«Cacher la merde au chat»
OLIVIER CABANEL — Le chat, lorsqu’il a fait ses besoins, prend soin de les enterrer soigneusement.
AREVA a tenté de même avec les déchets nucléaires, mais l’opération se solde par un échec cuisant.
Tout avait été fait dans les règles, mais la carotte proposée aux 3115 communes pressenties pour l’enfouissement des déchets nucléaires n’a pas réussi à en séduire beaucoup.
Il ne restait plus que deux communes candidates :
Auxon et Pars-lès-Chavanges, dans l’Aube.
Pourtant les conseils municipaux de ces communes étaient favorables à l’enfouissement.
Mais c’était sans compter sur les citoyens de ces communes.
Sur les 3115 communes, seule une quarantaine de celles-ci avaient répondu à l’invitation.
40, c’est beaucoup, et peu à la fois, un peu plus d’un pour cent.
Au fil des mois, les candidats se sont retirés sur la pointe des pieds, et il n’en est resté que 2.
A Auxon, le maire aime bien dénigrer ses administrés, surtout ceux qui lui résistent.
Il a commencé par les accuser d’agiter la peur sans raison.
Pourtant les citoyens de ces deux communes, regroupés avec ceux des autres communes visées au sein d’une fédération, (ASODEDRA) s’étaient longuement documentés.
Ils avaient appris par exemple qu’un site d’enfouissement en Allemagne avait connu quelques déboires. (voir la photo de l’article)
Dans une ancienne mine de sel, à Asse, des déchets avaient été enfouis dans les années 80, et c’est aujourd’hui une catastrophe nucléaire.
La nappe phréatique et la terre des alentours sont gravement pollué.
Même Claude Allègre, souvent plus mal inspiré, à déclaré :
« On a raison de se mobiliser contre les méthodes de stockage ; géologiquement parlant, le sous-sol est le plus mauvais endroit pour stocker les déchets à cause de l’eau qui y circule et pénètre partout ».
cette phrase a été prononcée au Sénat lors d’un débat le 6 février 2001.
Barack Obama a annulé le projet de site d’enfouissement à UK Mountain, et il n’y a plus un seul site de ce genre aux Etats-Unis.
Comme le dit Stéphane Lhomme, du réseau sortir du nucléaire :
« Il n’y a pas de solution, que des options…de mauvaises options et pour nous, l’enfouissement est la pire de toutes ».
En attendant, il n’y a toujours aucune solution raisonnable trouvée, et les déchets s’accumulent jour après jour.
En 2007, il y en avait plus d’un million de mètres cubes, et fin 2030 le volume total dépassera les deux millions.
Ils sont aujourd’hui stockés sur plus de 1000 sites dans notre pays, avec plus ou moins de sécurité. Des photos ont montré à La Hague des fûts en béton fissurés, laissant échapper sur le sol du liquide radioactif. lien
La majeure partie du stock de déchets (près de 70%) sont dits « de faible activité », mais leur rayonnement va de quelques dizaines à plusieurs centaines de milliers de Bq/g (becquerels par gramme).
Ce sont pour les déchets dits « de très faible radioactivité » que les deux communes restantes avaient été pressenties.
Ils représentent tout de même 232 000 mètres cubes.
Quant aux déchets de « haute radioactivité » il y en aura 5000 mètres cubes en 2030 !
Pourquoi continuer alors cette folle course en avant avec ce nucléaire qui pose tant de problèmes ?
Entre le méthane qui, s’il était récupéré, (freinant ainsi le réchauffement planétaire), le solaire, qu’il soit thermique ou photovoltaïque, l’éolien, l’énergie des vagues et des marées, la géothermie, l’hydraulique, et surtout une meilleure gestion de l’énergie passant par une isolation haut de gamme des bâtiments publics ou privés, les solutions propres ne manquent pas pour remplacer efficacement le nucléaire.
Au lieu de çà, la santé des populations est mise toujours un peu plus en danger. lien
Aujourd’hui, devant les difficultés financières que rencontre EDF et AREVA, le choix est fait de prolonger la durée de vie des 58 réacteurs en activité. lien
Pourtant les aciers des cuves de réacteurs sont souvent fissurés, les difficultés techniques s’accumulent, et les années qui passent vont augmenter chaque jour un peu plus les risques d’accident.
Mais Sarkozy est un pro-nucléaire convaincu, allant jusqu’à classer celui-ci dans le domaine des énergies propres. lien
Alors comme disait un vieil ami africain :
«La nuit dure longtemps, mais le jour finit toujours par arriver».