La désindustrialisation via le micro-crédit pour les petits bourgeois

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Beaucoup de commentateurs ont cru liquider l’interview accordée par Poutine à Tucker Carlson en la présentant comme de la propagande. Bien sûr qu’il s’agit de propagande, et on ne voit pas ce que cela aurait dû être d’autre. Cela n’exempterait pourtant pas nos gouvernements de répondre à certaines déclarations précises plutôt embarrassantes. Pour une couverture complète de cet interview : Poutine maître du jeu…détourne la propagande américaine à son profit – les 7 du quebec.

Poutine a en particulier reconfirmé ce qu’on avait déjà dit immédiatement après l’attentat sur le gazoduc North Stream, à savoir que, bien que grave, ce sabotage n’avait pas complètement compromis la possibilité d’approvisionnement en gaz russe, dans la mesure où un tuyau est resté fonctionnel ; aussi, si elle le voulait, l’Allemagne pourrait encore s’en servir – ce qu’elle ne fait pas. L’insuffisance énergétique, due au manque d’approvisionnement en gaz russe, a déterminé en Allemagne une augmentation dramatique des coûts de production, entraînant la fermeture de nombreuses installations d’entreprises comme BASF, Michelin, Ford, Goodyear, ainsi que maintenant Volkswagen. Selon certains commentateurs, le parti des Verts, actuellement au gouvernement à Berlin, ne considère pas la désindustrialisation comme un problème ; au contraire, elle irait dans le sens d’une décroissance souhaitable.

En réalité, rien ne garantit que la décroissance soit « heureuse », puisque la désindustrialisation et le manque d’énergie impliquent de relancer des productions obsolètes et plus polluantes ; en fait, le gouvernement allemand a laissé en fonctionnement des centrales au charbon qui auraient déjà dû être démantelées. La regazification du GNL ou du GPL dans des installations spéciales entraîne un gaspillage d’énergie considérable et beaucoup de pollution en plus. Du moins va-t-on ainsi satisfaire la « Démocratie » ? Pas même, car les fournitures de gaz liquéfié (que ce soit du gaz naturel ou du gaz de pétrole) depuis la Norvège et les EU ne sont pas suffisantes. Les EU n’ont pas augmenté leur production parce qu’ils auraient dû pour cela engager des dépenses pour de nouveaux investissements qui, pour le « fracking », sont particulièrement lourds ; par contre, une production moins importante implique une confortable situation de prix plus élevés et de profits plus importants. Le comble du ridicule, c’est que l’Allemagne se trouve contrainte de continuer à se fournir en gaz liquéfié de production russe, mais par l’intermédiaire d’entreprises indiennes, donc avec un surcoût à payer.

La désindustrialisation de l’Allemagne rend peu crédibles certaines proclamations guerrières du gouvernement Scholz, qui claironne ses intentions d’hostilité éternelle à l’égard de la Russie – comme si les guerres se menaient à coup de paroles tonitruantes, et non avec des usines de missiles, canons et obus. Cependant, la décroissance n’est pas malheureuse pour tout le monde, étant donné que l’Allemagne a connu ces dernières années un développement de la micro-finance de même niveau que des pays en voie de développement. Dans la grande Allemagne, connue pour ses salaires plus élevés que la moyenne européenne, il semble curieux que le micro-crédit se répande à des niveaux dignes du Bangladesh, trouvant ses clients aussi bien chez les résidents que chez les immigrés. En Allemagne aussi, la désindustrialisation a impliqué la financiarisation sociale, c’est-à-dire la nécessité de compléter des salaires bas et aléatoires en accédant à de petits prêts. Cela veut dire bien peu de bonheur pour les endettés, mais beaucoup pour les multinationales du crédit. Dans la relation créditeur-débiteur, l’argent s’identifie purement et simplement à la hiérarchie sociale, c’est-à-dire que l’argent devient le seul lien social ; c’est pourquoi toute opposition concrète doit, qu’on le veuille ou non, repartir de la redistribution du revenu.

Etant donné que les conseils d’administration des sociétés par actions doivent présenter chaque année des bénéfices, il n’y a rien d’étonnant à ce que les entreprises « industrielles » conservent seulement une façade de production, dans le but exclusif de percevoir des aides des gouvernements sous prétexte de protéger des postes de travail qui, en réalité, tendent de toute façon à disparaître. (Toute référence à Stellantis est purement fortuite). Pendant ce temps, les Elkann – John Elkann est le PDG du groupe automobile Stellantis, qui regroupe PSA et Fiat Chrysler –, par l’intermédiaire de leur société financière Exor, déplacent leur business vers la santé privée. Il s’agit là du grand business de l’avenir, puisque le démantèlement de la Santé publique, drastiquement accéléré par la psychopandémie, contraint maintenant les moins aisés à recourir au privé – par l’intermédiaire évidemment d’assurances, ou au moyen du crédit, ou du micro-crédit, selon les cas. On a de toute façon affaire à du business financier.

