Le cœur de la jeunesse internationale bat à Gaza…(dossier)
La courageuse résistance des jeunes universitaires pro-palestiniens de l’université McGill
.
Au cours des derniers jours, j’ai eu l’opportunité de rencontrer quelques militantes et militants au campement pro-palestiniens de l’université McGill à Montréal. J’ai vu des jeunes de tous les horizons culturels, des jeunes musulmans et juifs tous solidaires avec la souffrance des Palestiniens.
Contrairement à plusieurs universités américaines, à McGill les jeunes n’occupent pas les édifices universitaires, ils ont plutôt installé leur campement sur le gazon devant l’établissement dimanche le 28 avril. Les jeunes ne perturbent pas les cours ni les employés. Selon les organisateurs avec qui j’ai discuté, les propos racistes et antisémites ne sont pas tolérés dans l’enceinte du campement. Par ailleurs, l’administration de l’Université tente par tous les moyens de démanteler le campement des jeunes et les accusent de diffuser des propos antisémites.
Un professeur de l’université Monsieur Schwartz a indiqué mardi, au réseau de télévision TVA ne pas avoir été témoin de propos antisémite dans le campement.
Je suis un prof juif, et je suis vraiment sensible à tout ça, et je peux vous dire qu’il faut toujours lutter contre l’antisémitisme, avance-t-il. C’est quelque chose que j’ai fait toute ma vie et je vois que ces étudiants sont vraiment contre l’antisémitisme et que toutes formes de discrimination et de racisme. Moi, je n’ai rien vu. (TVA Nouvelles)
Monsieur Schwartz ne comprend pas la réaction de l’Université McGill.
Je pense que c’est vraiment lamentable, soutient-il. L’Université n’essaie pas vraiment de comprendre les étudiants ou les profs et leurs demandes. Ils ont sauté sur cette injonction et ça fait déjà deux ou trois jours qu’ils la cherchent. Comme je le comprends, je pense que c’est vraiment parce que la police n’a pas envie de faire quelque chose comme ça, ajoute-t-il. Je pense qu’ils essaient d’instrumentaliser l’antisémitisme contre ces étudiants qui, comme j’ai dit, sont extrêmement divers. Je trouve ça vraiment lamentable. (TVA Nouvelles)
Selon une organisatrice de la coalition étudiante de Solidarité pour les droits humains palestiniens de McGill (SPHR), le campement est organisé pour faire pression sur l’administration de l’Université McGill afin qu’elle respecte la politique de solidarité avec la Palestine qui a été votée l’automne dernier par plus de 5 964 étudiants (80 % des votants) de diverses départements et facultés à McGill, y compris la faculté de droit. La question du scrutin était la suivante : êtes-vous d’accord avec l’adoption par l’SSMU de la politique de solidarité avec la Palestine ? La politique appelle l’administration de McGill à se désengager avec des entreprises israéliennes reliées à l’armement et à rompre ses liens avec les institutions israéliennes. De plus, les jeunes demandent un cessez le feu immédiat à Gaza.
Selon le journal Guardian l‘Université McGill détient des investissements dans des sociétés telles que Lockheed Martin, un entrepreneur de défense qui a vendu des avions de combat à Israël, et Safran, une société française d’aviation et de défense.
Ses investissements divulgués comprennent environ 1,6 million $ dans Safran, 1,3 million $ dans Thales, 1,1 million $ dans BAE Systems et 520 000 $ dans Lockheed Martin. Les organisateurs affirment qu’ils souhaitent que McGill vende environ 73 millions $ d’actions si l’on inclut toutes les sociétés reliées à Israël, même si près du tiers de ce total est constitué d’avoirs dans des banques canadiennes. (Journal les Affaires)
Mercredi, une demande d’injonction de la Cour supérieure visant à restreindre l’espace occupé par les étudiants a été rejetée. Selon la juge, le campement organisé par les jeunes ne compromet aucunement la sécurité des autres étudiantes et étudiants qui fréquentent l’université. Aujourd’hui le premier ministre du Québec François Legault a dit lors d’un point de Presse que le campement était « illégal » dans la mesure où il est installé sur les terrains du campus universitaire sans autorisation. En fait, l’administration de McGill a demandé au premier ministre Legault d’intervenir avec l’aide Service de Police de Montréal (SPVM) afin de démanteler le campement. Par ailleurs, il est fort possible de la SPVM ne soit pas en mesure d’intervenir puisqu’il s’agit d’une situation de politique interne entre les étudiants et l’administration de l’université de McGill qui refuse systématiquement de considérer la sensibilité des jeunes et d’entendre leur point de vue concernant le conflit et la situation génocidaire en cours à Gaza.
