De la phobie et de l’Islamophobie… Posture proto-fasciste de discrimination

RENÉ NABA — Ce texte est publié en partenariat avec www.madaniya.info.

Cet article est disponible en anglais et en italien ici :.
Àarticle de Rene Naba-21-anglais-italien du 21 Mai 2024

Prologue : De la phobie et de l’Islamophobie

Sur fond de surenchères électoralistes exacerbées par la perspective des prochaines élections européennes, en juin 2024, l’accession au pouvoir en Italie de Mme. Georgia Meloni, présidente  du parti d’extrême droite Frères d’Italie (Fratelli d’Italia, FdI) et du séisme politique provoqué aux Pays Bas par le triomphe du Parti de la liberté de Geert Wilders, souverainiste et islamophobe, l’islamophobie est devenue un fait pregnant du débat public européen, particulièrement en France qui abrite la plus importante communauté musulmane  d’Europe.

Troquant leur judéophobie séculaire contre une islamophobie à forts dividendes électoraux, l’alliance entre l’extrême droite européenne et Israël apparait ainsi  comme une imposture morale de l’alliance des descendants des victimes du génocide hitlérien avec les héritiers spirituels de leurs anciens bourreaux.

Parmi ces opérations médiatiques, à dividendes électoraux, il importe de signaler le déplacement d’une impressionnante délégation de près de trente-cinq parlementaires et responsables européens d’extrême droite, effectuée le 18 décembre 2010 en Israël, durant les vacances de Noël. La délégation couvrait toute la gamme des sensibilités droitières européennes, des populistes de l’UDC aux fascistes suédois, dont le lien commun était une égale islamophobie, amplifiée par le passé nazi ou antisémite avéré de certains des participants. La délégation était composée des personnalités suivantes: Geert Wilders, fondateur du PVV (Partij voor de Vrijheid, Parti pour la Liberté), parti populiste néerlandais, Filip Dewinter et Frank Creyelman (responsable de la commission des affaires étrangères, Parlement belge), Heinz-Christian Strache (successeur de Jorg Haïder), René Stadtkewitz (président du Parti de la Liberté Wilderien, Allemagne), Kent Ekeroth (responsable du Parti des Démocrates Suédois), des Suisses et bien évidemment des Danois, dont l’extrême-droite est ouvertement atlantiste. Lors de cette tournée, Geert Wilders aura d’ailleurs droit à un entretien personnel avec Avigdor Lieberman, ministre xénophobe israélien des Affaires étrangères alors que, de son côté, la délégation était reçue à la Knesset en loge d’honneur, puis par le maire d’Ashkelon (jumelée avec Aix en Provence), à l’occasion d’une conférence organisée à l’université locale, David Buskila, Maire de Sederot (jumelée avec Antony), membre du parti travailliste, ainsi que par le kahaniste Moshe Feiglin, membre important du Likoud, avant une tournée en «Samarie».

https://www.madaniya.info/ publie un dossier en cinq volets consacré à l’islamophobie à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre l’islamophobie fixé par les Nations Unies au 15 mars de chaque année.

Ci joint, le premier volet consacré à l’intervention de René Naba à l’occasion d’un colloque tenu à Genève, à l’initiative de l’Institut Scandinave des Droits de l’homme (SIHR), de l’Union des Radios et Télévisions Musulmanes, du Geneva Center for Democracy and Human Rights et de The Organization for Defending Victims of Violence.

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De la phobie et de l’Islamophobie

Par René Naba, Directeur du site  https://www.madaniya.info/
Membre du groupe consultatif de l’Institut Scandinave des Droits de l’Homme. (SIHR)

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De la haine, de la phobie et de l’islamophobie

La haine est un sentiment violent qui pousse à vouloir du mal à quelqu’un et à se réjouir du mal qui lui arrive. La phobie est, quant à elle, une peur démesurée et irrationnelle, déclenchée par une circonstance sans danger.

