La Chine déprime…

Par Éric Desrosiers, sur MSN.

On craignait presque que le redémarrage de l’économie chinoise soit trop brutal après la levée de la très stricte politique « zéro COVID ». On craint aujourd’hui qu’il soit trop faible, beaucoup trop faible.

Par Claudio Buttinelli cet article est disponible  en anglais, en italien et en espagnole ici:
Articles du 19 Aout 2023

C’est le monde à l’envers. Au Canada et aux États-Unis, on ne cesse d’annoncer une récession économique qui n’arrive pas malgré les hausses de taux d’intérêt répétées des banques centrales dans leur effort visant à mettre au pas l’inflation. En Chine, l’extraordinaire moteur économique n’arrive pas à redémarrer, même après avoir longtemps été freiné, au point où l’on évoque désormais le spectre de la déflation.

Pendant des mois, il a été question du terrible effet social et économique de la politique « zéro COVID » en Chine et du mouvement de contestation populaire grandissant qu’elle nourrissait. Quand Pékin a annoncé sa levée, en décembre dernier, les experts ont présumé qu’elle se traduirait notamment par une formidable libération d’énergie économique contenue qui relancerait à la hausse la demande pour tous ces biens et services dont a normalement soif la deuxième puissance économique du monde. Et, par le fait même, qu’elle viendrait nourrir encore plus l’inflation contre laquelle se battaient plusieurs pays.

Seulement, le puissant moteur économique chinois a à peine eu le temps de rugir qu’il a tout de suite calé. Entre le premier et le deuxième trimestre, l’économie de la Chine a crû de seulement 0,8 %, ce qui remet sérieusement en cause ses chances d’atteindre l’objectif de croissance relativement modeste de 5 % du gouvernement. Modeste, expliquait la semaine dernière The Economist, parce que très loin de ce à quoi nous a habitués le pays dans les 40 dernières années, et du fait qu’on n’a pas fait mieux que 3 % l’an dernier.

Cela a incité, par exemple, la banque Barclays à réviser à la baisse ses prévisions de croissance à 4,5 % pour cette année et à 4 % pour l’année prochaine, rapportait mercredi le New York Times.

On a aussi appris, la semaine dernière, que les exportations chinoises avaient encore reculé le mois dernier, de 14,5 % sur un an. Autres témoins du manque de vigueur du secteur manufacturier local, les importations n’ont pas fait mieux, avec un cinquième mois négatif d’affilée (-12,4 %).

Loin de s’arranger, la crise immobilière serait aussi en train de faire une nouvelle victime de taille, l’un des plus importants promoteurs chinois, Country Garden, se rapprochant de plus en plus dangereusement de la faillite. Cela arrive alors que les prix immobiliers accusent un recul dans 49 des 70 plus grandes villes du pays et que l’investissement dans le secteur se raréfie depuis cinq mois.

On aurait aussi pu apprendre, la semaine dernière, que le chômage des jeunes s’est creusé pour un septième mois de suite, si le gouvernement n’avait pas décidé, soudainement, de suspendre la publication de ce genre de statistique. Leur taux de chômage était rendu à 21,3 % en juin.

Mais, point plus préoccupant encore, les prix ont baissé de 0,3 % le mois dernier. Le phénomène, qui ne serait pas si grave s’il était isolé, arrive au terme de sept mois dont la moyenne n’a été que de 0,5 %, notait Le Monde la semaine dernière, soit bien loin de la cible de 3 % des autorités monétaires et beaucoup trop près du seuil à partir duquel on commence à parler de déflation.

Hantise des pouvoirs publics, la spirale déflationniste peut se résumer par l’enchaînement d’une baisse des prix qui incite les consommateurs à reporter sans cesse leurs dépenses, ce qui entraîne un ralentissement économique et ainsi mène à de nouvelles baisses des prix.

Une autre sorte de COVID longue

Comme tous les phénomènes complexes, cette mauvaise passe de l’économie chinoise est attribuée à un ensemble de facteurs souvent interreliés.

