7 de garde

Ukraine. Une armée et un pays à bout de souffle

Par Moon of Alabama – Le 14 mai 2024

Stephen Byren écrit, à juste titre, que l’objectif de l’offensive russe vers Kharkiv est de désintégrer l’armée ukrainienne :

À mon avis, l’objectif de la Russie est de forcer l’armée ukrainienne à poursuivre les unités d’invasion russes. L’idée est de causer de lourdes pertes du côté ukrainien et, si tout se passe comme prévu, de diviser l’armée ukrainienne en deux ou de la désintégrer complètement.

De cette manière, l’idée n’est pas seulement de prendre un territoire, mais de détruire la capacité de résistance de l’Ukraine. De nombreux indices montrent que la Russie remporte des succès dans l’opération en cours.

Le général Kyrylo Budanov, chef de l’agence de renseignement militaire ukrainienne (qui comprend des combattants étrangers et des unités nazies), en convient. Il dresse un tableau sombre de la situation (archivé) :

 

Comme la plupart des responsables ukrainiens et des experts militaires, le général Budanov a déclaré qu’il pensait que les attaques russes dans le nord-est avaient pour but d’étirer les réserves déjà minces de soldats ukrainiens et de les détourner des combats qui se déroulaient ailleurs.

C’est exactement ce qui se passe actuellement, a-t-il reconnu. Il a déclaré que l’armée ukrainienne essayait de réorienter les troupes des autres zones de la ligne de front pour renforcer ses défenses dans le nord-est, mais qu’il était difficile de trouver le personnel nécessaire.

Toutes nos forces sont soit ici, soit à Chasiv Yar“, a-t-il déclaré, faisant référence à un bastion ukrainien situé à environ 120 miles plus au sud, que les troupes russes ont assailli ces dernières semaines. “J’ai utilisé tout ce que nous avions. Malheureusement, nous n’avons personne d’autre dans les réserves“.

L’armée ukrainienne a retiré des parties de différentes brigades engagées dans l’est et les déplace au nord vers la région de Kharkiv. Il s’agira d’un méli-mélo de bataillons partiellement remplis, sans commandement unifié et sans qu’il ne reste rien pour boucher les trous ailleurs.

Budanov craint à juste titre que les Russes puissent répéter ce jeu dans d’autres régions :

Le général Budanov a déclaré qu’il s’attendait à ce que les attaques dans la région de Kharkiv durent encore trois ou quatre jours, après quoi les forces russes devraient effectuer une forte poussée en direction de Sumy, une ville située à environ 90 miles au nord-ouest de Kharkiv. Des responsables ukrainiens ont déjà déclaré que la Russie avait massé des troupes de l’autre côté de la frontière, à Sumy.

Pavlo Velycho, un officier ukrainien opérant près de la frontière russe dans la région de Sumy, a déclaré que les bombardements russes sur la périphérie de Sumy s’étaient récemment intensifiés.

Les forces russes peuvent facilement progresser car l’argent alloué aux fortifications dans les régions de Kharkiv et de Sumy a été versé à des sociétés fictives sans qu’aucune tranchée n’ait jamais été construite (traduction automatique) :

Des contrats de plusieurs millions pour la construction de fortifications, pour lesquels ils ont dépensé un total de 7 milliards de hryvnias, ont été transférés par l’OVA de Kharkiv à des sociétés fictives.

Il s’est avéré que le département de l’OVA de Kharkiv chargé des achats de défense a choisi des entreprises sans nom et nouvellement enregistrées. En outre, les propriétaires de ces sociétés ne ressemblent pas à des hommes et femmes d’affaires prospères – ils ont des dizaines d’affaires judiciaires, allant du vol de whisky à la violence domestique contre leur mari et leur mère, certains d’entre eux sont privés de leurs droits parentaux et ont fait l’objet de procédures d’exécution pour des prêts dans des banques.

Autre détail intéressant : il semble que ces bénéficiaires ne savent même pas qu’elles sont millionnaires. Après tout, ils continuent à travailler à tour de rôle “dans les champs” et dans les usines.

