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Le dégagisme comme le «barragisme» ne sont point de l’«engagisme» mais de l’angélisme et de l’«enragisme» bourgeois

Par Khider Mesloub.

 

Ces dernières années, depuis son éclosion lors de la «Révolution de jasmin», qui fleurait un parfum d’imposture, le «dégagisme» s’épanouit partout dans le monde au gré de la germination des révoltes. Cette nouvelle floraison protestataire exhale un relent d’arnaque politique. Ce n’est pas anodin qu’elle pousse sur tous les terrains minés par les tremblements sismiques des luttes sociales : au moment de l’entrée du capitalisme dans une crise systémique. 

En France, sur ce terreau politique, empestant la truanderie, a germé dans le même temps le «barragisme». Le barragisme est cet impulsif et intempestif mouvement électoraliste interclassiste qui fleurit à chaque scrutin où le parti d’extrême droite français, le Rassemblement national (Front national) rafle massivement les suffrages des électeurs…épiphénomène électoraliste ayant pour fonction de diriger la hargne populaire pleinement justifiée vers le cul de sac électoraliste – manière pour le capital de se servir de cette colère pour consolider son pouvoir dictatorial…le Front populaire formant le deuxième visage de Janus.

Ce mouvement est initié à chaque déconvenue électorale présidentielle ou législative essuyée par les mauvais perdants de droite comme de gauche, ces enragés autoproclamés défenseurs de la République bourgeoise française. L’objectif de ces chicaneurs enragés est de « faire barrage à l’extrême droite » quand son principal parti, le Rassemblement national, se trouve en position de force pour remporter les élections législatives ou présidentielles au second tour du scrutin. Par le « vote barrage » du second tour, les enragés autoproclamés démocrates escomptent ainsi priver le RN de la victoire. Et, par conséquent, empêcher le RN d’accéder à la présidence ou de remporter une majorité absolue à l’Assemblée nationale.

Ces manœuvres et tractations électorales, ourdies par le bloc gouvernemental et les partis institutionnels affidés, trahissent tout à la fois l’imposture de la démocratie bourgeoise et le mépris des élites pour la souveraineté populaire, pour le vote du peuple. Ces manœuvres électorales sont l’expression d’une rage élitiste manifestée contre toute dissidence politique menaçant les sinécures et les prébendes des gouvernants et partis institutionnels établis.

Pour rappel, l’instrumentalisation du RN et la manipulation du credo « barrage au fascisme » ont pour fonction, en période de crise économique aigüe, de montée des tensions militaires internationales et de marche forcée vers la guerre nécessitant l’union sacrée, de terrifier et de dévoyer la population afin de créer un sursaut national pour tout à la fois sauver les institutions menacées d’implosion, imposer l’austérité aux travailleurs et enrégimenter la population. En résumé pour sauvegarder la domination de la bourgeoisie et pérenniser le système capitaliste.

Le présent article a été rédigé à l’époque du surgissement du Hirak algérien. Quoiqu’il traitât du phénomène dénommé dégagisme, ce texte peut s’appliquer aux promoteurs de la politique du barragisme.

Si les activistes du mouvement dégagiste luttent pour déloger les locataires du pouvoir pour s’y installer à leur place, les animateurs du mouvement barragiste, tous membres des partis institutionnels et dirigeants gouvernementaux établis, au contraire, bataillent pour empêcher le parti vainqueur en lice, souvent d’extrême droite, de concrétiser sa victoire obtenue au premier tour, que ce soit à la présidence ou à l’Assemblée nationale.

Je republie mon texte avec quelques réactualisations indiquées entre parenthèses.

Face au vide du pouvoir, le dégagisme veut ériger le pouvoir du vide

 « Force est de constater que cette nouvelle culture politique de lutte réformiste (le dégagisme, expérimenté en Algérie avec le Hirak) permet d’amortir les secousses telluriques révolutionnaires.

