ÉTATISME CONTRE LIBÉRALISME ? C’EST TOUJOURS LE CAPITALISME (T.Thomas)

Par Tom Thomas. 2011.

Par Claudio Buttinelli cet article est disponible  en anglais, en italien et en espagnole ici:
Articles du 7 Septembre 2023 (1)

 

ÉTATISME CONTRE LIBÉRALISME ?  C’EST TOUJOURS LE CAPITALISME

 

DÉMYSTIFICATION L’ÉDITEUR POPULAIRE

PARIS

http://www.demystification.fr/les-livres-de-tom-thomas-2/etatisme-contre-liberalisme/

INTRODUCTION

 

 

La plupart des commentateurs ont affirmé que la cause de la crise contemporaine était les « excès » d’une finance débridée et mondialisée que des gouvernements libéraux auraient volontairement favorisée et laissée libre de ses mouvements erratiques et spéculatifs. Les libéraux auraient mis l’Etat au service de la finance (appelée aussi « les marchés ») au lieu de le conserver et de l’utiliser comme serviteur de « l’intérêt général » pour les uns, de « l’intérêt national » pour les autres (ce qui est à peu près la même chose!). Ainsi de tous côtés, au Front de Gauche comme au Front National, on en appelle à un Etat qui régulerait les marchés, dompterait la finance (ce mauvais capital parasite) tout en assurant la croissance (celle du bon capital productif), et par là l’emploi, les salaires, etc. Bref, il faudrait, et il suffirait, pour sortir de la crise que l’Etat ait à sa tête un gouvernement qui lui redonne toute sa puissance, l’accroisse même, afin qu’il joue son rôle de régulateur de l’économie, de protecteur de la Nation, d’arbitre équitable et social de la répartition des richesses. Il suffirait donc de changer les hommes à la tête de l’Etat!

 

Le but de ce livre est de combattre cette utopie, qu’on appellera étatisme. Il montrera que l’Etat ne peut nullement être le moyen d’une solution à la crise et à ses effets catastrophiques, pour la raison qu’il ne peut pas être autre chose que l’organisateur essentiel de la reproduction du capitalisme (i.e., des rapports sociaux capitalistes) et de plus en plus essentiel au fur et à mesure de son développement historique. Il montrera que, pire encore, tout renforcement du rôle de l’Etat ne peut être qu’un renforcement de la dépossession des travailleurs des moyens de leur vie, un renforcement de la domination sur eux du capital (éventuellement étatisé) et de ses représentants, les bourgeois (appelée par Marx « les fonctionnaires du capital » parce qu’ils ne font qu’en exécuter les lois). Cela quelles que soient les promesses de démocratie « participative », « citoyenne », « républicaine », ou autres qualificatifs qu’on y adjoint comme pour admettre qu’elle n’est rien! Il montrera que cet étatisme contemporain n’est pas un fait du hasard, un choix parmi d’autres, mais qu’il manifeste une tendance au totalitarisme inhérente à l’essence même de l’Etat et dont le plein développement accompagne nécessairement celui du capital arrivant à son âge sénile. C’est donc une idéologie particulièrement néfaste en ce sens que, poussée à ses extrémités logiques, elle mène au fascisme1.

 

Ainsi, c’est parce que cette idéologie est non seulement trompeuse dans ses promesses mais très dangereuse dans ses effets qu’elle sera ici combattue sans complaisance aucune, y compris quand elle se pare des qualificatifs de « socialiste », « communiste », ou plus généralement, « de gauche ». Parce qu’alors, c’est bien au cœur de l’urgence d’aujourd’hui, qui est que les prolétaires conquièrent leur indépendance en s’organisant en classe révolutionnaire, que se situe le combat contre l’étatisme. Car si les prolétaires n’y parviennent pas, et ils n’y parviendront que contre l’Etat qui fera tout pour les en empêcher – y compris avec des gouvernements de gauche comme l’histoire l’a constamment montré – alors les pires catastrophes sont certaines.

 

Il ne s’agit donc pas ici d’un livre sur l’Etat, qui analyserait toutes ses déterminations, fonctions, moyens, institutions, etc. L’analyse de l’Etat y sera limitée: 1°) en ce qu’elle sera seulement basée sur l’exemple français (néanmoins, il présente des caractères généraux propres à tous les Etats modernes); 2°) en ce qu’il ne sera pas procédé à l’examen de toutes les strates, et leurs rapports, qui composent le gigantesque millefeuille qu’est cet Etat, depuis les municipalités jusqu’à l’étage européen, des diverses administrations jusqu’aux multiples Comités, Hautes Autorités, Commissions et innombrables organismes parapublics; 3°) en ce qu’elle se bornera à exposer seulement ce qui est nécessaire à la compréhension de l’étatisme comme idéologie et comme pratique tout aussi capitaliste que le libéralisme (deux faces de la même médaille en réalité). Ainsi qu’à exposer les bases de son influence sur les masses populaires. Lesquelles sont ce qui induit ce qu’on appellera le fétichisme de l’Etat (en référence et en correspondance avec la fameuse analyse de Marx dans le premier chapitre du Capital sur le fétichisme de la marchandise). Bref, ce livre se limite à exposer pourquoi il faut combattre fermement l’étatisme et quelles en sont les racines.

 

            AVERTISSEMENT

 

L’analyse du rôle de l’Etat contemporain ne peut pas être séparée de celle de la reproduction du capital qui est sa fonction, donc aujourd’hui de sa crise. Sur ce sujet, je ne pourrai que renvoyer aux ouvrages où j’ai traité de cette question, cités dans la liste publiée à la fin de celui-ci.