La haine est condamnable en soi. La phobie se soigne quelle qu’elle soit. De même que l’islamophobie, ainsi que la négrophobie, l’arabophobie, et naturellement la judéophobie mais aussi la palestinophobie, la plus récente pathologie contemporaine que des puristes de la démocratie occidentale cherche à éradiquer sous l’infamante accusation d’antisémitisme, en application de la Loi IRHA en France

Cf ces liens

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L’Islamophilie, précurseur paradoxal de l’Islamophobie

Aussi paradoxal que cela puisse paraître l’islamophilie a été précurseur de l’Islamophobie.

Il fut un temps pas si lointain, en effet, où le musulman barbu était activement courtisé dans la sphère occidentale. Le musulman était beau, paré de toutes les vertus et il était de bon chic prendre la pose avec un barbu, surtout s’il était coiffé d’un turban et armé d’un kalachnikov.

Les djihadistes de la décennie 1980 étaient ainsi gratifiés du glorieux titre de «combattants de la liberté» dans la mesure où leur guerre coïncidait furieusement avec les objectifs de l’OTAN. Ce fut le cas en Afghanistan dans la décennie 1980, dans la guerre anti- soviétique  d’Afghanistan, puis en Bosnie, en Tchétchénie et même, dans la décennie 2010, en Libye et en Syrie où la France, seul pays au monde se réclamant de la laïcité, fera alliance avec la Turquie et le Qatar, parrains de la confrérie des Frères Musulmans, pour détruire ces deux pays arabes à structure républicaine, sans endettement extérieur.

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L’Europe, base arrière aux «combattants de la liberté» de l’époque afghane

Sous l’aile protectrice américaine, l’Arabie saoudite a déployé la plus grande ONG caritative du monde à des fins prosélytes, à la conquête de nouvelles terres de mission, dans la décennie 1970-1980, particulièrement l’Europe, à la faveur du boom pétrolier et de la guerre d’Afghanistan. Ce déploiement arachnéen s’est développé par un usage intensif de la politique du chéquier.

Pour une poignée de dollars, l’Europe en perdra son âme. Elle succombera aux charmes discrets des pétrodollars pour devenir la principale plate-forme de l’Empire médiatique saoudien, le principal refuge des dirigeants islamistes désignés depuis à la vindicte publique, réussissant même le tour de force d’abriter davantage de dirigeants islamistes que l’ensemble des pays arabes réunis. Soixante dirigeants islamistes résidaient en Europe occidentale depuis la guerre anti soviétique d’Afghanistan, dans la décennie 1980, en sus des deux chefs de file de la confrérie des Frères Musulmans, Saïd Ramadan (Égypte) en Suisse, et Issam Al Attar (Syrie) à Aix La Chapelle.

Le Royaume saoudien a ainsi dépensé 87 milliards de dollars entre 1980 et 2000 pour financer le prosélytisme religieux selon le rite wahhabite à travers le Monde, ciblant en priorité le Pakistan, la puissance atomique sunnite, officiellement pour contrer l’accession de l’Iran au rang de «puissance du seul nucléaire», précise la revue «Middle East Monitor» dans son édition de décembre 2015, dont la version arabe est publiée par le journal libanais «Al Akhbar».

Le royaume saoudien a édifié des centres religieux en Europe pour une superficie de 3.848 m2 à Melilla et Madrid (Espagne), Lisbonne, Rome, Londres, Vienne, Genève ainsi que Mantes La Jolie (région parisienne), sans oublier l’acquisition de chaires universitaires dans des établissements de renommée internationale.

À lui seul, le Roi Fahd, l’homme par excellence des Américains, avait alloué une quote-part des royalties pétroliers au financement du prosélytisme à travers le Monde, de l’ordre de 1,8 milliards de dollars par an, pendant vingt ans.

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Le tropisme des intellectuels pro israéliens à l’égard de l’Islam périphérique.

Les Américains détestent les Chinois et les Musulmans, mais adorent les Ouïghours, pourtant chinois et musulmans, pour la simple raison qu’ils sont anti chinois

Mais le trait commun aux mouvements indépendantistes islamistes -leur spécificité- est leur hostilité collective aux ennemis de l’OTAN et leur parrainage par des personnalités philo sionistes avec, en corollaire, l’occultation du fait national palestinien. Cela vaut pour Al Qaïda, dans la décennie 1980, les Bosniaques, dans la décennie 1990, les Tchétchènes, dans la décennie 2000, les groupements islamistes de la décennie 2010, dans la séquence dite du «printemps arabe», et les Ouïghours, enfin, dans la décennie 2020.

