LA COMMUNALITÉ EST L’ANTITHÈSE DU CAPITALISME ET UNE ALTERNATIVE AU NÉO-COLONIALISME

2ÈME CONGRÈS INTERNATIONAL SUR LA COMMUNALITÉ


Cet article est disponible en anglais et en italien ici :
Article de JBL 1960anglais-italien du 21 avril 2024

Construire et non détruire!

Car tout n’est pas à réinventer, ni à réécrire ;

De chacun, selon ses forces ;

« L’anarcho-communisme est l’organisation de la société sans État et sans relations capitalistes à la propriété. Il ne sera pas nécessaire d’inventer des formes artificielles d’organisation sociale pour établir le communisme anarchiste. La nouvelle société émergera « de la coquille de l’ancienne ». Les éléments de la société future sont déjà plantés dans leur ordre existentiel. Ce sont les syndicats et les communes libres, qui sont des institutions anciennes, profondément ancrées de manière populaire et non-étatiste ; spontanément organisées, incluant les villes et les villages à la fois en zone urbaine et en zone rurale. La commune libre est aussi le parfait outil pour gérer les problèmes socio-économiques dans les communautés anarchistes rurales. Au sein des communes libres, se trouve un espace pour les associations libres d’artisans, de cultivateurs, d’éleveurs et autres groupes voulant demeurer indépendants ou former leur propre association… »

Isaac Puente ~

Dans l’esprit zapatiste ; L’humain nait de la diversité !

Démonstration ;

Oaxaca, Mexique, 2ème Congrès International sur la communalité

Terre et territoire | 17 mars 2018 | Source ► https://www.lavoiedujaguar.net/Oaxaca-Mexique-Deuxieme-Congres-international-sur-la-communalite

Préambule & Analyse sur Résistance 71

La comunalidad es la antítesis del capitalismo
y una alternativa al neocolonialismo. [1]

Dans le cadre du Deuxième Congrès international sur la communalité [2], une première discussion autour du thème de la terre et du territoire eut lieu à San Pedro Comitancillo [3] les 5 et 6 mars 2018. San Pedro Comitancillo se trouve dans l’isthme de Tehuantepec. Participèrent à cette rencontre des gens venus d’Ixtepec, de Matías Romero, de Juchitán, de Santa María Guegolani, de Santa María Ixhuatan, d’Unión Hidalgo, de San Juan Guichicovi, de San Mateo del Mar, de Salina Cruz, de San Miguel Chimalapa et des États du Chiapas, de Veracruz, du Querétaro, de la ville de Mexico, de l’État de Mexico, de Puebla, de Jalisco et aussi des compagnons venus de Colombie, d’Espagne, d’Allemagne, d’Argentine et de Bolivie.

Les participants à cette première rencontre ont reconnu l’importance du territoire comme lieu où se développe une vie sociale forte autour d’un bien commun à tous. Ils ont constaté que le territoire et, par voie de conséquence, les habitants sont désormais l’objet d’une agression continue de la part d’entreprises commerciales transnationales qui convoitent, soit l’eau, soit la terre, soit la richesse du sous-sol, soit le bois des forêts, etc., rendant ainsi de plus en plus aléatoire et problématique la vie communale : « Ce système de mort a pénétré la vie des peuplesa colonisé notre mode de vie et connaît différentes expressions : patriarcatracismemachismeautoritarismediscriminationcorruptionindividualisme. Pourtant la communalité nous avait permis jusqu’à présent à travers tout un système d’aide mutuelle, de réciprocité, d’échanges de savoir-faire et de connaissances de bien vivre sur cette terre. »

Tout au long de ces échanges, les participants ont constaté que l’avancée du capitalisme se fait au détriment de la communauté agraire pour défaire l’ensemble de la vie sociale : la vie des familles, l’éducation, le temps et les rythmes de vie, l’alimentation, l’habitat, la langue, la manière de se soigner et celle de s’habiller, la manière de percevoir l’activité ou le travail, les savoirs, toute la vie et la culture d’une population. Ils ont pu noter que la création des zones économiques spéciales [4] dans l’isthme de Tehuantepec, protégeant les entreprises privées au détriment des droits des peuples, a entraîné la militarisation de la région.

Ils ont aussi précisé que, pour les peuples originaires, le territoire forme un tout qui ne peut être fragmenté : la santé du territoire est un équilibre entre toutes ses parties. Le système « extractiviste » a touché la santé intégrale communautaire par la contamination, la pollution, l’insécurité, l’alcoolisme et la consommation de la drogue.

Enfin, ils ont avancé un certain nombre de propositions :

☀ Faire du commun une pratique quotidienne, au sein de la famille, du quartier, de la communauté, à l’école.

☀ Régénérer ou fortifier ce qui constitue la communalité : les assemblées, le travail commun ou tequio, les fêtes, les décisions prises collectivement, les charges communales, etc.

☀ Inculquer à la jeunesse le sens de la participation collective, le concept d’autonomie et la reconnaissance du territoire et des richesses culturelles (histoire, mémoire, identité, connaissances et savoir-faire) qui le constituent. Contre l’idée de compétition, appeler à la coopération et à la solidarité.