US’ Secretary of State Antony Blinken speaks 

Les États-Unis craignent manifestement que l’armée ukrainienne ne soit pas en mesure de tenir ses lignes. Aujourd’hui, le secrétaire d’État Anthony Blinken est arrivé en visite inopinée à Kiev pour renforcer le moral des troupes, ou probablement pour organiser un changement à la tête de l’Ukraine :

Blinken, qui est arrivé à Kiev en train tôt mardi matin, espère “envoyer un signal fort de réconfort aux Ukrainiens qui vivent manifestement un moment très difficile“, a déclaré un responsable américain qui a informé les journalistes voyageant avec Blinken sous le couvert de l’anonymat.

La mission du secrétaire d’État est vraiment de parler de la manière dont notre assistance supplémentaire sera mise en œuvre pour aider à renforcer leurs défenses (et) leur permettre de reprendre de plus en plus l’initiative sur le champ de bataille“, a déclaré le fonctionnaire.

Blinken rassurera les responsables ukrainiens, notamment le président Volodymyr Zelenskiy, sur le soutien durable des États-Unis et prononcera un discours axé sur l’avenir de l’Ukraine, a indiqué le responsable.

Blinken et Biden ont besoin que l’armée ukrainienne tienne jusqu’à la fin des élections de novembre. Il est peu probable qu’ils puissent atteindre cet objectif. Une pause sur le champ de bataille serait maintenant souhaitable, mais il faut pour cela se débarrasser de Zelenski.

Les médias américains mettent l’accent sur l’enveloppe de 60 milliards de dollars votée par le Congrès pour l’Ukraine. Ils oublient d’expliquer que seulement 14,5 milliards de dollars de cette somme vont réellement à l’Ukraine, la moitié pour maintenir la solvabilité de l’État et l’autre moitié sous la forme d’armes que l’Ukraine pourrait acheter une fois qu’elles auront été construites. Le reste de l’argent est destiné à remplir les stocks militaires américains.

L’aide militaire réelle apportée à l’Ukraine au cours des prochains mois, sous la forme de munitions d’artillerie et antiaériennes, sera minuscule.

Il n’y a là rien qui puisse protéger des bombes planantes FAB que l’armée russe utilise en nombre croissant pour briser les positions ukrainiennes. Au cours des trois derniers jours, les pertes ukrainiennes se sont élevées à environ 1 500 par jour, soit le double du nombre habituel, la plupart d’entre elles se produisant sur le front oriental, et non dans la direction de Kharkiv.

Actuellement, le taux de remplacement par la mobilisation ukrainienne ne représenterait que 25 % des pertes réelles.

Tout le monde sait que la guerre touche à sa fin. Il y aura un vainqueur, la Russie, et beaucoup de perdants. Les États-Unis et l’Union européenne tentent à présent de trouver un moyen de sauver la face en reconnaissant cette réalité sans l’admettre.

Le moyen le plus facile sera de blâmer l’Ukraine, et en particulier son président Zelenski, pour ne pas avoir écouté les conseils occidentaux pendant certaines des phases les plus chaudes de la guerre (Bakhmut, etc.). “Nous leur avons donné une chance et ils l’ont gâchée“, telle sera bientôt la teneur des déclarations officielles.

Mais en réalité, l’Ukraine n’a jamais eu la possibilité de vaincre ou même d’affaiblir la Russie. Tous les chiffres, toutes les capacités et toutes les personnes s’y opposaient. Malgré cela, elle a été poussée à la mort par les illusions occidentales.

On espère que son peuple, ainsi que d’autres peuples, en auront tiré les leçons.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.  Sur SitRep Ukraine. Une armée et un pays à bout de souffle | Le Saker Francophone

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

8 réflexions sur “Ukraine. Une armée et un pays à bout de souffle

  • Opinion du Réseau Voltaire

    L’Ukraine au bord du gouffre sur https://www.voltairenet.org/article220838.html

    La plupart des experts militaires mettent en garde contre un effondrement imminent de l’armée ukrainienne. Les Occidentaux espèrent que l’arrivée, le mois prochain, d’armes états-uniennes la rassérénera. C’est peu probable, car leur problème n’est pas un manque d’armes, mais le taux extrêmement élevé de pertes et l’absence de perspective.

