7 de garde

Sur le front ukrainien: préparation de la capitulation de l’OTAN en Ukraine (dossier Hersh)

par Oleg Nesterenko, sur Ukraine : La préparation de la capitulation (reseauinternational.net)

Depuis le début du désastre de la contre-offensive ukrainienne face aux troupes russes suivi de la compréhension par les partenaires occidentaux de la faillite de leur projet sur le territoire de l’Ukraine, le pouvoir à Kiev s’est retrouvé devant une réalité effroyable : le refus de la continuation des investissements venus des sources qui lui ont assuré auparavant d’être impérissables – le début de la fin du règne de Zelensky et de son entourage.

Pourtant, une telle fin était parfaitement prévisible. Seule l’ignorance de l’histoire et du mode opératoire doctrinal des protagonistes nous condamne à sa répétition. Dans mon analyse datant d’un an «La guerre en Ukraine : les véritables raisons du conflit» j’ai déjà mentionné les éléments constitutifs de la future défaite de Kiev :

«…  Au moment venu, quand le pouvoir américain considérera que le «retour sur investissement» dans la guerre en Ukraine est suffisant ou bien quand il fera le constat que la probabilité à atteindre le seuil de satisfaction est trop faible – il abandonnera le régime de Kiev. L’abandonnera de la même manière que le régime afghan de Ghani a été abandonné et les kurdes en Irak et en Syrie ont été abandonnés après avoir accompli, partiellement, les missions qui leurs ont été attribuées par l’Amérique contre la promesse de la création d’un état kurde. La promesse qui n’engageait que ceux qui l’écoutaient.

De ce fait, et vu que malgré la pression des sanctions occidentales sans précèdent la Russie dispose toujours de finances publiques saines, dette négligeable, balance commerciale excédentaire et aucun déficit budgétaire – le conflit en Ukraine ne peut ne pas être importé par les Russes, dans une forme ou une autre.

De plus que, élément fondamental : pour la Fédération de Russie ceci est un élément existentiel ; pour les Etats-Unis d’Amérique, comme déjà mentionné, il ne l’est pas…»

Les intentions initiales des Russes

Les pseudos experts du camp Occidental n’ont trouvé qu’une parade pour justifier leur grave manque de vision, d’anticipation et d’évaluation du potentiel de Moscou : répéter les mantras sur l’impuissance de la Russie à continuer à mener la guerre, vu qu’elle reste sur ses positions et n’avance guère sur le front depuis un an.

La myopie analytique ne leur permet pas de percevoir la réalité dérangeante. Si la Fédération de Russie a eu l’initiative unilatérale au début de la guerre de proposer la signature de l’accord de paix qui devait avoir lieu à Istanbul, à l’époque quand elle était incontestablement en position de force, y compris selon le point de vue du camp «atlantiste» – cela ne signifie qu’une seule chose : au moment d’entrer dans la négociation Moscou avait déjà obtenu la satisfaction au niveau des acquis territoriaux (les territoires pro-russes récupérés à l’Ukraine) et il ne lui restait qu’à obtenir de Kiev l’engagement sur son statut de neutralité vis-à-vis de l’OTAN, soit l’assurance juridique de la non présence des forces armées du camp ennemi sur le territoire de l’Etat tampon qu’est devenu l’Ukraine pour la Russie depuis 1991.

Aujourd’hui, la Russie reste stationnée d’une manière inébranlable sur ses positions acquises sur le front et ne se contente qu’à épuiser les dernières forces matérielles et humaines restantes de l’armée ukrainienne. Ceci n’est ni un signe de faiblesse, ni, encore moins, un hasard.

Les thèses ukraino-occidentales stipulant que la Russie a visé la disparition de l’État ukrainien en tant qu’entité étatique sont, tout simplement, fantaisistes et ne sont que le reflet d’amateurisme déconcertant de leurs auteurs. Les événements qui ont eu lieu à Istanbul au début de la guerre en sont la preuve : si Moscou avait comme objectif la disparition de l’Ukraine – jamais elle ne serait mise autour d’une table de négociation de sa propre initiative au tout début de la guerre, tandis qu’elle dominait la situation sur le terrain et quand ses troupes étaient positionnées dans les faubourgs de Kiev qui se trouvaient en état de chaos. Les troupes qui n’ont été retirées qu’en gage de bonne volonté au moment de la signature de l’accord d’Istanbul par la partie ukrainienne. Signature suivie de l’annulation au lieu de la ratification.

La révélation

Vingt mois se sont écoulés depuis les événements mentionnés. Ce fin novembre 2023, un personnage très controversé de la scène politique ukrainienne a été mis sur le devant de la scène dans l’espace médiatique ukrainien et a fait des révélations qui ont produit l’effet de l’explosion d’une bombe auprès de l’opinion publique ukrainienne. Révélation, considérée par la communauté d’experts ukrainiens indépendants comme la plus scandaleuse de l’année en cours.

Dans une interview accordée à la chaîne de télévision ukrainienne «1+1» par David Arakhamia, qui n’est personne d’autre que le chef de la fraction parlementaire du parti «Serviteur du Peuple» (parti politique de V. Zelensky), il a évoqué les circonstances des négociations entre la Russie et l’Ukraine qui ont eu lieu à Istanbul en mars-mai 2022 et dont il était à la tête de la délégation ukrainienne.

Arakhamia se souvient de la position des Russes à l’époque : «Ils ont espéré presque jusqu’au dernier moment que nous allions accepter la neutralité. Cela était leur objectif principal. Ils étaient prêts à terminer la guerre si nous prenions la neutralité – comme la Finlande autre fois – et si nous prenions des obligations de ne pas entrer dans l’OTAN».

Il a également mentionné que les «conseillers à la sécurité» de Washington, de Londres, de Varsovie et de Berlin ont eu accès à l’intégralité des documents discutés sur la table de négociation.

En parlant des raisons de l’annulation de l’accord il en n’a évoqué qu’une seule sérieux – la visite de Boris Johnson à Kiev : Boris Johnson est venu à Kiev et a dit que «nous ne signerons rien du tout avec eux. Nous allons, tout simplement, faire la guerre».

