Quand le patronat pille sans vergogne la valeur ajoutée et le budget de l’État, afin de contrer la baisse tendancielle du taux de profit

Par Brigitte Bouzonnie.

Par Claudio Buttinelli cet article est disponible  en anglais, en italien et en espagnole ici:
Articles du 18 Septembre 2023

Les grands patrons pillent sans vergogne la valeur ajoutée et le budget de l’État. Comment le sait-on ? C’est l’historienne, Madame Lacroix-Riz, qui le dit dans une vidéo intitulé : « Les parades du patronat à la baisse tendancielle du taux de profit », 2016. Voilà le verbatim de son propos :

Le grand patronat met en oeuvre des parades à la baisse tendancielle du taux de profit, dont on est témoin chaque jour. C’est à dire cette augmentation considérable, gigantesque de la productivité, qui a augmenté en valeur absolue de façon considérable. C’est aussi l’intensification du travail, qui comme vous le savez, est due à la surexploitation du salarié. Ce sont là les facteurs “classiques”. Mais il y en a d‘autres : la baisse des salaires massive réelle, qui s’opère avec l’aide considérable de l’Etat. La fiscalité qui pèse sur la population est un moyen considérable de redistribuer des plus pauvres vers les plus riches. C’est tout simplement, un vol de la valeur ajoutée, un prélèvement sur le salaire qui vient grossir les profits monopolistiques. Par exemple, le CICE. Les petits patrons en ont profité pour tout automatiser : par exemple, sur les autoroutes, il n’y a plus de salariés : que des machines.

La redistribution fiscale fait que ce grand patronat n’est pas sensible à la baisse tendancielle du taux de profit. Qu’il y ait baisse du taux de profit, cela ne fait aucun doute. La concentration du capital constant (machines) par rapport au capital variable (salaires) fait que le capitalisme est mortel, dixit Marx. Que la baisse tendancielle du taux de profit est un obstacle insurmontable pour développer les forces productives. Exactement comme le système féodal est entré en crise par incapacité de développer les forces productives. Cela a duré 300 ans. On y était déjà parvenu en 1914. Lénine estimait que la Russie était mûre pour la Révolution. Mais la pression gigantesque sur les masses freine de manière considérable la perte par le capital le plus concentré, puisqu’il confisque une partie gigantesque du PIB. (Voir notre article DE L’INSURRECTION POPULAIRE À LA RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE (1/5) – les 7 du quebec et  DE L’INSURRECTION POPULAIRE À LA RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE (2/5) – les 7 du quebec).

Se sont appauvries des couches sociales jusque là prospères. Ainsi, un professeur certifié qui gagnait 2 fois le SMIC ne gagne plus aujourd’hui qu’1,2 SMIC. La valeur ajoutée va à une toute petite fraction de la société : le grand patronat. C’est à dire que les parades avec l’aide d’un état totalement contrôlé par le Capital. Et qui ne se heurte plus à la résistance massive des organisations politiques et syndicales de gauche. C’est la grande différence avec la situation antérieure (entre-deux guerres, 1945, +). Les “Trente Glorieuses” est une notion absurde, parce que les augmentations de salaires ne sont pas tombées tout rôties pendant 30 ans. Toutes les réformes de 1945 ont demandé énormément de luttes. Il y avait alors des organisations ouvrières et une combativité, telle qu’elles ont préservé les avantages sociaux des classes populaires.

Toute une partie de la jeunesse est laissée pour compte. Les jeunes ne travaillent pas avant 29 ans et vivent chez leurs parents. Ont des salaires de misère. On assiste à une ponction directe de la valeur ajoutée par l’employeur. Puis dans le cadre de la redistribution, via l’Etat encore plus gigantesque, qui va se concentrer vers le 0,1% de la société. Il y a 20 ans, le salaire représentait 5% de la sidérurgie. Même si on met tout le monde au bol de riz, cela ne règle pas la baisse tendancielle du taux de profit »(sic) (les parades du patronat à la baisse tendancielle du taux de profit).

2°)- Brigitte Bouzonnie : naturellement, on partage 5 sur 5 les analyses de Madame Annie Lacroix-Riz. Oui, à compter des années 1980, il y a d’un côté, intensification du travail, mais en même temps une baisse réelle des salaires. Ainsi, entre 1959 et 1979, le salaire a augmenté en moyenne de +2,25% par an contre +1% par an entre 1980 et aujourd’hui. On rappelle aussi que, depuis les années 1980 dans le partage de la valeur ajoutée, le facteur travail perd dix points au profit du facteur capital : autant de chiffres qui corroborent l’analyse de Madame Annie Lacroix-Riz.

