Lutte du secteur public au Québec : victoire syndicale ou défaite des travailleurs?
Par la revue du Groupe International de la Gauche Communiste (GIGC). Sur Révolution ou guerre, no.26, janvier 2024.
Révolution-guerre No 26-janvier 2024
Cet article est disponible en anglais et en italien ici :
Article de Revolution ou Guerre-anglais-italien du 22 janvier 2024
Au mois d’octobre 95% des votants ont approuvé le principe d’une grève générale illimitée. Les syndicats du
Front Commun (FC) ont réussi à repousser cette grève par des mois de « grèvettes » de quelques jours et
jusqu’à l’épuisement physique et financier des grévistes. Quant à la FAE (enseignants) qui n’était pas dans le
FC des directions syndicales, elle a opté pour une grève générale illimitée.
Ce n’est pas l’absence de fonds de grève qu’il faut critiquer mais le fait que le syndicat
a isolé les professeur des autres secteurs du public et du privé. L’autre syndicat absent du FC,
la FIQ (infirmières) a aussi isolé ses membres comme la FAE mais avec des « grèvettes » comme le FC.
Toutes ces actions de sabotage d’une réponse la plus large et la plus unie possible se sont
poursuivies durant l’automne avec l’objectif syndical d’en finir avec les grèves avant les
Fêtes de fin d’années.
Ce sabotage des luttes par les syndicats n’est pas locale. Par exemple en France il y quelques années lors
de la lutte contre le projet de retraite de l’État, les syndicats ont aussi mis de l’avant des grèvettes mensuelles
qui ont mené à une défaite totale. Tous ces appareils syndicaux sont des défenseurs de l’ordre établi : ils ne
veulent surtout pas d’une généralisation du mouvement qui risquerait de devenir dangereux pour le bon
fonctionnement du capitalisme, menaçant la paix sociale et la collaboration avec les ennemis de classe des
prolétaires – qu’ils considèrent comme des «partenaires». De même le Front Commun a misé sur l’épuisement
des grévistes en espérant une entente avant Noël pour casser le mouvement.
Les demandes des syndicats entre autres étaient un rattrapage salarial et une augmentation de 20% sur trois
ans. L’accord syndical qui n’a pas encore été accepté par les 550 000 syndiqués est de 17,4% sur cinq ans. Un
très net recul sans compter la durée de la convention collective étalée sur deux ans de plus (5 aannées au total).
En novembre le premier ministre François Legault déclarait : «On ne commencera pas à mettre des chiffres
ici, mais on est prêt à bonifier autant du côté des paramètres de base que du côté du sectoriel. Mais ce qui
est primordial, c’est d’être capable d’aller chercher de la flexibilité pour enfin donner des services efficaces.»
Les superstructures centralisées en santé et en éducation que l’État va mettre en place dans les mois qui
viennent auront besoin de mobilité et de flexibilité de la part des travailleurs du secteur public ; autrement dit
de plus grands sacrifices encore. L’État et ses organes en milieu ouvrier, les syndicats, ont négocié la flexibilité
pour enfin donner des services efficaces avec en plus des reculs salariaux sur les revendications.
À chaque 3, 4 et maintenant 5 ans, les travailleurs tant du public que du privé doivent recommencer la lutte
pour le statut quo ou contre les reculs sur les conditions de travail et les salaires. C’est la situation d’être
esclave salarié en système capitaliste. Et l’État avec ses politiciens, sa magistrature, ses médias, ses syndicats,
ses écoles et universités et ses forces répressives perpétue cette exploitation.
Pourquoi ce pourrait être une défaite pour les prolétaires?
La lutte depuis le début a été étroitement contrôlée par les syndicats. Les travailleurs n’ont pas su ou pu
mettre en place jusqu’à ce jour des assemblées générales intersyndicales comme lors du Front Commun de
1972, des comités de lutte indépendants des syndicats et des délégations sur les lignes de piquetages et
les assemblées d’autres secteurs du public et du privé alors qu’ils avaient un appui massif de la population.
Cette lutte est d’autant plus une défaite pour les travailleurs dans la situation historique internationale que
nous vivons aujourd’hui sous la marche vers la guerre impérialiste généralisée dans laquelle le capitalisme
en crise nous précipite tous. Les attaques que la bourgeoisie mène au Canada et au Québec sont
fondamentalement les mêmes que celles que tous les classes capitalistes de tous les pays mènent aujourd’hui
contre leur propre prolétariat.
Ces attaques ne cherchent plus seulement comme auparavant à défendre le capital national
contre les rivaux au seul niveau économique, mais surtout au niveau directement impérialiste, c’est-à-dire
par la préparation à la guerre impérialiste généralisée vers laquelle le capitalisme mondial ne peut que nous
entraîner.
Les sacrifices d’aujourd’hui que l’accord avec les syndicats entérine, sont les premiers dont l’objet
est de permettre au capital canadien et à son appareil de production de se préparer pour la guerre.
Il est encore temps de réagir et refuser ces « offres » présentées par l’État et ses syndicats. Mais si refus il
doit y avoir, alors il faut se préparer à encourager une grève véritablement illimitée et unie et son extension à
tous les secteurs du public comme du privé. C’est seulement ainsi que les prolétaires pourront commencer à
imposer par la lutte un rapport de force qui leur soit plus favorable face à l’État de la classe capitaliste.
C’est seulement ainsi que leurs luttes pourront être plus efficaces et faire reculer,
ne serait-ce que momentanément, les attaques toujours plus fortes contre les
conditions de vie et de travail que cherche à imposer la classe capitaliste et son État…
et à ralentir, si ce n’est plus, la marche à la guerre généralisée.
Le GIGC le 15 janvier (www.igcl.org, contact : intleftcom@gmail.com)
Note : Lors de la rédaction de ce tract, nous avons appris que l’État augmentait le salaire d’une partie
des enseignants de 17,4% à 23,5% à certaines conditions. Diviser pour régner afin de faire accepter
la flexibilité et la mobilité.
Versão em Língua Portuguesa:
https://queonossosilencionaomateinocentes.blogspot.com/2024/01/a-luta-do-sector-publico-no-quebec.html
@ tous
Je reprends deux phrases de cet article excellent : « Ces attaques ne cherchent plus seulement comme auparavant à défendre le capital national contre les rivaux au seul niveau économique, mais surtout au niveau directement impérialiste, c’est-à-dire par la préparation à la guerre impérialiste généralisée vers laquelle le capitalisme mondial ne peut que nous
entraîner. »
Les sacrifices d’aujourd’hui que l’accord avec les syndicats entérine, sont les premiers dont l’objet
est de permettre au capital canadien et à son appareil de production de se préparer pour la guerre.
voila l’importance POLITIQUE de chaque grève encore plus les grandes que les petites
Chaque grève est une grève de classe et chacune fait reculer ou stopper l’assaut du capital contre le travail.
Robert Bibeau
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