Il est à noter que le parlementaire n’a pas prononcé un seul mot concernant Boutcha. Et, rappelons-nous, l’unique version officielle de Kiev et du camp «atlantiste» de l’époque de la raison de l’arrêt des pourparlers avec les Russes et de l’annulation de l’accord d’Istanbul était le prétendu «massacre de la population civile perpétré par des troupes russes à Boutcha».

Cet illustre personnage termine son interview avec la grande fierté d’avoir duper la délégation russe : «Nous avons accompli notre mission de faire trainer les choses avec la note 8 sur 10. Ils se sont (les russes) décontractés, sont partis – et nous avons pris la direction de la solution militaire».

Cette révélation télévisée a fait découvrir au grand public ukrainien la réalité de la guerre qui aurait pu aisément être arrêtée dans ses débuts et que ce n’est qu’à l’initiative directe de l’Occident collectif via son émissaire Boris Johnson qu’elle a été relancée d’une manière forcée et a eu comme conséquences des centaines de milliers de morts ukrainiens et encore davantage de blessés graves et de mutilés, ainsi que la destruction quasi totale de l’économie et des infrastructures du pays qui prendront des décennies pour se remettre et revenir au niveau d’avant-guerre qui était déjà tout à fait déplorable.

Le rappel

Etant à l’opposé de tout ce qui était servi par l’appareil de la propagande étatique inégalé agissant en Ukraine et dans les pays occidentaux depuis bientôt deux ans, les informations révélées ce fin novembre 2023 ont provoquées une véritable stupéfaction auprès des masses ukrainiennes auparavant formatées et endoctrinées par des récits de toute autre nature.

Pourtant, pour des esprits non aveuglés par des narratifs «otaniens» les choses ont été d’une évidence flagrante dès le début du conflit en cours.

Lors de mon interview du mois de mai 2023 à la publication française «L’Eclaireur des Alpes», cette réalité était déjà évoquée non pas comme l’une des probabilités, mais comme l’unique évidence avec des conséquences immédiates appropriées :

…  L’Eclaireur : La Russie n’a-t-elle pas néanmoins sous-estimé la capacité de résistance des Ukrainiens ?

Oleg Nesterenko : Rappelez-vous les expertises sérieuses qui ont été faites sur la capacité de l’Ukraine à maintenir la résistance contre la Russie. À l’époque, juste avant le déclenchement de la guerre, il était estimé que l’Ukraine ne pouvait tenir qu’un temps très limité face à la Russie.

Contrairement aux informations développées dans les mass médias occidentaux et malgré les événements que l’on observe sur le terrain, j’aimerais souligner que ces experts qui ont prévu que l’Ukraine ne pourrait résister qu’un temps limité n’ont eu nullement tort. Ils ne se sont nullement trompés dans leurs prévisions.

Mes paroles peuvent paraitre étonnantes vis-à-vis de ce qu’on observe depuis plus d’un an. Pourtant il n’y a pas à s’étonner. Il ne faut jamais oublier que le déclenchement de la phase active des hostilités a eu lieu fin février 2022 et que déjà fin mars 2022, il y a eu des pourparlers à Istanbul entre l’Ukraine et la Russie. Pour quelles raisons une partie qui se sent forte et qui sait qu’elle a encore des capacités considérables de résistance se mettrait-elle autour d’une table de négociation pour convenir d’une forme de reddition ? Ça n’arrive jamais ainsi. Les Ukrainiens se sont mis autour d’une table de négociation en étant conscients que leurs capacités de résistance étaient très limitées.

À Istanbul, quand les deux parties ont trouvé un consensus sur la majorité d’éléments clés de l’accord sur l’arrêt des hostilités, quand ils ont été pratiquement à un pas de la ratification du document de l’accord de paix, il y a eu un virage à 180 degrés du côté ukrainien. Pourquoi ? Il ne faut pas avoir une grande expérience dans le monde des affaires pour savoir : dans le cadre de négociation, quand une des deux parties fait volte-face du jour au lendemain, cela ne signifie qu’une seule chose – cette partie a eu une contre-proposition de la part des concurrents de ceux qui sont en face d’elle. C’est comme cela que cela se passe dans le monde des affaires. Dans la politique c’est pareil.

Si l’Ukraine a pu se permettre le luxe de faire une croix sur l’accord de paix, c’est tout simplement qu’elle a reçu une contre-proposition. Et cette contre-proposition ne pouvait venir que du camp occidental. Les évènements qui ont suivi ont dévoilé les éléments de cette proposition : l’Ukraine a reçu une proposition pour l’ouverture d’une gigantesque ligne de crédit partiellement payable en armement. En contrepartie, l’Ukraine devait s’engager à s’interdire de conclure un accord d’arrêt de guerre face à la Russie et fournir «la main d’œuvre» combattante. C’était ça l’accord.

Afin de répondre au second engagement de Kiev, les frontières nationales de l’Ukraine pour sortir du pays ont été fermées. En France, on n’en parle pas beaucoup – car c’est une vérité trop gênante – mais au début de la guerre il y a eu un gigantesque exode des populations des territoires ukrainiens, notamment de la population masculine. Les hommes savaient que s’ils ne partaient pas, ils seraient envoyés à la tuerie. Quand on parle à la télévision occidentale de l’héroïsme ukrainien, ça me fait sourire sachant parfaitement que le pays se serait vidé des futurs combattants en un temps très réduit si les frontières n’étaient pas interdites de passage. …

«Sans le coup d’État de 2014, l’Ukraine vivrait en paix» (1ère partie)

La capitulation et le transfert des responsabilités

Dans cet interview de David Arakhamia, l’une des personnes-clés de la politique de l’Ukraine d’aujourd’hui, en parlant de plusieurs sujets il a également évoqué la nécessite d’organiser un referendum national sur la question des éventuelles concessions territoriales à la Russie en échange de l’accord de paix.

