Hyperinflation, défaut de paiement et guerres
Par Dmitry Orlov – Le 8 août 2023 – Source Club Orlov
Par Claudio Buttinelli cet article est disponible en anglais, en italien et en espagnole ici:
Articles du 31 Aout 2023
Beaucoup de gens semblent heureux de vivre selon la logique infaillible qui veut que si une chose mauvaise prédite ne s’est pas encore produite, cela signifie automatiquement que ceux qui la prédisaient avaient tort et que cette chose mauvaise ne se produira jamais. Il est absolument inutile d’essayer de leur expliquer qu’il est beaucoup plus facile de prédire avec précision QUE quelque chose se produira que de prédire avec précision QUAND cela se produira. Il semble y avoir une prédisposition génétique commune à tous les humains à regrouper tous les développements indésirables et peut-être inévitables, mais pas encore naissants, dans une seule et même catégorie de “choses dont il ne faut pas s’inquiéter pour l’instant”. Il s’agit d’une vaste catégorie qui comprend le début de la prochaine ère glaciaire d’ici un millénaire, la pénurie de pétrole dans le monde (le monde n’en manquera pas, mais vous pourriez en manquer) et, bien sûr, le château de cartes financier des États-Unis qui finit par faire cette chose que les châteaux de cartes font tous si vous continuez à y ajouter des cartes, sauf que (et c’est ce qui rend les châteaux de cartes si excitants) vous ne savez jamais quelle carte sera celle de trop.
La perte par les États-Unis de leur cote de crédit AAA a provoqué chez certains un grognement bruyant avant qu’ils ne se rendorment dans leur fauteuil. L’annonce que les paiements d’intérêts annuels sur la dette fédérale américaine sont sur le point de dépasser les 1 000 milliards de dollars et d’engloutir la totalité de la partie discrétionnaire du budget fédéral a fait froncer les sourcils pendant une seconde ou deux avant de se calmer à nouveau à l’aide de l’un des mantras réconfortants, tels que “ils trouveront bien quelque chose !” ou “j’aurais de la chance de vivre aussi longtemps !” ou (celui-ci prononcé avec un sourire malicieux) “il suffit de commencer une autre guerre !”.
En effet, les guerres ont été extrêmement utiles aux États-Unis à plusieurs reprises. Les guerres indiennes ont permis aux États-Unis de défricher des territoires pour les coloniser, provoquant au passage le plus grand génocide de l’histoire mondiale, estimé à environ 100 millions d’âmes. La guerre américano-mexicaine, ou Intervención estadounidense en México, a permis aux États-Unis de prendre le contrôle de l’Arizona, du Nouveau-Mexique et de certaines parties de l’Utah, du Nevada et du Colorado. La guerre de Sécession (dont la fin de l’esclavage n’était que la justification propagandiste) a éloigné le Sud de l’Empire britannique, ce qui a permis au Nord d’accélérer la production industrielle en utilisant le coton du Sud. La Seconde Guerre mondiale a été la plus payante pour les États-Unis : la stratégie consistant à soutenir à la fois les fascistes et les communistes dans leur lutte mutuelle (il est vrai que le soutien des communistes n’a commencé à arriver qu’après la bataille de Stalingrad, au cours de laquelle il devenait évident que les fascistes seraient vaincus) a permis aux États-Unis d’écarter la Grande-Bretagne et de devenir la première puissance mondiale pendant près d’un demi-siècle. L’effondrement inattendu et utile de l’URSS a prolongé cette période de trois décennies supplémentaires.
Mais depuis lors, les possibilités sont devenues de plus en plus minces. Certes, les diverses opérations militaires menées dans l’ex-Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Syrie, en Somalie et au Yémen, ainsi que dans d’autres régions pauvres et relativement sans défense, ont été une aubaine pour l’industrie de la défense américaine, mais elles n’ont pas aidé le moins du monde le projet global visant à redonner un second souffle aux États-Unis. La guerre par procuration qui échoue actuellement dans l’ancienne Ukraine n’arrange rien du tout : elle démontre, tout à la fois, que les systèmes d’armes américains sont obsolètes, que l’Amérique craint d’affronter directement la Russie et qu’elle est bien trop désindustrialisée pour suivre le rythme effréné de la Russie en matière de production d’armes et de munitions. Pire encore, elle n’a plus d’argent et s’apprête à voler Pierre pour payer Paul : dépenser l’argent déjà destiné à l’aide à l’Ukraine pour armer Taïwan. En ce qui concerne Taïwan, il ne reste plus qu’une élection pour que le Guomindang (le parti nationaliste qui s’était initialement séparé des communistes du continent) prenne le pouvoir et choisisse de s’unir au continent. Quoi qu’il en soit, la farce de l’opposition des États-Unis à la Chine n’est que de l’aigreur : les États-Unis tiendraient tout au plus quelques mois sans les fournitures et les pièces détachées chinoises.
