Guerre de l’OTAN en Ukraine: la fausse contre-offensive et le refus de bons offices (Meyssan)

Par Thierry Meyssan, sur Réseau Voltaire

Cet article est disponible en anglais, en italien et en espagnole ici :
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C’est un jeu de dupes. La communication de Kiev affirme que son armée a lancé une contre-offensive depuis deux semaines. Mais cela ne correspond pas à ce que l’on peut constater sur le champ de bataille. Elle affirme aussi accueillir avec espoir les deux missions de bons offices de la Chine et de l’Union africaine. Mais Volodymyr Zelensky a interrompu les négociations qu’il menait avec Moscou et a promulgué une loi interdisant de les reprendre.

Alors que la presse occidentale fait l’impasse sur la réalité militaire, le Kremlin joue la transparence. Les chroniqueurs spécialisés sont autorisés à circuler sur le front et à éditer ce qu’ils pensent, même lorsqu’ils sont critiques sur le fonctionnement des armées et sur ses résultats. Le président Poutine les a reçus et a répondu à leurs questions les plus crues en direct à la télévision.

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Selon les autorités de Kiev, l’armée ukrainienne aurait lancé depuis le 8 juin « une vaste contre-offensive contre l’agresseur russe ».

La contre-offensive n’existe pas

La littérature militaire préfère parler de contre-attaque que de contre-offensive. La contre-attaque consiste à profiter des faiblesses momentanées de l’ennemi pour partir à l’assaut. On pense à Napoléon à Austerlitz qui fit battre en retraite certaines de ses troupes pour faire tomber ses adversaires dans un piège dont il sortit victorieux.

Choisir le terme « contre-offensive » n’est pas neutre. C’est un artifice de communication suggérant que les Russes ont lancé une « offensive » pour s’emparer de l’Ukraine. D’ailleurs, ils ont livré bataille à l’aéroport du Nord de la capitale, avant de se retirer.

En réalité, les Russes n’ont jamais tenté de prendre Kiev et ne veulent pas envahir l’Ukraine. C’est ce qu’a déclaré leur président, Vladimir Poutine, dans la première semaine de son « opération spéciale ». Prendre un aéroport militaire, même au Nord de Kiev, n’est qu’une bataille devant assurer aux Russes la supériorité aérienne. Cela n’indique pas qu’ils entendaient prendre la capitale.

L’expression « opération spéciale » n’est pas neutre non plus. Moscou souligne ainsi qu’il ne fait pas une guerre d’invasion, mais met en œuvre sa « responsabilité de protéger » les populations des oblats de Donetsk et de Lougansk qui étaient officiellement les cibles d’une opération punitive de Kiev, depuis 2014. Remettre en cause le bien-fondé de l’opération spéciale russe ce serait comme remettre en cause l’opération de l’armée française visant à mettre fin aux massacres au Rwanda. Les deux opération spéciales ont été autorisées par des résolutions du conseil de sécurité des Nations unies (les résolutions 929 du 22 juin 1994 et 2202 du 17 février 2015) . Sauf que la résolution sur laquelle s’appuie Moscou n’a pas été prise dans l’urgence. C’est celle qui avalise les accords de Minsk et donne à l’Allemagne, à la France et à la Russie la capacité d’intervenir pour les faire appliquer.

D’un point de vue de la communication, le terme « contre-offensive » a l’avantage de faire oublier que durant huit ans, Kiev a mené une guerre contre ses propres concitoyens, faisant entre 14 000 et 22 000 morts selon les décomptes.

Durant des mois, Kiev a quémandé et obtenu quantité d’armes occidentales. Il a aussi formé ses soldats à les manier. Pendant ce temps, Moscou se repliait sur les lignes qu’il avait accepté durant les négociations de paix, conduites en Biélorussie, puis en Turquie, avant d’être dénoncées par la Verkhovna Rada (le Parlement de Kiev dans lequel Washington a installé un bureau de conseillers permanents du département d’État et de l’USAID). Moscou est allé plus loin en abandonnant la rive droite de Kherson (mais pas la rive gauche), faisant du fleuve Dniepr la frontière naturelle entre l’Ukraine et la Novorossia. Les habitants de cette région ayant adhéré par référendum à la Fédération de Russie, Moscou a construit deux lignes de défense, allant de l’embouchure du Dniepr jusqu’au Donbass (Lougansk et Donetsk). Il s’agit de deux lignes de dents de dragons (des fortifications empêchant le passage de blindés) et de tranchées.