On a assisté dans les dernières semaines, aux Etats-Unis, à l’affrontement entre le gouverneur du Texas et le gouvernement fédéral. Le gouverneur a déployé la Garde nationale sur la frontière avec le Mexique pour bloquer la vague migratoire. Mais sommes-nous sûrs qu’il soit vraiment nécessaire de fermer la frontière, et n’y a-t-il pas d’autres outils pour éviter la migration de masse ? Il y a en fait des éléments qui rendent caduque la vision habituelle du problème migratoire. La source de cette information est l’une de ces feuilles de chou complotistes qui sont la cible de prédilection de notre « Open » (journal on line italien adepte du « fact checking ». La feuille de chou en question est le Washington Post qui, en 2019, publiait un article, par ailleurs extrêmement documenté, éclairant le rôle de financeur de la migration joué par l’agence gouvernementale EU pour le développement international, l’USAID, fondée en 1961 par John Kennedy.

L’USAID, avec la Banque Mondiale, a financé au Guatemala la naissance d’un institut financier spécialisé dans le micro-crédit pour faciliter le développement et la sortie de la pauvreté. (sic) Cette proclamation de bonnes intentions recouvre cependant une autre réalité, à savoir que les prêts vont financer la migration clandestine aux EU ; en fait, le Guatemala est un des pays d’où part le plus grand nombre des migrants qui traversent la frontière du Texas « illégalement » (aux Etats-Unis, seule la corruption est pleinement légalisée). S’enclenche ainsi un cycle financier dans lequel l’endettement conduit à la migration, puis la migration entraîne l’accès à d’autres services financiers. La migration aussi entre dans le phénomène général de la financiarisation sociale. La simple pauvreté ne peut en fait pas être un déclencheur de la migration, puisque migrer a un coût et implique des frais immédiats pour les candidats à la migration, et c’est justement pour ces frais qu’un Guatémaltèque utilise les 12 000 dollars du prêt.


Aujourd’hui, l’USAID affirme qu’elle est sortie de cette affaire depuis au moins dix ans, tandis que la Banque Mondiale dit qu’elle n’y est entrée que l’année dernière. Toujours est-il que ce business a démarré avec l’argent de l’USAID, même s’il y a maintenant d’autres financeurs privés. Le gouverneur Abbott s’est tu pendant des années sur ces obscurs micmacs entre argent public et finance privée, ce qui prouve que, même dans les cas où la presse mainstream rapporte les faits, il faut tout faire ensuite pour les oublier et en revenir aux lieux communs habituels. Maintenant, Abbott montre ses muscles, dans une épreuve de force qui lui a évidemment valu l’admiration des habituels fascistoïdes de chez nous, qui n ‘attendent que le moment de faire eux aussi la chasse à l’immigré.

Les leaders politiques se conforment à cette « fictocratie », évitant de mettre en discussion la hiérarchie de l’argent, c’est-à-dire la spirale des dettes, au lieu de quoi ils offrent à l’opinion publique toute une série d’occasions de se réfugier dans le psychodrame. La fausse politique se concentre ainsi sur l’alternative illusoire entre contrôle/répression sur les corps, et contrôle/éducation des esprits, nous détournant des effets dévastateurs de ces flux d’argent public privatisé qu’on appelle, dans le jargon économique, mouvements de capitaux.

Traduction de Rosa Llorens.

»» http://www.comidad.org/dblog/default.asp
URL de cet article 39385
https://www.legrandsoir.info/la-desindustrialisation-coincide-avec-la-croissance-du-micro-credit.html

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

2 réflexions sur “La désindustrialisation via le micro-crédit pour les petits bourgeois

