7 au Front

Noam Chomsky, renégat intellectuel à rallonges et fossoyeur de la linguistique et de la philosophie du langage du siècle dernier

Sur la neige blanche, mes Chomsky…
Calembour potache, 1980
Cet article est disponible en anglais et en italien ici :
Article de Ysengrimus-anglais-italien- du 2 fevrier
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YSENGRIMUS — C’est maintenant ou jamais qu’il faut dire un mot de Noam Chomsky (né en 1928). Pas le Chomsky commentateur politique (faux gauchisant, dont je tairai pudiquement les épines vénéneuses qu’il me fait jaillir dans l’âme), mais le Chomsky linguiste. Je n’aborderai pas la question de son honnêteté intellectuelle. Ce problème nous mènerait trop loin et de toute façon le menteur ne m’a jamais donné le moindre état d’âme éthique. C’est un penseur comme un autre, simplement un peu plus fictionnel. Mentir c’est vivre, cessons de jouer les Tartuffes sur ce point. Et tenons-nous-en, pour le moment, à comment la théorie linguistique dont Chomsky est le fondateur, la grammaire générative transformationnelle, s’est déployée… en se reniant. Doctrine qui initialement avait pour visée d’établir, dans la tradition plus large du structuralisme américain, une séparation méthodique entre sémantique et syntaxe, la grammaire générative transformationnelle, comme son nom l’indique, concentrait son attention sur l’engendrement des structures syntaxiques. Il s’agissait de décrire le fonctionnement du mouvement dynamique de la langue (ou du langage dans la langue), en se basant sur le fait qu’elle arrivait à se mettre en forme articulée, indépendamment du sens qu’elle véhiculait. Cette question de l’autonomie de la syntaxe, notamment par rapport au contenu sémantique et aux données référentielles, a été une des tartes à la crème de la linguistique descriptive et théorique d’un temps. On a donc, dans le cadre chomskyen, élaboré des soi-disant modèles reposant sur ce postulat de l’autonomie de la syntaxe. Se référant à ce principe, on se proposa de bricoler une sorte de grammaire-machine (qui ne fut jamais construite) se donnant comme un modèle représentatif de l’engendrement des combinaisons syntaxiques par le cerveau humain. On a commencé par affirmer, de façon toute spéculative, l’existence d’une structure d’engendrement, dite structure profonde, qui organisait les combinaisons syntaxiques d’une certaine façon. Et ensuite, on faisait jouer, en structure dite de surface, un jeu de transformations susceptible de procéder à des réorganisations syntaxiques. C’était quelque chose d’aussi simple que de dire que vous aviez une phrase affirmative, profonde, et que, dans la surface de la grammaire-machine, cette forme affirmative pouvait se faire ajouter des chevilles négatives ou se faire inverser pour prendre une forme interrogative. La grammaire-machine était donc initialement dotée de deux composants, l’un génératif, l’autre transformationnel. Dans sa phase hégémonique, en linguistique et dans les sciences humaines, qui dura trente ans (1965-1995), la grammaire générative transformationnelle se lança dans une suite continue de mouvements de reniements en cascade, dont je vous épargne les détails tarabustés. La composante transformationnelle sera développée, puis dépouillée, puis minimalisée, puis abandonnée. On parlera ensuite d’autres types de mouvements syntaxiques, gouvernement et liage, move-alpha, modèles modulaires, formes logiques, et autres bric-à-brac pseudo-matheux et pseudo-informaticiens, se voulant, à tous les coups, dans le vent. Dans le mouvement, la composante sémantique revint en force, elle qui avait été laissée de côté au départ, et qui avait même fait l’objet d’une théorie spécifique adverse portant le nom coloré de sémantique générative (se voulant elle-même une sorte de pulsion négatrice face à la grammaire générative). Pour un ensemble complexe de raisons procédant des rapports de forces institutionnels dans le monde universitaire américain, ladite théorie sémantique fut donc réincorporée dans le modèle chomskyen, au mépris des postulats anti-mentalistes initiaux du positivisme structuraliste de départ. Le tout fut une longue suite de trahisons. Quand on regarde le bilan global de l’activité intellectuelle de Chomsky comme linguiste, on assiste à un interminable chapelet de reniements. Et ces reniements en cascade en amènent finalement ce fameux modèle, qui fascina tant au siècle dernier, à faire ressortir son côté vieillot, daté, et largement improvisé. Chomsky, linguiste, va passer à l’histoire comme étant le renégat intellectuel intégral. On en arrive finalement au résultat de la fameuse montagne accouchant d’une souris. Ce qui est révélé, dans cet exemple, c’est que le fait de renier ses théories par d’autres théories est un acte à la fois stérile, couteux, nuisible et intellectuellement faiblard. Entre Noam Chomsky et Charles Cabochard, la différence n’est pas si grande que ça. On se retrouve avec des artistes ou des intellectuels qui naviguent à vue, maintiennent en priorité leur ligne de flottaison au-dessus du cloaque, et tendent fortement, à terme, à se laisser ballotter par un public observateur, une agora semi-cynique qui se demande finalement. quel sera, au bout du compte, le prochain lapin tiré du prochain chapeau. Disons la chose comme elle est. Il ne faut pas faire comme Noam Chomsky. Cet opportuniste intellectuel, et improvisateur impénitent en oripeaux théoriques, est un exemple à ne pas suivre.