C’est la dernière invention bourgeoise du programme antisismique social. De même, ce n’est pas innocent qu’elle soit cultivée avec soin par les couches petites et moyennes bourgeoises en crise, ces classes de plus en plus précarisées et paupérisées, pour en faire leur terrain stérile de lutte réformiste : ce nouveau fumier politique bâti par les classes dominantes internationales à l’intention des déclassés pour les persuader qu’ils peuvent faire repousser leurs espoirs déçus, leur prospérité déchue, leur existence sociale sacrifiée par le capital, par la culture de la contestation citoyenne, au moyen d’engrais électoraux intoxiqués par le réformisme.

Le dégagisme est l’ultime soupir de la classe petite-bourgeoise accablée par le désarroi social, travaillée par l’incertitude professionnelle, dévorée par l’angoisse de l’avenir, tétanisée par la peur de sa déchéance ; meurtrie par l’anéantissement de son statut social qu’elle pensait, dans sa croyance puérile et sa crédulité démocratique, éternel, garanti par l’État-providence, en vrai pour les riches. (De même, le barragisme est cet ultime sursaut déclenché par des gouvernants et des partis institutionnels établis pour défendre leurs privilèges, leurs fonctions directionnelles étatiques, parlementaires, politiques, autrement dit préserver leur emprise sur l’État, leur empire sur les institutions)

Sa lutte se réduit à un sauvetage d’un monde en plein naufrage historique qu’elle tente désespérément de secourir de la noyade. Son combat est l’expression de sa misère politique, de sa protestation illusoire contre sa disparition, sa putréfaction sociale. Elle constitue l’esprit chagrin d’une époque dépourvue d’esprit authentiquement révolutionnaire.

Le dégagisme est le nouvel opium politique des classes petites et moyennes bourgeoises réellement engagées dans la voie de la tragique paupérisation, la cruelle prolétarisation. C’est le nouvel étendard revendicatif illusoire, emblème des malheurs futurs. C’est le réceptacle des vallées de larmes.

Le dégagisme est la fleur enivrante qui veut masquer les effluves de l’oppression. La feuille de vigne qui tente de cacher les chaînes de l’exploitation.

Le dégagisme n’est que le soleil illusoire qui se hisse dans le ciel des revendications éthérées portées par une classe petite-bourgeoise atterrée, déjà par le capital enterrée, de l’Histoire retirée.

Le dégagisme, vocable popularisé à la suite de la grande révolte des pauvres de Tunisie de 2011, constitue le dernier avatar de l’engagement stérile politique exprimé par la désobéissance civile ou le combat par les urnes, aux fins de déloger des gouvernants jugés incompétents ou illégitimes, pour les remplacer par une autre clique mafieuse équivalente.

Le barragisme est un mouvement similaire mais inversé : c’est le combat désespéré d’une clique gouvernementale et politique mafieuse pour tenter, par des machinations électorales, notamment par l’agitation de l’épouvantail « fasciste » et la criminalisation, d’éviter son éviction du pouvoir, son expulsion politique.

Le dégagisme ne propose nullement de s’attaquer au pouvoir capitaliste dans sa globalité. De renverser l’ordre établi. Mais simplement de moraliser la vie politique par l’élection d’une nouvelle bande dirigeante censée pouvoir purifier les institutions gouvernementales et parlementaires, au sein de la dictature capitaliste.  (Avec le barragisme, c’est le contraire : la clique mafieuse gouvernementale et politique s’active pour préserver intactes et inchangées ses institutions colonisées par ses affidés, sauver son système clientéliste.) 

Le slogan « Dégage » devenu le cri de ralliement de la petite-bourgeoisie enragée

Le dégagisme est le fruit pourri du vide politique, qui veut le remplacer par la politique du vide. Dans le dégagisme, le nec plus ultra de l’engagement politique se borne à l’injonction incantatoire magique proférée poliment : « Dégage ! ».

Qu’importe la suite. Qu’importe l’avenir, jamais politiquement conscientisé par un programme de remplacement collectivement élaboré, rationnellement réfléchi, politiquement rigoureux, économiquement révolutionnaire, porté par une organisation de classe représentant les intérêts de l’immense classe laborieuse majoritaire de la société, résolue à imposer de nouveaux rapports sociaux sur des fondements économiques en rupture radicale avec le capitalisme.  (Le barragisme, lui, lutte contre la vacuité politique, portée supposément par l’extrême droite, pour mieux pérenniser sa viduité gouvernementale, son néant institutionnel.)

