Élections piège à cons, l’élection européenne ou les bourgeois se partagent les sinécures

Par Khider Mesloub.

Cet article est disponible en anglais et en italien ici :
Articles de Mike Whitney and Khider Mesloub-anglais-italien-9-10juin

« La politique n’est pas l’art de résoudre les problèmes, mais de faire taire ceux qui les posent », notait l’homme d’État français Henri Queuille.

À plus forte raison, les élections ne solutionnent pas les problèmes des citoyens, mais des dominants, par l’organisation rituelle de leurs mascarades électorales pour distraire les prolétaires, soudoyer le peuple.

Les dominants tirent leurs richesses et leur pouvoir non pas des urnes mais de leurs comptes bancaires. Leur puissance, du capital financier, et non du capital électoral. Aussi, ces deux piliers des sociétés de classes, richesses et pouvoir qui dictent les cardinales orientations économiques et doctrinales au pays, sont électoralement inaccessibles au peuple. Surtout politiquement intangibles.

Ce dimanche 9 juin 2024, les citoyens européens sont appelés à déposer, pour la énième fois, leur bulletin de vote dans l’urne.

Jamais le slogan des soixante-huitards « Élections, piège à cons » n’a eu si tôt aussi raison. Jamais la raison sotte citoyenne n’a jamais eu autant tort.

En Europe, en France et partout où domine la dictature du capital, les prestidigitateurs de la politique ont réussi le tour de force de faire passer leur dictature électoraliste des riches pour la démocratie.

Or, si on se fonde sur l’étymologie du terme démocratie, celle-ci signifie pouvoir du peuple. Par voie de conséquence dictature du peuple sur l’aristocratie, et par extension actuellement sur l’extrême minorité de la bourgeoisie, les moins de 1% qui possède le monde,  monopolise l’État. Mais, par une inversion de la vision de la réalité, au moyen d’une illusion d’optique dont le pouvoir a le secret grâce à sa propagande distillée par l’école et les médias, appuyée par sa puissante force financière et son empire étatique et militaire, la classe dominante fait passer sa dictature, aux yeux du peuple, pour la démocratie. Et la revendication de l’instauration d’une authentique démocratie issue du peuple, pour une insurrection, une potentielle dictature.

En Europe, en France et partout où domine la dictature du capital, quand le peuple se lève collectivement afin de voter pour sa démocratie directe horizontale, le pouvoir lui oppose sa dictature exercée par un ordre dominant vertical. Quand ce vaillant peuple se résout à imposer sa salutaire voie candide, le pouvoir lui prescrit les totalitaires voix de ses serviles candidats.

Curieusement, à l’époque actuelle, depuis que la démocratie des riches est partout disqualifiée et discréditée pour son inefficience politique et son impuissance économique, et surtout sa corruption morale, notamment en Europe, les classes dirigeantes s’acharnent à l’imposer despotiquement au peuple, devenu lucidement ennemi de cette démocratie financière.

En effet, au moment où le peuple a commencé, dans de nombreux pays, à militer pour exiger l’instauration d’une vraie démocratie horizontale, populaire et égalitaire, fondée sur ses représentants élus et révocables à tout moment et ne bénéficiant ni de privilège ni d’appointements au-dessus du salaire moyen, l’État lui impose sa dictature électoraliste, antidote contre le pouvoir du peuple.

La dictature électoraliste est cette consultation politique dominée par les candidats des riches, dans laquelle le scrutin favorise paradoxalement toujours les mêmes bulletins, étonnamment tous détenteurs de gros butins, remporté toujours au détriment du peuple mutin.

L’histoire nous enseigne que, sous la pression du peuple exigeant l’instauration de sa gouvernance, l’État dévoile toujours son caractère de classe : l’État protecteur se mue en État oppresseur, « sa démocratie » oligarchique se métamorphose en démagogie tyrannique.

Une chose est sûre : l’écurie des urnes est le cimetière de l’émancipation du peuple, cimetière où la bourgeoisie invite le peuple à enterrer ses revendications émancipatrices. À ensevelir sa populaire et égalitaire souhaitable gouvernance.

Le scrutin est l’arme de la classe dominante, tendu au peuple pour l’enfermer dans de faux choix, pour le confiner dans de captieuses alternatives.

L’isoloir est le meilleur antidote contre la lutte collective publique menée par le peuple ordinairement dans la rue et sur les lieux de production, ces espaces publics d’expression authentiquement démocratique, où la liberté prend réellement corps par la voix directe du peuple en lutte déterminé à imposer sa volonté collective à la minoritaire et parasitaire classe régnante.