L’Université McGill a la responsabilité d’être à l’écoute de tous les étudiants et étudiantes, elle doit donc engager immédiatement un dialogue avec les étudiantes et les étudiants et respecter la démocratie étudiante.
Pressenza Montréal couvre le déroulement des événements, plus de détails sont à venir.
Shlomo Sand et Israël Shahak, Israéliens et « Nouveaux Justes parmi les nations »
Une catastrophe humanitaire inédite, provoquée par un État voyou, se déroule sous les yeux du monde entier.
Génocide, en images et en son de ce que nous avons vu et entendu durant les sept derniers mois, documenté [1]
Malgré l’indignation de l’opinion publique mondiale qui ne tarit pas ; ce qui rend furieux Israël et ses alliés
Dont celle de célébrités internationales de toutes disciplines, de tous âges et de toutes nationalités
Swann Arlaud, Milo Machado-Graner, Ramy Youssef , Mark Ruffalo, Billie Eilish, parmi lesquelles on peut citer
Qui, sur le tapis rouge des Oscars, par solidarité avec le peuple palestinien, des pins, ont porté [2].
Sans oublier tous ces courageux Israéliens qui œuvrent pour la paix, et à en payer le prix, sont prêts
Et toutes ces voix juives qui combattent le Gouvernement Netanyahou et ses suprémacistes alliés
Ils se comptent par centaines de milliers et se battent par la pression citoyenne, et par l’écrit et le parlé
Parmi ces innombrables héros de culture juive, « Nouveaux Justes parmi les nations », que l’on pourrait appeler
En faisant un clin d’œil à d’autres « Justes parmi les nations » qui, par le Mémorial de Yad Vashem, furent honorés [3].
Les professeurs Israël Shahak et Shlomo Sand, le premier chimiste, et le second, historien, à l’Université
Méritent d’être placés au plus haut sur l’échelle des combats que ces « Nouveaux Justes parmi les nations » ont menés
La strophe suivante, consacrée à Israël Shahak, dans un poème paru dans Le Grand Soir, a été déjà publiée [4]
Israël Shahak a analysé en détail la pensée sioniste, en paroles et en actes, telle qu’elle s’est exprimée
« Hier, sous les nazis, j’avais peur d’être juif. Aujourd’hui, avec les Israéliens, j’en ai honte », il avait affirmé [5]
Après la guerre de Suez, et après avoir entendu Ben Gourion, dans un discours à la Knesset déclarer
Que le but de cette guerre, de « rétablir le royaume de David et de Salomon dans ses frontières bibliques ».
Dans un état « avec le plus de territoire possible, le plus de juifs et le moins d’Arabes possible » avait-il spécifié [6].
Après la guerre des Six Jours, il milite contre le sionisme, la façon dont sont traités les Palestiniens l’a indigné
La Shoah, par le racisme et la division de la société allemande entre Juifs et non-Juifs, fut amenée
« C’est exactement la même chose qui est en train d’arriver en Israël », a-t-il, dans un livre, développé
En ajoutant qu’« Israël, en tant qu’État juif, constitue, non seulement pour lui-même et pour ses habitants, un danger
Mais encore pour tous les Juifs, et pour tous les autres peuples et États du Moyen-Orient, et au-delà… », tout y est [7].
