, le capital est contraint de faire tout ce qu’il peut pour attaquer notre classe, maintenir nos salaires bas et ultimement préparer la guerre impérialiste.

En effet, la seule autre option que le capital a trouvée, outre la baisse des salaires, est d’entrer dans une confrontation militaire entre rivaux capitalistes, confrontation qui hante toute la classe ouvrière comme une ombre. C’est dans cette optique que Macron relève l’âge de la retraite afin de disposer d’un budget de guerre solide, que Xi Jinping fait monter la fièvre guerrière nationaliste en réduisant les prestations de santé, et que Trudeau interdit les grèves tout en investissant des milliards dans la militarisation de l’Arctique.

C’est pourquoi les travailleurs et les travailleuses de la BAnQ se voient proposer 7,5 % sur quatre ans alors que l’inflation a été de 6,8 % rien que l’année dernière ! Mais nous, prolétaires, n’avons aucun intérêt à payer pour leur crise ! Que le capital soit contraint de baisser les salaires ne fait que rendre encore plus nécessaire la lutte des prolétaires. 

Que font les syndicats concernant cet enjeu ?

 Les syndicats font comme à leur habitude : être un partenaire de l’appareil juridique de l’État capitaliste. Faisant partie du cadre juridique de la domination de notre classe (le droit du travail), ils n’opèrent pas en dehors de ce cadre.

Par exemple, l’échelonnement des contrats empêche les collègues et les travailleurs et travailleuses en général (comme les bibliothécaires de BAnQ) de se réunir au moment où la lutte est la plus vitale. Mais pour les syndicats, l’échelonnement des contrats est une réalité juridique incontournable qui ne doit pas être dépassée sous peine de perdre leur légitimité.

Alors que nous appartenons à la même et seule classe ouvrière, la division est fréquente au sein des syndicats. Lors de la grève des CPE en 2021, les trois syndicats (CSN, CSQ et FTQ) ont tenu des piquets de grève et négocié séparément. Lors de la récente grève au pallier fédéral de l’AFPC/PSAC, la majorité des travailleurs et travailleuses ont repris le travail en premier, laissant les autres continuer la grève seul-es. Même dans des secteurs identiques, les travailleurs ne constituent pas un groupe unifié avec des revendications communes, mais un assortiment de cotisants.

 

Avec qui les syndicats négocient-ils ? Ils n’osent même pas demander plus que l’inflation ! La situation devenant de plus en plus intolérable, ils finissent par négocier avec notre classe le montant de nos pertes et nous imposent ces pertes.

Qu’est-ce que ça prend pour gagner ?

 Des leçons peuvent être tirées des travailleuses du CPE Petit-Bourgogne. Celles-ci ont manifesté là où elles le souhaitaient. Contre une directive syndicale de la FTQ, elles ont organisé une chaîne de courriels entre elles pour planifier les tactiques de grève. Contrastant avec la division syndicale, elles ont participé à la manifestation de la CSN lors d’une journée de grève non mandatée et ont mené les travailleuses de la CSQ à bloquer l’autoroute.

Lorsque nous avons participé à votre piquet de grève en mars, nous avons discuté avec vous et vos collègues et nous avons entendu de nombreuses idées concernant la tactique de grève. Certain-es veulent renforcer le piquet de grève en bloquant toutes les entrées. D’autres veulent que des ami-es et des parents prennent le nombre maximum de livres et les rendent immédiatement en une seule fois. La grève vous appartient ! Décidez ensemble de ces tactiques, qu’elles soient imposées par le syndicat ou non. Votre plus grande force est votre solidarité, qui ne peut être réduite au syndicat.

L’assaut généralisé contre notre classe nécessite une lutte généralisée ! Si la perspective peut sembler lointaine, personne ne va l’initier à notre place. Plus notre classe prendra les grèves en main, plus il sera facile de lutter en tant que classe entière, à l’instar des comités de grève de 2012 et 1972 qui ont débouché sur des grèves généralisées…des grèves de masse.

Rencontrez vos collègues après le piquet de grève ! Discutez du vote de lundi sur la prolongation de la grève et défendez fermement cette perspective ! Votre lutte est celle de toute la classe ouvrière : luttez pour l’étendre non seulement à ceux qui travaillent encore à BAnQ, mais aussi aux grévistes de la SQDC et aux autres travailleurs et travailleuses attaqué-es. Et à tous les autres prolétaires qui lisent ces lignes, rejoignez les travailleurs et les travailleuses de BAnQ : leur lutte est la vôtre !

L’inflation est une attaque contre l’ensemble de la classe ouvrière, il n’y a pas d’autre guerre que la guerre de classe!

 Comité Pas de guerre sauf la guerre de classe de Montréal

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

Une réflexion sur “Pourquoi les travailleurs et les travailleuses de la BAnQ sont-ils en grève à Montréal?

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