Au contraire : face au vide du pouvoir, le dégagisme érige le pouvoir du vide. Pour le dégagisme, il ne s’agit pas de s’emparer du pouvoir, mais d’expulser les locataires du pouvoir. Le dégagisme est la politique qui, pour remédier à l’absence de solution politique, propose la solution par l’absence politique. Aux clivages politiques, il préfère les rivages du consensus politique, cette forme de chavirage de la pensée, du naufrage de la lutte.

À l’évidence, depuis quelques années, le célèbre slogan « Dégage !» est devenu le cri de ralliement de cette petite bourgeoisie enragée.

Dans chaque lutte, le dégagisme est brandi comme cri de protestation, mais en vrai comme prière de prosternation.

Parce qu’il est employé à l’impératif comminatoire, le cri « dégage » se croit pourvu d’un pouvoir incantatoire, capable d’accomplir des miracles politiquement libératoires. Ou d’un esprit foudroyant apte à neutraliser le pouvoir, à briser sa résistance.

Le dégagisme est modelé par la pensée magique, reflet de son immaturité politique. La pensée magique politique s’attribue des pouvoirs de provoquer l’accomplissement de transformations sociales, de permettre la résolution de problèmes économiques sans intervention de collectifs politiquement structurés.

Le dégagisme c’est la politique de l’opposition pseudo radicale sans proposition politique subversive et insurrectionnelle

 Le dégagisme, qui connut son heure de gloire notamment lors du mouvement du Hirak algérien, ne reconnaît aucune autorité, il se manifeste au-delà des clivages traditionnels politiques. C’est la politique de l’opposition pseudo radicale sans proposition politique subversive. C’est l’exigence du départ absolu du pouvoir sans départ d’aucune exigence politique absolue. C’est l’expression du romantisme politique dans une société déchirée par la tragédie sociale. C’est la fin spectaculaire des représentants politiques, mais non pas du spectacle de la représentation politique toujours à l’affiche de la république bourgeoise dominante.

Le dégagisme prône la fin de la politique sale, mais sans proposer une politique en propre. Il s’attaque à cette caste politique virale, mais jamais au système dominé par le capital létal.

 


Le dégagisme comme le « barragisme » ne sont point de l’engagisme mais de l’angélisme et de l’enragisme (II)

C’est un mouvement contestataire polymorphe, mais toujours à la combativité amorphe, à la perspective politique fantasmagorique, aux propositions économiques folkloriques, au programme social fantomatique.

C’est un mouvement dépourvu de vision politique. Aussi, affecté par la cécité politique, navigue-t-il à vue. De là s’explique qu’il s’engage aveuglément souvent dans les dédales de revendications étroites, sans horizons politique et sociale. Il n’envisage jamais d’emprunter les grands boulevards de l’émancipation sociale collective, mais les sentiers sinueux de la libération narcissique et libidinale.

La lutte contre l’aliénation et l’exploitation a été remplacée par la promotion de la démocratie bourgeoise, au moment où partout celle-ci s’essouffle, se désagrège du fait de son impuissance politique avérée et de sa déliquescence économique avancée. (Du reste, le barragisme s’inscrit également dans cette dynamique interclassiste et capitaliste, puisqu’il défend l’ordre existant, l’économie de marché et la marche de l’économie vers la militarisation de la production et la caporalisation des travailleurs.)

Le dégagisme promeut la démocratie, notion abstraite car elle ne renvoie à aucune réalité sociale ou économique, réalité déconnectée de la sphère politique. (Tout comme le barragisme promeut l’épouvantail fasciste fantasmé car il ne se rapporte à aucune réalité, pour pérenniser la domination des classes dirigeantes installées au pouvoir exécutif, parlementaire et politique.)