Shlomo Sand, membre du mouvement « Les nouveaux historiens israéliens » occupe une place privilégiée
Parmi eux, « auteur de Comment le peuple juif fut inventé, l’un des livres les plus documentés
Sur les fondements historiographiques de l’idéologie de l’État d’Israël » qui a ébranlé [8].
Le mythe que les juifs sont les descendants du royaume de David, ainsi que les autres mythes qui ont fondé
Le sionisme et sont, aujourd’hui, la base constitutive de cet État, tel que celui qui a trait
À la nature des Juifs de la Diaspora qu’il considère comme païens convertis et non comme juifs exilés
Il convient de noter que son ouvrage rend vrai une boutade de David Ben Gourion qui affirmait
Que les Palestiniens sont, peut-être, les authentiques descendants des Juifs de l’époque romaine, les vrais [9].
Ledit ouvrage lui a valu d’être traité de négationniste ; un peu plus tard, il a publié
Comment la terre d’Israël fut inventée, toujours engagé dans son entreprise de démystifier
L’idée consistant « à présenter la Palestine comme étant “une terre sans peuple” forcément destinée
À “un peuple sans terre” », qui fut, soit dit en passant, par les chrétiens évangélistes, entre autres, propagée [10].
Car, pour eux, il est nécessaire d’organiser le retour des Juifs dans la terre qui leur a été, par Dieu, donnée
Pour hâter le retour du Messie, achevant l’histoire humaine par une période de paix et de prospérité
Shlomo Sand est proche, politiquement, de Hannah Arendt ; il est aussi lié par une grande amitié
À Mahmoud Darwich qui, un poème intitulé Le soldat qui rêvait de lys blancs, lui a dédié
Poème pacifique, écrit l’année de la guerre des six jours, et qui, le rapprochement des peuples, prônait [11].
Dans ses ouvrages, il a déconstruit les prétendus mythes et la façon dont l’État juif a été créé
Et milite pour que toute la Palestine appartienne à tous ses habitants authentiques, et non réservée
Aux Juifs de la planète ; comme si, uniquement aux catholiques du monde entier, appartiendrait l’État français
Appartienne à tous ses habitants authentiques, avec un État démocratique, binational non « messianisé » [12].
Je termine ce poème en reproduisant un certain nombre de ses idées qu’il a récemment développées
Dans l’entretien accordé à l’émission de débat et d’actualités de Mediapart, dénommée
« À l’air libre », « Pas d’avenir pour un État juif sans les Palestiniens » par la rédaction, intitulé [13].
Tout est fait « pour empêcher le développement des mouvements civiques dans les territoires occupés »
Car, dit-il, « Israël ne veut pas de mouvements civiques forts pour lutter pour une civique égalité »
« Je crois qu’Hannah Arendt et Judah Magnes ont eu peur d’un État juif, surtout avec », a-t-il spécifié
« Une base ethnocentriste de la nation [où] les citoyens palestino-israéliens sont [écartés].
Ce n’est pas leur État, mais, l’État de Bernard-Henri Lévy et de Finkielkraut », il est considéré
« Plus que celui de mes amis à l’université qui sont des Palestiniens », a-t-il fait remarquer
Même pour les enfants dont les mères ne sont pas juives, il est mentionné « non juif » sur leurs cartes d’identité
Et, il a poursuivi « Que l’Europe ait jeté les réfugiés juifs [du continent] dont personne ne voulait
[Après la fin de la seconde guerre mondiale ] sur les Arabes de Palestine, c’est un historique fait
[Tout au début], les Juifs ne voulaient pas venir en Palestine, c’est pour l’Europe qu’Israël a été créée ».
