7-de-lhexagone

L’E.P.R. sonne-t-il le glas du nucléaire?

OLIVIER CABANEL —  Par Claudio Buttinelli cet article est disponible  en anglais, en italien et en espagnole ici:
Articles du 2 Octobre

Cette technologie prometteuse pour les militants du nucléaire s’enfonce jour après jour dans le rouge, et les dernières décisions finlandaises ne vont rien arranger.

L’EPR n’en finit plus de faire parler de lui, et pas en bien, puisque aux dernières nouvelles, l’autorité de sûreté nucléaire finlandaise (STUK) a ordonné la suspension de certains travaux sur le site nucléaire d’Olkiluoto.

En effet, ayant observé des microfissures sur plusieurs segments de tuyaux du circuit primaire de refroidissement, l’autorité finlandaise a tout bonnement arrêté les travaux de soudure sur ce circuit primaire.

La première conséquence de cet arrêt intempestif est l’allongement du calendrier des travaux.

Ce que confirme Areva : « si le problème venait à durer, nous ne serions plus en mesure de livrer le chantier, et nous prendrions du retard.

Ce qui est un doux euphémisme, car les retards s’accumulent pour ce chantier complexe qui a déjà plus de trois ans de retard.

Pour bien comprendre le danger, au risque de vulgariser d’une façon simpliste, ce circuit primaire permet de refroidir le réacteur.

La chaleur produite se communique donc au réseau de refroidissement, un peu comme pour le radiateur d’une voiture, et on imagine facilement que des micro-fissures, s’élargissant sous l’effet de la chaleur, pourraient provoquer des fuites, entraînant un mauvais refroidissement du circuit.

Pour garder le parallèle avec un moteur de voiture, chacun sait qu’un moteur qui n’est plus refroidi tombe très vite en panne : joint de culasse, et compagnie.

Dans le cas du nucléaire, on imagine sans peine que les risques sont beaucoup plus graves, et on se souvient que la cuve intermédiaire de « super » phénix avait connu les mêmes déboires, ce qui a provoqué la fermeture du site.

Une première campagne d’inspection avait montré pour l’EPR finlandais des fractures de 1 à 2 mm de long et de 1,8 mm de profondeur sur une section de 190 mm.

Déjà en 2007, le STUK avait interrompu pendant 2 mois des travaux de soudure sur le liner (structure d’étanchéité métallique de l’enceinte de confinement).

Les ONG réclament maintenant l’annulation pure et simple du permis de construire de la centrale.

L’EPR français en cours de construction à Flamanville n’est pas mieux loti : il a connu des défaillances techniques dues au niveau de qualité des bétons, ainsi que des problèmes de soudure.

Jukka Laaksonen, directeur général de STUK écrit dans une lettre adressée aux autorités : « ces défauts techniques justifient l’arrêt de la construction  » et affirme « qu’il n’est pas possible de commencer les essais ».

L’association Greenpeace réclame du coup l’arrêt complet des deux constructions, la Finlandaise, comme la Française, et conclut dans un communiqué récent que « l’industrie ne peut plus continuer à présenter le nucléaire comme la solution à la crise énergétique et au changement climatique. Elle ne doit plus empêcher le développement des vraies solutions ».

Déjà financièrement, la situation de l’EPR n’était pas enviable : le prix du réacteur était estimé à 3,3 milliards d’euros, mais on s’achemine aujourd’hui vers un coût de 5 milliards.

On se souvient que les actions de Constellation Energie, partenaire américain d’EDF, avaient chûté de plus de 68% il y a peu de temps.

En fait Areva et EDF sont menacés du « syndrome Airbus » : flamboyants jusqu’au jour où la vérité éclate, et que le carrosse redevienne citrouille.

Depuis le 1er janvier 2008 ces deux entreprises ont perdu environ 55% de leur valeur en bourse.

Les promesses de l’Afrique du Sud de construire 12 réacteurs se sont dégonflées comme autant de baudruches, tout autant que pour les 60 réacteurs nucléaires Brésiliens, ou les projets Sénégalais, Namibiens, Turcs, Jordanien, Yéménites, etc…

Et ne parlons pas du projet de fusion nucléaire qui prend eau de toute part, autant pour la finance que pour la technique.

Tout çà tombe très mal pour le lobby nucléaire d’autant qu’un sondage (sondage d’opinion Forsa) réalisé en Allemagne prouve que nos voisins outre-Rhin sont de plus en plus nombreux à réclamer la sortie de leur pays du nucléaire.

Ils sont 66% à la réclamer, ce qui est en augmentation par rapport à un sondage identique réalisé en août 2006.

Si on ajoute à ça le peu d’empressement du président Obama par rapport au nucléaire…et on sent bien que le vent est en train de tourner en faveur des énergies propres et renouvelables.

Alors comme disait un vieil ami africain :

«Jette un os au chien méchant pour l’empêcher de te mordre».

Une réflexion sur “L’E.P.R. sonne-t-il le glas du nucléaire?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

En savoir plus sur les 7 du quebec

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture