DE L’INSURRECTION POPULAIRE À LA RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE (1/5)
CHAPITRE 1. CONTRE LA BOLCHEVISATION DES ORGANISATIONS
Le XXe siècle a débuté par une guerre mondiale suivie d’une révolution européenne et il s’est terminé par une myriade de guerres locales, suivies par une période de réaction politique et de crise économique. Comment et pourquoi cette suite de crises et de guerres?
À ce jour, il n’y a jamais eu de révolution prolétarienne victorieuse sur cette terre de misère. Dans la mesure où les prolétaires révolutionnaires sont concernés, une révolution est un mouvement social de classe par lequel la classe dominante d’un mode de production est renversée et remplacée par un nouveau pouvoir, une nouvelle classe sociale dominante et un nouveau mode de production hégémonique.
- Ainsi, le mouvement du « Printemps arabe» n’a jamais été un mouvement révolutionnaire. Ce fut plutôt une série d’insurrections populaires visant à secouer le joug d’une faction de la classe capitaliste arabe afin d’exiger qu’elle prenne en compte les souffrances et les besoins des populations nationales paupérisées dans les différents pays ébranlés par ces soulèvements populistes. On sait aujourd’hui qu’une faction nationaliste bourgeoise, regroupée sous l’égide des « Frères musulmans », a tenté de diriger ces soulèvements et de se poser en alternative aux capitalistes compradores qui dirigeaient les différents pays arabes en panade. Dans la plupart des cas, les Frères musulmans ont échoué devant la résistance concertée des factions de ploutocrates totalitaires déjà en place, et fortement soutenues par les puissances impérialistes « démocratiques » (sic).
- Dans le cas de la révolution prolétarienne à venir, l’objectif sera de renverser le pouvoir bourgeois, donc l’État bourgeois totalitaire, et de lui substituer temporairement non pas la dictature d’un parti, mais celle de la classe prolétarienne et de renverser le mode de production capitaliste (MPC) afin de lui substituer le mode production prolétarien communiste.
Dictature du prolétariat
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La dictature du prolétariat désigne la forme du pouvoir politique de classe au cours de la phase transitoire entre la société capitaliste et la société communiste. C’est pendant la révolution de 1848 qu’apparaît pour la première fois l’expression achevée de « dictature de classe du prolétariat ». Auparavant, Marx et Engels ne parlaient que du « prolétariat organisé en classe dominante ». Chez Marx, le terme prolétariat ne signifie pas « les gens pauvres », mais ceux qui travaillent et produisent de la plus-value, dont le fer de lance est constitué par la classe ouvrière. La « dictature du prolétariat » est l’exercice du pouvoir politique par la classe ouvrière dans son ensemble, et dans son propre intérêt. Ses références à la « dictature du prolétariat » démontrent qu’il entendait par là l’exercice du pouvoir politique par la classe ouvrière dans un cadre démocratique populaire où la bourgeoisie n’aurait pas le loisir d’organiser la contre-révolution. La dictature prolétarienne sera nécessaire pendant la période historique de transition qui ira du capitalisme de classe au communisme sans classes sociales et sans propriétés. |
- Au cours du XXe siècle, les tentatives de « Révolution prolétarienne» ont échoué en faveur de « révolutions socialistes » (socialisme = forme monopoliste d’État totalitaire du capitalisme) qui servent aujourd’hui de repoussoir dans le cadre de la propagande bourgeoise. La classe capitaliste décadente est très inquiète de voir les ouvriers chercher une alternative à leur aliénation et à leur misère de classe. Cette misère profonde apportée par une succession sans fin de crises économiques et de guerres.
- La première révolution prolétarienne internationale est à venir. Nous l’espérons toujours et ce pourrait être la surprise du XXIe siècle. Une surprise espérée par la classe prolétarienne au désespoir de la classe capitaliste prête à tous les complots, à toutes les guerres et à toutes les malversations pour se maintenir au pouvoir et maintenir son mode de production moribond.
Ce ne sont pas les leaders politiques qui déclenchent les insurrections populaires ou les révolutions prolétariennes. Une insurrection populaire est déclenchée par la populace comme un grondement sourd, spontané et anarchique qui ébranle l’ensemble de la structure sociale mondiale. Si la classe ouvrière – fer de lance de la classe prolétarienne – s’empare de la direction du mouvement populaire, elle le transformera en révolution prolétarienne. L’avant-garde prolétarienne soutiendra la classe dans ses luttes. Les questions d’organisation de la classe prolétarienne dans sa lutte révolutionnaire internationale pour abattre l’État et le capital et pour construire – non pas le socialisme, mais le mode de production communiste moderne sont à résoudre dans le cours du processus révolutionnaire. Le mode d’organisation du Mouvement révolutionnaire prolétarien sera le Conseil ou le Soviet de classe. Il se développera au fur et à mesure du soulèvement de masse.