 

CHAPITRE 1

 

 NAISSANCE ET ESSENCE DE L’ÉTAT

 

 

Commençons par préciser un choix de vocabulaire. Tout pouvoir dominant plus ou moins centralisé dans une société n’est pas à proprement parler un Etat. On dira plus loin ce qui distingue nettement cette « superstructure » de l’époque capitaliste de celles qui l’ont précédée. Le mot Etat n’apparaît d’ailleurs que vers le 16ème siècle, en Europe, notamment avec Machiavel2. User de ce mot pour désigner toute forme de pouvoir sur la société, quelles que soient les époques, est certes une commodité de langage couramment usitée, mais qui gomme les spécificités déterminantes de l’Etat. C’est pourquoi, j’ai choisi ici de réserver ce mot à l’époque du mode de production marchand et capitaliste en général, et ceux « d’Etat moderne » pour le capitalisme contemporain.

 

Comme beaucoup d’autres, Marx a usé de cette commodité. Par exemple, quand il parle de l’Etat athénien ou romain, ou encore d’Etat au moyen-âge. « Au moyen-âge, il y avait serf, bien féodal, corporations de métiers, corporations de savants, etc., c’est-à-dire qu’au moyen-âge, propriété, commerce, société, homme, tout est politique… Au moyen-âge, vie du peuple et vie de l’Etat sont identiques »3. Mais justement, il ne s’agit pas alors à proprement parler d’Etat puisqu’il n’y a pas séparation entre « vie du peuple » et « vie de l’Etat », ce qui est, nous le verrons, une caractéristique essentielle de l’Etat. Ici Marx utilise ce mot parce qu’il est celui qu’utilise Hegel. Or précisément, il le critique en lui opposant que « l’abstraction de l’Etat en tant que tel ressortit seulement à l’époque moderne parce que l’abstraction de la vie privée ressortit seulement à l’époque moderne. L’abstraction de l’Etat politique est un produit moderne »4.

 

Certes, des prémisses de cet Etat ainsi historiquement délimité peuvent être aisément trouvées bien avant la révolution bourgeoise qui l’institua pleinement. Toute nouvelle organisation sociale trouve d’abord des bases dans la précédente (et même les précédentes puisqu’en la matière on peut remonter jusqu’à Rome, Athènes, et au delà). C’est ainsi, par exemple, que Marx constatait dans La Guerre Civile en France que « le pouvoir centralisé d’Etat avec ses organes omniprésents – armée permanente, police, bureaucratie, clergé et magistrature – tire son origine de la monarchie absolue ».

 

Pour déterminer ce qui caractérise l’Etat comme appareil spécifique à l’époque marchande et capitaliste, nous analyserons sa naissance au terme, notamment, de sa gestation au sein de l’époque féodale, et montrerons en quoi cette naissance est aussi une rupture avec les formes politiques précédentes. Rupture évidemment la plus clairement et radicalement posée par la Révolution française. Ce très bref rappel historique reposera sur, et vérifiera, cette célèbre affirmation de Marx:

 

            « C’est toujours dans le rapport immédiat entre le propriétaire des moyens de production et le producteur direct (rapport dont les différents aspects correspondent naturellement à un degré défini des méthodes de travail, donc à un certain degré de la force productive sociale) qu’il faut chercher le secret le plus profond, le fondement caché de tout l’édifice social et par conséquent de la forme politique que prend le rapport de souveraineté et de dépendance, bref, la base de la forme spécifique que revêt l’Etat à une période donnée. Cela n’empêche pas qu’une même base économique (la même quant à ses conditions fondamentales), sous l’influence d’innombrables conditions empiriques différentes, de conditions naturelles, de rapports sociaux, d’influences historiques extérieures, etc., peut présenter des variations et des nuances infinies que seule une analyse de ces conditions empiriques pourra élucider »5.

 

Lire la suite en format PDF (77 pages)  TOM Etatisme-contre-libéralisme

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

2 réflexions sur “ÉTATISME CONTRE LIBÉRALISME ? C’EST TOUJOURS LE CAPITALISME (T.Thomas)

  • 9 septembre 2023 à 2 h 39 min
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    Alerte aux ouragans U.S.A. – indifférence de l’Etat comme du libéralisme :

    Lee devrait devenir une tempête de catégorie 5 – La tempête la plus intense de l’année pour l’Atlantique Nord se dirige vers les Bahamas et les États-Unis.

    ParAuteurMarko Korosec
    Posté surPublié :06/09/2023
    CatégoriesMétéo mondiale

    La saison des tempêtes dans l’Atlantique Nord s’est considérablement intensifiée récemment, avec 12 systèmes nommés. Le système actuel, Storm Lee, devrait devenir le système le plus intense de l’année. Profitant des températures extrêmement chaudes de la mer de l’Atlantique Nord, Lee devrait s’intensifier rapidement et atteindre probablement une catégorie 5 au cours du week-end. En route vers les Bahamas et les Etats-Unis.

    Cette année, la température moyenne record de la surface de la mer a donné lieu à d’intenses tempêtes ; deux systèmes de catégorie 4 ont déjà été observés, Franklin et, plus récemment, Idalia. La suivante, Lee, les surpassera et deviendra la première tempête de catégorie 5 de la saison atlantique en 2023.

    https://www.severe-weather.eu/global-weather/storm-lee-north-atlantic-bahamas-united-states-bermuda-category-5-mk/

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