☀ Combattre ce qui va à l’encontre du commun, expulser les partis politiques ; combattre l’individualisme et l’ambition personnelle.

☀ Semer, créer des réseaux d’échange locaux et régionaux, soutenir des communautés menacées, socialiser l’information, partager des expériences et des capacités. Travailler ensemble au bien commun.

☀ Maintenir vivantes les connaissances héritées de nos ancêtres. Apprendre notre langue à nos enfants. Récupérer notre propre forme d’éducation. Prendre en considération les savoirs de nos peuples en discutant avec les anciennes et anciens et les transmettre (ce qui pourrait être une tâche assignée à l’école et aux radios communautaires).

☀ Réaliser un colloque sur l’atelier de dialogue culturel en hommage à Juan José Rendón Monzón, qui a travaillé à revitaliser la communalité des peuples ikoot, binnizá et ayuujk.

☀ Nommer la zone économique spéciale Zone indigène communale à défendre et réaliser notre propre cartographie.

☀ Faire un front de défense territorial dans toute la région de l’Isthme.

☀ Face à la fragmentation de nos peuples par les entreprises, il est proposé la construction d’un sujet politique lié au communal, à la terre et à l’indigène pour une vie digne sur la base du respect et du renforcement de la communalité face à l’offensive capitaliste (cf. la proposition d’un atelier sur les stratégies préventives face aux mégaprojets extractivistes de la zone économique spéciale convoqué par la Rema — Rede Mexicana de Afectados por la Minería — et le Comité d’Ixtepec pour la défense de la vie et du territoire qui se tiendra les 27 et 28 avril à San Pedro Comitancillo).

☀ Améliorer la santé intégrale communautaire, ce qui suppose éduquer selon des logiques non capitalistes les enfants : récupérer le système de la milpa, semer des plantes médicinales, créer des espaces de formation, prêter attention à la famille et à la communauté, ne pas user de produits chimiques, organiser des rencontres de discussions et commencer avec les voisins ; persister et non renoncer est un constant travail.

Déclaration

Nous, les peuples de l’isthme de Tehuantepec, reconnaissons les différentes expressions de la communalité, qui, comme des fleurs, naissent et se donnent dans d’autres régions. Ce sont : l’exercice de l’autorité au service des peuples comme pouvoir communal ; la fête, qui resserre les liens sociaux et le sentiment d’appartenance pour offrir l’espace du plaisir où l’on goûte les plats, les musiques et les danses traditionnelles communautaires, et où s’expriment nos formes de solidarité ; le travail communal — tequios, gozonas, mano vuelta [5] — qui permet la reproduction matérielle et spirituelle de la vie communautaire en franche opposition à l’individualisme qui caractérise le système néolibéral en crise.

Reconstruire la vie revient à reconstruire la communauté et le commun avec, pour objectif : la récupération critique de la culture et de la langue sans tomber dans le folklore ; une ouverture sincère au dialogue entre tous ceux qui font partie de la communauté ; la reconnaissance des femmes en tant que créatrices et fondatrices de la vie ; la reconceptualisation de la notion du travail vu comme activité communautaire et en relation avec la terre. En ce sens, le projet d’une université communale dans différents centres de l’État d’Oaxaca, offrant un espace de création et de recréation de la communalité, est une réelle avancée.

Nous, participants au deuxième congrès international de la communalité, qui s’est tenu à San Pedro Comitancillo, dénonçons les autorités municipales et ejidales de la région de l’Isthme qui, comme dans le cas de San Pedro, ont facilité l’imposition de mégaprojets comme la ligne de transmission Xipe, qui traverse toute la région, et nous exhortons les autorités communales, ejidales et municipales à ne pas tomber dans ce genre de complicité et à défendre nos territoires devant la menace que représentent les zones économiques spéciales.

Nous dénonçons les violences qu’implique l’imposition du modèle « extractiviste », qui assiège et agresse nos territoires, comme crimes perpétués contre la vie communale et, tout particulièrement, contre les femmes, les jeunes, les filles et les garçons ; des crimes qui ont coûté la vie à des hommes et à des femmes issus de nos peuples.

Nous nous joignons à la dénonciation présentée par l’assemblée communautaire d’Unión Hidalgo concernant l’illégalité des contrats signés entre les petits propriétaires et EDF (Électricité de France), qui prétend imposer un parc d’éoliennes sur leur territoire [6], et nous soutenons la campagne internationale contre EDF et son ambition extractiviste.

Nous célébrons la lutte communautaire du comité d’Ixtepec « Vida y Territorio » qui a obtenu l’arrêt du projet minier à Ixtepec, annoncé le 17 septembre 2017 par le ministère de l’Économie au Journal officiel.

Nous célébrons aussi la décision collective des compagnons de Comitancillo qui, à la suite de cette rencontre, se sont engagés à former un groupe de travail pour s’informer et informer la communauté sur les projets qui la menacent, et nous faisons un appel à la solidarité nationale et internationale pour rappeler partout l’agression continue des mégas projets sur les territoires indiens.

