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Le rapport de mission d’Orban (Hongrie) à l’UE indique la voie qu’empruntera l’OTAN en Ukraine vaincue

Par Andrew Korybko.

 

Rien de ce qui y est contenu ne peut être qualifié de manière crédible de « pro-russe » ou même d’« favorable à la Russie », mais simplement pragmatique puisqu’il affirme que l’inaction pourrait entraîner des coûts financiers et autres plus élevés pour l’UE, surtout si Trump remporte les élections et transfère le fardeau du soutien à l’Ukraine sur le dos du bloc européen.

On a beaucoup parlé des missions de paix du Premier ministre hongrois Viktor Orban à Kiev, Moscou, Pékin,  Washington, dont la dernière l’a vu rencontrer Trump, l’UE le désavouant en conséquence et son chef de la diplomatie voulant snober son projet de sommet informel des affaires étrangères. Les eurocrates sont contrariés qu’il ait fait tout cela alors que son pays assure la présidence tournante du Conseil de l’UE, estimant que cela discrédite le soutien du bloc à l’Ukraine, mais leurs craintes sont infondées.

Orban vient de publier le texte intégral de son rapport de mission de paix après que des fragments de celui-ci aient fait surface et donné une impression trompeuse de ses observations et recommandations. Ils ne sont pas aussi scandaleux que certains pourraient le penser puisqu’il conclut simplement que le conflit ukrainien s’aggravera sans une implication diplomatique extérieure sérieuse. En conséquence, il suggère de discuter des modalités de la prochaine conférence de paix avec la Chine ; la reprise du dialogue avec la Russie ; et le lancement d’une offensive politique dans les pays du Sud.

Voilà, rien de plus, rien de moins. Rien de ce qui y est contenu ne peut être qualifié de manière crédible de « pro-russe » ou même de «favorable à la Russie », mais simplement pragmatique puisqu’il affirme que l’inaction pourrait entraîner des coûts financiers et autres plus élevés pour l’UE, surtout si Trump remporte les élections et transfère le fardeau du soutien à l’Ukraine sur le bloc. Rien de ce qu’Orban a écrit n’est controversé, mais il est délibérément déformé de cette façon en raison des intérêts bellicistes de l’élite libérale-mondialiste au pouvoir.

Ils veulent continuer à « se battre jusqu’au dernier Ukrainien » pour des raisons purement idéologiques liées à la croyance dogmatique que leur vision du monde prévaudra inévitablement sur la vision conservatrice-nationaliste de la Russie. De plus, explorer la possibilité d’accueillir conjointement la prochaine conférence de paix avec la Chine donnerait du crédit au rôle diplomatique croissant de cette dernière dans les affaires mondiales, tandis que la reprise du dialogue avec la Russie reviendrait à reconnaître tacitement qu’elle ne peut pas être isolée et qu’elle est indispensable au processus de paix.

Ces résultats supplémentaires sont « politiquement inacceptables » pour les eurocrates, mais la troisième proposition pourrait être mise en œuvre même si elle ne lui accorde pas le crédit qu’elle mérite. Il a notamment appelé au « lancement d’une offensive politique coordonnée envers les pays du Sud dont nous avons perdu l’appréciation de notre position sur la guerre en Ukraine entraînant l’isolement mondial de la communauté transatlantique », ce qui est parfaitement logique, mais doit être fait avec prudence.

Redoubler d’efforts sur les mêmes récits discrédités, accuser la Russie d’être responsable de la dernière phase du conflit ukrainien qui dure déjà depuis dix ans et semer la peur sur ses supposées « motivations impérialistes » dans les pays du Sud, ne fera qu’aggraver les problèmes de soft power pour l’UE. Ce qu’il faut, c’est une approche plus pragmatique qui reconnaisse enfin la complexité du conflit, cesse d’attaquer la Russie et présente l’UE comme un partenaire fiable pour optimiser les équilibres entre les pays du Sud dans la nouvelle guerre froide.

Il est peu probable que tout cela se concrétise de sitôt, mais le fait est que l’UE pourrait théoriquement mettre en œuvre les dernières recommandations d’Orban, même si elle commet toujours les mêmes erreurs qu’auparavant. C’est cependant le moins pertinent pour le conflit ukrainien, mais c’est pourquoi il pourrait le poursuivre sous une forme ou une autre. En ce qui concerne les deux autres recommandations, la première est comparativement plus acceptable que la seconde si les choses se gâtent, mais elles seront probablement rendues inutiles si Trump revient au pouvoir.

Il n’y a aucun moyen qu’il veuille donner au rival systémique de son pays la victoire diplomatique mondiale d’accueillir conjointement la prochaine conférence de paix avec la plupart des membres de l’OTAN, mais il pourrait l’accepter comme un fait accompli au cas où cela se produirait avant son éventuelle investiture. Quant à la deuxième proposition de reprise du dialogue avec la Russie, ils pourraient se sentir contraints de la mettre en œuvre s’il le fait d’abord dans le cadre de sa promesse de médiation pour trouver une solution au conflit peu de temps après sa victoire.

Il est donc dans l’intérêt objectif de l’UE de tenir compte des recommandations d’Orban, qui ne sont pas scandaleuses du tout, bien que le plus que l’on puisse raisonnablement attendre compte tenu de l’attitude des eurocrates à son égard et de ce conflit est qu’ils lancent une nouvelle offensive politique bâclée dans les pays du Sud. Ils n’ont pas l’humilité d’amener la Chine à bord en tant qu’acteur diplomatique égal dans la paix, et c’est idéologiquement anathème pour eux de parler à la Russie, de sorte qu’ils manqueront probablement les opportunités présentées par ses propositions.

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

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