«On est à la veille d’un basculement du monde» (Emmanuel Todd sur video)
Par Robert Bibeau.
Cet article est disponible en anglais et en italien ici :
Article – anglais-italien- du 20 Janvier 2024
Peut-on prétendre que l’Ordre Mondial Occidental-unipolaire – en croissance ou en déclin peu importe – et le Nouvel Ordre Mondial Oriental-multipolaire sont dirigés par un instinct de puissance, de domination, de pouvoir, de spoliation, de pillage des ressources, d’accumulation de l’argent, de destruction hystérique de la morale et de la nature ??? C’est l’hypothèse de fond qui guide l’écrivain Emmanuel Todd dans son tout dernier ouvrage intitulé « La défaite de l’Occident » à paraître à la mi-janvier 2024. Comme tous les intellectuels bourgeois, Monsieur Todd adopte une approche idéaliste et moralisatrice (religieuse) de l’histoire mondiale et de l’économie politique internationale qu’il qualifie de « géopolitique active ». Nous pensons qu’un point de vue matérialiste dialectique et historique permet de mieux comprendre (expliqué et articulé) les motifs – les forces – les contradictions – qui dirigent le monde à l’Ouest comme à l’Est et d’un hémisphère à un autre.
L’humanité toute entière est mû par une seule et unique force – un seul désir dominant – un seul instinct hégémonique – se reproduire. À travers l’histoire, afin de parvenir à se reproduire, l’espèce humaine s’est organisée en société (en regroupement collaboratif), elle-même structurée en classes sociales. La fonction de ces regroupement sociaux – étaient – est – et sera – de permettre à l’humain d’exploiter les ressources de la nature (de la planète) pour assurer la reproduction de l’espèce.
À travers ce processus économique (mode de production), différentes sociétés humaines collaboratives sont entrées en contradiction – en conflit -, c’est le processus historique social, politique, militaire et moral que Marx a catégorisé en cinq étapes (collectif primitif, esclavagisme, féodalisme, capitalisme, communisme collectif). « Désir…ou pulsion » de puissance, de domination, de pouvoir, de spoliation, de pillage, de destruction, et de construction, de conservation, d’accumulation, de partage…etc, sont autant de tactiques spontanément adoptées pour la mise en oeuvre des contradictions qui propulsent vers l’avant l’instinct de reproduction de l’espèce. L’histoire de l’humanité est l’histoire de ce processus de reproduction sans cesse regénéré.
« La défaite de l’Occident« …face à l’Orient comme le prétend Monsieur Todd, devrait se lire, selon nous, comme la première manche de la défaite et de l’effondrement de la quatrième étape historique universel, celle du mode de production capitaliste mondialisé. Ce sera la défaite d’un axe capitaliste contre un axe capitaliste concurrent (Occidental vs Oriental). Auparavant cependant, le monde entier devra passer par une période de guerre mondialisée entre l’Occident décadent et l’Orient émergent sous la botte du Grand capital mondial. (Voir : Entre les États-Unis et la Chine « une grande guerre approche », assure un haut gradé de l’armée – les 7 du quebec et Comment apprécier la puissance guerrière d’une alliance impériale? – les 7 du quebec).
La voie historique sera alors dégagée pour laisser place à la classe prolétarienne révolutionnaire internationaliste, l’unique espoir de l’humanité. Alors, pour la première fois dans l’histoire de l’espèce humaine, les conditions objectives et subjectives de la Révolution prolétarienne seront réunies. Nous présentons ci-dessous une entrevue de Monsieur Todd à propos de son récent volume qui prophétise « La veille d’un basculement du monde…de l’hégémon Atlantique à l’hégémon Pacifique« . . VIDEO – qui présente ses thèses…
Emmanuel Todd : «On est à la veille d’un basculement du monde»
ENTRETIEN EXCLUSIF. L’historien qui avait annoncé bien avant l’heure la chute de l’URSS prédit maintenant « la défaite de l’Occident », titre de son nouvel ouvrage.
Un livre qui bouscule les certitudes, énerve par ses excès et interpelle par son travail anthropologique est toujours un livre susceptible d’intéresser Le Point. Surtout quand l’auteur a pour nom Emmanuel Todd, démographe, historien et sociologue. Parmi ses faits d’armes éditoriaux, l’annonce, en 1976, dans La Chute finale, de la dislocation de l’URSS entrevue dans l’indice de mortalité infantile. Quarante-sept ans plus tard, pour ce qu’il dit être son dernier livre (« la boucle est bouclée »), il prédit La Défaite de l’Occident (Gallimard) dans le contexte du conflit en Ukraine. L’entrevue est disponible ci-dessous.
Versão em Língua Portuguesa:
https://queonossosilencionaomateinocentes.blogspot.com/2024/01/estamos-nas-vesperas-de-um-mundo-virar.html
Des intellectuels bourgeois, mon cul!