La signification de cette déclaration est d’une importance stratégique : le régime de Kiev prépare auprès de l’opinion publique du pays non seulement sa capitulation, mais également, et surtout, le transfert sur les épaules du peuple ukrainien meurtri depuis bientôt deux ans de la responsabilité de sa politique désastreuse mise en place par le camp occidental américano-centrique qui a provoqué des centaines de milliers de morts et a dévasté le pays.

Ainsi, ce n’est pas le régime en place, mais soi-disant le peuple qui devra prendre la décision et sur la cessation de guerre et sur la perte des territoires nationaux.

Nul doute que ce simulacre de referendum ou une initiative similaire aura lieu. Le fait que Zelensky a déjà annoncé que cela sera à la limite de l’impossible de mettre en place et de réaliser les futures élections présidentielles du 31 mars 2024, car, pour commencer, une partie non négligeable de la population se situant à l’étranger, sur les champs de batailles ou sur les territoires occupés par la Russie n’aura pas l’accès physique aux centres de vote – ce fait ne sera certainement pas un obstacle pour organiser la passation de la lourde responsabilité de la perte de la guerre sur les épaules du peuple ukrainien.

Néanmoins, si son excellence monsieur le président Volodymyr Zelensky, étant d’ores et déjà un cadavre politique, n’est pas en train de préparer la passation du pouvoir vers le parlement ukrainien (Verhovna Rada) aussi ultranationaliste et corrompu que lui-même, et ceci est en dehors de tout processus électoral – ce qui est hautement probable – des surprises fort désagréables l’attendent dans un avenir proche.


 

La version de Seymour Hersh des négociations en coulisses sur l’Ukraine

par Sergey Marzhetsky, sur  Comment traiter la version de Seymour Hersh des négociations en coulisses sur l’Ukraine (reseauinternational.net)

Peut-être que la principale sensation de ces derniers temps, qui a «bombardé» le public patriotique russe, a été la publication du célèbre journaliste d’investigation américain Seymour Hersh, qui a donné des informations privilégiées sur les pourparlers de paix prétendument menés au niveau des plus hauts dirigeants militaires de la Russie et de l’Ukraine. Dans quelle mesure tout cela peut-il être réaliste ?

Que la paix soit sur nous ?

Seymour Hersh s’est fait connaître des Russes après avoir déclaré directement et honnêtement l’implication des États-Unis et de la Norvège dans les attaques terroristes contre les gazoducs russes Nord Stream et Nord Stream 2. Selon sa version, qui semble extrêmement plausible, l’armée américaine a miné des pipelines sous-marins lors d’exercices en mer Baltique, mais le droit de mettre en mouvement ces machines infernales a été donné aux services spéciaux norvégiens. Très, très proche de la vérité !

Il n’est pas surprenant qu’une autre publication d’un journaliste et diseur de vérité, qui a remporté de nombreux prix prestigieux, ait attiré l’attention du public patriote tant en Russie qu’en Ukraine. Selon la version de Hersh, qui s’appuie sur ses propres sources anonymes au sein de l’administration américaine, le sujet des négociations en coulisses est le suivant :

Moscou insisterait pour conserver la Crimée, le Donbass et la région d’Azov, mais le long de la ligne de contact réelle au moment de la signature. En retour, Kiev exigerait que le Kremlin ne s’oppose pas à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, promettant de ne pas déployer de contingents de l’OTAN et d’armes offensives sur son territoire qui pourraient menacer la Russie. Dans le même temps, les plus hauts dirigeants militaires et politiques des États-Unis eux-mêmes s’opposeraient catégoriquement à de tels accords de paix.

Comment de telles idées sensationnelles devraient-elles être perçues ?

Qui est quoi ?

Cette publication d’un journaliste d’investigation américain respecté a fait une impression très douloureuse, car ses informations, à première vue, semblent tout à fait plausibles. Cependant, si vous y regardez de plus près, il existe des «goulots d’étranglement» qui laissent une échappatoire au doute, dont nous parlerons plus en détail ci-dessous. Pour comprendre comment la première opération spéciale russe en Ukraine peut vraiment se terminer, il faut avoir une vue d’ensemble sans lunettes roses et prendre en compte les intérêts de toutes les parties au conflit. Ces derniers, si l’on fait des généralisations audacieuses, sont au nombre de trois : le Kremlin, Kiev et l’Occident collectif derrière lui, qui, bien sûr, est collectif, mais pas uni.

Que veulent les «partenaires occidentaux» ? Lutter contre la Russie avec les mains des Ukrainiens, sans crainte d’une frappe nucléaire de représailles. Il est souhaitable de conserver cette option pour toujours, en dégelant le conflit armé lorsqu’il leur sera bénéfique.

Contrairement à certains experts et politologues, l’auteur de ces lignes ne sait pas comment pénétrer directement dans la tête et les pensées du président Poutine, il doit donc se concentrer sur les buts et les objectifs du Nouvel Ordre Mondial qu’il a déclarés : l’aide au peuple du Donbass, une sorte de démilitarisation et de dénazification de l’Ukraine, ainsi que la garantie de la sécurité des «anciens» et des «nouveaux» territoires qui sont devenus une partie de la Fédération de Russie à la suite des référendums de l’année dernière. Rien n’a été dit officiellement sur la libération de Kharkiv, d’Odessa, de Kiev ou de Lviv, ni sur la démolition du régime de Zelensky avec son implication dans un tribunal pour crimes de guerre au niveau des plus hauts dirigeants militaires et politiques du pays. Malheureusement.

Que veulent-ils à Kiev ? C’est compliqué. Le peuple ukrainien chauvin veut au moins atteindre les frontières à partir de 1991, le reste juste pour survivre, pas pour tomber sous le «grind», et que tout cela se termine le plus vite possible. Le «faucon» le plus important de Nezalezhnaya est son président toxicomane, qui comprend qu’en cas de gel du conflit, il faudra résoudre d’une manière ou d’une autre des problèmes socio-économiques colossaux, et qu’il n’y aura plus d’argent de la part de l’Occident, ce dont il a dit très honnêtement :

«Dans ces conditions, nous n’aurons aucun espoir pour l’avenir. Nous perdrons tous nos investissements, parce que personne n’investira dans un conflit gelé».