Tout cela rend-il improbable que les États-Unis tentent à nouveau de retarder leur effondrement économique et leur dissolution politique en déclenchant une nouvelle guerre de choix ? Oui, je pense que c’est exactement ce que cela signifie. Mais il est beaucoup plus probable qu’un autre type de guerre se développe spontanément : une guerre entre divers groupes armés à l’intérieur même des États-Unis. L’élément déclencheur sera très probablement d’ordre financier ; comme l’ont fait remarquer certains observateurs avisés, aux États-Unis, tout est sujet de plaisanterie, sauf l’argent. L’argent est la condition sine qua non, le facteur déterminant, le moyen de subsistance et l’élément fondamental des États-Unis. Leur marche vers l’indépendance nationale a commencé par une révolte fiscale contre la couronne britannique, connue sous le nom de Boston Tea Party (bien que, comme d’habitude dans l’histoire des États-Unis, la substance en question n’était pas du thé mais de l’opium et que la fête n’en était pas une). Pour les Américains, le dollar est “le sel de la terre”. “Mais si le sel perd sa salinité, comment le rendre à nouveau salé ? Il n’est plus bon à rien, sinon à être jeté dehors et foulé aux pieds”. (Matthieu 5:13).
Ce qui sera “jeté et foulé aux pieds”, dans ce cas précis, ce sont les Etats-Unis d’Amérique. Les États individuels resteront des petits coins pauvres, rongés par la criminalité et sans importance. Certains d’entre eux pourraient éventuellement se réintégrer selon de nouvelles lignes ethniques, raciales et/ou religieuses, tandis que d’autres (le Nevada, par exemple) pourraient être complètement abandonnés. D’ores et déjà, les gens se déplacent et s’autoségréguent le long des lignes de démarcation politiques : les rouges se déplacent vers les États rouges, les bleus vers les États bleus. À mesure que la loi et l’ordre disparaissent (comme c’est déjà le cas à Washington et à la Maison Blanche en particulier, et le poisson pourrit toujours par la tête), les épisodes de nettoyage ethnique, racial et religieux suivront leur cours sans rencontrer d’opposition. Étant donné que les États-Unis sont très riches en armes et en munitions, certains de ces épisodes d’auto-organisation post-Union prendront probablement la forme d’une guerre, et étant donné le penchant historique des Américains pour le génocide, au moins quelques-uns de ces épisodes se transformeront probablement en massacres purs et simples.
Voilà pour la guerre. C’est un sujet des plushttps://youtu.be/8-x5gGjn4zs?t=14 déprimants et ceux qui osent prononcer les mots “Nous allons juste commencer une autre guerre” avec un sourire malicieux devraient se donner une fessée très forte. Qu’ils le veuillent ou non, ils risquent d’avoir beaucoup de guerres qu’ils n’aimeront pas.
Et que dire de l’hyperinflation et du défaut de paiement ? Bien que certains considèrent ces deux phénomènes comme totalement distincts, ils ne sont que les deux faces de la pièce de monnaie de l’effondrement financier, qui se rapproche de plus en plus. Le défaut de paiement survient lorsque le gouvernement fédéral américain ne parvient pas à remplir ses obligations financières. Il a 80 000 milliards de dollars d’obligations non financées à long terme, dont 95 % sont imputables à deux programmes fédéraux seulement : Medicare et la sécurité sociale. De ces deux programmes, Medicare est légèrement plus petit et n’est pas indexé sur l’inflation. Il est donc possible de le faire disparaître, en laissant mourir les retraités malades, en ne votant tout simplement pas l’augmentation des paiements de Medicare. Il est politiquement beaucoup plus facile de le faire à Washington que de voter une réduction de la sécurité sociale.