Le recul des exportations découlerait notamment du ralentissement économique mondial et de la distance que plusieurs pays occidentaux ont décidé de prendre par rapport à la Chine.

L’explosion du chômage des jeunes tiendrait, quant à elle, non seulement au ralentissement général de l’économie, mais aussi au fait que les bouleversements provoqués par la pandémie ont retardé l’entrée de plusieurs d’entre eux sur le marché du travail et qu’ils arrivent aujourd’hui tous en même temps, expliquait le New York Times mardi.

Quant au secteur immobilier, c’est l’histoire d’une bulle spéculative qu’on essaie, depuis quelques années déjà, de dégonfler doucement sans qu’elle éclate d’un coup. L’un des seuls moyens pour les Chinois d’accumuler du patrimoine, le secteur est aux prises avec des prix à la baisse et avec des promoteurs tellement endettés qu’ils en viennent à financer la fin de la construction de logements qui resteront vides en vendant d’autres logements encore sur papier.

Déjà très économes parce qu’ils ne peuvent pas compter sur un véritable filet social en cas de coup dur, les consommateurs chinois se sont mis à plus épargner encore (+15 % en un an), notait le mois dernier l’Institut Peterson d’économie internationale (PIIE).

Les enquêtes sur la confiance des ménages ne rapportaient presque aucune amélioration depuis la levée de la politique « zéro COVID » jusqu’à ce que les autorités décident, là encore, d’interrompre leur publication au printemps.

La solution, dans de pareilles circonstances, est normalement toute trouvée. La banque centrale devrait réduire ses taux d’intérêt et les gouvernements devraient déployer de juteux programmes de relance économique, surtout si l’on fait face à un danger de déflation.

Les autorités chinoises l’ont déjà fait par le passé, avec succès. Mais jusqu’à présent, elles n’ont accouché que de bien timides mesures, observait le Financial Times la semaine dernière. Peut-être parce que les gouvernements, surtout locaux, y sont déjà plus endettés que jamais (presque 300 % du PIB).

Peut-être parce qu’elles craignent que l’injection de nouvelles liquidités aille encore à des immeubles et à des routes dont personne n’a besoin, alors que le président Xi Jinping a dit vouloir que son pays accède à un stade supérieur de développement économique, observait le week-end dernier le Globe and Mail. Le problème, c’est qu’avec toutes ses interventions musclées contre quiconque dans le China inc. risquait de lui faire ombrage — comme le président-fondateur d’Alibaba, Jack Ma —, mais surtout avec sa politique « zéro COVID », Xi Jinping a semé un doute profond dans l’esprit des consommateurs et des entreprises, écrivait au début du mois le président du PIIE, Adam Posen, dans Foreign Affairs. On se dit qu’à tout moment, l’État chinois peut venir faire sa loi, quelles que soient les règles en vigueur jusque-là ou les conséquences économiques. « Appelez cela : un cas de “COVID longue économique”. »

« Bombe à retardement »

« La Chine est une bombe à retardement », a déclaré Joe Biden la semaine dernière. Pas seulement en raison de son poids dans l’économie mondiale, mais aussi parce que « quand les personnes mauvaises ont des problèmes, elles font de mauvaises choses », a affirmé le président américain.

Il est vrai qu’à elle seule, la Chine a compté pour près de 40 % de la croissance économique mondiale des 10 dernières années, contre 22 % pour les États-Unis et 9 % pour la zone euro.

Ce n’est pas la première fois qu’on annonce l’effondrement de l’économie chinoise, et toutes les fois, elle s’en est plutôt bien sortie, ont assuré plusieurs analystes au journal Les Échos la semaine dernière. Après des années de croissance artificiellement soutenue par le financement public d’infrastructures inutiles, la Chine est engagée dans une délicate opération de normalisation qui devrait bien se terminer, a fait valoir l’un d’eux.


 

La Chine se dirige-t-elle vers un effondrement total ? Analyse des tendances politiques, économiques et démographiques.