Et, chiffre et analyse à l’appui, il démontre cette proposition, « la France appartient aux Français
L’Amérique appartient aux Américains, mais, Israël n’appartient pas aux Israéliens », a-t-il ajouté
Par Salah HORCHANI
NOTES
[1] Voir, par exemple, les liens suivants :
https://assafirarabi.com/fr/58005/2024/02/03/nous-ne-voulons-pas/
https://www.lemonde.fr/international/article/2024/02/12/les-visages-du…
[2] Des artistes demandent un cessez-le-feu à Gaza à la 96ème Cérémonie des Oscars : Par solidarité avec le peuple palestinien, sur le tapis rouge de la 96ème Cérémonie des Oscars, plusieurs célébrités ont porté le pin’s rouge d’« Artists for a Ceasefire » (Artistes pour un cessez-le feu, à Gaza) ou bien un pin’s arborant le drapeau palestinien, notamment les acteurs du film Anatomie d’une chute de Justine Triet, primé à la catégorie du meilleur scénario, Swann Arlaud et Milo Machado-Graner, les acteurs du film multi-nominé Pauvres Créatures, Ramy Youssef et Mark Ruffalo, ou encore la chanteuse Billie Eilish.
[3] En faisant référence à l’expression « Justes parmi les nations » qui désigne un titre honorifique décerné par le Mémorial de Yad Vashem aux personnes qui ont pris des risques considérables pour sauver des juifs de l’extermination nazie, pendant la Seconde Guerre mondiale.
[4] https://www.legrandsoir.info/a-propos-du-genocide-des-palestiniens-par…
[5] https://www.palestine-solidarite.org/livre.The_Wandering_Who-1.htm
[6] https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/03/19/du-reve-d-un-etat-juif…
[7] http://aredam.net/SHAHrelig.pdf
[8] https://www.cairn.info/revue-la-pensee-de-midi-2010-1-page-125.htm
[9] https://www.lhistoire.fr/isra%C3%ABl-le-peuple-juif-et-lhistorien
[10] https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/140912/shlomo-sand-l-il…
[11] https://www.youtube.com/watch?v=MtrqEKLtzLA
https://www.aldiwan.net/poem2322.html
https://www.youtube.com/watch?v=tZm0LGc0SN0
Voir aussi la référence [8].
[12] https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/170908/entretien-avec-l…
https://www.middleeasteye.net/fr/entretiens/shlomo-sand-juifs-et-pales…
[13] Voir la vidéo ci-dessous, de la minute 20 : 20 à la minute 21 : 10, de la minute 26 : 40 : à la minute : 28 : 10, de la minute 28 : 50 à la minute 29 : 20 et de la minute 30 : 40 à la minute 30 : 50.
Le cœur de sa jeunesse bat à Gaza… et les Etats-Unis entrent en crise !
Jour après jour, ou plutôt heure après heure, le mouvement étudiant de solidarité avec le peuple palestinien et d’opposition au soutien du gouvernement à Israël se propage comme une trainée de poudre dans les universités et les écoles des États-Unis d’Amérique. Et comme il se distingue pour sa radicalité, les médias étasuniens multiplient les flash-back pour comparer le mouvement actuel à l’immense mouvement de la jeunesse contre la guerre du Vietnam dans les années 1960 et 1970 ! D’ailleurs, c’est un article du New York Times qui titre éloquemment « Le fantôme du mouvement anti-guerre de 1968 est de retour ».
En effet, aujourd’hui comme hier, ce mouvement est confronté à la même féroce répression et aux mêmes calomnies de la part des mêmes milieux politiques et économiques. Les arrestations de manifestants pacifiques se comptent par milliers et les menaces et ultimatums des autorités universitaires et autres de l’establishment politique étasunien pleuvent. Mais, comme à l’époque, le mouvement ne se laisse pas intimider et persiste : il défie les menaces et les ultimatums et continue de s’étendre une semaine après le début de sa phase actuelle, centrée sur l’université Columbia à New York. Le mouvement d’occupations et autres manifestations pro-palestiniennes s’étendait le 25 avril à toutes les grandes universités « historiques » – Harvard, MIT, Princeton, Yale, Berkeley, Columbia, mais aussi aux universités et collèges de presque tout le pays, au nord comme au sud, à l’est comme à l’ouest !