L’Alliance atlantique, qui fournit les armes et les stratégies, a donné l’ordre de lancer la contre-offensive alors que Kiev n’a plus du tout de maîtrise des airs et dispose de peu de munitions. Durant l’année précédente, l’armée ukrainienne pouvait utiliser des drones pour surveiller les mouvements de l’adversaire. Aujourd’hui, elle ne peut plus, car celui-ci brouille toutes les communications sur « son » territoire et un peu au-delà. Kiev dispose en théorie d’un armement terrestre impressionnant, tel qu’aucun pays n’en a jamais eu. Mais en pratique, quantité d’armes livrées ont disparues, parties vers d’autres cieux, avec ou sans l’accord des généreux donateurs. Quant aux munitions, il n’est pas possible de les stocker en Ukraine sans qu’elles soient détruites par des missiles hypersoniques russes. Aussi sont-elles entreposées en Pologne et en Moldavie et ne traversent-elles la frontière que pour rejoindre le front.

Depuis deux semaines, les forces ukrainiennes tentent de percer les lignes de défense russes, sans y parvenir. Les troupes s’amassent devant ces lignes et se font tirer dessus par l’artillerie russe. Lorsqu’elles décident de se retirer, les Russes envoient des drones disperser des mines sur le chemin du retour.

La seule chose que les forces de Kiev peuvent faire est de prendre les villages qui se situent sur les quelques kilomètres devant les lignes de défense. Pendant ce temps, l’aviation russe bombarde leurs arsenaux, parfois très à l’intérieur de l’Ukraine. Les systèmes de protection anti-aériens les plus performants, les Patriots, ont été détruits dès leur installation. Il ne reste pas grand-chose, juste de quoi atteindre de vieux missiles. L’état-major ukrainien prétend avoir détruit six missiles Kinzhal, ce qui, compte tenu de leur vitesse (10 mach) est impossible. Le maire de Kiev, Vitali Klitschko, a diffusé une photographie où il pose devant une épave de Kinzhal. Las ! Les débris ne correspondent absolument pas à cette arme.

Le moral des troupes ukrainiennes est au plus bas. Le ministère de la Défense assure qu’il reste beaucoup d’hommes à l’arrière. Cependant, l’oblast d’Ivano-Frankivsk a décrété la mobilisation de tous les hommes de 18 à 60 ans. Les exemptions sont rares. La réalité semble donc plutôt être qu’il n’y a plus de combattants prêts à l’action.

L’Alliance atlantique a déployé tous ses AWACS pour surveiller à distance le champ de bataille. Elle ne peut ignorer l’ampleur de la défaite. Étrangement, elle continue à pousser les Ukrainiens au combat, ou plutôt à la mort.

La mission de l’Union africaine et de la Fondation Brazaville a été reçue avec courtoisie, mais les Ukrainiens n’avaient que faire de leurs bons offices. Ils ont juste tenté de les gagner à leur cause.

Kiev ne souhaite pas de mission de bons offices

Washington espère encore que Kiev gagnera, offrant au président Joe Biden une éclatante réélection. Il pourrait toutefois faire marche arrière et s’appuyer sur les deux missions de bons offices de la Chine et de l’Union africaine. Cependant, à l’incitation de Washington, la Verkhovna Rada a interdit à quiconque de négocier avec l’« envahisseur ».

La Chine a publié 12 principes qui, selon elle, devraient charpenter tout accord de paix. L’envoyé spécial de Beijing, Li Hui, refuse de discuter de leur mise en application tant qu’ils n’ont pas été approuvés par les deux parties. C’est désormais chose faite. Mais les Occidentaux ne sont pas dupes. On ne peut faire semblant de partager ces principes qu’en poursuivant les mensonges que l’on développe depuis trois décennies. Faute de quoi, ils conduiront à reconnaître le bien-fondé de la position russe et donc, à souhaiter la défaite de Kiev.

L’Union africaine et la Fondation Brazaville ont envoyé quatre chefs d’État : Azali Assoumani, (Comores et président en exercice de l’Union africaine), Macky Sall (Sénégal), Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud) et Hakainde Hichilema (Zambie). Tous les autres ont fait faux bond. Le président égyptien a envoyé son Premier ministre, Mostafa Madbouly. L’Ougandais, Yoweri Museveni, atteint de la Covid a délégué son ancien ministre des Affaires étrangères, Ruhakana Rugunda. Le Congolais Denis Sassou-Nguesso s’est fait représenter par le ministre d’État à la présidence, Florent Ntsiba.