- Une insurrection, puis une révolution prolétarienne, requiert une classe prolétarienne nombreuse, moderne, salariée , œuvrant dans des usines de pointe hautement sophistiquées – numérisées – mécanisées – robotisées – efficaces – efficientes – productives – fordistes et tayloristes, aux cadences infernales, sous l’administration de la classe capitaliste et sous la dictature sociale de l’État des riches sponsorisant des larbins politiciens de gauche comme de droite. Sans une telle classe prolétarienne hautement développée, surexploitée et paupérisée, aucune révolution prolétarienne n’est possible. Les masses paysannes, les attroupements de petits bourgeois frustrés, paupérisés, hargneux, qualifiés de « classe moyenne », ne sont pas le bois dont on chauffe les révolutions prolétariennes. Il faut se méfier de ces classes et segments de classe et aviser la classe prolétarienne des tendances réformistes et conciliatrices de ces fractions de classe « conspirationnistes » et anarchisantes, promptes à déposer les armes.
- Un tel prolétariat s’échinant dans une telle économie industrielle et financière moderne, globalisée et mondialisée, n’existaient pas en Russie de 1917, ni en Albanie (1945), ni en Chine (1949), ni en Corée (1950), ni à Cuba (1959) ni au Vietnam (1973), ni dans aucun autre pays, ni sous aucun autre soulèvement de « Révolution démocratique populaire ou de Révolution socialiste de démocratie nouvelle» (sic).
- La plupart des insurrections de cette époque ont été qualifiées de Révolution démocratique populaire– ou de lutte de Libération nationale anticolonialiste et anti-impérialiste ce qui était des appellations appropriées dans la plupart des cas étudiés. Cependant, ce n’était nullement des révolutions communistes prolétariennes.
- Une Révolution démocratique populaire marque l’étape de la Révolution nationale bourgeoise capitaliste (il en est ainsi des luttes de libération nationaliste anticoloniales et soi-disant anti-impérialistes). Ces « révolutions » ne visaient pas à renverser un mode de production capitaliste caduque pour le remplacer par le mode de production prolétarien communiste. Ces « révolutions nationalistes » ont toutes marqué l’étape historique où certaines bourgeoisies nationales ont remis en cause les liens économiques et politiques coloniaux soient dans des colonies de peuplement comme en Algérie, au Canada, en Australie, en Argentine, au Venezuela, en Afrique du Sud, etc.; ou alors dans des colonies d’exploitation comme au Congo, à Cuba, au Sénégal, en Libye, en Syrie, en Afghanistan, au Cambodge, aux Philippines, etc. Les capitalistes nationaux, attachés par des liens financiers à une ou à plusieurs puissances coloniales dominatrices, se sont révoltés et ont exigé l’établissement de nouveaux rapports de production où ils auraient la part plus belle dans la gestion des affaires néocoloniales locales et dans le partage des richesses spoliées. Ainsi, la lutte antiapartheid en Afrique du Sud n’étant pas dirigée par le prolétariat sud-africain se solda par le partage des pouvoirs économique (financier, industriel et commercial) politique (législatif et exécutif), administratif, judiciaire, militaire, entre les différents groupes de la bourgeoisie, blanche, noire, indienne et asiatique présentent en Afrique du Sud. Le prolétariat sud-africain des mines, des usines et de l’agriculture n’a rien vu changer à sa vie misérable d’esclave salarié (1).
- Partout où elles ont eu lieu, ces Révolutions démocratiques populaires étaient des révolutions bourgeoises, paysannes, parfois antiféodales, souvent nationalistes et anticoloniales, mais jamais anticapitalistes ni prolétariennes. Dans tous ces pays la classe prolétarienne révolutionnaire n’était pas majoritaire.
- Ces Révolutions démocratiques populaires ne visaient pas à rompre totalement les liens économiques – politiques qui reliaient ces colonies à leur “mère patrie” et aux empires coloniaux occidentaux. Ces Révolutions démocratiques bourgeoises – même quand elles étaient dirigées par des partis se proclamant “communistes”, « socialistes », “rouges” ou “révolutionnaires”, cherchaient à redéfinir les relations économiques, politiques, juridiques et administratives que la bourgeoisie nationale entretenait avec la bourgeoisie impérialiste hégémonique des pays dominants regroupés sous une alliance impérialiste ou sous une autre. Quand la Révolution bolchévique, ayant rompu ses liens avec les pays de l’impérialisme mondial, voulut procéder à l’industrialisation accélérée des Russies soviétisées le pouvoir étatique soviétique a dû rétablir les ponts avec les pays impérialistes et relancer le commerce avec les pays capitalistes avancés.