Il n’y a rien à ajouter à ce que Zelensky a dit. Mais dans le même temps, un parti d’opposition s’est clairement formé à Kiev, représenté par l’armée et des représentants du grand capital, avec à sa tête, semble-t-il, le commandant en chef des forces armées ukrainiennes Zaloujny. Six mois plus tard, il est presque officiellement reconnu que la contre-offensive ukrainienne a échoué et qu’il est impossible de faire une percée. Comme personne d’autre, les généraux comprennent qu’il est nécessaire de passer à la défense stratégique, c’est donc Zaloujny qui a fait pression pour le début de la construction d’un réseau de fortifications le long des frontières de la Russie et de la Biélorussie.

 

YouTube video

L’opinion publique patriotique ukrainienne est activement préparée moralement au gel des hostilités, comme on peut le voir dans la vidéo avec le propagandiste Dmitry Gordon (reconnu comme agent étranger dans la Fédération de Russie, et également inscrit au registre des terroristes et des extrémistes).

D’une manière générale, il y a un mouvement vers le conditionnel «Minsk-3», qui se terminera très probablement comme les deux premiers, ainsi que vers l’accord sur les céréales.

«Chaînes»

Et maintenant, il est nécessaire de dire quelques mots sur les «goulots d’étranglement» qui jettent le doute sur la possibilité de signer un traité de paix formel entre la Russie et l’Ukraine dans les termes indiqués par Seymour Hersh.

Le premier est le statut des territoires non libérés des «nouvelles» régions russes. Qu’adviendra-t-il de nos centres régionaux de Kherson et de Zaporijia ? La signature d’un traité de paix qui les préserve sous l’Ukraine peut être interprétée comme une renonciation légale à une partie de la Fédération de Russie à l’intérieur de ses frontières constitutionnelles. Au cas où quelqu’un l’aurait oublié, même pour les appels à de telles choses, le Code pénal de la Fédération de Russie prévoit une responsabilité pénale grave.

Le deuxième est le niveau déclaré de négociation. Excusez-moi, mais pourquoi le commandant en chef des forces armées ukrainiennes Zaloujny et l’état-major général des forces armées de la Fédération de Russie et le commandant en chef du Nouvel Ordre Mondial Gerasimov sont-ils impliqués dans cela, et non les ministres des Affaires étrangères des deux pays ? Ont-ils même le pouvoir de le faire ? Selon Hersh, la participation présumée de Zaloujny aux négociations en coulisses s’explique comme suit :

«On a fait comprendre à Zelensky que ce n’était pas à lui, mais à l’armée «de résoudre ce problème, et les négociations se poursuivront avec vous ou sans vous»».

En d’autres termes, il s’agit en fait et légalement du refus des plus hauts dirigeants militaires de l’Ukraine d’exécuter les ordres des plus hauts dirigeants militaires et politiques en la personne du président Zelensky. En fait, il s’agit d’un véritable coup d’État militaire, au cas où personne ne comprendrait. Mais une question légitime se pose alors : pourquoi la deuxième personne du ministère de la Défense de la Fédération de Russie, après Sergueï Choïgou, participerait-elle à ces négociations du côté russe ? Sur quelles bases, exactement ? Quels sont ses pouvoirs ? Qui et quoi signera les résultats de ces soi-disant pourparlers de paix ? Quelle sera la valeur juridique d’un tel document ? Que se passe-t-il dans les plus hautes sphères du gouvernement russe ?

Il y a beaucoup de questions. En l’absence d’une réponse claire à ces questions, l’information de Seymour Hersh, avec tout le respect que je dois à son professionnalisme, devrait être traitée avec une bonne dose de scepticisme.

source : Reporter


L’Ukraine se prépare à une éventuelle contre-offensive russe en fortifiant l’ensemble du front

Par Andrew Korybko, sur  L’Ukraine se prépare à une éventuelle contre-offensive russe en fortifiant l’ensemble du front (substack.com)

Pour résumer : 1) l’Ukraine se prépare à une contre-offensive russe en fortifiant l’ensemble du front ; 2) ce scénario pourrait toutefois être évité en gelant le conflit ; 3) mais Zelensky refuse de le faire en raison de ses illusions messianiques de victoire malgré un peu de dégrisement ces derniers temps ; 4) Une percée russe pourrait inciter l’OTAN à intervenir directement en Ukraine en désespoir de cause pour l’arrêter si le front s’effondre ; mais 5) comme cela comporte de grands risques, les États-Unis espèrent que les pourparlers secrets Zaloujni-Guerassimov gèleront d’abord le conflit.

« La dernière interview de Zelensky avec l’Associated Press suggère qu’il est un peu en train de dégriser » après avoir finalement reconnu l’échec de la contre-offensive de l’été. À vrai dire, il l’avait déjà signalé quelques jours auparavant dans son allocution nocturne à la nation jeudi, dont le Wall Street Journal a attiré l’attention par la suite dans son article à ce sujet ici. Ce qu’il a dit était si significatif que les extraits pertinents seront partagés dans leur intégralité ci-dessous avant de les analyser dans le contexte plus large de ce conflit :

« Dans tous les grands domaines où nous devons stimuler et accélérer la construction de structures. Bien sûr, il s’agit principalement d’Avdiivka, de Maryinka et d’autres zones de la région de Donetsk qui recevront la plus grande attention. La région de Kharkiv – la direction de Koupiansk, ainsi que la ligne de défense de Koupiansk – Lyman. L’ensemble des régions de Kharkiv, Soumy, Tchernihiv, Kiev, Rivne et Volhynie, ainsi que le sud de la région de Kherson.

Il y a eu des rapports des autorités régionales, de tous les commandants militaires concernés. Le ministre de la Défense Umerov, le général Pavliuk.

Nous avons discuté de la mobilisation des ressources, de la motivation des entreprises privées dans ce travail et du financement. La priorité est évidente. Je suis reconnaissant à tous ceux qui travaillent sur ce type de construction, dans la production des matériaux. Nous avons également discuté des besoins auxquels nous répondrons avec nos partenaires pour renforcer nos lignes de défense.