Ces connards ne voient les évidences que quand ils ont le nez dedans, une imposture, voilà ce que ce sont, les conclusions auxquelles parviennent cette bande de tartuffes dont on veut nous faire croire qu’elle est éclairante, parce que c’est ainsi que la cooptation qui perturbe notre lucidité veut que nous percevions ce qui n’est qu’une supercherie qui est en voie d’extinction, tout simplement dû au fait que la négritude restaure son authentique place dans l’histoire de l’humanité, les gens qui ont la servitude dans leur patrimoine génétique depuis des générations et des générations, en sont grandement mécontents, mais c’est tellement facile aujourd’hui de ne pas être blanc dans ce maelstrom d’arrogances et de mensonges les plus stupides qui soient, que c’en est même comique de voir cette soi-disant capacité de penser supérieure aux autres, tenter de déchiffrer l’avenir dans lequel on l’a projeté.
Si c’est ça la matière grise contre laquelle le combat se déroule, eh bien, nos gosses ont de belles perspectives d’avenir devant eux.
Cela fait combien d’années que la prédication de ce connard quant au sort à venir de l’Occident fait l’objet de démonstrations incontestables dans d’humbles commentaires sur Internet?
Un paquet!
COMMENTAIRES SUR https://t.me/Stanislas_Berton/2380
Le dernier livre d’Emmanuel Todd est représentatif des limites d’une pensée n’ayant pas intégré la donnée qu’est le mondialisme dans son analyse.
C’est regrettable car contrairement à beaucoup d’intellectuels français, E.Todd regarde le réel et s’attache à analyser des faits. Or faute de posséder les clés de compréhension du système mondialiste et la guerre de l’ombre qui lui est mené, les faits qu’il observe se révèlent totalement incompréhensibles, comme par exemple le bellicisme de la Scandinavie ou la politique étrangère de Donald Trump.
Pour que tout cela ait un sens E. Todd se voit donc contraint de recourir à la grille d’analyse sociologique et anthropologique qu’il a développée ou, de façon moins convaincante, à des explications psychologisantes reposant essentiellement sur les intuitions, les préjugés ou les lubies de l’auteur.
Ce qui manque à M. Todd, c’est la compréhension globale du projet de Nouvel Ordre Mondial, système reposant sur une structure de pouvoir parallèle (ex : CFR) lui même reposant sur l’infiltration méthodique des instances décisionnaires (Young Leaders), les sociétés secrètes, le chantage et un ensemble de croyances et de pratiques, comme la pédocriminalité, liant les membres du complot par un pacte de sang. Malheureusement, vu les attaques, assez gratuites, que M. Todd réserve au « complotisme », il est peu probable qu’il s’engage dans une voie qui lui offrirait les clés qui lui font actuellement défaut.
Ces lacunes se font particulièrement criantes quand E. Todd qualifie à plusieurs reprises Barack Obama de « pacifique d’instinct » (sic ET resic) , alors que ce président aura multiplié les assassinats et les frappes par les drones et dont le soutien, en 2005, à l’accord Nunn-Lugar sur la création des laboratoires bactériologiques en Ukraine, offre un lien direct avec l’un des motifs cachés de l’opération militaire russe. Quand à la moralité supposée d’Obama, elle ne peut que donner envie de sourire, ou plutôt de vomir, à quiconque connaît le contenu des emails de John Podesta révélés par Wikileaks (soirées « pizzas and hot dogs »)
Néanmoins, ce livre contient plusieurs analyses intéressantes, dont un dégonflage brillant du PIB fictif américain, remplacé par la notion de PIR (produit intérieur réel), et sa sortie aura permis d’entendre des propos géopolitiques censés sur des chaîne d’info en continu et, espérons-le, d’amener certains membres de nos « classes éduquées » à se départir de quelques illusions sur la force de l’Occident et la faiblesse de la Russie. Par les temps qui courent, c’est toujours ça de pris.
VU SUR TÉLÉGRAM
Un commentaire glané sur le net
«Le monde est un endroit plein de dangers. — Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire.»
(Albert Einstein)
Résumé
Mon attention a été attirée par une contribution de l’anthropologue Emmanuel Todd. Son dernier ouvrage est un constat de la défaite de l’Occident. De plus en plus on annonce la fin de l’empire depuis les travaux d’Oscar Spengler ; les «déclinistes» se réfèrent à un best-seller, paru il y a cent ans : Le Déclin de l’Occident, dont les thèses n’ont jamais eu autant de résonance qu’aujourd’hui. Le diagnostic est au fond le même : le vieux monde serait entré dans un processus de décadence irréversible. Que sera le monde de demain ? Chinois ? Russe ? Indien ? Ou tout simplement mondial par un monde du partage !