Dans une subtile répartition des rôles, Bernard Henry Lévy, le fer de lance  médiatique pro israélien sur le théâtre européen, s’est fait le défenseur du commandant Massoud Chah et des Arabes Afghans, Bernard Kouchner, des supplétifs kurdes des Américains et du Darfour, André Glucksmann, lui, s’est  réservé les Tchétchènes et son fils Raphaël, les Ouïghours. Au point que l’engouement de Gluckman jr pour les Ouïghours a suscité des interrogations pour sa concomitance avec l’attention portée par les Etats Unis à cette minorité musulmane de Chine. Au point de penser que les Américains adorent les musulmans chinois, en l’occurrence les Ouïghours, proportionnellement à leur détestation des Chinois et des musulmans.

Ce tropisme trompeur conduira en France chaque notabilité intellectuelle à disposer de sa minorité protégée, comme la marque de la bonne conscience chronique de la mauvaise conscience, comme une sorte de compensation à son trop grand désintérêt pour les Palestiniens, substituant leur hostilité aux revendications du noyau central de l’Islam, la Palestine et le Monde arabe, par un soutien à l’Islam périphérique. Et faire, par exemple, du Darfour, un contre-feu médiatique à Gaza. La guerre du Yémen se déroule à huis clos.

Mais comment expliquer qu’aucune voix de la grande conscience humaine, pas plus Bernard Kouchner, fondateur de «Médecins sans frontières», que Bernard Henry Lévy, pourtant tous deux prompts à s’égosiller l’un pour le pour le Darfour, l’autre pour le Kurdistan irakien, n’ont pris la peine de dénoncer ce massacre en circuit fermé. Encore moins la troisième grande conscience, l’héritier Raphaël Glucksmann, le nouveau venu dans la vocifération humanitariste pro Ouïghours.

Pour aller plus loin sur ce thème, cf ce lien

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Des Islamophilistes

Génération spontanée surgie lors de la Guerre de Syrie, en 2010, au fonctionnement réticulaire, ils feront office de  «tontons flingueurs» de la bureaucratie française, les drones tueurs de toute pensée dissidente, au mépris de la tradition de rigueur et d’objectivité scientifique de la recherche académique française. Le plus en vue de ces islamophilistes n’est autre que François Burgat. Fébrile, vibrionnaire, l’ancien résident de Damas à la tête de l’Institut Français Pour le Proche Orient (IFPO), s’est arrogé, lui, le rôle de chef de meute des islamophilistes se vivant en Bachagha de l’islamologie néo-colonialiste. Il a ainsi achevé sa carrière, par sa gratification du sobriquet de «Burka», glané sur le champ de bataille imaginaire de ses fantasmes, pour ses œillères idéologiques et sa déconfiture intellectuelle dans le décryptage des soulèvements arabes de l’hiver 2011.

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De l’ Arabophobie

Contemporaine des guerres d’indépendance des pays arabes, dans la foulée de la fin de la II me Guerre mondiale (1939-1945), l’arabophobie s’est accompagnée d’un tropisme exarcerbé envers les riches pétromonarchies, de l’Iran, gendarme du Golfe, à l’Arabie saoudite, ravitailleur du système énérgétique mondiale, aux Rois du Maroc et de Jordanie, les voltigeurs de pointe de la coopération clandestine avec l’Etat Hébreu; enfin à la Turquie, seul pays musulman membre de l’Otan, quand bien même non riverain de l’Océan atlantique.  De Gamal Abdel Nasser (Égypte), à Hafez Al Assad (Syrie), à Houari Boumediene (Algérie), en passant par Yasser Arafat (Palestine) et Hassan Nasrallah (Liban), tous ont eu l’honneur d’assumer la fonction de croquemitaine sans que jamais personne n’ait songé à établir un lien entre l’arrogance occidentale et la radicalisation des contestataires de sa suprématie.

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De l’islamophobie

L’islamophobie est un terme polysémique qui se définit étymologiquement comme la peur ou la crainte de l’islam, mais dont le sens peut aussi désigner la notion d’une hostilité envers l’islam ou les musulmans.