  • 26 février 2024 à 1 h 59 min
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    Il me semble qu’un certain mouvement s’amorce dans l’Afrique qui s’indépendantise complètement des pouvoirs coloniaux occidentaux, l’expropriation.
    C’est une vision d’avenir pour tous les États du monde soucieux de retrouver leur souveraineté face au cannibalisme des investissements des mêmes occidentaux, qui, par la pratique de nombreux traités imposés aux pays qu’ils plaçaient en état de faiblesse vis-à-vis d’eux, étaient contraints de légiférer afin de protéger les investisseurs et investissements occidentaux, de nombreux pays non occidentaux et mêmes certains de ceux-ci comme la Hongrie, sont en train de remettre en question tout le juriprudentiel occidental des soixante-dix dernières années.
    Nous analysons certains faits précis, comme toujours, sans tenir compte de toutes les implications conséquentes qu’ils engendrent.
    Le droit international tellement bafoué par nos nations au détriment des autres, a perdu dernièrement, plus que jamais, toute sa signification et l’usage même de son concept.
    Faut être réaliste si on prétend formuler une analyse, c’est pas avec les moyens d’exception juridique avec lesquels avance l’Occident actuellement, que l’on va refaire monde avec les autres nations, ça faut bien le comprendre.
    C’est plus que la réformation d’un système qui n’est plus qu’un brouet, auquel on assiste là, c’est une refondation totale qui s’est mise en route et que l’Occident ne peut absolument plus interrompre.
    Leurs grands esprits n’ont absolument pas vu venir le marasme, puis la désintégration à venir auxquels les évènements du 24 février 2022 les conviaient.
    C’est la première des raisons, pour ne pas dire l’unique, qui fait qu’on entend partout les glapissements qui veulent nous faire croire, qu’il n’est absolument pas possible, soi-disant pour le bien du monde, que la Russie gagne cette guerre.
    L’unique possibilité de parade occidentale actuelle, est la fracturation de l’entente du bloc Russie-Chine, leur parade à ces deux-là est simple et d’une efficacité aussi redoutable qu’imparable, puisqu’elle consiste a fracturer l’entente entre les pouvoirs occidentaux et leurs opinions publiques, laquelle des deux manœuvres est à l’évidence efficiente, à voir comme évoluent les choses dans le monde, il nous faut l’admettre, que le génie occidental s’est manifestement atrophié suite à l’attaque portée contre lui.
    Quand Poutine laisse entendre aux Allemands qu’ils pourraient toujours bénéficier du gaz russe et conserver une économie compétitive, s’ils n’avaient pas un pouvoir politique faible, dogmatique et totalement soumis à l’étranger, il ne dit absolument pas que si l’Allemagne lui tend les bras il la saisira dans les siens immédiatement, pas du tout même, non, et ça les autorités allemandes ne le savent que trop bien, qu’il leur faudrait pour cela rendre leur nation digne en restaurant pleinement sa souveraineté, pas demain la veille ça.
    C’est au peuple Allemand qu’il s’adresse Poutine, il le torture presque.
    Vous pourriez, mais vous ne pouvez pas, demandez-vous pourquoi?

    Que défend actuellement l’Occident en Palestine, si ce n’est, l’Expropriation?
    Toute la séquence historique de l’interview de Poutine est une parade à un parallèle qu’on ne manquerait pas de lui faire avec l’Ukraine, c’est parfaitement anticipé.
    C’est le pouvoir normatif général des lois internationales qui se fait démonter en plein vol rivet par rivet, l’issue est connue et fatale.
    Le droit international actuel n’a que deux directions, verticale pour l’Occident, horizontal pour les autres, franchement, ça ne va pas rester comme ça, c’est pourquoi nos analystes devraient en tenir compte, pour comprendre, que fatalement un des deux blocs est dorénavant condamné à s’écrouler, mais que, ça serait d’un ridicule sans nom, de pousser la bêtise jusqu’à l’utilisation potentielle du nucléaire, parce qu’ils s’anéantiront et personne ne gagnera plus jamais, alors qu’avec le temps, comme la Russie et la Chine le montrent, une puissance comme l’Amérique, après un temps à lécher ses blessures, va revenir.
    Son parasite de nabot soi-disant historiquement allié, n’a aucun potentiel de cette nature à faire valoir, par conséquent, effectivement, l’Amérique est encore sauvable, mais il lui faudra en payer le prix.

    Faut aussi commencer à concevoir sereinement, que la place des gens est dans leurs pays, sans aucun racisme, plutôt que de nous rebattre les oreilles avec les immigrés sont bienvenus ailleurs que chez-eux, ça devient ridicule, parce que c’est le meilleurs de détruire leurs cultures et traditions et revoyant à ces pays par la suite la corruption occidentale inoculée.
    Que le droit du sang soit restauré et généralisé chez-nous dès maintenant ça nous évitera de graves problèmes demain, quand des cancrelas se mettront à courir sur l’eau pour se trouver un refuge…
    Comme l’éthique juridique occidentale n’existe plus, et que cette réalité est manifeste auprès de nombreux États qui s’étaient faits neutraliser jusqu’ici leur pouvoir normatif parce que l’application des lois internationales abâtardies leur était systématiquement défavorable et, qu’ils devaient payer au prix fort, le droit de décider pour eux-mêmes et par eux-mêmes, tout le méli-mélo soit intellectuel gauche-droite, qui n’a aucun problème avec n’importe quel développement misérable, tant qu’il ne les concerne pas, gardons-nous en, le monde change et les archaïsmes s’y font détruire, c’est cela l’essentiel.

    L’argent est comme les armes, à lui seul il n’est pas un problème pour les Hommes, ce sont les manipulateurs qui sont les uniques dangers.

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