La relecture de l’ouvrage d’Emmanuel Todd, paru le 7 janvier 2024, a fait l’objet d’un tir de barrage des médias mainstream qui y voient un non-évènement. Laudateur de Poutine, pour Emmanuel Todd, «la Troisième Guerre mondiale a déjà commencé». Au-delà de l’affrontement militaire, Todd insiste sur la dimension idéologique et culturelle. L’historien, qui a annoncé bien avant l’heure la chute de l’URSS, prédit maintenant «la défaite de l’Occident».
Le déclin de l’Occident serait pour les stratèges occidentaux inextricablement lié aux nocives idées étatistes qui dominent les institutions occidentales depuis des décennies déjà (quoique moins fortement aux États-Unis). Cet étatisme s’exprime par un consentement généralisé à un État social qui prélève massivement mais aussi à un État stratège qui s’implique aujourd’hui dans tous les aspects majeurs de la société, de la santé à l’immigration en passant par le marché du travail. Rien de tout cela, on se souvient, avec Reagan, pour qui l’État est le problème, il faut laisser faire le marché, c’est-à-dire la liberté du renard dans le poulailler !
Comment meurent les empires ?
Depuis plus d’un siècle, l’Occident joue à se faire peur ! Il déclare qu’il est en déclin pour mieux subjuguer les ennemis et les vassaux. Cette posture lui permettant de continuer à être plus que jamais omnipotent. Le moteur de son expansion est la guerre. «la guerre, écrivent Jean-Vincent Holeindre et Laurent Testot, ayant pris mille visages à travers le temps et l’espace. Elle est ce ‘‘caméléon’’ que décrivait Carl von Clausewitz, très difficile à repérer et à identifier. La guerre n’est pas seulement un phénomène militaire. À travers elle se jouent les grandes évolutions sociales, économiques, culturelles et politiques qui façonnent l’histoire humaine.» il est courant d’admettre que l’Occident est parti à la conquête du monde après la première révolution industrielle. En fait, il serait plus indiqué de remonter dans le temps pour s’apercevoir que l’hégémonie occidentale a débuté après ce qu’on appelle dans la doxa occidentale «Les Grandes découvertes». Prenant la relève d’un Orient et d’une civilisation islamique sur le déclin, et au nom de la Règle des trois C — Christianisation, Commerce, Colonisation —, il mit des peuples en esclavage. Bien plus tard, après l’implosion de l’Empire soviétique, ce fut «la fin de l’histoire», selon le mot de Fukuyama avec une pax americana qui paraissait durer mille ans.(1)
«Le peuple américain, se voulant lui aussi ‘‘peuple élu’’, comme le martèle la destinée manifeste, c’est à lui d’éclairer le monde, au besoin, par le napalm. (…) Le XXe siècle, ‘‘A Beastly Century’’, ‘‘un siècle bestial’’, terme utilisé par Margaret Drabble, pour décrire le XXe siècle. Il y eut, en effet, environ 231 millions de morts en 100 ans de guerres et conflits. Tout ceci pour tenter de garder, en vain, la suprématie sur des hommes qui aspirent quelles que soient leurs latitudes à une égale dignité. Ce siècle sera assurèment aussi celui de la guerre de tous contre tous. Des craquements se font entendre, l’Empire est puissant mais il est exsangue sur le plan économique. Pour Ignacio Ramonet, ‘‘l’Empire n’a pas d’alliés, il n’a que des vassaux’’. Ce basculement inexorable concernant l’avenir du monde est rendu nécessaire.»(1)(2)
L’Occident vit une crise de l’avenir : une crise de sens, d’orientation et de signification. L’Occident sait à peu près d’où il vient, mais peine à savoir où il va. Certes, comme disait René Char, «notre héritage n’est précédé d’aucun testament» et il appartient à chaque génération de dessiner son horizon».(1)(2)
Ce que nous enseigne la chute de l’Empire romain
Justement, cette hantise du déclin amène à interroger le passé. On dit que Henry Kissinger, l’ancien secrétaire d’État américain, était fasciné par la chute de l’Empire romain. Jean-Louis Voisin, commentant l’ouvrage de Michel de Jaeghere, La fin de l’Empire romain, écrit : «Nous interrogeons nécessairement le passé en fonction du regard et des questions que nous portons sur notre temps. La chute de l’Empire romain d’Occident est, selon Eduard Meyer, ‘’l’événement le plus intéressant et le plus important de l’histoire universelle’’. La disparition d’un édifice millénaire, qui avait été porteur d’une civilisation prestigieuse, et avait réuni sous un même sceptre les peuples de tous les rivages de la Méditerranée, ne pouvait manquer de frapper les imaginations. (…) Pour Voltaire, le coupable de la chute de l’Empire romain est tout trouvé : c’est le christianisme, qui aurait désarmé l’empire en détournant ses citoyens de la défense de la cité terrestre, pour ne les occuper que des affaires du ciel.