Traduction : Georges Lapierre.

Notes

[1] La communalité est l’antithèse du capitalisme et une alternative au néocolonialisme.

[2] Le Premier Congrès international sur le thème de la communalité eut lieu à Puebla en 2016, ce Deuxième Congrès s’est tenu à Oaxaca du 5 au 9 mars 2018.

[3] Les autres sièges furent : Oaxaca, Tlahuitoltepec (région mixe — ou Ayuujk — dans la Sierra Norte), Guelatao (région zapotèque de la Sierra Norte). Les 7, 8 et 9 mars, les participants de ce Deuxième Congrès international se sont regroupés dans un seul lieu : le village de Guelatao.

[4] Les zones économiques spéciales (ZEE) décrétées par le gouvernement fédéral comprennent les infrastructures : routes, aéroports, ports, voies ferrées, ainsi que la mise en service des sources d’énergie nécessaires à l’exploitation des ressources d’une région (barrages, éoliennes, etc.).

[5] Tequio : mot d’origine nahuatl, repris par l’Église, pour signifier le travail commun dû, autrefois pour l’empereur aztèque, puis pour l’Église : il est désormais au service de la communauté.

Gozona : mot zapotèque, c’est la contribution, sous forme de nourriture ou de bien matériel, apportée par chacun lors d’un tequio ou d’une fête ou pour toutes autres occasions.

Mano vuelta : mots castillans, c’est l’échange de services, la plupart du temps sous la forme d’un travail manuel. (NdT.)

[6] Le parc Gunna Sicarú.

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Textes politiques fondateurs ;

La 6ème déclaration Zapatiste (La Sixtade la Forêt de Lacandon, Chiapas 2005, Mexique, en version PDF N° 25 de 18 pages

MANIFESTE POUR LA SOCIÉTÉ DES SOCIÉTÉS par le Collectif Résistance71, oct 2017

Pour une société des sociétés, HORS ÉTAT et ses institutions, contre le travail et ses lois et sans argent, versions PDF N° 50 de 125 pages & N° 51 de 35 pages  incluses

Pour retrouver toutes les versions PDF dans cette page spéciale de mon blog ► LES PDF DE JBL1960

Tous les textes en lien avec le mouvement Zapatiste dans la catégorie PEUPLES PREMIERS

6 réflexions sur “LA COMMUNALITÉ EST L’ANTITHÈSE DU CAPITALISME ET UNE ALTERNATIVE AU NÉO-COLONIALISME

  • Ping : LA COMMUNALITÉ EST L’ANTITHÈSE DU CAPITALISME ET UNE ALTERNATIVE AU NÉO-COLONIALISME | Raimanet

  • 21 avril 2024 à 14 h 45 min
    Permalien

    ABDELLATIF LAÂBI est un autre monument de la poésie et de la gauche Marocaine qui a connu depuis la fin des années 60 et début 70, la torture, les prisons et moults pérsécutions sous le régime de Hassan II, comme il a connu l’éxil de son pays et a dû attendre des décennies avant de connaître la consécration. il a reçu un prix Goncourt de Poésie en 2009, et un autre de poésie de la Francophonie en 2011… et bien que personnellement, je le place en seconde ou tierce position après mon poète Marocain préféré le génie et le miracle qui fend le roc que la terre ait jamais porté… ; Mohammed Khair-Eddine, et qu’on enseigne dans le monde entier encore aujourd’hui… Laâbi, plus leger et plus serein aussi, ne manque pas de vous marquer depuis qu’il a été le fondateur en 1966 et donc avant ma naissance de la revue  »Souffles » qui a quasiment modelé la littérature et la poésie Marocaine Francophone Marocaine…ainsi que la la lutte contre la dictature, autant que la lutte contre le dogme religieux… comme Mohammed Khair-eddine et toute leur génération, il était marxiste, athée et engagé aux premières lignes du hachoir a viande duquel il a échappé de justesse…

    Et Donc en complèment de ce billet de JBL, je vous poste l’un de ses poèmes qui résume  »ce que nous voulons… »

     »CE QUE NOUS VOULONS

    C’est simple

    nous ne voulons pas acquérir la lune

    pour organiser des orgies lugubres

    qui nous fassent oublier des crimes

    que nous n’avons pas commis

    Nous ne cherchons pas

    l’Oiseau-Bleu-Orphelin

    se terrant dans la septième forêt

    après la traversée de la septième mer

    pour nous en incorporer le gésier

    afin d’obtenir la puissance absolue

    Nous ne demandons pas

    la main aux veines transparentes

    de la princesse circassienne

    dont la traîne de la chevelure verte

    est portée par trois esclaves dûment excisées

    Nous n’avons pas de visées de conquête

    sur le pays d’autrui

    pour sabrer les yeux où nous voyons pétiller

    la flamme de liberté

    Nous voulons simplement

    vivre sans maîtres

    entre hommes égaux quoique dissemblables

    fédérer nos mains

    pour de justes récoltes

    récompensant de justes peines  »

    Amicalement ! …. et Bonne semaine a toutes et a tous ! 🙂

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