À peine arrivée, toute la délégation a été invitée à visiter Boutcha où leurs hôtes leur ont expliqué que les occupants russes avaient commis des atrocités. Les Africains n’ont pas rencontré les enquêteurs internationaux qui ont établi, au contraire, que les massacres ont été perpétrés avec des fléchettes (des munitions très utilisées durant la Première Guerre mondiale). Surtout les Russes ont quitté Boutcha le 30 mars 2022. Le maire de la localité n’a rien constaté d’anormal. Puis, le lendemain les nationalistes intégraux du bataillon Azov sont entrés dans la ville, mais les corps n’ont été trouvés que le 4 avril. Il s’agit donc à l’évidence d’une scène de guerre civile au cours de laquelle les nationalistes intégraux ont exécuté des concitoyens qu’ils pensaient avoir collaboré avec les Russes. De toute manière, les Africains ont la connaissance de ce genre de situation et ne sont pas faciles à berner.

Lors de leur arrivée à Kiev, les sirènes ont retenti. Mais ces dirigeants n’ont pas été impressionnés. Ils ont constaté que la capitale n’était pas bombardée, mais exclusivement quelques cibles militaires.

Lors de la conférence de presse finale, le président comorien, Azali Assoumani, a déclaré : « La voie de la paix doit passer par le respect de la charte des Nations Unies et l’Afrique est disposée à continuer à travailler avec vous dans la recherche d’une paix durable (…) Même si le chemin de la paix peut être long, l’espoir est permis puisque des pourparlers sont possibles ». À quoi le président ukrainien Volodymyr Zelensky lui a répondu : « Aujourd’hui j’ai clairement dit pendant notre rencontre que permettre toute négociation avec la Russie maintenant, quand l’occupant est sur notre terre, signifie de geler la guerre, geler la douleur et la souffrance ».

Le 17 juin 2023, Vladimir Poutine présente à la délégation africaine le projet de traité de paix signé, en mars 2022, par le président de la délégation ukrainienne lors des négociations de paix en Turquie.

Après cette fin de non-recevoir, les Africains se sont rendus à Saint-Petersbourg rencontrer le président russe Vladimir Poutine. Celui-ci s’est bien sûr montré bien plus ouvert. Non seulement il n’avait rien à perdre, mais il dispose d’un argument massif. Il a présenté à la délégation (voir vidéo) le texte du traité de paix et de l’addendum négociés par les Ukrainiens, en mars 2022, et signés par le chef de leur délégation. Il a même expliqué qu’en application de ce projet, les troupes russes avaient quitté les oblasts de Kiev et de Tchernihiv, et que les Ukrainiens n’avaient pas seulement refusé de ratifier ces textes, mais avaient adopté une loi interdisant de poursuivre ou de reprendre les négociations de paix.

On verra, lors du sommet Afrique-Russie prévu du 26 au 29 juillet, lequel des deux chefs d’État aura paru le plus sincère aux yeux de la délégation de l’Union africaine. L’intérêt de Kiev pour les missions de bons offices est aussi faux que sa contre-offensive.

 

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

2 réflexions sur “Guerre de l’OTAN en Ukraine: la fausse contre-offensive et le refus de bons offices (Meyssan)

  • 25 juin 2023 à 14 h 37 min
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    Bien entendu ce billet a été rédigé par Thierry Meyssan avant la déconfiture récente du régime de Poutine face a son Mentor, principal support et Allié depuis ses débuts Yevgeny Prigozhin le fondateur du Paramilitaire privé Groupe Wagner, auteur de génocides contre les civils en Syrie et en Afrique, et aujourd’hui en Ukraine. Le signe évident que ce  »Reich » de Poutine s’essouffle et touche a sa fin, sa vision comme sa philosophie de guerre et du pouvoir aussi, et toute l’idéologie fasciste qu’il a soutenu en Europe depuis son accession au Pouvoir il y a près de 25 ans.