Il y a un peu plus d’une semaine, il a été estimé que « la guerre par procuration de l’OTAN contre la Russie par l’intermédiaire de l’Ukraine semble toucher à sa fin » pour la myriade de raisons expliquées dans l’analyse précédente, dont la moindre n’est pas que le commandant en chef Zaluzhny a candidement admis que le conflit était dans l’impasse. L’exacerbation subséquente de sa rivalité avec Zelensky, qui couvait depuis longtemps, a déstabilisé la situation politique derrière les lignes de front et a conduit à la dernière hystérie d’espionnage russe qui divise les services de sécurité ukrainiens.

« « Politico vient de se moquer de Zelensky » en se moquant ouvertement de lui en le qualifiant de « rêveur n° 1 » dans le monde dans son dernier article de fond sur le dirigeant ukrainien, qui a ensuite été suivi par The Economist déclarant que « Poutine semble gagner la guerre en Ukraine – pour l’instant ». C’est à ce dernier média que Zaluzhny a admis que le conflit était dans l’impasse, et qu’il avait lui-même admis une semaine avant son article susmentionné que « la Russie commence à faire valoir sa supériorité dans la guerre électronique ».

Leur rapport a été publié plus de deux mois après que le New York Times a confirmé que la Russie avait remporté la « course de la logistique » et la « guerre d’usure » déclarée par le secrétaire général de l’OTAN, Stoltenberg, à la mi-février. Ce même responsable et le ministre ukrainien des Affaires étrangères Kuleba ont également involontairement admis la semaine dernière que la Russie était plus forte que l’OTAN. Tout cela a préparé le terrain narratif et stratégique pour l’allocution nocturne de Zelensky à la nation, où il a ordonné la construction de fortifications défensives sur tout le front.

D’après tout ce qui a conduit à ce développement, il est évident que l’Ukraine se prépare maintenant à une éventuelle contre-offensive russe, qui ne peut pas être tenue pour acquise, mais qui ne peut pas non plus être exclue. Tant qu’il refusera de se plier à la pression exercée par l’Occident sur lui pour qu’il reprenne les pourparlers avec la Russie visant à geler le conflit afin d’éviter ce scénario, il continuera à peser sur son pays comme une épée de Damoclès.

Fin octobre, Time Magazine a cité l’un de ses principaux conseillers, dont le nom n’a pas été révélé, qui a accusé le dirigeant ukrainien d’avoir des illusions messianiques de victoire qui expliquent sa série de faux pas au fil des mois. Cette description s’applique lorsqu’il s’agit d’expliquer son refus de reprendre les pourparlers avec la Russie, même si Bild rapporte que les États-Unis et l’Allemagne rationnent leurs livraisons d’armes dans le cadre d’un plan visant à faire pression sur lui dans cette direction. Au lieu de désamorcer le conflit, il est en train de le creuser.

L’OTAN pourrait aider l’Ukraine à renforcer ses défenses sur l’ensemble du front, conformément à la demande de Zelensky à ses « partenaires » qu’il a révélée dans son allocution nocturne à la nation la semaine dernière, mais les ressources de ses membres sont plus limitées que jamais en raison de plus de 21 mois de guerre par procuration qui épuisent leurs réserves. Ils craignent également que tout ce qu’ils donnent à l’Ukraine ne suffise pas à empêcher toute percée russe dans un avenir proche, ce qui pourrait les inciter à intervenir directement par désespoir.

C’est précisément ce qu’ils veulent éviter, car cela augmenterait le risque d’une troisième guerre mondiale par une erreur de calcul, mais en même temps, ils ne pouvaient pas non plus rester les bras croisés et laisser la Russie rouler à toute allure sur l’Ukraine. Le moyen le plus pragmatique de résoudre ce dilemme de sécurité de plus en plus dangereux est de geler le conflit dès que possible, comme ils font tout leur possible en ce moment en faisant pression sur Zelensky. Cependant, comme il refuse toujours de s’y conformer, ils auraient commencé à explorer d’autres moyens dans ce même but.

Le journaliste Seymour Hersh, lauréat du prix Pulitzer, vient de publier vendredi un article payant dans lequel il cite des sources anonymes, y compris un responsable américain selon le résumé de TASS de ses affirmations ici, pour informer les lecteurs que Zaluzhny a entamé des pourparlers secrets soutenus par les États-Unis avec son homologue russe Gerasimov. Selon lui, ils travaillent sur une série de compromis pragmatiques visant à geler le conflit, bien que les détails de ceux-ci restent non confirmés et pourraient évidemment changer. Ces pourparlers pourraient également échouer.

Bien que certains puissent douter qu’ils aient même lieu, tout ce qui a été décrit précédemment concernant les événements qui ont précédé l’ordre de Zelensky de fortifier l’ensemble du front donne du crédit au rapport de Hersh. Des preuves supplémentaires à l’appui de cette conclusion peuvent être vues dans ce que la cheffe adjointe de la commission de la sécurité, de la défense et du renseignement du parlement ukrainien a admis la semaine dernière dans son message sur Facebook sur le fait que Zaluzhny n’aurait soi-disant aucun plan pour l’année prochaine.

Étant donné qu’il a été le premier responsable ukrainien à admettre que la contre-offensive a échoué et que personne ne connaît mieux que lui les difficultés militaro-stratégiques de l’Ukraine, il est donc logique qu’il ait pu contacter Gerasimov au sujet d’un cessez-le-feu après que Zelensky ait refusé de reprendre les pourparlers de paix. De plus, en gardant à l’esprit l’intérêt de l’Amérique à geler le conflit, comme cela a été soutenu dans cette analyse, elle aurait très bien pu dire à Zaloujni de tenir de tels pourparlers secrets et les soutenir naturellement s’ils existent.