Certes l’Islam n’est pas incompatible avec les valeurs du capitalisme et de l’économie libérale. Certes, nombreuses sont les minorités musulmanes persécutées à travers le Monde. Qu’elles prennent les armes contre leurs tyrans peut paraître légitime pour faire aboutir leurs revendications. Mais les minorités musulmanes n’ont pas le monopole des persécutions. D’autres minorités, -chrétiennes celles-là- sont persécutées par des Musulmans comme en témoignent les exactions de l’État Islamique (Daech) en Irak et en Syrie.

D’autres minorités musulmanes, mais chiites celles-là, sont, elles, persécutées par des musulmans, comme c’est le cas depuis quinze ans à Bahreïn sans la moindre protestation occidentale. Pour aller plus loin sur ce thème, cf ce lien: https://www.renenaba.com/golfe-la-revolte-oubliee-du-bahrein/

Et de nombreuses populations musulmanes sunnites sont opprimées par leurs propres gouvernants dans le silence complice des états occidentaux. Pourquoi alors une telle impunité? Très simplement pour la simple raison que la minorité musulmane mise en valeur à un moment donné doit répondre à un objectif stratégique.

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La créance du Monde musulman à l’égard de l’Occident

Partenaire majeur de l’Alliance atlantique durant la guerre froide soviéto-américaine, le Monde musulman dispose d’une dette d’honneur à l’égard de l’Occident, avec la Turquie en sentinelle avancée de l’Otan sur le flanc sud de l’URSS, amplifiée par la participation de 50.000 arabo-afghans à la guerre contre l’armée rouge en Afghanistan, avec en surplus la participation de près de 2 millions d’arabo africains aux deux guerres mondiales contre l’Allemagne.

Mais, paradoxalement, en dépit de cette contribution, unique dans l’histoire, l’Islam et les Musulmans constituent une thématique majeure de la polémologie contemporaine, désormais promus au rôle d’épouvantail dans la production intellectuelle occidentale, alors que les pays musulmans sont les grands perdants de la coopération islamo-occidentale.

La Turquie ne dispose même pas d’un strapontin au sein de l’Union Européenne et pas une parcelle de la Palestine n’a été restituée aux Palestiniens, alors que parallèlement, l’opération française Serval au Mali, en janvier 2013, pour neutraliser le groupement Ansar Eddine du Qatar, de même que l’opération Sangaris en RCA, ont affranchi la France de sa dette à l’égard des troupes d’outre mer. En surplomb, les suppliques du Mufti de l’Otan Youssef Qaradawi, pour bombarder des pays arabes (Libye, Syrie), ont libéré les anciennes puissances coloniales occidentales de leur dette à l’égard des Arabes et des Musulmans.

Le Monde musulman a été le dindon de la farce de la stratégie occidentale et la Palestine, le cadet des soucis des groupements terroristes islamiques.  Autrement dit et plus concrètement, l’Occident, dans la plus pure tradition du capitalisme sauvage, aime les Arabes riches, les Musulmans  riches et les Noirs  riches, de même que la chair à canon islamiste, mais voue une détestation absolue au reste la population de cette catégorie humaine.

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La publication des caricatures du prophète de l’Islam 

La publication de caricatures du prophète de l’Islam, cinq ans après le raid du 11 septembre 2001 contre les symboles de l’hyperpuisance américaine,  le 30 septembre 2005, dans le journal danois Jyllands Poster, a provoqué d’importantes manifestations dans le monde arabe et musulman, exacerbant les tensions.

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Le basculement consécutif aux attentats du 11 septembre 2001

Le raid du 11 septembre 2001 sur les symboles de la puissance américaine: L’Hypotonie du Monde arabe.

L’attentat du 11 septembre 2001 contre les symboles de l’hyperpuissance américaine, commis par les anciens pupilles des Américains, a constitué un tournant majeur dans l’opinion occidentale, suscitant une islamophobie généralisée, amplifiée par les attentats terroristes commis dans les grandes capitales européennes à la faveur de la séquence dite du printemps arabe.