(…) Au XXe siècle, les essais se multiplient, avec, sous-jacente après la Première Guerre mondiale, la méditation angoissée de l’aphorisme célèbre de Paul Valéry : ‘’Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.’’ Quelles leçons tirer de l’exemple de la fin de l’Empire romain? La première est sans doute qu’il est illusoire de prétendre faire subsister une zone de civilisation entourée d’une périphérie livrée à l’anarchie et à la misère. (…) La seconde est que les grands empires multinationaux ne valent rien dans la défense. Ils excellent à s’étendre, tant qu’ils sont portés par le caractère irrésistible que leur puissance semble donner à leur domination, mais ils sont incapables de susciter dans leur population le dévouement que l’attachement sentimental à une patrie charnelle peut seul inspirer à des citoyens. Ces empires sont donc condamnés à la conquête perpétuelle, ou au dépérissement.»(3)(4)
Déclin de l’Occident et avènement de l’Orient
Il est courant d’admettre que l’Occident est parti à la conquête du monde après la première révolution industrielle. En fait, il serait plus indiqué de remonter dans le temps pour s’apercevoir que l’hégémonie occidentale a débuté après ce que la doxa occidentale nomme «les Grandes découvertes». Comment s’est construite la suprématie occidentale? Au nom de la Règle des trois C — Christianisation, Commerce, Colonisation, l’Occident mit des peuples en esclavage. Lisons ce morceau d’anthologie attribué au roi des Belges : «Vous veillerez à désintéresser les sauvages de leur richesse dont regorgent leur sol et leur sous-sol. Votre connaissance de l’Évangile vous permettra de trouver facilement des textes recommandant aux fidèles d’aimer la pauvreté. Par exemple : ‘’Heureux les pauvres car le royaume des cieux est à eux. Il est difficile aux riches d’entrer aux cieux.’’ Vous ferez tout pour que les nègres aient peur de s’enrichir. Apprenez aux jeunes à croire et non à raisonner…»(5)(6)
Comment l’Occident a perpétué son hégémonie ?
Pendant cinq siècles, l’Occident (l’Europe) procéda à un dépeçage des territoires au gré de ses humeurs sans tenir compte des équilibres sociologiques que les sociétés subjuguées ont mis des siècles à sédimenter. Au nom de ses «droits de l’Homme» qui «ne sont pas valables dans les colonies», si l’on en croit Jules Ferry, un chantre enragé de la colonisation et de la grandeur de l’Empire colonial français, l’Occident dicte la norme, série, punit, récompense, met au ban des territoires qui ne rentrent pas dans la norme. Ainsi, par le fer et par le feu, plus de 75% des richesses des Suds épuisés comprenant plus de 80% des habitants de la planète furent spoliés et détenus par 20% des pays du Nord.
La peur de l’Empire d’être dépassé : inventer des conflits
Bien plus tard, au XXe siècle, pendant près de cinquante ans après la Seconde Guerre mondiale, l’équilibre du monde était détenu par deux grandes puissances, les États-Unis et l’Empire soviétique. Une étude du Pnac (Programme for New American Century) recommandait de chercher un motif pour relancer l´hégémonie américaine d´une façon définitive, notamment avec le déclin du pétrole dont il fallait à tout prix s´assurer des sources d’approvisionnement pérennes et à un prix «raisonnable». L’arrivée du 11 septembre fut du pain bénit. Le Satan de rechange tombait du ciel, l’Islam et le terrorisme. Francis Fukuyama s’interrogeait à juste titre sur la fin de l’Histoire maintenant que la pax americana régnait et paraissait durer mille ans.(5)
Pendant ce temps, l’Orient avance. ÀB l’autre bout du curseur concernant l’avenir du monde, nous trouvons l’analyse lumineuse de l’ambassadeur singapourien Kishore Mahbubani qui décrit le déclin occidental : recul démographique, récession économique, et perte de ses propres valeurs. Il observe les signes d’un basculement du centre du monde de l’Occident vers l’Orient. L’auteur fait le point sur l’ascension économique vertigineuse des pays de l’Asie. L’Asie n’a, selon l’auteur, aucune intention de dominer l´Occident, mais il met en garde : l’Occident doit renoncer à sa domination, notamment, les 5,6 milliards d’individus qui ne vivent pas à l’Ouest aujourd´hui ont cessé d’être des objets de l´histoire mondiale pour en devenir des sujets.(7)
Le diplomate lumineux Mahbubani ajoute : «La plupart du temps, cependant, les colonialistes étaient des gens médiocres mais en raison de leur position et, surtout, de leur couleur de peau, ils étaient en mesure de se comporter comme les maîtres de la création. Souvent, on est étonné et outré lors de rencontres internationales, quand un représentant européen entonne, plein de superbe, à peu près le refrain suivant : ‘’Ce que les Chinois [ou les Indiens, les Indonésiens ou qui que ce soit] doivent comprendre est que…’’, suivent les platitudes habituelles. Le complexe de supériorité subsiste.»(8)(9)