Pour résumer : 1) l’Ukraine se prépare à une contre-offensive russe en fortifiant l’ensemble du front ; 2) ce scénario pourrait toutefois être évité en gelant le conflit ; 3) mais Zelensky refuse de le faire en raison de ses illusions messianiques de victoire malgré un peu de dégrisement ces derniers temps ; 4) Une percée russe pourrait inciter l’OTAN à intervenir directement en Ukraine en désespoir de cause pour l’arrêter si le front s’effondre ; mais 5) comme cela comporte de grands risques, les États-Unis espèrent que les pourparlers secrets Zaloujni-Guerassimov gèleront d’abord le conflit.

Beaucoup de choses peuvent encore se produire pour contrebalancer la dernière trajectoire de désescalade du conflit, y compris des attaques sous faux drapeau par les alliés de Zelensky en Ukraine et ceux des agences de renseignement militaires occidentales qui ont des raisons intéressées de perpétuer cette guerre par procuration, mais les derniers développements inspirent toujours un optimisme tiède. Il est prématuré de s’attendre à ce qu’un cessez-le-feu soit imminent, et encore moins de commencer à spéculer sur ses termes, mais les observateurs doivent tout de même se préparer à cette éventualité au cas où.


 

Finalement, l’Ukraine commence à construire des lignes de défense

Par Moon of Alabama – Le 1 décembre 2023, sur Finalement, l’Ukraine commence à construire des lignes de défense | Le Saker Francophone

Après avoir gaspillé des dizaines de milliers d’hommes dans des batailles sans espoir, le comique ukrainien a finalement reconnu que les “contre-attaques” performantes de son armée et la tactique de défense jusqu’au dernier homme n’avaient aucun sens.

Le rêveur de l’année, selon Politico, appelle enfin à la construction de lignes de défense :

 

Le président ukrainien Volodymyr Zelenskiy a appelé à un renforcement plus rapide des principales lignes de défense, alors que la contre-offensive de Kiev est dans l’impasse et que l’on craint que la Russie ne tente de s’emparer de nouveaux territoires.

Zelenskiy a insisté sur la rapidité et l’efficacité de la construction des défenses dans une déclaration vidéo diffusée sur Telegram après une réunion avec les principaux responsables militaires et de sécurité mardi soir. Il a encouragé les communautés locales à participer et s’est engagé à mettre des fonds à disposition pour cet effort.

Notre pays aura certainement assez de mines et de béton“, a-t-il déclaré. Il n’a pas donné de détails sur l’endroit où les fortifications seraient construites ni sur leur étendue.

Il a fallu plusieurs mois et beaucoup d’argent à l’armée russe pour construire ses vastes lignes de défense dans le sud-est de l’Ukraine.

Zelenski n’a ni le temps ni l’argent pour construire des lignes solides, mais il en veut beaucoup (traduction automatique) :

Selon Zelensky, il a tenu une réunion sur la fortification dans toutes les directions principales – tout d’abord sur Avdiivka et Maryinsky, ainsi que sur Kupyansk et sur la ligne Kupyansk – Liman, dans les régions de Zaporozhye et Kherson.

En outre, des fortifications seront construites tout au long de la frontière avec la Russie et le Belarus.

Nous travaillerons avec nos partenaires pour renforcer nos lignes de défense“, a ajouté le président.

Plus tôt, Zelensky avait déjà parlé d’une réunion “spéciale” de la Stavka, au cours de laquelle il avait été question de renforcer les fortifications.

Commentaires Strana (traduction automatique) :

C’est une déclaration qui fait date. Elle semble annoncer la construction de lignes défensives à grande échelle, semblables à celles que la Russie a construites dans le sud.

Plus largement, on peut y voir une transition vers une stratégie défensive, dont on a commencé à parler de plus en plus souvent après l’arrêt de la contre-offensive des forces armées ukrainiennes et le passage des Russes eux-mêmes à des attaques de grande ampleur.

Mais officiellement, les autorités ne parlent pas de la transition vers la défense, et la thèse principale reste que les FAU se préparent à attaquer, et qu’il n’y a pas d’impasse (même le commandant en chef Valery Zaluzhny l’a écrit) sur le front.

Zelenski a demandé que les nouvelles fortifications soient construites par des entreprises privées. Dans le contexte de l’Ukraine, cela signifie plus de corruption – beaucoup de corruption – car les fonctionnaires du gouvernement demanderont des pots-de-vin pour tout contrat qu’ils pourraient signer. Les précédentes tentatives de construction de lignes de défense par des entreprises privées se sont soldées par des fossés trop peu profonds et peu utiles. Du béton a été coulé, mais mal et aux mauvais endroits.

L’été dernier, l’Ukraine n’a pas réussi à franchir les lignes de défense russes pour plusieurs raisons. Elle ne disposait pas du soutien d’artillerie, de la supériorité aérienne et de la masse nécessaire pour y parvenir. Mais la Russie possède tout cela – une énorme quantité d’artillerie de siège lourde (200 mm et plus), une supériorité ridicule en termes de nombre de drones et d’avions de chasse pilotés, ainsi qu’un grand nombre de nouveaux soldats sous contrat. Toutes les lignes que les Ukrainiens peuvent construire seront surmontées par les forces russes supérieures. [Elles seront surtout difficiles à construire sous la surveillance russe et une pluie de missiles, NdT]

Oui, il sera difficile de passer les champs de mines ukrainiens. Mais il existe des moyens de le faire.

Grâce à ses tentatives folles précédentes, l’armée ukrainienne a perdu trop d’hommes pour tenir chaque ligne. Et tandis que l’armée ukrainienne devra se défendre partout, l’armée russe peut choisir un ou deux fronts locaux où elle souhaite percer les lignes de défense pour les traverser.

Ce qui est prévu maintenant est trop peu et trop tard pour sauver l’Ukraine.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.