Acte fondateur d’une nouvelle forme de subversion trans nationale anti occidentale tout autant qu’un acte de rupture avec l’ordre arabe ancien, le «Mardi Noir» -l’implosion de bombes humaines volantes contre les symboles économiques et militaires de la puissance américaine, le Pentagone à Washington et les Tours jumelles du Word Trade Center à New York,- a modifié radicalement les formes du combat politicio militaire.

La stratégie cathartique initiée entre les anciens partenaires essentiels de l’époque de la guerre froide soviéto-américaine, -les islamistes de la mouvance saoudienne anti soviétique et leur parrain américain- a surtout démontré la corrosivité de l’instrumentalisation abusive de la religion comme arme du combat politique et mis à nu la cécité politique américaine.

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De la prégnance d’une posture proto-fasciste de discrimination : Le cas de la France

Certes, Donald Trump a décrété un «Muslim Ban» à usage sélectif, ménageant les riches pays musulmans, tels l’Arabie saoudite ou les Emirats Arabes Unis, mais frappant d’interdit des pays tels que le Yémen, la Syrie, les Palestiniens etc.. Le message subliminal des pays occidentaux au reste du Monde pourrait se décrypter ainsi: Oui aux capitaux exotiques, non à l’immigration basanée, particulièrement musulmane, comme a tendu à la démonter la crise des subprimes, en 2008 et la guerre d’Ukraine, en 2022.

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Le cas de la France

Au sein des pays occidentaux, la France se distingue particulièrement. Il fut un temps où la France par la voix du Maréchal Hubert Lyautey, «Maréchal de l’Islam», avait préconisé un «Califat Occidental».

La mal nommée «Ad Dawla Al Habiba», (l’Etat bien aimé)- se vivait comme la «première puissance de l’Islam arabe», face à la Grande Bretagne, «première puissance musulmane au Monde» avec l’Union Indienne englobant davantage de musulmans que la totalité des pays musulmans réunis, sous l’autorité française.

La France se vivait, en ces temps-là,  vizir à la place du vizir, calife à la place du calife, survivance d’une islamologie coloniale.

Mais la guerre de Syrie s’est répercutée tragiquement sur la France, le chef de file de la coalition islamo-occidentale, avec le double attentat contre Charlie Hebdo et le Bataclan. Ce double carnage a fait l’effet d’un électrochoc tragique  en ce que ce crime odieux a été la résultante d’un télescopage tragique d’une double fuite: La fuite de la République et la fuite des paumés de l’Islam. Et révélé au monde médusé la face hideuse de «la patrie de la déclaration des droits de l’homme.

Cette  France là  se débat dans les remugles de son histoire, à l’arrière plan d’un débat nauséabond sur le voile, la burqa, le «séparatisme», «le grand remplacement», «l’équipe de France black black black risée de l’Europe» qui propulse néanmoins à l’Académie Française l’auteur de cette saillie raciste, Alain Finkielkraut, des «territoires perdus de la République» du seul pays se réclamant de la laïcité mais néanmoins un des principaux soutiens des groupements terroristes islamistes dans les guerres contre la Libye et la Syrie. Un débat cyclique. Un débat inépuisable mais si épuisant pour un pays animé d’une vision invraisemblablement égocentrique, la France, en ce qu’il révèle et sa fragilité et la friabilité de sa société.

L’Islam en Occident, particulièrement en Europe, est le premier groupement ethnico religieux identitaire sédimenté hors de la sphère gréco romaine et judéo-chrétienne. Ce n’est pas tant l’Islam qui fait peur, mais son positionnement géostratégique. Religion de dimension planétaire, en phase ascendante, alors que la chrétienté en Occident est en reflux du fait de la laicisation des sociétés, l’Islam se déploie sur le flanc sud de l’OTAN, tout au long de la façade méridionale de la Méditerranée, aux confins de la Russie et de la Chine.  Une mer humaine musulmane de 1,5 milliards de personnes de Tombouctou à Kaboul, dont la continuité est entravée par une enclave exogène: le foyer Balfour en Palestine. Ce n’est donc pas tant l’Islam qui est phobique, mais son continium stratégique. Le Muslim Green Belt. Là réside le danger. Voilà le repoussoir.

Pour aller plus loin sur ce thème, cf ce lien

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