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Pensons un instant aux vrais grands penseurs, même ceux qui se sont trompés. Voltaire (1694-1778) ironisait jadis à propos de Descartes (1596-1650). Il disait que Descartes nous avait débarrassé des erreurs du Moyen-Âge et les avait remplacées par les siennes. Descartes s’est souvent trompé. Il s’est même parfois planqué (notamment de l’Église et du Roy). Mais Descartes ne s’est pas renié. Et c’est certainement ce facteur qui fait que sa fameuse méthode stimule encore aujourd’hui, malgré ses limitations. Chomsky écrivit, en 1965, un ouvrage qui s’intitulait Cartesian Linguistics (La linguistique cartésienne). Il affirmait, à ce moment-là, en porte-à-faux négateur face aux simplismes triomphalistes du behaviorisme, que les représentations intellectuelles associées à la production du langage étaient innées. Il affectait de les rapprocher de cadres de pensée spéculatifs et formalistes qu’il imputait, de bric et de broc, à Descartes. Dans le flux du mouvement chomskyen, les spécificités pseudo-techniciennes de la ci-devant linguistique cartésienne furent elles aussi, reniées et abandonnées. Il est quand même piquant de constater que le cartésien de 1637 (Descartes) est aujourd’hui plus lu que le cartésien de 1965 (Chomsky). Cela nous rappelle la permanence de la question de l’intégrité intellectuelle et du fait de ne pas renier. Très longtemps avant un problème éthique, ce qu’on rencontre ici, c’est un enjeu de cohérence. Il est bien inutile de s’imaginer pouvoir être le penseur total, comme le fit Chomsky, en surfant sur son temps, en s’ajustant tout le temps, en se reniant pour continuer de flotter. Avec un tel programme, on finit par s’entortiller le vrai fil du temps autour du cou pour se pendre. Les grands dispositifs du mouvement historique finissent toujours par s’imposer, tranquilles. Et, dans cette dynamique implacable, ce sera bel et bien le renégat qui fera l’objet du jugement le plus sévère. Exit Chomsky et son héritage intellectuel toc de carabistouille théorique tape-à-l’œil des Trente Glorieuses. CQFD. N’insistons pas.

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Tiré de mon ouvrage: Paul Laurendeau (2023), Je suis un intellectuel, ÉLP Éditeur, Montréal, format ePub, Mobi, papier.

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3 réflexions sur “Noam Chomsky, renégat intellectuel à rallonges et fossoyeur de la linguistique et de la philosophie du langage du siècle dernier

  • Fatima

    merci! enfin quelqu’un qui ose le dénoncer! dès que j’ai entendu parler de ce monsieur, j’ai vaguement regardé de quoi il retournait et tout de suite compris, intuitivement certes, que c’était encore un autre de ces « crosseurs » qui a été déifié pour éviter tous doutes. Un expert dans le domaine psychanalytique devra aussi se pencher sur l’arnaque freudienne.

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  • Robert Huet

    Merci Paul pour ce texte merveilleux, je suis totalitairement d’accord avec toi au sujet de Chomsky. Je n’ai rien à ajouter tout est dans ton texte.

    Répondre

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