Ce que Mahbubani attaque, c’est l’anomalie absurde d’un pouvoir mondial occidental envahissant et persistant dans un monde sujet à des changements fondamentaux. Cela ne vaut pas seulement pour la culture mais également pour le niveau de développement économique et politique. L’invasion anglo-américaine de l’Irak a considérablement aggravé les relations entre l’Occident et les États et peuples musulmans. Le grand sujet de plainte de Mahbubani est l’incapacité de l’Occident à maintenir, à respecter et encore plus à renforcer les institutions qu’il a créées. Et l’amoralité avec laquelle il se comporte trop souvent sape davantage les structures et l’esprit de la gouvernance mondiale.(8)(9)
La civilisation occidentale et le progrès sont une invention des «élites»
Paru en 1997 et traduit récemment par les éditions Libre, L’invention de la civilisation occidentale, ouvrage pragmatique du professeur d’anthropologie à l’université de Californie Thomas C. Patterson, décrit l’émergence du concept de civilisation en Europe durant la Renaissance, au moment où sont entrepris la colonisation et le pillage des Amériques. «L’idée de civilisation fut forgée dans des sociétés dont les classes dirigeantes, obnubilées par la préservation de la hiérarchie, voulaient s’assurer que les inégalités qu’elle impliquait se perpétuent. Depuis près de cinq siècles, les intellectuels de la classe dirigeante cherchent à expliquer à leurs pairs comment les relations de pouvoir existantes se sont constituées et pourquoi elles sont légitimes. Ils nous assurent que les manières et la moralité des classes dirigeantes sont supérieures à celles des masses non éduquées et des membres des communautés non stratifiées qui vivent dans la nature – c’est-à-dire les régions sauvages, au-delà des frontières de la civilisation.» Nemonte Nenquimo fait preuve d’une étonnante retenue en s’adressant aux civilisés : «Vous nous avez imposé votre civilisation et regardez maintenant où nous en sommes : pandémie mondiale, crise climatique, extinction d’espèces et, à l’origine de tout cela, une pauvreté spirituelle généralisée. Pendant toutes ces années à prendre, prendre, prendre sur nos terres, vous n’avez pas eu le courage, ni la curiosité ni le respect d’apprendre à nous connaître. Pour comprendre comment nous voyons, pensons, ressentons et ce que nous savons de la vie sur cette Terre.» Dès lors, on est en droit de se demander où est la rationalité dans cette entreprise nommée «développement» ou «progrès» ; d’autant plus quand «l’inégalité est inscrite dans l’ADN de la civilisation.» (10)
La Russie se porte bien
Examinons l’ouvrage de l’anthropologue Emmanuel Todd accusé d’être poutinophile et qui ne fait qu’énoncer des vérités. Concernant justement la Russie, il écrit : «L’Occident a tort de sous-estimer la résilience de la Russie qui, depuis 2014, subit les sanctions. Depuis 2022, une dizaine de trains de sanctions de l’Europe de Van der Layen n’ont pas ébranlé la Russie. Au contraire de l’Union européenne qui ne finit pas d’en souffrir.» Emmanuel Todd écrit : «L’attitude actuelle vis-à-vis de la Russie – une incapacité à percevoir le régime de Poutine autrement qu’en termes généraux, un refus de tenir compte de l’existence d’une culture russe qui l’expliquerait – résulte donc d’une mutation de l’attitude occidentale, par étapes, à partir des années 1960.
La disparition de notre aptitude à concevoir la diversité du monde nous interdit une vision réaliste de la Russie. Il était évident que la Russie post-communiste allait conserver des traits communautaires malgré l’adoption de l’économie de marché ; que l’un de ces traits serait l’existence d’un État plus fort qu’ailleurs. Nous devons aussi comprendre que ce qui a fait la solidité de la Russie, ce qui lui a permis de préserver sa souveraineté dans un système mondialisé, c’est sa capacité spontanée à empêcher le développement d’un individualisme absolu (aucun jugement de valeur dans cette constatation, je parle ici comme un anthropologue américain des années 1950). Il subsiste en Russie suffisamment de valeurs communautaires – autoritaires et égalitaires – pour qu’y survive l’idéal d’une nation compacte et que réapparaisse une forme particulière de patriotisme.»(11)
«Mais la Russie, poursuit-il, a une faiblesse fondamentale, qui est sa basse fécondité. L’inquiétude que suscite la situation démographique est omniprésente dans les discours de Poutine et d’autres acteurs du régime en général. Depuis la chute de l’URSS et la désintégration de ce qui fut leur empire, les Russes savent que, face à l’OTAN, dont la population, si l’on peut dire, était en 2023 de 887 millions, ils ne font plus le poids d’une supériorité quantitative en moyens conventionnels, la doctrine soviétique excluait de lancer une première frappe nucléaire. La nouvelle doctrine, tenant compte de la pauvreté en hommes, autorise, elle, des frappes nucléaires tactiques si la nation et l’État russes sont menacés.
