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Tchernobyl: le pire devant nous?

OLIVIER CABANEL —Par Claudio Buttinelli cet article est disponible  en anglais, en italien et en espagnole ici:
Articles du 18 Septembre 2023

 A la lumière d’un échange de mail entre un ancien officier instructeur en protection nucléaire et un physicien Biélorusse, on peut logiquement s’inquiéter des nouveaux développements relatifs à Tchernobyl.

L’AIPRI est l’association internationale pour la protection contre les rayons ionisants. Cette association a pour but la divulgation scientifique dans le domaine de la physique nucléaire et des dangers radiologiques de la contamination interne.

Gràce à cette association, on apprend par exemple que 22% du poids total des produits radioactifs fabriqués par les centrales nucléaires sont constitués de gaz.

Contrairement à ce que l’on peut penser, ces gaz dont la durée de vie va de quelques secondes à des millions d’années, partent dans l’atmosphère, et par conséquent dans nos poumons.

Ce sont le Brome, le Krypton, l’Iode, le Xénon, le Tritium et le Carbone 14.

L’iode 129 est celui qui a la période la plus longue.

L’AIPRI nous informe que dans la seule année 2000, c’est plus de 400 kg de Krypton 85 (plus de 157 millions de Curie) et 2300 kg d’Iode 129 (408 curie) qui ont été pour une bonne part relâchés dans l’atmosphère.

« Il y a probablement actuellement plusieurs centaines de kilos de Krypton 85 et plusieurs tonnes d’Iode 129 dans l’air…ce qui constitue un épouvantable danger radiologique pour les générations actuelles, mais encore plus pour les générations futures » déclare Paolo Scampa, vice-président de cette association.

Mais il y a beaucoup plus grave.

Dans un échange entre Vassili Nesterenko et Maurice Eugène André la question est posée de savoir si les conditions plutonigènes sont réunies pour que Tchernobyl puisse encore exploser nucléairement.

Maurice Eugène André est un ancien officier instructeur en protection nucléaire.

M.E.André suggère à Nesterenko :

« Ce qui pourrait arriver maintenant c’est une explosion nucléaire tardive. Cela proviendrait du fait que du plutonium du magma (le plutonium fond à seulement 641C°) sédimente petit à petit dans le fond du magma actuel car il est pratiquement le plus lourd des métaux présents là et que se réunisse goutte à gouttes au fond du magma un volume liquide d’un seul tenant de seulement 6 kg de plutonium 239 « (ce qui est suffisant pour amorcer une explosion nucléaire).

Réponse de Nesterenko :

« Je suis tout à fait d’accord. La sédimentation du plutonium fondu sous le réacteur peut provoquer une explosion nucléaire des dizaines d’années après l’accident. Voilà pourquoi il est indispensable de vider le réacteur de Tchernobyl en ruine de tout le carburant nucléaire qui s’y trouve encore ».

Le danger ne se pose plus pour Vassili Nesterenko car il est mort le 25 aout 2008.

Ce physicien, ex-directeur de l’institut de l’énergie nucléaire de l’Académie des sciences de Biélorussie a été l’un des premiers a avoir alerté l’opinion publique internationale de la catastrophe de Tchernobyl

Grace à lui, des milliers de Polonais ont eu la vie sauve, car il a permis la distribution rapide d’iode et a évité à ceux-ci les cancers de la thyroïde qui les menacaient.

Il est intervenu comme liquidateur pour larguer des containers d’azote liquide afin de refroidir le réacteur.

Les autorités soviétiques l’ont menacé d’internement psychiatrique, et il a échappé à deux attentats.

Tout n’est pas rose, comme on le voit, dans l’ancienne URSS.

Jusqu’au bout, les autorités ont tenté de minimiser l’ampleur des impacts de la catastrophe de Tchernobyl.

Aujourd’hui, que nous le voulions ou non, nous sommes confrontés à un danger encore plus grand.

Mais la chape de plomb du lobby nucléariste s’est abattu sur le monde, et une étrange épée de Damocles est suspendue au-dessus de nos têtes frivoles.

Car comme disait un vieil ami africain :

«La bougie donne plus de lumière quand on la mouche».

2 réflexions sur “Tchernobyl: le pire devant nous?

  • Oh oui, j’y ai pensé aussi bien pour Tchernobyl que pour Fukushima, à cette possibilité d’explosion nucléaire spontanée. On peut même se poser la question : n’est-ce pas déjà ce qui s’est passé le 15 mars 2011, au réacteur N°3 de Fukushima ? Il ne semble pas qu’il se soit agi, comme deux jours plus tôt au réacteur N°1, d’une explosion de vapeur : le nuage qui en est sorti était trop noir. Et l’explosion, très violente. Se dire que ce genre d’évènement « amusant » pourrait arriver à l’un de nos nombreux réacteurs hexagonaux n’a rien pour rassurer.
    Pour donner une idée, la quantité de plutonium nécessaire, compte tenu de la masse volumique particulièrement dense de ce métal, correspond à 15 cl, le contenu d’un verre de table….

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