Paradoxalement, le dégagisme n’introduit jamais la lutte au sein du monde du travail, dans les entreprises, mais uniquement dans l’univers éthéré de la sphère politique, au sein d’instances dépourvues de tout pouvoir économique, détenu par les classes dominantes, les puissances financières. (Tout comme le barragisme qui prône la lutte contre le fascisme par les urnes mais jamais par les armes de la grève générale et l’occupations d’usine pour faire plier son principal soutien, le capital.)

Le dégagisme revendique la transition politique sans transiter par la politique

Le mouvement dégagiste ne cherche pas à renverser le cours de l’histoire. Ses revendications, portées par des individus atomisés révoltés, récusant toute forme de hiérarchie et de délégation de pouvoir, exprimées en dehors de toute structure organisationnelle traditionnelle, se réduisent à rejeter les dirigeants, les formations politiques et leurs programmes, les centrales syndicales, la récupération politicienne. Mais sans proposer d’alternative politique, de solutions économiques. Ni une alternative politique, ni une société alternative. (Tout comme le barragisme déclenché par les gouvernants et les partis institutionnels dominants du moment, s’ils prétendent lutter contre l’avènement du fascisme, ce n’est certainement pas par des propositions d’alternative politique, de nouveaux projets économiques.)

Le dégagisme revendique la transition politique sans transiter par la politique. En fait, il ne se bat pas pour changer les fondements économiques de la société mais veut uniquement modifier les pratiques politiques. C’est le degré zéro de l’engagement politique. (Avec le barragisme, c’est la même absence de modification de fondements économiques et pratiques politiques qui animent ses partisans artisans du statu quo, du maintien du chaos.)

Grâce au dégagisme, le capital aura réussi à se dégager de toute remise en cause. Le mouvement dégagiste lui assure sa sécurité, sa pérennité, sa rentabilité. (Le barragisme, lui, assure la sécurité, la rentabilité et la pérennité des protecteurs institutionnels du capital, gouvernants et politiciens du moment.)

En fait, le mouvement dégagiste ne propose aucun débouché politique en termes de programme. Pour le dégagisme, il n’est nullement question de renverser le capitalisme. Son combat est purement populiste. Il proclame lutter juste contre l’humiliation, l’accaparement du pouvoir et des richesses par la caste minoritaire dirigeante (ou plutôt juste dérangeante car elle ne lui distribue pas assez de prébendes rentières, notamment en Algérie), contre la répression policière, mais paradoxalement jamais contre l’oppression et l’exploitation capitaliste.

Le képi (policier) est érigé en unique ennemi à combattre dans les rues lors de stériles émeutes (le Mouvement des Gilets jaunes illustra parfaitement cette dérive de la violence futile portée par ces dégagistes). Mais jamais le capital, personnifié par les patrons et les financiers, pourtant véritables responsables de l’exploitation et de l’oppression.

Quoique parfois exprimé sous des formes radicales, notamment par l’usage de la violence, le mouvement dégagiste aspire uniquement amender la démocratie, par l’instauration de nouveaux droits, non la mettre pénalement à l’amende : la remettre en cause. (Tout comme les barragistes affairistes institutionnels qui se cantonnent à défendre « leur démocratie lucrative » contre les empiètements des cliques politiciennes mafieuses rivales, taxées de « fascistes » pour les disqualifier et leur barrer la route du pouvoir, ne proposent nullement la moralisation et la purification de leur démocratie marchande moribonde.)

Le dégagisme est le meilleur défenseur de la démocratie bourgeoise. Il verse dans l’activisme effréné pour mieux freiner la réflexion de la praxis: il prône la politique de l’action, mais en ne s’appuyant sur aucune théorie politique. C’est la praxis pure, dépourvue de toute théorie. La réflexion constructive a cédé devant l’action destructrice. C’est la politique du coup de poing. De l’émeute. Des barricades. Érigée en pratique normalisée.

Aucune conscience de classe n’anime sa lutte. Aucun projet d’émancipation humaine n’inspire son combat. Aussi, réduit-il son combat à des actions immédiates imprévisibles et inorganisées, souvent éparpillées en de multiples collectifs sectoriels (identitaire, religieux, féministe, écologique, etc.).