Les Occidentaux doivent prendre l’avertissement au sérieux. Les Russes ont défié l’OTAN en février 2022 parce qu’ils se sentaient prêts. Les dirigeants russes sont lucides ; et préserver la souveraineté de leur pays est pour eux une exigence morale.»(11)
S’agissant enfin de l’autre bourbier, la guerre d’Israël contre les Palestiniens de Ghaza, il dénonce la démesure de l’aide américaine à Israël : «(…) Les trois semaines qui ont suivi la reprise du conflit entre Israël et le Hamas, le 7 octobre 2023, nous ont fait voir, à l’état brut, pulsionnel, la préférence de Washington pour la violence. Cette réaction instinctive ne correspondait à aucune nécessité militaire.
Joe Biden effectue ensuite une visite de solidarité à Tel-Aviv et prononce à son retour, le 20 octobre, un discours d’une simplicité enfantine : Hamas = Poutine, Israël = Ukraine. Il oubliait que vivent en Israël près d’un million de citoyens venus de Russie, fort attachés à leur culture d’origine. (…) Le vote américain contre la trêve est nihiliste, il rejette la morale commune de l’humanité. La presse occidentale nous avait abreuvés des mois durant de l’illusion d’une contre-offensive ukrainienne victorieuse. Dans le village de Washington, au pays des fusillades de masse, à l’heure de la religion zéro, la pulsion première est un besoin de violence.»(11)
L’Occident et ses fautes
Pour Emmanuel Todd, l’implosion de l’URSS a remis l’histoire en mouvement. «Elle avait surtout créé un vide planétaire qui a aspiré l’Amérique en crise dès 1980. Un mouvement paradoxal s’est alors déclenché : l’expansion conquérante d’un Occident qui dépérissait en son cœur. La disparition du protestantisme a mené l’Amérique, par étapes, du néo-libéralisme au nihilisme ; et la Grande-Bretagne, de la financiarisation à la perte du sens de l’humour. Entre 2016 et 2022, le nihilisme occidental a fusionné avec celui de l’Ukraine, né, lui, de la décomposition de la sphère soviétique. Ensemble, OTAN et Ukraine sont venus buter sur une Russie stabilisée, redevenue une grande puissance, désormais conservatrice, rassurante pour ce Reste du monde qui ne veut pas suivre l’Occident dans son aventure. Les signes de démence s’accumulent en Occident. L’Amérique et le Royaume-Uni exigent de l’Ukraine, exsangue, une contre-offensive alors même qu’elle n’a pas assez d’armes et de munitions pour vaincre la Russie. Des milliers d’hommes vont mourir pour rien. L’Occident, conseilleur non payeur, ne peut fournir assez d’armes parce qu’il a transféré une large partie de sa production industrielle en Chine. Il n’empêche : les États-Unis rêvent de navires européens engagés contre la Chine autour de Taïwan. L’âge de pierre approche(…)»(12)
Le piège ukrainien
Pour Hugo Septier, Emmanuel Todd réfute toute «poutinophilie». Selon lui, il convient d’analyser ce conflit non pas seulement les yeux rivés sur le terrain, mais en regardant la dynamique historique générale. De fait, il estime que d’une certaine manière, «les États-Unis sont tombés dans un piège en Ukraine». «On a imposé à l’Ukraine des souffrances abominables en entretenant l’illusion que l’Occident avait les moyens industriels de soutenir la guerre», assure-t-il.