Si Washington veut continuer à financer ses dépenses obligatoires, il doit continuer à emprunter de plus en plus vite, ce qui fait grimper les taux d’intérêt, ce qui fait grimper les coûts d’intérêt, ce qui fait grimper les taux d’emprunt, ce qui crée un cercle vicieux. S’il ne peut pas emprunter assez vite, il doit imprimer de l’argent, ce qui fait grimper l’inflation, qui augmente les dépenses indexées sur l’inflation, ce qui fait grimper tout ce qui précède… À un moment donné, on commencera à parler de “défaut hyperinflationniste” : c’est quand on ne peut pas imprimer de l’argent assez vite pour effectuer les paiements.
Environ la moitié des ménages américains reçoivent une partie de leurs revenus du gouvernement fédéral. Une fois que le “défaut hyperinflationniste” entraînera l’arrêt de ces paiements, des millions de personnes jugeront nécessaire de subvenir à leurs besoins par d’autres moyens, et le choix le plus évident sera de diviser la propriété, qu’elle soit publique ou privée, selon des lignes plus équitables, chaque groupe ayant des divergences d’opinion sur ce que sont ces lignes. Ces divergences d’opinion, à leur tour, sont susceptibles d’être résolues par l’utilisation d’armes à feu toujours aussi nombreuses, ce qui nous donne… la guerre…la suite des guerres génocidaires locales jusqu’à la dernière globale NDÉ.
Et voilà, les trois sont réunis dans un seul et même paquet.
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
j’aimerais rappeller a l’auteur que le phénomène de l’inflation sévère qui frappe les USA et le cercle vicieux du surendettement aussi, et dont il parle ici, ce phénomène s’applique de manière générale au monde entier, et de manière bien plus cruelle les pays pauvres déja en ce moment, en faisant augmenter les famines, les familles sans abris et sans logement, la violence sociale et les prisons sont pleines a craquer partout dans le monde suite a cela !
Je ne sais pas si l’auteur est au courant de la récente augmentation du prix du baril aux alentours de $87 et des prévisions qu’il va atteindre $120 et au-dela très bientôt, or que depuis la Covid a ce jour, les spécialistes de ce secteur nous apprennent qu’avant la pandémie le coût de raffinage du Brut était de $5 le baril, il est passé a $20 depuis la Covid et depuis la guerre en Ukraine, et difficilement en plus, car ce coût est prévu a la hausse aussi ! Cette situation a crée un chaos sans précedent dans le monde entier, et des drames incalculables affectent tous les pays du monde qui ne disposent pas de cette ressource ou celle du raffinage… c’est a dire la majorité des pays au monde !
Le pire est qu’aujourd’hui, nous avons déja atteint le seuil de déficit qui dépasse les 15% au moins un peu partout, même si les États continuent de maquiller ces chiffres, comme ils maquillent les chiffres de la croissance anuelle, ceux de l’inflation, ou encore ceux du chômage ! Alors que l’inflation en particulier sur les denrées alimentaires atteint de sommets et aujourd’hui, n’importe ou dans le monde, bonne chance de remplir un panier au super marché ou au marché de plein air pour le double et le triple de ce qu’on dépensait uniquement en 2022 !
En ce qui est des solutions, au lieu de parler des guerres et des conflits…. j’ai le regret de vous apprendre que tout le monde sait aujourd’hui, en particulier parmi les dirigeants, que les guerres ne résouderont plus rien ! par contre, le grand tabou aujourd’hui dans le monde et qui ne oit ignoré lui non plus par la communauté des nations, est que le monde doit s’organiser autour des ressources disponibles, et pour la distribution équitable et raisonnable de ces resources et ne plus permettre aux speculateurs ou aux intermédiaires de transiger ces ressources stratégiques …et ceci, devrait être le minimum syndical !