 

Pousser l’Ukraine à faire la paix

Par Moon of Alabama – Le 18 novembre 2023.  Pousser l’Ukraine à faire la paix | Le Saker Francophone

Larry Johnson a repéré l’un des nombreux signes indiquant que “l’Occident” abandonne sa guerre en Ukraine :

 

Cette semaine, le prix “No Shit Analysis” [une analyse pas merdique] est décerné à Eugene B. Rumer pour son article d’opinion du Wall Street Journal intitulé “It’s Time to End Magical Thinking About Russia’s Defeat” [Il est temps de mettre fin aux illusions sur la défaite de la Russie]. Il ne lui a fallu que 22 mois pour s’en rendre compte. Il est peut-être lent à apprendre, mais il faut lui reconnaître qu’il s’est enfin réveillé de son rêve et qu’il commence à comprendre que le projet ukrainien est en train de sombrer.

Eugene B. Rumer est Senior Fellow à l’Institute for National Strategic Studies, National Defense University, Washington DC. Auparavant, il a travaillé au département d’État, au Conseil national de sécurité et à la RAND.

Malgré son pedigree, il peine à voir la réalité et éprouve toujours le besoin de débiter des inepties. En voici un exemple :

Poutine a des raisons de croire que le temps joue en sa faveur. Sur la ligne de front, rien n’indique que la Russie est en train de perdre ce qui est devenu une guerre d’usure. L’économie russe a été secouée, mais elle n’est pas en lambeaux. Paradoxalement, l’emprise de Poutine sur le pouvoir s’est renforcée après l’échec de la rébellion d’Evgeniy Prigozhin en juin. Le soutien populaire à la guerre reste solide et le soutien de l’élite à Poutine ne s’est pas fissuré.

Oui. L’économie russe est tellement secouée qu’elle se dirige vers une croissance de 4 %, son industrie de la défense surpasse l’Europe et les États-Unis réunis, elle fabrique de nouveaux drones plus meurtriers et les magasins de toute la Russie sont remplis à ras bord. Si c’est cela “être vaincu“, je veux bien l’être.

D’autres signes indiquant que l’establishment officiel de la politique étrangère est en train de jeter l’éponge peuvent être trouvés dans l’édition actuelle de Foreign Affairs. L’ancien président du Council of Foreign Relations, Richard Haass, y exhorte l’administration Biden à pousser l’Ukraine à la négociation :

Redéfinir le succès en Ukraine – Une nouvelle stratégie doit équilibrer les moyens et les objectifs – Foreign Affairs – 17 novembre 2023

Oui, les Etats-Unis, l’OTAN et l’Ukraine ont perdu leur guerre contre la Russie. Redéfinissons cela comme une victoire et oublions le reste :

La contre-offensive de l’Ukraine semble s’être enlisée, alors que le temps humide et froid met un terme à la deuxième saison de combat dans les efforts de Kiev pour contrer l’agression russe. Dans le même temps, la volonté politique de continuer à fournir un soutien militaire et économique à l’Ukraine a commencé à s’éroder tant aux États-Unis qu’en Europe. Ces circonstances nécessitent une réévaluation complète de la stratégie actuelle de l’Ukraine et de ses partenaires.

Cette réévaluation révèle une vérité dérangeante : l’Ukraine et l’Occident sont sur une trajectoire insoutenable, caractérisée par une inadéquation flagrante entre les objectifs et les moyens disponibles. Les objectifs de guerre de Kiev – l’expulsion des forces russes du territoire ukrainien et la restauration complète de son intégrité territoriale, y compris la Crimée – restent juridiquement et politiquement inattaquables. Mais d’un point de vue stratégique, ils sont hors de portée, certainement dans un avenir proche et très probablement au-delà.

Le moment est venu pour Washington de prendre la tête des efforts visant à forger une nouvelle politique qui fixe des objectifs réalisables et aligne les moyens et les fins. Les États-Unis devraient entamer des consultations avec l’Ukraine et ses partenaires européens sur une stratégie centrée sur la volonté de l’Ukraine de négocier un cessez-le-feu avec la Russie et de passer simultanément de l’offensive à la défensive.

La défense, comme l’offensive, nécessite un certain équilibre des forces. Avec une supériorité russe de dix contre un en matière d’artillerie et de capacité d’attaque aérienne, l’Ukraine n’a aucun moyen de maintenir une ligne de défense. Ce qui suit n’est donc que pure fantaisie :

La Russie peut très bien rejeter l’offre de cessez-le-feu de l’Ukraine. Mais même si le Kremlin se montre intransigeant, le fait que l’Ukraine passe de l’offensive à la défensive limiterait la perte continue de ses soldats, lui permettrait de consacrer davantage de ressources à la défense et à la reconstruction à long terme et renforcerait le soutien de l’Occident en démontrant que Kiev dispose d’une stratégie viable visant des objectifs réalisables. À plus long terme, ce pivot stratégique montrerait clairement à la Russie qu’elle ne peut se contenter d’espérer survivre à l’Ukraine et à la volonté de l’Occident de soutenir ce pays. Cette prise de conscience pourrait finalement convaincre Moscou de passer du champ de bataille à la table des négociations, ce qui serait à l’avantage ultime de l’Ukraine, puisque la diplomatie offre la voie la plus réaliste pour mettre fin non seulement à la guerre, mais aussi, à long terme, à l’occupation du territoire ukrainien par la Russie.

Ce qu’il écrit semble supposer que la Russie en aura terminé après avoir complètement pris les quatre oblasts qu’elle a déjà intégrés. Ce ne sera pas le cas :

Lors d’une récente réunion, le 3 novembre, à la veille de la Journée de l’unité nationale, avec les membres des chambres civiques fédérales et régionales au Musée de la Victoire à Moscou, le président Vladimir Poutine a répété une fois de plus que la Russie “défend ses valeurs morales, son histoire, sa culture, sa langue, y compris en aidant ses frères et sœurs du Donbass et de Novorossiya à faire de même. C’est la clé des événements d’aujourd’hui“.

Une personnalité politique ukrainienne de renom, Vladimir Rogov, ancien législateur à Kiev, a rappelé à Poutine avec une intensité passionnée : “Croyez-moi, nous, les habitants de la partie méridionale de la Russie, qui avons été coupée de nos racines pendant 30 ans, sommes en fait un entrepôt des forces historiques du peuple russe, qui a été mis en veilleuse et n’a pu faire aucun effort pour régénérer notre grande Russie.”

