Ni défense de la religion, ni défense de la laïcité, mais défense inconditionnelle de nos conditions de vie et de travail

Par Khider Mesloub.

Le premier article de cette série est ici :
France : les filles musulmanes prises en otage par les intégristes laïcards gouvernementaux et les islamistes phallocrates – les 7 du quebec
Le deuxième article de cette série est ici:
La différence de traitement des réfugiés nous renseigne sur le racisme des élites européennes – les 7 du quebec
Le troisième article de cette série est ici:
La laïcité devenue un instrument de lutte de la classe bourgeoise contre le prolétariat – les 7 du quebec
Le quatrième article de cette série est ici:
La laïcité devenue un instrument de stigmatisation et de criminalisation des musulmans – les 7 du quebec

Par Claudio Buttinelli ces articles sont disponibles  en anglais, en italien et en espagnole ici:
Articles du 2 Octobre

 

Pour ou contre le port de l’abaya à l’école? Telle est la dernière opération de diversion et de division du prolétariat. La énième rouerie de l’État bourgeois français (fasciste).

Si la religion vise à transformer le cerveau en une prison de l’esprit où chaque jour l’individu croyant bâtit des nouveaux barreaux pour l’empêcher de gagner sa liberté, l’État s’attache, lui, à enchaîner chaque « citoyen » à l’idéologie dominante, celle des exploiteurs et des oppresseurs de classe, pour le priver de son entendement, source de son émancipation.

La religion comme l’État (dont elle fait partie) œuvrent de concert à la destruction de la conscience des opprimés, des prolétaires. En France, cette annihilation de la conscience est menée à travers les sempiternels débats sur la laïcité, cette « religion » de la bourgeoisie française érigée en dogme républicain bourgeois devant lequel le prolétariat est exhorté de se prosterner.

En fait, la réactivation des polémiques sur la laïcité et le port du voile vise à semer la confusion dans l’esprit des prolétaires pour mieux les entraîner à la fusion avec leurs maîtres : les idéologues et oligarques religieux islamistes ou l’État bourgeois français. Autrement dit, à travers la radicalisation des controverses sur les signes religieux, la bourgeoisie enchaîne la majorité du prolétariat derrière l’État des riches, tandis que l’autre partie réfractaire se jette dans les bras des idéologues islamistes réactionnaires. Tout cela dans le dessein de leur faire oublier leurs misérables conditions de vie. Leurs intérêts socioéconomiques de classe exploitée et opprimée. De mettre sous le tapis de la prière leurs revendications économiques et sociales.

Ces récurrentes et écœurantes controverses, ces fallacieux et spécieux débats livrés au prolétariat en guise de nourriture « spirituelle » par la bourgeoisie (de gauche comme de droite), visent à faire diversion sur la faillite du système capitaliste, à occulter la montée inexorable de la misère (singulièrement parmi la petite bourgeoisie – courroie de transmission de la doctrine dominante), à voiler les multiples attaques que l’État des riches se prépare à infliger violemment aux prolétaires déjà précipités dans la paupérisation du fait de la cherté de la vie causée par la flambée des prix, l’explosion du chômage…la crise  économique capitaliste hors de contrôle.

Par ces interminables polémiques médiatiquement popularisés, la bourgeoisie française invite ainsi régulièrement les prolétaires à participer en tant qu’individus atomisés aux débats sur la laïcité, à propos des signes religieux. Au nom de la défense de la République bourgeoise décatie, ils sont invités à la réflexion en tant que « citoyen » (jamais en tant que prolétaire), dans une communion avec le petit-bourgeois (libéral, gauchiste ou islamiste) qui les méprise ou le bourgeois qui les exploite. Le prolétaire, dont les conditions de vie sont dramatiquement dégradées, est ainsi exhorté à se joindre à la curée laïcarde, à « bouffer du curé islamique », à endosser la tunique idéologique laïcarde confectionnée dans les ateliers de propagande des palais gouvernementaux.

En tout cas, ces polémiques sur les signes religieux visent surtout à entretenir et attiser les clivages au sein de la population et du prolétariat. À créer des divisions entre prolétaires, non plus seulement en fonction de leur nationalité, mais aussi de leur croyance. Des clivages entre ouvriers français et ouvriers immigrés (ou Français d’origine maghrébine ou subsaharienne de confession musulmane), ces derniers étant considérés, selon les nauséabonds clichés et stéréotypes racistes usuels en France, par définition comme potentiellement « islamistes ».

La machiavélique classe dominante française n’oublie pas d’aviver et d’exacerber cette division entre prolétaires par une supplémentaire division au sein des « immigrés » : entre les « mauvais » immigrés favorables aux signes religieux et les « bons » immigrés respectueux de la « République laïque », autrement dit soumis à la religion laïque et à l’idéologie dominante.

Cette dichotomie, artificiellement créée par la bourgeoisie française, transforme ainsi la véritable solidarité prolétarienne par-delà les différences de nationalités et les croyances en une solidarité étatique et citoyenne de ceux qui se rejoignent et communient dans la « croyance » envers l’État des riches érigé en défenseur de la démocratie bourgeoise. Ainsi, au culte de la religion, la bourgeoisie française oppose celui de l’État laïque.