    Dans ces conditions, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a ouvert sur son site officiel une pétition pour demander à l’Otan d’envoyer des soldats sur le champ de bataille.

    Il a célébré, le 8 mai, la victoire des Alliés sur le nazisme. Il s’agissait de marquer sa proximité avec l’Otan (qui la fête également le 8 mai) et sa différence avec la Russie (qui la fête le 9 mai).
    Le président Volodymyr Zelensky a fait très attention à ne pas évoquer la position des dirigeants de son pays durant la Seconde Guerre mondiale, ni l’idéologie raciale des nazis. Il s’est contenté d’accuser la Russie de faire preuve de la même cruauté que les nazis en s’appuyant sur des exemples invérifiables.

    ☞ Durant la Seconde Guerre mondiale, les disciples de Dmitro Dontsov, commandés par Stepan Bandera, proclamèrent l’indépendance de l’Ukraine avec les nazis. La cérémonie mêlait les portraits du führer Adolf Hitler et du providnyk Stepan Bandera, aux cris de Slava Oukraïni (« Gloire à l’Ukraine »). Cette proclamation s’accompagna de pogroms anti-juifs.
    Par la suite, les nazis entrèrent en conflit entre eux. Stepan Bandera fut arrêté. Il prétendit avoir passé le reste de la guerre en prison. Il semble, qu’au contraire, protégé par Alfred Rosenberg, il ait travaillé à l’Inspection générale des camps de concentration près de Berlin. En définitive, il termina la guerre en commandant des unités nazies contre les Bolchéviques.
    Dmitro Dontsov, quant à lui, fut nommé administrateur de l’Institut Reinhard Heydrich, à Prague. Il y était chargé de coordonner la « solution finale des questions juives et tsiganes ».
    À l’issue de la Guerre, Dontsov et Bandera ne furent pas jugés, mais récupérés par les Anglo-Saxons pour lutter contre les Soviétiques. Contrairement à ce que prétendit la propagande nationaliste intégrale après la Guerre, jamais les troupes de Bandera n’ont combattu les nazis. Au contraire, elles ont massacré 1,5 million d’Ukrainiens (sur les 17 millions de l’époque).
    Les chefs d’état-major de l’armée ukrainienne actuelle revendiquent tous l’héritage de Dontsov et Bandera.

    Par ailleurs, l’Ukraine met la dernière main à la préparation de la Conférence de paix qu’elle organise, les 15 et 16 juin, en Suisse. Il s’agira de définir avec tous les Alliés occidentaux ce que devrait être un monde en paix. Le chancelier allemand, le Premier ministre du Danemark, le Premier ministre des Pays-Bas et le Secrétaire général du Conseil de l’Europe ont déjà confirmé leur participation. Par rapport à ce qui était attendu, les chefs d’État et de gouvernement semblent indécis à venir participer, d’autant que le président Zelensky ne sera plus légitime à l’expiration de son mandat, le 21 mai, et qu’il n’a pas convoqué d’élection, mais interdit les onze partis d’opposition.

    Selon la Chine, qui a décliné l’invitation, cette conférence refuse de prendre en compte les exigences de sécurité de certains États.

    Selon la Russie, qui n’y a pas été invitée, cette conférence refuse de prendre en compte de nombreux éléments du Droit international.

    Le mandat du président Zelensky se termine le 21 mai. Aucune élection n’a été convoquée pour désigner son successeur.

    Le service de Renseignement extérieur de la Fédération de Russie (SVR) a communiqué à propos de son évaluation de la situation en Ukraine. Selon lui, la popularité du président Volodymyr Zelensky est en chute libre. La population lui reproche la guerre qui s’éternise aussi bien que son report de l’élection présidentielle. Les responsables politiques ukrainiens mèneraient des consultations pour déterminer qui sera le prochain président et comment le légitimer.

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  • Roba Jean-Louis

    Le plus grand crime a été cette pseudo contre-offensive ukrainienne de 2023 lorsque l’on a envoyé sciemment des dizaines de milliers d’hommes se faire massacrer avec des chars de récupération. Tout cela pour faire plaisir aux sponsors de Zelensky et aux merdia occidentaux.