Le bulletin de vote est aussi aléatoire que les prévisions du bulletin météo : les promesses n’engagent que ceux qui les croient. Gare aux giboulées de la tyrannie, ces violentes averses répressives qui s’abattent sur le pays en plein « printemps démocratique » commandité, dans une atmosphère électorale fallacieusement libératrice. L’hirondelle démocratique lâchée par la classe dominante dans le ciel de la politique ne fera jamais le printemps émancipateur du peuple.

La démocratie des urnes constitue la tombe électorale où viennent s’échouer et s’enterrer les illusions du peuple à la vie toujours funèbre.

Aujourd’hui, les loups du pouvoir nichés au sommet de l’État, pour qui le peuple n’est qu’une masse moutonnière tout juste bonne à dépecer (voire à décimer dans leurs guerres), n’aiment rien de moins que de voir le peuple « veau-ter » (se vautrer) aux élections.

De nos jours, la cuisine électorale est devenue la lubie préférée des classes opulentes dirigeantes à l’appétence gouvernementale insatiable, particulièrement en France, cette République devenue bananière et canonnière, dirigées par des épluchures politicardes, ces rognures de la médiocrité ; gouvernés par des radicalisés de la bellicosité, des fous de Dieu Capital, déterminés à déclencher la troisième guerre mondiale.

Pour se maintenir au gouvernement, les classes dominantes s’ingénient à concocter au peuple des élections indigestes, servies sur un plateau consultatif présidentiel ou référendaire, pour le gaver d’illusoires espérances. Pour le nourrir de promesses spécieuses. Et, surtout, pour le dévoyer de ses besoins fondamentaux : avoir un travail avec un salaire convenable, disposer d’un logement décent, bénéficier de services sociaux, éducatifs et hospitaliers efficients ; jouir d’un droit de contrôle souverain sur la structuration sociale et politique de la société et sur la gestion de l’économie de son pays.

Ironie de l’histoire, si avec les empereurs romains la plèbe avait droit au célèbre Panem et circenses (Du pain et des jeux), avec les bourgeoisies mondiales contemporaines décadentes on a droit au cirque électoral sans le pain (sans les droits sociaux ni économiques).

Le peuple a droit au jeu démocratique sans enjeu économique, car celui-ci ne fait l’objet d’aucun débat, d’aucune élection, étant entendu que l’économie et la finance demeurent la sphère privée des puissants, l’apanage exclusif de la classe dominante.

En Europe, en France et partout où domine la dictature du capital, dans cette période de marche forcée vers la guerre généralisée planifiée par les faucons atlantistes, en toute circonstance consultative politique, à chaque scrutin, le peuple doit dorénavant décliner ces invitations électorales où il joue juste le rôle de convive. Où la classe dominante lui sert toujours les mêmes plats électoraux faisandés, assaisonnés de sauces politiques fignolées pour masquer les pestilentielles puanteurs de son putride ragoût programmatique socio-économique corrompu par le capital.

En Europe, en France et partout où domine la dictature du capital, le peuple ne doit plus se laisser dévorer par ces loups politicards. Cette espèce de canidés, avec leur soyeux pelage bichonné avec l’argent extorqué aux travailleurs, leur museau étiré à force de mensonges, leurs courtes pattes aplaties à force de courbettes, leurs baves dégoulinantes en guise de discours, leurs aboiements martiaux comme moyen d’intimidation, leurs yeux chassieux cernés par la peur du peuple, leurs oreilles dressées pour écouter les ordres de leurs maîtres, leurs crocs en vérité inoffensifs, leur posture toute de vile soumission, ces canidés donc ne sont que les caniches du capital.

En Europe, en France et partout où domine la dictature du capital, il convient donc de tordre le cou à cette naïveté électoraliste politique. De cesser d’offrir aux puissants le pouvoir de tondre les droits du peuple comme des brebis.

Avec sa moutonnière mentalité portée comme une seconde peau, cette peau de la soumission greffée par les puissants par leurs institutions de conditionnement des esprits, le peuple se laisse mener droit vers l’abattoir de l’existence. Cette existence où il rumine en permanence ses tourments et régurgite ses illusions. Où constamment il se ment, à force de croire les politiciens démons. Ces démons qui se présentent avec des figures d’anges, pour lui vendre des songes, qui se révèlent être finalement des mensonges.

 

Khider MESLOUB

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

5 réflexions sur “Élections piège à cons, l’élection européenne ou les bourgeois se partagent les sinécures

  • Ping : Élections piège à cons, l’élection européenne ou les bourgeois se partagent les sin écures | Raimanet

  • 10 juin 2024 à 4 h 54 min
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    La fin de l’ omerta bourgeoise en cours en Europe ?