«C’est l’Occident qui perd.» «Ce qu’on n’avait pas vu c’est que l’Amérique est dans un processus de déclin éducatif et industriel qui a démarré vers 1965. […] Il y a eu un phénomène extraordinaire d’une expansion vers l’Est, qui est allé provoquer la Russie dans son espace, d’un monde occidental qui n’allait pas bien lui-même.» L’historien assure qu’il aurait fallu «négocier et intégrer la Russie à l’Occident» et que la guerre va finir «par cesser». «Ce n’est pas la Russie qui va gagner, c’est l’Occident qui perd», termine-t-il, pointant «un monde de puissances faibles avec des populations déclinantes».(13)
«Au-delà de l’affrontement militaire et dans le même ordre, écrit Alexandre Devecchio, entre la Russie et l’Ukraine, l’anthropologue français insiste sur la dimension idéologique et culturelle de cette guerre. Les plus isolés ne sont pas, selon lui, ceux qu’on croit. Pour Emmanuel Todd, les dernières frasques des puissances occidentales au sujet de dossiers aussi divers que l’Ukraine, la Chine, l’individu occidental, libéré par la chute des croyances collectives, dérive dans toutes les directions. Et vers l’économisme… qui ‘’nous rend fous’’.»(14)
Les nouveaux maîtres soft du monde
Vladimir Poutine a estimé que l’Occident perdait son leadership dans le monde. «Je pense que tout le monde se rend compte, le leadership de l’Occident touche à sa fin.» «Une organisation internationale efficace est aujourd’hui inimaginable sans des pays comme l’Inde ou la Chine.» Quelle est l’alternative maintenant que le monde occidental qui prône des «valeurs» qu’il n’applique jamais et qui a perdu, ce faisant, son magister moral ? De plus en plus, le Reste du monde se tourne vers l’Orient asiatique.(15)
Le nouveau monde multipolaire qui remplacera le chaos actuel
Graduellement, malgré tous les «empêchements» actuels et à venir de l’Empire qui, en dévitalisant ses vassaux européens, les rend dépendants, le Sud Global s’organise sous la houlette de leaders qui annoncent qu’ils ne sont pas là pour imposer des «regimen change» mais pour promouvoir le doux commerce. Pepe Escobar nous donne un aperçu de la force de frappe soft des BRICS. Il écrit : «La Chine, la Russie et l’Iran porteront la lutte pour un système plus équitable et plus juste à un niveau supérieur. À l’aube de l’année incandescente 2024, quatre grandes tendances définiront les progrès de l’Eurasie interconnectée. L’intégration financière et commerciale sera la norme. La Russie et l’Iran ont déjà intégré leurs systèmes de transfert de messages financiers, contournant SWIFT et commerçant en rials et en roubles. La Russie et la Chine règlent déjà leurs comptes en roubles et en yuans, associant l’immense capacité industrielle chinoise aux immenses ressources russes. L’intégration économique de l’espace post-soviétique, qui s’oriente vers l’Eurasie, passera principalement, non pas par l’Union économique eurasiatique (UEEA), mais par l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). L’affrontement deviendra encore plus aigu, opposant l’hégémon et ses satellites (Europe et Japon/Corée du Sud/Australie) à l’intégration de l’Eurasie, représentée par les trois principaux BRICS (Russie, Chine, Iran), plus la RPDC et le monde arabe incorporé aux BRICS.»(16)
«Du côté russe, poursuit Pepe Escobar, l’inimitable Sergey Karaganov a fixé la loi : «Nous ne devons pas nier nos racines européennes, nous devons les traiter avec soin. Après tout, l’Europe nous a beaucoup apporté. Mais la Russie doit aller de l’avant. Et avancer ne signifie pas aller vers l’Ouest, mais vers l’Est et le Sud. C’est là que se trouve l’avenir de l’humanité.» En 2023, les Chinois ont effectué 3,68 milliards de voyages en train, un record absolu. La Chine est en passe de devenir un leader mondial de l’IA d’ici 2030. Le géant technologique Baidu, par exemple, a récemment lancé Ernie Bot pour rivaliser avec ChatGPT. En Chine, l’IA se développe rapidement dans les domaines de la santé, de l’éducation et du divertissement. La Chine diplôme pas moins d’un million d’étudiants en STEM de plus que les États-Unis, année après année. Cela va bien au-delà de l’IA. Les pays asiatiques atteignent toujours les 20% supérieurs dans les concours de sciences et de mathématiques. La Chine occupe la première place dans 37 secteurs. Il s’agit notamment de la défense, de l’espace, de la robotique, de l’énergie, de l’environnement, de la biotechnologie, des matériaux avancés, de la technologie quantique clé et, bien sûr, de l’IA. Voilà ce qui effraie aussi les Occidentaux qui se sentent dépassés.(16)
Conclusion : la civilisation a besoin de «spiritualité»
Ce philosophe que nous avons connu plus inspiré prend le dada des lamentations à la suite des Zemmour, Ferry, Régis Debray. Il parle de civilisation judéo-chrétienne des Juifs qui ont été diabolisés pendant vingt siècles et n’ont pas amalgamé leur culture.
Contrairement à la civilisation musulmane, comme l’a martelé Schlomo Sand, l’Islam a 1000 fois mieux protégé les Juifs victimes de toutes les persécutions en Europe. Quelque part, l’Occident paye un solde de tout compte des crimes de masse d’Hitler à l’endroit des Juifs en diabolisant l’Islam et, partant, les Palestiniens.