Au-delà de son caractère massif et radical, une autre caractéristique clé du mouvement actuel est sa maturité politique. Il ne se limite pas à manifester sa solidarité avec les Palestiniens, son opposition à la politique des EU au Moyen-Orient et sa condamnation des politiques génocidaires d’Israël. Il va plus loin, en frappant l’adversaire tout-puissant là où cela lui fait le plus mal : dans son portefeuille et son arsenal. C’est pourquoi sa principale revendication est de mettre fin immédiatement et une fois pour toutes aux relations et transactions économiques de toute espèce des universités étasuniennes avec Israël et avec les entreprises EU qui soutiennent financièrement et militairement Israël, allant jusqu’à l’armer pour mener sa guerre génocidaire à Gaza !
Mais il ne faut pas croire que ce mouvement est confiné aux universités. Comme le montrent tous les sondages depuis 7-8 ans, c’est l’ensemble de la jeunesse qui est majoritairement (environ 80% !) possédée par les mêmes sentiments de solidarité avec le peuple palestinien et de condamnation de l’apartheid de l’État israélien, qui caractérisent le mouvement étudiant. En d’autres termes, le mouvement étudiant actuel puise sa force dans l’immense réservoir qu’est la jeunesse des EU.
En réalité, cette jeunesse a commencé à se radicaliser en masse à l’occasion et pendant les première et deuxième campagnes électorales du sénateur indépendant Bernie Sanders. Un Sanders qui semble aujourd’hui s’inspirer à son tour du mouvement de la jeunesse et qui semble retrouver sa combativité lorsque, juif, dénonce le « raciste réactionnaire » Netanyahou et les calomnies « antisémites » systématiquement répandues par ce génocidaire et bien d’autres, avec ses six thèses tranchantes dont voici un extrait : « Non, Monsieur Netanyahou. Ce n’est pas être antisémite ou pro-Hamas que de rappeler qu’en un peu plus de six mois, votre gouvernement extrémiste a tué 34 000 Palestiniens et en a blessé plus de 77 000 – dont 70 % de femmes et d’enfants. »
Cependant, ces calomnies « antisémites », qui sont monnaie courante dans la bouche des pro-sionistes et autres partisans de droite et d’extrême droite de l’apartheid israélien partout dans le monde, ont récemment commencé à faire un flop aux États-Unis pour la simple raison suivante : parce qu’au point de départ et à la tête des mobilisations de solidarité avec les Palestiniens et contre leur génocide par l’État d’Israël se trouvaient et se trouvent les organisations de jeunes juifs antisionistes telles que If Not Now et Jewish Voice for Peace. Alors quand les différentes autorités universitaires, secondées par les médias, les politiques et la…police, justifient la répression des manifestations, allant même jusqu’à demander l’intervention de l’armée ( ! ), avec l’« argument » qu’ils veulent protéger les étudiants juifs pacifiques des manifestants « antisémites », les manifestants juifs antisionistes répondent qu’en fait, les premières et principales victimes de la répression brutale, qui veut soi-disant protéger les étudiants juifs, sont justement… les jeunes étudiants juifs, car ils sont toujours en première ligne et participent plus massivement que n’importe quelle autre communauté au mouvement étudiant actuel !…(1)
Mais, comme en 1968, ce mouvement anti-guerre des jeunes ne se limite pas aux États-Unis et tend à s’étendre à d’autres pays et à d’autres continents. Il se développe déjà rapidement en Australie, et commence à trouver des imitateurs dans les universités européennes (France, Catalogne, Grande-Bretagne, Italie…) où, pourtant, sévit la répression « préventive » qui met en pièces ce qui nous reste de droits démocratiques fondamentaux. Toutefois, ses répercussions les plus significatives sur le plan politique se manifestent déjà… en Palestine. C’est de là, dans la bande de Gaza martyrisée, que vient le message de remerciement chargé d’émotion que les jeunes Palestiniens adressent aux étudiants américains mobilisés qui manifestent leur solidarité avec eux.
Ceci étant dit, en même temps que nous assistons à un soulèvement historique et si prometteur de la jeunesse étasunienne, nous sommes également témoins de la reprise rapide du mouvement syndical étasunien. Et ce n’est pas un hasard si, parmi les pancartes des étudiants mobilisés, on trouve de plus en plus d’analogues des syndicats, et tout d’abord du syndicat des travailleurs de l’automobile, l’UAW (United auto workers).