Sur MSN.

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

4 réflexions sur “La Chine déprime…

  • 19 août 2023 à 15 h 57 min
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    « La Chine est une bombe à retardement », a déclaré Joe Biden la semaine dernière.

    Biden prend ses rêves pour des réalités……tout ce qu’il sait faire c’est de la PROJECTION et ce, depuis qu’il est en poste comme marionnette no 1 des USA. Quant aux «personnes mauvaises» il bat des records en compagnie de son drogué de fils Hunter, et de son comparse le bouffon génocidaire Zelinsky.

    Les «bulles spéculatives» sont un domaine que connaissent bien les américains, car elles vont de paires avec leur économie perpétuellement chancelante, hors de contrôle. Pour ne citer que quelques bulles toujours pro actives et prêtes à un nouveau méga éclatement:
    – La bulle des schistes
    – La bulle des prêts automobiles
    – La bulle des prêts étudiants
    – La bulle des cartes de crédit

    Les USA ne retiennent aucune leçon, mais ils en donnent plutôt à ceux qui n’en n’ont pas besoin………..d’où ces constantes frictions avec les autres pays. Biden, ce vieux sénile est obligé de faire croire sans arrêt qu’ils sont au-dessus de leurs affaires, probablement à son image…. Les américains n’ont jamais été aussi embourbés dans leur propre merde que maintenant.. Ils voudraient bien faire couler les autres avec eux, même en dynamitant eux même leurs propres structure économique et sociale pour continuer à dominer, mais QUOI??? LE RÊVE AMÉRICAIN?????

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  • 21 août 2023 à 15 h 25 min
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    Ce qui échappe a l’auteur autant qu’aux analystes du New York times pour comprendre pourquoi la Chine s’en sort toujours malgrès de indicateurs au rouge dans toute l’économie…. c’est tout bêtement que ce pays dispose a la fois de ressources humaines exploitables a souhait comme une formidable manne dont ne dispoe aucun pays au monde sauf l’Inde, ou le tiers-monde en général, comme elle dispose de lois coercissives et d’une dictature en place qui peut se permettre en tout temps de chambouler le système sans devoir opérer en douceur, ou attendre l’avis des premiers concernés, ou encore sans la moindre contrainte de devoir rendre des comptes a qui que ce soit !

    la Chine en réalité est une horrible et terrible dictature qui se fout complètement de son capital humain sur le plan des droits et ceux des travailleurs et du peuple en général ! Je ne m’inquiéterai donc pas du tout pour ce dragon ou monstre capitaliste dans le sens propre comme figuré, même si aujourd’hui, il est tout a fait normal et légitime pour le reste du monde de réagir a l’encontre des politiques chinoises qui ont consisté a l’Innonder de produits a la fois maufacturé par des occidentaux ou des chinois mais tous Made in China qui s’est traduit par un effondrement maufacturier et industriel dans le reste du monde ! même l’usine d’allumettes ou de semelles de chaussures ou encore d’interupeurs electriques de tous ces pays ont descendu le rideau a cause de la Chine, et après tout ça, l’auteur vient se lamenter que la Chine assurait 40% de la croisance mondiale !!! croissance superficielle certes, et croisances des capitaux chinois et occidentaux qui pour la pluspart sont de capitaux non pas  »nationaux », mais des capitaux privés et surtout domiciliés en zone franches ou alors aux paradis fiscaux ! capitaux spéculatifs et capitaux qui ne concernent en rien les peuples, mais qui ont servi depui 30 ans a exploser le profits de nouveaux millionaires et milliardaires opportunistes grâce notamment au concours de la Chine, cette  »horrible dictature » qui sert pourtant le capital occidental !

    Et pour l’immobilier, j’espère pour ma part que ce secteur puisse s’ecrouler pas qu’en Chine mais dans le monde entier car ses ravages sont innombrables depuis qu’on l’a hissé au rang de colonne vertébrale de l’économie (économies nationales ou mondiale), secteur bourré de rentiers et de mafieux de tous poils souvent subventionné par les États aussi !