    La crainte d’une nouvelle guerre mondiale (60%)

    L’offensive russe en Ukraine a rendu aux Européens la conscience de la guerre, sur un continent où la paix, même partielle et relative, rassurait malgré tout depuis plus de 80 ans. Au printemps 2024, 60% des Européens considèrent probable le déclenchement d’une nouvelle guerre mondiale. Les plus inquiets sont les Chypriotes (83%), les Croates (71%), les Maltais (72%), les Polonais (72%), les Portugais (77%), et les Roumains (74%).

    Ce chiffre progresse significativement par rapport aux résultats de notre enquête de 2021 (Libertés : l’épreuve du siècle). L’augmentation moyenne est de +22 points pour l’ensemble de l’Union européenne. La progression la plus forte est enregistrée au Portugal (+35 points), à Chypre (+29 points), en Estonie (+28 points). La crainte d’une troisième guerre mondiale progresse dans tous les pays de l’enquête. Cette progression n’est jamais inférieure à 13 points.

    https://www.fondapol.org/etude/les-europeens-abandonnes-au-populisme/

    Le missile Sarmat ne peut détruire que 1% du territoire de la France

    Les effets d’une explosion nucléaire de plusieurs mégatonnes et mesures de protection possibles.

    https://reseauinternational.net/le-missile-sarmat-ne-peut-detruire-que-1-du-territoire-de-la-france/

    Elections européennes 2024: une dissolution « américaine »
    • Date de l’article10 juin 2024

    https://agauche.org/2024/06/10/elections-europeennes-2024-une-dissolution-americaine/

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    • 10 juin 2024 à 11 h 07 min
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      Merci VLAD pour ce post documenté.

      Je ne crois pas cependant que « les européens » soient « abandonnés aux partis politiques populistes »

      Abandonnés par qui ???? Qui sont ces « européens » dont parle cet article du think tank Fondapol ???? https://www.fondapol.org/etude/les-europeens-abandonnes-au-populisme/

      L’activité politique dans chaque pays européen est le fait du Grand capital multinational et cette activité politique se matérialise sous la forme de partis politiques bourgeois (de gauche et de droite) représentant chacun une faction particulière de la classe dominante nationale (c’est-à-dire de la grande – la moyenne et la petite bourgeoisie), bras exécutif local – national et mondial du Grand capital qui ordonne l’ensemble de la scène politicienne.

      Une élection comme les élections européennes d’hier le 9 juin n’est qu’un concours de popularité (un peu comme l’Eurovision des politicailleurs) ou se confronte les différents polichinelles – mascottes – artistes – équilibristes – saltimbanques bourgeois afin de démontrer à leurs patrons (les milliardaires et autres actionnaires corporatifs) l’état de leur faction respective.

      La conséquence de cette activité politicienne sera que les différentes factions capitalistes, en lutte pour le pouvoir d’État, exigeront par la suite le réaménagement des subventions, des sinécures gouvernementales, des budgets et des programmes étatiques plus conforme au degré de « popularité » – de mystification programmatique – obtenu par les urnes lors de la mascarade électorale.

      Ainsi, en France par exemple, les « bourgeois macronistes » anti-populaires ne devraient prétendre qu’a 16% des crédits étatiques alors que les populistes anti-populaires du Rassemblement National seraient en droit de prétendre à 40% et plus des crédits étatiques toutes sources confondues. Idem pour l’ensemble des partis politiques et factions bourgeoises ayant participé à ce show électoral minable.

      Macron = mauvais perdant, mauvais coucheur = remet en cause ces résultats électoraux et exige la rebelotte afin que la faction du capital qu’il représente s’accroche au pouvoir politique et financier. Il croit que les autres factions bourgeoises prises de court n’auront pas le temps de mobiliser leur force électoralistes et qu’il leur ravira leur victoire des européennes.

      Bien évidemment, le prolétariat n’a rien à faire de ces magouilles électorales – des européennes comme des nationales ou des régionales ou des municipales – Pour nous TOUTES ÉLECTIONS EST UN PIÈGE À CONS https://les7duquebec.net/archives/292140 = celles-ci comme celles à venir.

      Les « européens » ne sont pas « abandonnés » aux partis « populistes »… Le Grand capital européen défiant – fait désormais de plus en plus confiance aux factions social-fascistes de droite plutôt qu’aux factions social-fascistes de gauche pour gouverner leur exécutif étatique. Ce que les macronistes apprendront en juillet prochain.

      Pour nous prolétaires nous comprenons ce qui est en jeu et nous préparons le changement de paradigme.

      Robert Bibeau

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  • Ping : Des sociaux fascistes de gauche aux sociaux fascistes de droite…la politique électorale en France – les 7 du quebec

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