Eau: pour ou contre la mise en boîte?
OLIVIER CABANEL — La consommation d’eau minérale en bouteille explose, et sans le savoir, le consommateur s’expose à quelques dangers.
Les consommateurs sont partagés : s’ils continuent de boire l’eau du robinet, ils s’exposent aux risques éventuels d’absorber nitrates, plomb, chlore et pesticides.
Les nitrates, c’est bien connu, se transforment en nitrites au contact des sucs digestifs, ralentissant le renouvellement de notre sang.
Les normes ne font pas tout (25 mg/l maximum conseillé et interdiction de la vente au delà des 50 mg) car même un dosage de nitrates ne dépassant pas la norme présente des risques proportionnels à la quantité de nitrate ingérée.
Quant aux pesticides, on sait qu’ils sont parmi les responsables du cancer.lien
Et puis il y a le chlore ajouté souvent à l’eau du robinet, et qui a le fâcheux inconvénient de tuer les bonnes bactéries, comme les mauvaises.
Au passage, on peut aussi trouver du plomb, lorsque les canalisations anciennes n’ont pas été changées.
L’eau en effet peut dissoudre le plomb, et même si les normes européennes sont de plus en plus draconniennes, le risque demeure.
Mais boire de l’eau embouteillée n’est peut-être pas la meilleure réponse.
6 français sur 10 boivent de l’eau minérale en bouteille, et nous sommes en France les plus gros consommateurs de cette eau conditionnée.
Ce n’est pas un record très glorieux, car en pensant éviter les risques que comportent certaines eaux du robinet, on en court d’autres tout aussi importants.
Nous consommons en moyenne dans notre pays 150 litres d’eau en bouteille par an et par habitant, ce qui représente près de 8 milliards de bouteilles.
Cette eau embouteillée coûte jusqu’à 300 fois plus cher que l’eau du robinet, et représente un surcroît de dépense pour les ménages :
Le prix moyen de l’eau en bouteille, pour une personne qui en consomme 1,5 litre est de 240 € pour l’eau minérale, contre 1,87 € pour l’eau du robinet. lien
Ce qui fait du pétrole un produit moins cher que l’eau minérale en bouteille !
En effet, à 75 dollars le baril (160 litres) il revient à 40 cts le litre. Avec les taxes nous le payons 4 fois plus cher, ce qui fait qu’il coûte moins cher que certaines eaux embouteillées.
Emily Arnold et Janet Larsen, auteurs de l’étude affirment même que l’eau en bouteille peut coûter jusqu’à 10 000 fois plus cher que l’eau du robinet, si l’on tient compte de l’énergie utilisée pour la mise en bouteille, les livraisons, et le recyclage.
D’après le Canard Enchaîné, la bouteille en plastique à elle seule représente 40% du prix de votre eau minérale.
Selon une étude publiée par l’EPI (Earth Policy Institute) aux Etats-Unis, en 2004 environ 154 millions de litres d’eau en bouteille ont été consommés, soit une augmentation de près de 60 % par rapport à 1999.
Comme l’écrit le professeur jacques Neirynck, fraîchement élu en Suisse, dans son livre « les scandales de l’eau en bouteille chez Favre éditeur » : « l’eau en bouteille est le symbole d’une société folle où les malins exploitent les sots ».
Ce qui n’est pas une nouveauté.
Toujours est-il qu’il mène campagne en Suisse pour faire interdire la vente de l’eau en bouteille.
Le plastique qui sert à fabriquer les bouteilles d’eau minérale est d’origine pétrolifère (PET : polyéthylène téréphtalate), et lorsque nous détruisons une bouteille en plastique, c’est du pétrole que nous gaspillons.
Le Pacific Institute a calculé qu’il faut 17 millions de barils de pétrole pour fabriquer les bouteilles d’eau bues aux Etats-Unis chaque année. lien
Selon les chercheurs de l’université d’Heildelberg les eaux minérales de 48 marques analysées contenaient 95 à 165 fois plus d’antimoine que les mêmes eaux avant d’être embouteillées. lien
L’antimoine est un poison.
Il peut provoquer des maladies des poumons, des problèmes au cœur, des diarrhées, des vomissements et des ulcères d’estomac.
La présence de ce poison serait dû, d’après l’étude mentionnée à l’utilisation du PET, lié à un stockage exposé à la chaleur.
Même si la quantité d’antimoine reste inférieure aux recommandations, sa consommation régulière soulève quelques inquiétudes.
Ces bouteilles ne sont biodégradables qu’au bout de 500 ans et si elles sont envoyées à l’incinération elles dégagent des gaz toxiques et des cendres remplies de métaux lourds.
En terme de pollution, l’eau du robinet est 1000 fois moins émettrice de CO2 que l’eau en bouteille.
Au consommateur de choisir, car comme disait mon vieil ami Africain : «le monde aura beau changer, les chats ne pondront jamais»
Versão em Língua Portuguesa:
https://queonossosilencionaomateinocentes.blogspot.com/2023/11/agua-favor-ou-contra-o-engarrafamento.html