De manière générale, si l’irruption des luttes sociales traditionnelles permettait d’interrompre le bon fonctionnement du monde marchand pour le subvertir par la paralysie économique en vue de l’anéantir, le surgissement du mouvement dégagiste, quant à lui, s’érige juste en instance de rééquilibrage politique pour huiler les rouages de la société marchande par une meilleure redistribution des richesses dans le maintien des inégalités sociales, la préservation de la société de classe, du mode de production capitaliste.

Aussi, à la lutte consciente collective menée en vue du renversement de l’ordre établi, le mouvement dégagiste privilégie-t-il les petites actions spontanées de désobéissance civile et les doléances citoyennes pour améliorer la démocratie par le colmatage politicien. (Tout comme le barragisme qui vise uniquement à préserver les intérêts du capital et à persévérer à se placer comme son unique mandataire dans la gestion lucrative des institutions étatiques, parlementaires et politiques du pays.)

Le mouvement dégagiste refuse de penser une lutte en rupture avec la société capitaliste. De là s’explique qu’aucune personnalité, aucun leader n’émerge au sein du mouvement dégagiste, à l’exemple du Mouvement 22 février en Algérie et des Gilets jaunes en France, tous deux dégagés, au final, de l’Histoire comme une inopportune excroissance impolitique. (Tout comme les barragistes du moment finiront par être, soit expulsés par leurs maîtres, soit balayés par la révolution.)

Le dégagisme verse dans l’hystérie politique par des actions autodestructrices et l’autoflagellation sociale

 Adepte de la désobéissance civile et de la non-violence, le mouvement dégagiste cultive abondamment l’activisme routinier exprimé dans des postures moralisantes et par des suppliques éplorées. D’où sa propension à recourir aux conciliantes pétitions, aux convocations de référendums « démocratiques » organisés au sein de la dictature capitaliste, qui, elle, par la répression et l’incarcération des protestataires, vient leur rappeler qu’elle ne verse pas dans l’angélisme.

Animé par l’instinct, le dégagisme verse souvent dans l’hystérie politique par des actions autodestructrices et l’autoflagellation sociale. Ce mouvement régressif a troqué le principe de réalité contre le principe de plaisir. C’est un mouvement d’enfants gâtés. D’enfants rois qui méprisent le peuple, mais jalousent les classes privilégiées régnantes auxquelles ils s’identifient, et surtout qu’ils voudraient remplacer. Le mouvement dégagiste surgissant souvent spontanément, il est normal qu’il privilégie l’immédiateté et l’urgence. (Tout comme le mouvement barragiste, dont le mépris du peuple est proverbial, œuvre des élites gâtées, instinctivement défend avec acharnement, y compris par la diffamation et la criminalisation de ses adversaires politiques, sa chasse gardée, le contrôle de l’État et des institutions parlementaires, pour éviter d’être délogé)

L’action directe et la revendication protéiforme, jamais cohérente ni coordonnée. Et son combat ne s’inscrit jamais dans la perspective d’un changement de société. Quelques ridicules concessions accordées par le pouvoir suffisent pour apaiser sa colère, rabattre ses revendications. Un simulacre de remaniement ministériel suffit pour dégonfler ses prétentions combatives. Pour le faire regagner sa niche, après ses aboiements bienveillants.  (Tout comme le barragisme, dont l’incohérence et l’amateurisme constituent la marque de fabrique, se contente d’un simulacre et chaotique remaniement gouvernemental et parlementaire arraché au forceps au moyen d’une élection éclair organisée dans la précipitation, pour apaiser ses craintes de perdre le pouvoir, c’est-à-dire sa rente politique.)

Dans l’optique sans perspective du dégagisme, l’action doit se limiter à l’exercice de pressions sur le pouvoir, à l’usage de l’influence (lobbying) pour infléchir les politiques gouvernementales, au recours aux manifestations pacifiques en vue d’arracher des utopiques droits politiques. (Le barragisme exerce, lui, la pression et le chantage au fascisme sur les électeurs pour obtenir leurs suffrages, arracher leur vote par le dol, d’aucuns diraient le vol d’un consentement électoral obtenu par des pressions politiques et médiatiques dignes des méthodes employées couramment par la mafia.)