C’est un fait que, pendant près de vingt siècles, l’Occident fut indissociable du christianisme. L’Évangile dans une main, le fusil dans l’autre, il ambitionna de conquérir le monde. De plus, la boulimie sans retenue de la civilisation du «toujours plus» mènera, à Dieu ne plaise, la planète au chaos. Ce n’est pas simplement l’Occident qui va décliner, ce sont tous les peuples qui vont le suivre dans une descente aux abîmes. La planète est en pleine tourmente, l’accouchement du nouveau monde sera douloureux, parce que l’Empire ne veut rien lâcher quitte à perdre ce qui lui reste de moralité comme nous l’avons vu avec le veto pour porter secours au peuple palestinien broyé par le messianique israélien. Peut-on dire qu’une civilisation meurt quand elle a épuisé ses récits de légitimité à la fois temporelle et atemporelle ? C’est en tout cas l’avis de Jean-François Léotard qui parle du déclin des grands récits de légitimité comme le socialisme, le communisme, les récits religieux instrumentalisés. Le libéralisme sauvage est responsable indirectement de l’anomie du monde et du déclin de l’Occident.
Plus largement, les États-nations sont de plus en plus en butte à des remises en cause et se replient sur des identités «fondamentales» qu’ils croient gravées dans le marbre ! S’y ajoutent la malvie économie et les conflits religieux. Tout ceci aboutit à un chaos dont on ne peut pas dire qu’il est ré-organisateur, comme le martelait Condie Rice, l’ancienne secrétaire d’État américaine qui voulait réorganiser le Moyen-Orient en appliquant «ordo ab chao» (l’ordre à partir du chao). à juste titre, Marcel Gauchet parle de désenchantement du monde. L’espace commun se délite, les religions n’ont plus rien à dire et à se dire. Les sociétés n’ont plus de «Grands Récits».
La post-modernité se traduit par l’adage de la guerre de tous contre tous. C’est en définitive, un déclin du sens et du non-respect des valeurs éthiques que ce même Occident veut appliquer aux autres et non pas à soi-même. «La paix universelle, écrit Anatole France, se réalisera un jour non parce que les hommes deviendront meilleurs mais parce qu’un nouvel ordre, une science nouvelle, de nouvelles nécessités économiques leur imposeront l’état pacifique.» C’est en tout cas le vœu des damnés de la Terre…
Par le Professeur Chems Eddine Chitour
école polytechnique, Alger
1 Chems Eddine Chitour https: //www. legrand soir .info/declin-de-sens-ou-declin-de-puissance-le-dilemme-de-l-occident.html 1er juin 2011.
2.Nicolas Truong (Débat) Peter Sloterdijk Philosophe Slavoj Zizek «La crise d’avenir de l’Occident» Le Monde 27.05.2011.
3.Jean-Louis Voisin https ://www.lefigaro.fr/vox/histoire/2014/10/17/31005-20141017ARTFIG00353-ce-que-nous-enseigne-la-chute-de-l-empire-romain.php
4. Les Derniers Jours. La Fin de l’Empire romain d’Occident, de Michel De Jaeghere, Les Belles Lettres, 650 pages, 23 €.
5. Chems Eddine Chitour https ://www. lexpression .dz/chroniques/l-analyse-du-professeur-chitour/declin-de-loccident-et-avenement-de-lorient-76689 08-04-2010
6.Discours accablant du roi des Belges aux missionnaires. Léopold II en 1883
7.Alain Gresh http: //www.monde-diplomatique. fr/2008/11/GRESH/16455
8.K.Mahbubani: The Irresistible Shift of Global Power to the East, septembre 2008
9..Jean-Pierre Lehmann: Déclin de l´Occident et montée de l´Orient Réseau Voltaire 2.09.2008
10.https://greenwashingeconomy.com/la-civilisation-occidentale-et-le-progres-sont-des-inventions/ 12 octobre 2021
11 Emmanuel Todd La défaite de l’Occident Editions Gallimard 2024.
12. Emmanuel Todd 04/05/2023 https ://www. marianne.net/agora/humeurs/emmanuel-todd-loccidental-comme-une-boule-de-flipper
13.Hugo Septier https://fr.news.yahoo.com/guerre-ukraine-emmanuel-todd-%C3%A9tats-090425300.html? 11 janvier 2024
14.Alexandre Devecchio https ://www. lesoir. be/490209/article/2023-01-20/lanthropologue-emmanuel-todd-la-troisieme-guerre-mondiale-deja-commence
15.Vladimir Poutine Forum économique oriental Vladivostok, 5e édition 4-6 septembre 2019.
16.Pepe Escobar https://reseauinternational.net/annee-du-dragon-routes-de-la-soie-routes-des-brics-sino-routes/
14 janvier 2024
Publié avec l’aimable autorisation de l’auteur
Source : Le Soir d’Algérie
https://www.lesoirdalgerie.com/contribution/…
UNE VIDEO COMPLEMENTAIRE
https://www.youtube.com/watch?v=kn7D7wvF1QY
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