- Dans la plupart des pays colonisés, la bourgeoisie nationale s’est enveloppée dans l’effigie du socialisme, ou même du communisme, qu’elle a amalgamée à ses propres oripeaux nationaux chauvins afin d’embrigader le peuple – comprenant la classe ouvrière – afin d’utiliser cette chair à canon nationale, cette force militante enrégimentée et formatée, dans la défense des intérêts de classe de l’un ou de l’autre des clans de guerre « patriotique« . Ces guerres de libération nationale ne visaient qu’à imposer une clique nationale comme bénéficiaire et intermédiaire dans l’exploitation mondialisée des travailleurs – paysans – ouvriers – petits commerçants – et petits bourgeois nationaux.
- Dans certains cas particuliers comme en Russie (1917), en Albanie (1945), en Chine (1949), en Corée (1950), au Vietnam (1973) les forces « communistes » ont pris la direction des insurrections populaires qui ne pouvaient être des insurrections prolétariennes puisque le prolétariat de ces pays était faible, fortement minoritaire, inexpérimenté et aliéné, absolument pas galvanisée en vue de détruire le pouvoir d’État et pour l’édification d’une société communiste internationaliste. En usurpant la direction de classe de la révolution, le Parti bolchévique a été contraint de poursuivre cette usurpation et de se substituer aux soviets des paysans, ouvriers et soldats – et de s’emparer de la gouvernance de l’appareil d’État qui ne pouvait qu’être capitaliste, car on ne peut faire l’économie historique d’un mode de production et enjamber une étape dans l’évolution économique et sociale nationale, bondissant de la féodalité au communisme sans passer par le capitalisme productiviste, mécanisé, robotisé et impérialiste avancée. Nous analyserons ce point en détail dans les pages qui vont suivre.
Les Partis communistes bolchévique, albanais, chinois, coréen, cubain et vietnamien, se sont retrouvés dans la position de devoir construire l’économie capitaliste industrielle hautement scientifique afin de constituer les forces productives et créer les assisses matérielles, industrielles, commerciales, communicationnelles du capitalisme. La révolution prolétarienne mondiale demande le déploiement d’un prolétariat mondial moderne et cette classe ne peut se développer que sous le joug de la bourgeoisie et sous le mode de production et sous les rapports de production capitaliste comprenant la propriété privée ou étatique bourgeoise des moyens de production. Les partis communistes au pouvoir (y compris ceux des pays du Comecon), en avance sur les conditions objectives de la révolution prolétarienne, ont construit les assises économiques et politiques capitalistes de la révolution prolétarienne à venir.
- Il en fut ainsi en URSS (1921, la NEP, puis mise au pas des soviets), en Albanie en 1945, en Chine en 1949, en Corée en 1950, à Cuba en 1959, au Vietnam en 1960-1973, etc. Dans tous ces pays, des « communistes » (véritables ou autoproclamés) se trouvèrent à suppléer la faiblesse organisationnelle et structurelle de la classe bourgeoise nationale et à ordonnancer l’édification du mode de production capitaliste dans chacun de leurs États-nations. Le prolétariat n’a pas de patrie et il n’a que ses chaînes (nationales notamment) à briser.
- La Seconde Guerre mondiale, que les “camarades” soviétiques ont très justement appelé La Grande Guerre Patriotique multinationale mérite un examen attentif. Cette seconde guerre impérialiste révèle le mûrissement des conditions objectives de la révolution prolétarienne en même temps qu’elle révèle le dépérissement des conditions subjectives de la révolution mondiale à venir.
- La Révolution prolétarienne mondiale est à venir. La bourgeoisie mondiale, sur cette question comme sur d’autres, ment effrontément et sa propagande vise à tout confondre. L’ère des révolutions prolétariennes n’est pas derrière nous. L’histoire enseigne par l’exemple et le contre-exemple. Le présent état de développement du mode de production capitaliste, de ses forces productives, de ses moyens de production, de distribution-commercialisation et de communication, dans un contexte d’intensification et d’approfondissement de la crise économique systémique du capitalisme, laisse présager une prochaine secousse sismique de classe qui ébranlera les piliers du temple mondial.
À SUIVRE
Versão em Língua Portuguesa:
https://queonossosilencionaomateinocentes.blogspot.com/2023/06/da-insurreicao-popular-revolucao.html
Le problème de la Russie des années 20 fut bien justement l’industrialisation, qui faisait retomber les travailleurs dans le système capitaliste. La Russie de nos jours en est encore au même point. Pourtant, là-bas il y a vraiment de la place, ce qui éviterait de s’entasser dans des villes ! Une commune ne devrait pas dépasser quelques milliers d’habitants. Au-delà, on retombe dans les travers de l’oligarchie.
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