Poutine a répondu en soulignant le fait historique que la Novorossia constituait “les terres du sud de la Russie – toute la région de la mer Noire et ainsi de suite” qui ont été fondées par la Grande Catherine après une série de guerres avec l’Empire ottoman.

Ces terres russes, que les Soviétiques ont, sans raison valable, soumises à l’administration soviétique ukrainienne, seront rapatriées.

L’administration Biden sait qu’elle ne peut rien y faire et qu’il y a peu de chances de fournir à l’Ukraine les 30 milliards de dollars dont elle aura besoin pour financer le déficit de l’année prochaine :

Penny Pritzker, représentante spéciale des États-Unis pour le redressement de l’Ukraine, a suggéré aux responsables d’imaginer comment le pays pourrait survivre économiquement sans l’aide des États-Unis lors de sa première visite en Ukraine.

Mme Pritzker a rencontré le président Volodymyr Zelenskyy, le premier ministre et des représentants du gouvernement, le président du parlement et des entreprises américaines. Elle a également assisté à un congrès des autorités régionales en compagnie d’Andrii Yermak, chef du cabinet du président.

Ukrainska Pravda a déclaré que sa première visite en Ukraine avait laissé “un arrière-goût plutôt inquiétant dans de nombreux bureaux gouvernementaux“.

L’une des sources, au fait du déroulement des réunions de Mme Pritzker, a déclaré qu’elle avait tenté de “les amener à l’idée” que l’Ukraine pourrait survivre économiquement sans l’aide américaine.

Ne recevant plus d’argent à piller, les fonctionnaires corrompus de l’Ukraine ne pourront plus nourrir leur avidité. Ils se demanderont pourquoi ils devraient faire la guerre et endurer l’hyperinflation qui en résulte (en russe), alors qu’il n’y a plus aucun moyen d’en tirer profit. (traduction automatique) :

La [croissance du taux de change du dollar] dépendra fortement du volume et de la rapidité de l’aide internationale qui arrivera en Ukraine. Si, comme le prévoient les autorités financières, le montant de l’aide extérieure est nettement inférieur à celui prévu dans le budget (le ministère des finances affirme qu’à l’heure actuelle, le trou est de 29 milliards de dollars), l’un des moyens les plus probables de résoudre le problème pourrait être de dévaluer la hryvnia – de sorte que le budget reçoive plus de hryvnia pour les dollars et les euros d’aide internationale qui entrent dans le pays.

Il arrivera un moment où la Russie fera une offre à laquelle les autorités et la population ukrainiennes ne pourront pas résister. Du gaz bon marché, beaucoup de commerce en échange de l’acceptation officielle par l’Ukraine des nouvelles frontières russes autour de la Novorossiya ainsi que la neutralité politique et militaire.

C’était inévitable.

Voici ce que j’avais écrit le 24 février 2022, le jour où les troupes russes ont franchi pour la première fois la frontière ukrainienne :

En regardant cette carte, je pense que l’état final le plus avantageux pour la Russie serait la création d’un nouveau pays indépendant, appelé Novorossiya, sur les terres situées à l’est du Dniepr et au sud le long de la côte, qui abritent une population majoritairement russe et qui, en 1922, avaient été rattachées à l’Ukraine par Lénine. Cet État serait politiquement, culturellement et militairement aligné sur la Russie.

Cela supprimerait l’accès de l’Ukraine à la mer Noire et créerait un pont terrestre vers la Transnistrie, territoire sécessionniste de la Moldavie, qui est sous la protection de la Russie.

La Novorossiya, les parties rouge et jaune, ne sera pas, comme je le supposais, un pays indépendant, mais deviendra une partie à part entière de la Fédération de Russie. Pour le reste, ma prédiction sur l’issue de cette guerre se vérifie. Ce qui reste de l’Ukraine, aussi pauvre soit-elle, devra l’accepter.

Sans l’afflux croissant d’argent frais et d’armes en Ukraine, l’Occident n’a plus rien à opposer à l’offre russe. Il est bon de voir que cela commence à être admis.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

 

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

3 réflexions sur “Sur le front ukrainien: préparation de la capitulation de l’OTAN en Ukraine (dossier Hersh)

  • Robert bibeau

    @ TOUS

    Pour conclure selon les textes ci-dessus on pourrait dire que:

     » 1) l’Ukraine se prépare à une contre-offensive russe en fortifiant l’ensemble du front ;
    2) ce scénario pourrait toutefois être évité en gelant le conflit ;
    3) mais Zelensky refuse de le faire en raison de ses illusions messianiques de victoire malgré un peu de dégrisement ces derniers temps ;
    4) Une percée russe pourrait inciter l’OTAN à intervenir directement en Ukraine en désespoir de cause pour l’arrêter si le front s’effondre ;
    mais 5) comme cela comporte de grands risques, les États-Unis espèrent que les pourparlers secrets Zaloujni-Guerassimov gèleront d’abord le conflit.

    Nous croyons que ces textes sont autant de ballons sondes visant à tester l’opinion des capitales occidentales

    1) L’Ukraine ne se prépare pas à une contre offensive russe – l’Ukraine n’a pas les moyens de faire face à une contre-offensive russe… L’OTAN prétend construire des lignes de défense afin d’effrayer la Russie par sa stratégie de guerre prolongée

    2) L’objectif de l’OTAN est bien de geler le conflit – le temps de permettre à l’Ukraine de reconstruire quelque peu ses forces militaires tout en maintenant une pression militaire continuelle sur le flanc russe

    3) Zelinsky n’a aucune vision messianique Zelinsky joue sa peau – sa survie pour après sa destitution ou son assassinat ou son arrestation …

    4) L’OTAN n’interviendra pas officiellement – militairement en Ukraine après la défaite inévitable de son proxy ukrainien

    5) Le gel du conflit sur les lignes de front actuelles est l’objectif ultime de l’OTAN (les ukrainiens n’ont rien à dire et doivent se compter chanceux que quelques milliards de backchiches soit toujours promis aux corrompus du régime.

    Robert Bibeau

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