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  • Après deux ans d’opération spéciale, les russes ont pratiquement décimé tous les combattants ukrainiens.
    Maintenant l’Ukraine ne devrait plus représenter un quelconque problème de sécurité à la Russie pendant au moins plusieurs siècles.
    Les rares hommes, encore valides, sont terrorisés à l’idée d’être envoyés au front.
    La très chère leçon, en vies de soldats ukrainiens, de ne surtout pas faire la guerre à la Russie, a en été parfaitement comprise par toute la population ukrainienne. Plus de cent mille soldats ukrainiens sont morts depuis début janvier 2024. En plus des centaines de milliers de soldats morts auparavant.
    D’ici deux mois, avant la fin prochaine de l’opération spéciale russe, il faudrait encore ajouter une centaine de milliers de décès de soldats ukrainiens. Et l‘Ukraine sera alors totalement annihilée.
    En juillet, après cette petite mise en bouche avec les ukrainiens comme petits fours, devraient commencer les choses très sérieuses.
    Selon Aloïs Irlmaier, la grande guerre devrait débuter courant juillet d’une année de mauvaise récolte, et nous aurons une mauvaise récolte cette année.

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  • Normand Bibeau

    «Menteur un jour, menteur toujours».
    Les médias mainstream et les services de renseignements ukronazis ont menti depuis l’Euromaïdan de 2014 sur la situation en Ukraine et plus intensément, depuis le 24 février 2022, pourquoi diraient-ils aujourd’hui la vérité sur l’état de cette guerre interimpérialiste?
    Cela est impossible, c’est contraire à leur nature de classe.
    Ainsi, les mouvements militaires sur le front et leurs interprétations ne sont que brouillard de guerre pour manipuler l’opinion publique afin d’extorquer encore plus d’argent, voire de sang, au prolétariat.
    Qui peut croire que Budanov ou quelques racailles ukronazis avoueraient publiquement l’effondrement de l’armée ukrainienne?Que l’assassin international Blinken, génocidaire du peuple palestinien martyr, dirait la moindre vérité qui ne soit patentée?
    La valse «contre-attaque/attaque» des ukronazis et des russo-nazis n’a pour but que de justifier plus d’argent à la guerre â même les programmes sociaux exsangues et surtout, un éventuel déploiement de soldats de l’OTAN sur la ligne de front, tout le reste n’est que brouillard de guerre pour enfumer le prolétariat mondial et le conduire sur le champ de bataille afin de servir de chair à canons du capital.
    NON À LA GUERRE INTERIMPÉRIALISTE,OUI À LA GUERRE DE CLASSE.

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  • totalement d’accord ces comptes rendus visent à préparer les opinions publiques à la poursuite de la guerre soit ukraine est victorieuse et il faut a soutenir dans ces avancées militaires
    soit ukraine s,effondre et il faut la soutenir dans sa défaite

    dans les deux cas VIVE LA GUERRE DÉCLAMENT LES MILLIARDAIRES

    POUR nous prolétaires = oui à la guerre de classe contre le capital.

    robert bibeau

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  • Le monde entier observe avec stupéfaction l’une des scènes les plus cyniques que l’humanité ait peut-être jamais connues sous cet angle de l’hypocrisie occidentale.
    La guerre que nous ont servie les grands maîtres de la tromperie démontre à quel point l’Occident peut, pour ne pas perdre la face, entraîner des centaines d’Ukrainiens vers l’abîme.
    Aujourd’hui encore, même les gens les plus mal informés de la planète savent que l’Ukraine a perdu cette guerre dès le premier jour des combats, parce que la Russie avait pris soin de détruire toutes les bases militaires que l’Occident avait construites depuis plus de 10 ans.
    Certains anciens étudiants africains qui ont échappé à cette guerre décrivent l’UKRAINE comme un champ de ruines, loin du pays qu’ils admiraient pendant leur période d’études.
    Ignobles, cruels, sadiques et hypocrites… les Occidentaux effacent petit à petit le peuple ukrainien de la surface de la terre.
    Désormais, la question n’est plus de savoir qui sera le vainqueur, mais combien d’Ukrainiens survivront à cette guerre.

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