Ainsi, les actions doivent aboutir à l’aménagement du capitalisme par le truchement des contre-pouvoirs institués aux fins de favoriser les politiques d’assistanat social, et surtout les revendications sociétales très prisées par les classes petites-bourgeoises en phase avec le nouveau capitalisme libertaire.

En résumé, pour le dégagisme, la politique doit consister à gérer la misère et non à l’abolir. À négocier quelques accessoires aménagements politiques, à arracher pacifiquement quelques marginales concessions sociales éphémères. Aussi, le dégagisme est-il un mouvement foncièrement réformiste. Et le réformisme est l’autre nom de l’angélisme. » (Tout comme le barragisme est un mouvement interclassiste foncièrement bourgeois animé par la rage du mauvais perdant. C’est un mouvement d’enragés au programme gouvernemental fondé sur l’enragisme, la rage politique.) »

 

Khider MESLOUB

 

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

3 réflexions sur “Le dégagisme comme le «barragisme» ne sont point de l’«engagisme» mais de l’angélisme et de l’«enragisme» bourgeois

  • Mémoire

    C’est une écriture qui hurle avec tous ces noms communs soulignés d’adjectifs avant ou après ou les deux pour être sûrs qu’on a entendu et compris. Vous voulez convaincre cotre lecteur ? Utilisez les bons mots forts en eux-mêmes.
    Seule commentaire sur le fond : un référendum demande de voter pour ou contre (par exemple les référendums qui en France ont amené De Gaulle à démissionner ou la France à rejeter le traité européen) donc une élection bourgeoise ou non peut se résumer à voter contre un candidat parce qu’on ne veut pas des atteintes à la liberté qu’il propose (ou fera une fois élu) ; le mot liberté s’entend au sens large : penser, contester, refuser… et les actions de droit : à l’avortement, à la sexualité qu’on veut, au sexe, à l’art etc.
    La bourgeoisie française continue à ne voir que l’argent au mépris de l’humanité, des sexes, de l’intelligence, de la création, de la nature, de la vie etc. Et provoque les guerres ! Le RN propose (dans son programme ou dissimulé sous le tapis) en plus l’interdiction de la liberté et la violence permanente sans oublier le racisme, l’antisémitisme et la violence contre les femmes ou les minorités. Donc les Français doivent voter contre le RN pour éviter le pire.
    Quant au respect de la volonté du peuple : quel que soit le régime depuis des millénaires aucun pouvoir n’a respecté le peuple puisqu’on refuse de l’instruire vraiment pour que son vote soit en toute connaissance.

    Mémoire

    AURORA « The Seed »
    « When the last tree has fallen and the rivers are poisoned, you cannot eat money, oh no »
    https://www.youtube.com/watch?v=-mtCdm4yKxM

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  • ni coco ni sarko

    Cela s’appelle la lutte pour le pouvoir et la lutte autour du pouvoir et elle est légitime de part et d’autre, chaque camps défendant ses valeurs, tant pis si vous n’y croyez pas. cela ne se compare pas a un putsch de l’armée, ou une intervention étrangère, ici, il s’agit de lutte entre forces politiques qui possèdent la légitimité politique de faire ce qu’ils font, et c’est au peuple de les départager et décider. Cette tentative de priver les uns ou les autres d’exercer leurs recours prévu par les lois éléctorales et démocratiques, ou alors d’interpréter tout ceci comme étant des machinations et des complots qui visent a priver le peuple de sa souveraineté et volonté de faire la révolution ne sont que des thèses inutiles et bavardes qui n’engagent que vous, et autant la piètre leçon de morale qui vient avec comme si vous êtiez dépositaire de la confiance et de la foi du peuple français. Un peu d’humilité et de maturité ne vous ferait pas de mal, même si les parties en question, en millions de personnes se foutent eperdument de ce genre de propos en ce moment. Merci et a l’année prochaine.

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