-Sur la baisse réelle massive des salaires, à travers la redistribution fiscale, malheureusement, il n’y a pas que l’exemple des 50 milliards d’euros du CICE. On donnera un autre chiffre. 157 milliards d’euros (chiffre ELUCID) sont donnés chaque année, pris sur le budget de l’Etat (522 milliards d’euros) en ”aides aux entreprises”, naturellement surtout au grand patronat. ces aides aux entreprises ne vont pas de soi : il faut savoir que sous Giscard, qui n’était pas un bolchevique, les aides aux entreprises données dans le cadre du budget de l’Etat ne dépassaient pas 2% du PIB. Elles sont aujourd’hui à 13% de ce même PIB. Ainsi, toutes les enveloppes sociales ont été raclées jusqu’à l’os, pour être données en ”aides aux entreprises” ne créant pas un seul emploi.

Autre chiffre politique comme disait Jacques Duclos : 498 milliards d’euros ont été donnés aux patrons en exonérations de cotisations sociales patronales entre 1922 et 2016. Ce vol des salaires a été fait, non pas sur le budget de l’état mais sur celui du budget de la sécurité sociale, ce qui revient au même.

-La petite-bourgeoisie ralliée à la grande Bourgeoisie contre les « classes populaires » connait à son tour une baisse de son pouvoir d’achat. Des problèmes d’emploi et d’insertion professionnelle pour ses enfants. Comme écrit l’économiste marxiste Vincent Gouysse sur Réseau International : à l’occasion du Covid et du premier confinement, Macron veut liquider la classe moyenne. L’analyse de Madame Annie Lacroix-Riz sur le déclassement de la petite-bourgeoisie est donc fondée et lucide.

-Est également stimulante son idée selon laquelle, après-guerre, le Peuple français a des organisations politiques et syndicales solides. “Fermes sur les prix”. Elles défendent véritablement la classe ouvrière, comme on disait alors. Et que donc, les “Trente Glorieuses” ne doivent rien à un “partage annuel de la valeur ajoutée”, comme écrivent faussement les intellectuels socio-démocrates. Les hausses salariales sont dues à la seule combativité. Organisation, dont l’absence aujourd’hui se fait cruellement sentir.

On ne peut que souscrire à une telle analyse, lorsqu’on sait comment les dirigeants de la France insoumise sont achetés par Macron, via l’argent du dispositif de financement de la vie politique : 22 millions d’euros entre 2017 et 2022, lorsqu’il n’y avait que 17 députés LFI. Beaucoup plus aujourd’hui (2022 à 2026) avec 49 députés LFI. On n’a pas oublié la phrase de Corbière : “il faut critiquer Macron mais pas trop”(sic) (BFMTV, décembre 2017).

Lorsqu’on entend Mélenchon se moquer des “crevards à 3000 euros” (sic), qui sont pourtant son fonds de commerce officiellement à défendre, puisque 90% de la population salariée gagne moins ou 3000 euros par mois. Avec une telle “défense”, Macron a de longs jours devant lui à l’Élysée !

Lorsqu’on voit les députés de la FI volontairement mal défendre les salariés, lors du mouvement social contre les retraites du premier semestre 2023. Idem de la part des dirigeants CGT : Martinez et Sophie Binet étant payés 13 000 euros par mois, pour na pas défendre valablement les salariés dans la rue. Un exemple entre mille : le 17 octobre 2017, il y eut une très belle manifestation contre la casse du code du travail voulue par Macron. Toute la journée ,la CGT annonça 1 million de personnes dans la rue. Suivant la manifestation sur Facebook avec FJ Bigotière, Monsieur manif de la FI, nous avons pu voir en effet, que la manif “infusait” dans de très petites villes comme Saintes ou Tulle. Pourtant le soir, la CGT annonça que 400 000 personnes mobilisées, soit un énorme mensonge de sa part !

Il est évident que la population salariée n’a pas les organisations politiques et syndicales qu’elle mérite.

Des millions de femmes et d’hommes sont désorientés par le Mensonge macronien, véritable pierre angulaire du système. Un journal sur le net comme « Les 7 du Québec » (Voir:  Résultats de recherche pour « retraite » – les 7 du quebec )  produit de la contre information de qualité, qui permet de les conscientiser. Leur faire prendre la mesure de la société pourrie dans laquelle nous vivons, où le grand patronat a tous les droits, tous les pouvoirs : notamment ceux de récupérer à son profit toutes les enveloppes de crédits, qui hier encore, étaient des enveloppes sociales comme les contrats aidés, au seul service du Peuple qui souffre.

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

3 réflexions sur “Quand le patronat pille sans vergogne la valeur ajoutée et le budget de l’État, afin de contrer la baisse tendancielle du taux de profit

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