    Quant aux taux de chômage, a l’inflation, a la déflation en même temps, et aux plus violents phéomènes qui secouent les populations en ces temps apocalyptiques, vous n’avez encore rien vu… Aujourd’hui, le monde ne tourne plus que sur un maigre 20% de la population mondiale qui possède encore des emplois, un pouvoir d’achat et jouissent des inégalité provoquées par le capitalisme, pendant que 80% de la population mondiale vit sur le carreau ou est sur le point de le devenir… dans cette logique capitaliste suicidaire, impérialiste, belliciste et multi polaire aujourd’hui, y’en a qui ont fait le choix d’effacer des pays et leurs peuples de la surface de la terre comme le chancellier Poutine, et face a lui, les américains sont prêts a faire durer la guerre jusqu’a l’erradication totale de ce qui reste de l’ukraine et qui échappe a l’anihilation de Poutine ! et pendant que dans tous les pays du monde on procède a la même eradication de la population a travers plusieurs procédés similaires mais moins spectaculaires, a travers l’endettement colossal des ménages et des travailleurs, a travers la marginalisation et la tromperie politique et économiqye et a travers le chômage, la famine et l dépendance institutionalisée…. la voici la pure réalité du monde ! Alors autant et pourvu que cette foutue économie mondiale s’écroule cette fois pour de bon qu’on puisse brasser les cartes et recommencer a zero, ou alors sombrer dans la guerre mondiale qui elle au moins aura l’avangtage ou le maigre espoir de redéfinir de nouveaux horizons pour cette humanité a la dérive !

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  • 21 août 2023 à 17 h 18 min
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    La planète a un méga problème qui grossit sans arrêt, qui cherche à tout dominer et ne supporte pas la contradiction, il s’agit de l’OTAN……. Cette otanthique MAFIA qui a pris une expansion hallucinante depuis sa création et la récupération d’ex nazis mis à sa tête par les USA après 1945. C’est ça la triste réalité et quiconque s’interpose, s’expose à être anéanti, selon la définition des dirigeants US, à l’exemple et aux dires de ce criminel/assassin et génocidaire, libre et JAMAIS JUGÉ, W. Bush, ainsi que ces acolytes : «vous êtes avec nous ou vous êtes contre nous». Le mot d’ordre a été donné…… Avec ce genre de comportement, américain/OTAN, l’attaque préventive est la meilleure défense. Le Président Poutine l’a très bien compris et ce, depuis longtemps…..la Chine aussi, n’en doutons surtout pas.

    Le monde est soumis à la propagande US, totalitaire, manipulatrice et surtout projectionniste. Les pays qui n’adhèrent pas sont traités en parias à tous les niveaux. Tout est mis en place pour donner cette image au commun des mortels, ignorants et qui ne fait aucun effort pour chercher objectivement, mais faut il encore que l’info soit disponible et surtout crédible…une MÉGA CENSURE règne en occident et en Europe. À l’époque hitlérienne, le ministre de la propagande Goebbels fonctionnait exactement comme le font les américains, hypocritement, en aspergent les allemands de fausses nouvelles INVÉRIFIABLES. Aujourd’hui, c’est à l’échelle planétaire que le système fonctionne. L’OTANAZIE utilise le peuple ukrainien qui se sacrifie, donnant son sang jusqu’à la dernière goutte, comme l’exige le furhrer Zelinsky……qui fait du ménage..ne supportant aucun autre parti que le sien, ce serviteur du peuple….ou plutôt des américains et de leurs valets européens ruinés..qui n’ont aucun scrupule à financer et supporter des milices néo-nazis..venues maintenant de partout, une vraie HONTE!!

    Nous somme forcer de constater que le néolibéralisme américain actuel ne réussit qu’à accoucher d’une économie morte née….mais qui ¨rêve¨ pourtant encore de s’imposer à l’échelle planétaire.
    C’est devenu un cauchemar MONDIAL.

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