Mais en ce qui me concerne, Je préconise pour ma part et depuis toujours en fait, bien plus radical que tout ceci, et que du moment que le monde entier et ses équilibres économiques basiques et vitaux et minimaux, son alimentation aussi et surtout…, ses engrais et son agriculture, dépendent a ce point des produits pétroliers et du Gaz naturel, ou des engrais, il devient urgent que la communauté internationale, décrète par la force d’un referendum mondial que désormais, toutes les ressources stratégiques de Pétrole et de Gaz disponibles de par le monde, celles de Phosphates pour le engrais et l’agriculture, et même celles d’eau douce et de ressources de première nécéssités comme des minerais de plus en plus inaccessibles, deviennent la propriété et la responsabilité de la communauté internationale, avec une gestion centralisée et suivie dans le monde entier, une distribution aussi aux prix les plus basiques qui couvrent l’exploitation…et avec la rémunération minimale de pays producteurs ! Tout pays qui possède ces ressources et ne se soumet pas a des nouveaux quotas et a l’administration onusienne ou mondiale a travers le nouvel organisme qui devrait s’en occuper, devra subir foudres et sanctions, en plus de la contrainte par la force armée afin de livrer son quota et s’y conformer a la tonne près ! :)))
Je vous promet que si on ne se dirige pas vers des modèles similaires, le monde ne pourra tenir encore logtemps car déja aujourd’hui et suite a la catastrophe covid, suivie immediatement de la guerre en Ukraine, la majeure partie des nations sont en principe déja en phase de déposer le bilan et déclarer forfait ! Se cantonner a l’exemple US dans cet exemple, ne règle rien, et ne donne pas la moidre idée dans quoi on patauge tous ! Je ne sais pas si l’auteur du billet regarde le infos du monde, mais le chiffres du chômage et de la déchéance sociale explosent a trfavers le monde, et même sur les conflits et guerres en cours, comme en Ukraine ou ailleurs, on ne nous dit même pas les chiffres des morts tellement la vie humaine est devenue obsolète et sans la moindre valeur sauf celle des riches et des puissants !
Si aujourd’hui, les plus riches pays du monde ne sont pas capables de joindre les deux bouts et sont déja en faillite depuis au moins 10 ans, l’ont été encore plus depuis la Covid et la guerre d’ukraine, je prierais l’auteur de se pencher sur la situation des pays pauvres ou des pays dits en voie de développement… et je peux vous assurer qu’il n’y a pas un seul de ces pays qui soit capable d’honorer ses budgets, ses dépenses ou ses rentrées ou recettes fiscales ou encore de payer se dettes !
Il y en a marre de cette confrontation idéologique entre Mega puissances en carton, dont la dangérosité réside en réalité dans leur arsenal nucléaire et leur menaces qu’ils font peser sur le monde entier…! cette logique n’a plus sa place dans le monde aujourd’hui ! ces guerres idéologiques et celles de puissance ou de domination ne servennt plus a rien, car aujourd’hui, même les ultra riches vivent dans l’insécurité la plu totale, et ils le réalisent de plus en plus…que les forteresses qu’ils ont imaginé hier, et tou ces concepts de villes Bunkerisées et hyper gardées ne fonctionneront pas non plus ! Aujourd’hui, ils savent tous, comme Bill Gates le sait, Elon Musk ou les autres et même les milliardaires chinois, qu’il y a urgence de changer de paradigme au moins économique, sinon rien ne sera plus dangereux que de vivre dans un monde aussi canibalisé et livré aux zombies comme aujourd’hui !
Je propose a l’auteur d’aller faire un tour dans les ports et les plateformes de commerce pour réaliser le ralentissement en même temps de plusieurs activités et marchés autrefois dyamiques du commerce mondiale, et les mise a pied, les faillites et la recession qui viennent avec ! c’est tout simplement rendu a une echelle cataclysmique, et ce n’est que grâce au dynamisme de 30% des économies de riches et leurs avoirs qui donne l’impression que le monde de 2023 est aussi riche que ceux d’hier !
on touche du bois ! le monde va très très mal ! et si on ne fait rien,. ceci finira très très mal de toute façon et c’est déja commencé ! … et pour l’anecdote, mes dernières courses m’ont tout simplement choquées sur la facture, même si »économiques »… il m’a fallu succomber a une gâterie, pour réaliser que cette dernière n’est même pas celle qui a fait exploser la facture…. et je ne parle pas des factures régulières… imaginez un peu celles de 5 milliards d’individus qui ne sont tout simplement plus capables de suivre ou de s’assurer le minimum vital !
Il faudrait corriger, le véritable seuil des déficits d’états se situe en réalité entre 15% et 35% dependamment de quel pays on parle, et encore une fois, en dépit du maquillage de ces chiffres, alors ceux du chômage, de l’inflation, de la croissance et le reste.. n’en parlons pas ! Merci de corriger !
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