En effet, après les victoires historiques de ce syndicat (700 000 membres) sous sa nouvelle direction radicale et classiste en septembre dernier dans le nord des EU, nous avons eu ces jours-ci un nouveau succès au moins aussi historique : pour la première fois, il a rompu la tradition d’interdire – de fait et par la répression – toute syndicalisation des travailleurs dans le sud des EU, puisque 73% des travailleurs de l’usine Volkswagen de Chattanooga, Tennessee, ont défié les menaces et les chantages, et ont voté en faveur de la syndicalisation de leur usine par l’UAW. L’événement suivant, qui s’est produit les jours mêmes où le mouvement anti-guerre des jeunes atteignait son point culminant, est révélateur de cette reprise fulgurante : la réunion annuelle de Labor Notes, qui est le rassemblement classiste et plutôt d’extrême-gauche des responsables syndicaux et qui, traditionnellement, ne réunissait pas plus de quelques centaines de syndicalistes, a accueilli cette année dans une ambiance survoltée 4 700 responsables syndicaux, présidents de syndicats et autres » troublemakers » ( fauteurs de troubles ), comme aiment s’appeler eux-mêmes les militants de Labor Notes. Il est a noter qu’en clôturant les travaux, Shawn Fain, le nouveau président radical de l’UAW connu aussi pour sa solidarité active avec le peuple palestinien, a prononcé un discours très combatif, soulignant que « la classe ouvrière est l’arsenal de la démocratie et les travailleurs sont les libérateurs »…
S’il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives, ce qui est certain en revanche, c’est que le crime contre l’humanité commis à Gaza contre le peuple palestinien par Israël et ses complices, commence – enfin – à se retourner contre eux au cœur même de la superpuissance mondiale. Et qu’en outre, la multiplication des secousses pré-sismiques à la base de la société de cette superpuissance, préfigurent le grand tremblement de terre à venir, quel que soit le résultat des élections de novembre prochain. D’autant plus qu’il sera précédé par le grand rendez-vous du mouvement étudiant – et pas seulement – devant et peut-être à l’intérieur de la Convention Démocrate qui, comme en 1968, se tiendra à la même date et encore à Chicago. A l’époque, environ 10-12 000 manifestants (2) ont fait face à la férocité de 15 000 policiers lourdement armés et déchaînés, hurlant “kill the commies” (tuez les cocos). Aujourd’hui, les étudiants mobilisés prévoient qu’ils seront au moins 30 000 devant et autour de la convention démocrate qui se tiendra du 18 au 22 août. Sans doute, la suite des événements s’annonce passionnante… surtout aux États-Unis d’Amérique !…
Notes
1. Voir Jewish Voice for Peace, Statement on Columbia University’s discriminatory and repressive treatment of Jewish students (Déclaration sur le traitement discriminatoire et répressif des étudiants juifs par l’université de Columbia) : https://www.jewishvoiceforpeace.org/2024/04/24/seder-campus/
2. « Pour que les vieux se souviennent et les jeunes apprennent », voici un bref, mais génial, aperçu musical des événements historiques qui ont eu lieu lors de la Convention Démocrate de 1968 à Chicago : https://www.youtube.com/watch?v=Pswvi3QN_tI
https://www.legrandsoir.info/le-coeur-de-sa-jeunesse-bat-a-gaza-et-l-amerique-entre-en-crise.html
EN COMPLÉMENTAIRE : https://reseauinternational.net/la-destruction-de-gaza-devrait-radicaliser-les-gens/
mERCI À RÉSEAU INTERNATIONAL
EN COMPLÉMENTAIRE – UNIVERSITÉS ET LYCÉS FRANCAIS :
https://reseauinternational.net/france-des-dizaines-de-lycees-bloques-en-solidarite-avec-gaza/
Versão em Língua Portuguesa:
https://queonossosilencionaomateinocentes.blogspot.com/2024/05/o-coracao-da-juventude-internacional.html