    Tout ce que l’occident compte comme profonds racistes et bigots, fachos convaincus ou intoxiqués et  »losers » de tout poil se tient derrière Vladimir Poutine depuis toujours, Particulièrement lorsqu’il a commencé sa carrière de Boucher en Tchéchénie et a été derrière le déclenchement de la deuxième vague Islamiste radicale dans le monde Arabe et le Moyen-Orient après celle de l’Ex Yougoslavie suite a cela. Car depuis le démantèlement de l’Ex URSS en effet, la Nouvelle Russie Allait s’engager dans 30 ans de Guerres sans cesse a ce jour, et Au fur et a mesure du déchainement de cette machine de guerre, de haine et de crimes de masses plus tard en Géorgie, se faisait en parallèle, un recrutement massif dans les rangs de l’extrême droite et de la jeunesse désœuvrée en Europe pour faire allégeance a ce psychopathe et son régime hyper corrompu et pourri ! Quant a l’Extrême gauche, elle en a pas eu besoin, elle a alimenté ce retour massif au fascisme occidental depuis le début en se servant de Poutine et de ses causes, même s’il fallait miser cette fois sur un régime mafieux d’oligarques et d’ex agents pouilleux du KGB transformés en Milliardaires qui ont ruiné l’État Russe et pillé les ressources du pays et ceux du Peuple et se les sont partagé entre eux ! d’ailleurs, c’est très simple, les sources Russes les plus fiable, estiment la liquidation d’opposants en Russie a ce régime de fous a des dizaines de milliers, disparu, liquidés, torturés ou contraints au silence avec leur familles. et lorsqu’enfin ce dernier a débuté son agression sur l’Ukraine, afin d’annexer l’Est, et le Sud du pays, Exactement comme l’Anschluss lorsque Hitler et le 3ème Reich s’empara de force de l’Autriche, ce pas franchi déchainera l’hystérie totale des admirateurs de Poutine, comme il a provoqué l’hystérie en Allemagne a l’époque ou il n’était plus possible pour quiconque de s’opposer maintenant au 3ème Reich, trop tard, tous les critiques étaient liquidés, les Allemands furent les premières victimes du régime d’Hitler, et les derniers aussi après sa mort ! et donc depuis cette invasion-agression de l’Ukraine, de manière beaucoup plus brutale et criminelle que celle de l’Autriche par l’Allemagne, ceci provoquera Extase, délire et folie sans précédent au sein des communautés fascisées Pro Poutine partout a travers l’occident ! le point de non retour était atteint la aussi ! Quiconque s’oppose ou formule la moindre critique envers Poutine est lynché sur la place publique, l’hystérie et la haine sont a leur comble, on a réussi a manipuler et recruter pratiquement tous les Refuseniks paumés de l’Occident (pas tous mais tout de même), les mouvances ou simples sympathies a droite ou a l’Exrême gauche ont été convertie au Poutinisme, sorte de doctrine et culte suprême de la personnalité ! et de quelle personnalité ? un  »Chaouch » comme on dit en Arabe, (le plus petit fonctionnaire d’un bureau qui sert le thé et fait le ménage), Poutine n’était en fait même pas un gradé du plus petit grade au sein du KGB, il n’était qu’un  »Agent » de dernière catégorie, Adjudant ou même pas en termes de grades militaires !

    En France, l’extraordinaire et même mouvance Fasciste aujourd’hui conduite par Le Pen, Zemmour, et la quasi totalité des  »personnalités » politiques et médiatiques de Caniveau de même ! Dans ce paysage Chaotique, Thierry Meyssan, l’auteur de cet énième article  »révisionniste », une taupe des services secrets français qui se positionnent eux aussi a l’Extrême droite depuis Vichy et Pétain et n’ont jamais dérogé a la règle, sont en réalité ceux qui alimentent la fachosphère Française et la manipulent depuis toujours et vont jusqu’à rémunérer certains agitateurs et noms célèbres y ayant pignon sur rue ! Thierry Meyssan est l’un d’entre eux, un type qui a bâti un réseau de diffusion de cette propagande et idées fachos livre ses rapports aux services de renseignements français a chaque fois qu’il se rend depuis la Syrie a Paris a ce jour, et prend sûrement des enveloppes en contrepartie chez eux autant chez les services Syriens, Iraniens et Russes, qui le manipulent aussi ! Aujourd’hui, ce type, un raciste et un bigot de première, est l’invité d’honnheur de tous les sites alignés sur le fascisme occidental comme le présent site  »Les 7 du Québec », qui ne fait que rediffuser depuis toujours leur intox et idéologie, sous prétexte de diffusion de  »l’autre opinion » qui ne soit pas alignée sur celle des Medias Main Stream, ou encore sous prétexte de diffusion d’idéaux révolutionnaires du  »prolétariat international » ! On est mort de rire ! le pauvre Prolétariat International qui aujourd’hui fait les frais depuis 30 ans des politiques racistes et fascistes de l’occident et de la Russie de Poutine, est le dernier auquel pense tout ce monde, en dépit de quelques articles qui versent quelques larmes de crocodiles sur leur sort, ce site est pleinement dédiée a la cause du renouveau fasciste en occident.

    Et si quelqu’un pense que j’allais prendre des pinces pour le formuler aussi clairement, vous ne me connaissez pas encore ! Au diable les fausses belles paroles, les beaux parleurs et les belles parleuses ici ! Je me fait un devoir et un honneur de combattre le fascisme jusqu’à mon dernier souffle ! et je salues tout peuple libre et éloigné de toute cette folie furieuse, spirale et névrose ultra délirante qui se met au service des bouchers des peuples !

    (Euuhhh vos remarques et vos commentaires empoisonnés ne me font aucun effet, qui se soucie d’insignifiants fachos reclus dans leur chaumières et face a leur écran ? Personne)

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