En tout cas, comme en témoignent les millions de personnes victimes de violences policières lors de chaque manifestation ou mouvement social, victimes du durcissement autoritaire de la gouvernance macroniene, ce n’est certainement pas en faisant confiance à l’État et à ses policiers que les jeunes filles soumises à l’emprise phallocratique des islamistes pourront échapper à l’oppression, pas plus du reste que n’importe quel prolétaire.

La laïcité, cette religion de la bourgeoisie décadente française, est devenue l’ultime arme idéologique de l’État capitaliste pour diviser les prolétaires. Aussi, ni défense de la laïcité, arme idéologique de l’État impérialiste, ni défense de la religion, instrument d’aliénation. Mais défense inconditionnelle des conditions sociales par-delà les différences ethniques et religieuses.

Le prolétariat ne doit épouser ni la cause de la religion, qui relève de la croyance individuelle et donc de la sphère privée : la religion n’a pas à être instrumentalisée ni politisée. Ni la religion de l’État « laïque », la République bourgeoise. Ce sont de faux débats. Et surtout une fausse alternative. La lutte de classe du prolétariat pour son émancipation est l’unique alternative à la décrépitude de la société bourgeoise.

Khider MESLOUB

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

2 réflexions sur “Ni défense de la religion, ni défense de la laïcité, mais défense inconditionnelle de nos conditions de vie et de travail

  • 8 novembre 2023 à 9 h 12 min
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    Sauf que Marx vivait à une époque qui n’est pas la nôtre et, il n’est pas inintéressant de revoir l’ensemble de la pensée concernant le sujet, en ne tenant aucun compte des idées marxistes incapables de corréler aux temps temps de maintenant, faits de technologies avancées, de facultés de connaître artificielles capables capables d’établir des rapports entre les faits et par conséquent décider, tout ceci nommé « intelligence » artificielle.

    Un prolétaire, au sens étatique originel, c’est un reproducteur, c’est la progéniture qu’il est capable d’engendrer au service l’Etat qui lui confère un intérêt aux yeux de celui-ci, après, que Marx et son acolyte aient transformé ça en forces de travail, ne voulait pas dire que la planète n’avait que des prolétaires et des maîtres, heureusement, encore.
    D’ailleurs, le travail intellectuel est salarié, louer les services d’un avocat pour un prolo, c’est quoi, pourtant il l’appelle, maître.
    Quelle différence entre louer le savoir dans une tête et celui d’une prostituée?

    C’est la biologie des deux êtres qui monnayable pour le prolo là, pourquoi fait-il une distinction entre les deux? Donc, Marx n’explique et ne résout pas tout non plus.
    C’est pas une bible, car même la Bible est bidon!

    Est-ce que le terme prolétaire est encore adapté à un monde tel que celui-là?

    Nous vivons à l’ère de la procréation extra-corporelle, de la gestation pour autrui et que sais-je encore, en tout cas rien dont le génie Marx ne pouvait laisser présumer l’existence.
    Un bébé de nos jours, est au prix d’une berline.
    Or, ledit prolétaire, roule en berline de nos jours, à crédit, en onze ans, un bébé avec de beaux standards peut être payé par n’importe quel prolo, on a déjà grandement dévié de ce que pensait Marx de la société humaine d’alors, comparativement à celle d’aujourd’hui sans pour autant déjà présumer de ses évolutions folles, telle qu’elle se développe passivement devant nous, attachés que sommes à de vieilles lunes, exactement ce dont a besoin l’oligarchie pour nous entretenir dans une stérilité intellectuelle incapable d’influer sur ses prétentions pour nos avenirs, de sorte qu’il serait probablement judicieux de considérer le marxisme comme un arrière-plan, c’est un décor du passé.

    L’approche des sujets sociétaux actuels avec des significations de mots complètement inadaptés aux temps quant à leurs technologies et les technicités, mais aussi, aux aspirations individuelles de chacun quant aux possibilités mises à sa disposition, est-ce encore logique?

    Il est évident que, le « génie » de Marx ne dépassait pas la zone géographique où il s’exprimait.
    Alors, pourquoi encore s’y référer pour analyser un monde que son imaginaire n’a même pas pénétré, c’est une perte de temps et d’énergie, ça n’est plus un bon outil d’analyse.

    Quant au terme social, son origine latine, socialis, définit des alliés, mais, comment défendre quoi que ce soit comme conditions communes, en alliés, quand, justement l’éducation primaire des individus est fondée sur le déséquilibre permanent devant exister entre eux, les excellents, les bons, les moyens, les moins bons et les médiocres?

    L’auteur risque de croire que je focalise sur lui, il aurait tort, ma démarche est autre compte tenu du temps dont nous disposons tous, il nous faut construire un socle d’alliances pérennes, par conséquent, prioritairement, rassembler les nôtres.
    Comment on fait ça en partant sur l’internationalisation de tout sujet nous concernant principalement?

    Franchement, il faut des armes intellectuelles neuves pour combattre dans le monde dans lequel nous vivons.

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