Un autre regard sur l’Algérie (Daoudi)
Par Farid DAOUDI, journaliste-essayiste.
Suite à la lecture d’un texte sur les problèmes culturels en Algérie (1), il devient essentiel d’explorer deux concepts cruciaux pour notre société : le droit à la critique et la liberté de pensée critique. Bien qu’ils soient étroitement liés, ces deux notions représentent des concepts distincts. Cet article se propose d’expliquer ces différences, leur importance et leur situation actuelle en Algérie.
Droit critique et liberté critique: quelles différences?
Le droit à la critique se réfère à la liberté d’exprimer des opinions sur divers sujets, tels que la politique, la société ou la culture. Ce droit est fondamental car il permet à chacun de participer activement aux discussions publiques et d’influencer les décisions qui les concernent. En Algérie, bien que ce droit soit reconnu par la constitution, son exercice peut être compliqué. Les journalistes et les citoyens qui critiquent ouvertement le gouvernement peuvent faire face à des poursuites judiciaires ou des intimidations.
La liberté de pensée critique, quant à elle, est la capacité de réfléchir indépendamment, de questionner les idées reçues et de former ses propres opinions basées sur des faits et des raisonnements logiques. Cette compétence est essentielle pour une compréhension approfondie du monde et la prise de décisions éclairées. En Algérie, le développement de la pensée critique est souvent entravé par un système éducatif rigide et un manque de ressources. Les jeunes ont peu d’opportunités pour développer cette compétence, ce qui limite leur capacité à contribuer efficacement au débat public.
La distinction clé entre le droit à la critique et la liberté de pensée critique réside dans leurs domaines respectifs. Le droit à la critique concerne l’expression de jugements et d’opinions, tandis que la liberté de pensée critique concerne la capacité d’analyser et de formuler des idées de manière indépendante. Pour illustrer cette différence, imaginez le droit à la critique comme le droit de parler et la liberté de pensée critique comme la capacité de réfléchir avant de parler. Cependant, ces deux concepts sont intrinsèquement liés. Le droit à la critique dépend de la liberté de pensée critique pour être véritablement efficace. Sans une pensée critique, la critique peut manquer de profondeur et de pertinence. Inversement, la liberté de pensée critique est nourrie par un environnement où le droit à la critique est respecté et encouragé.
Exemple de la liberté critique : l’Algérie Aléatoire voir ici: https://les7duquebec.net/archives/285070
La situation des élites culturelles et intellectuelles en Algérie offre une illustration pertinente de ces concepts. Si le peuple algérien ne lit pas, les élites culturelles et intellectuelles devraient donner l’exemple. Cependant, ces élites sont souvent ostracisées ou ignorées par les médias, qui préfèrent promouvoir des figures opportunistes et médiocres. Dans ce contexte, l’ouvrage « L’Algérie Aléatoire » de Farid Daoudi prend une nouvelle dimension, montrant comment la liberté d’informer et d’investigation peut être un outil puissant pour dévoiler la vérité et promouvoir le changement.
« L’Algérie Aléatoire » https://les7duquebec.net/archives/285070 publié en juin 2023 par les Éditions Universitaires Européennes au prix de 400 euros, est un essai encyclopédique en quatre tomes couvrant une vaste gamme de sujets, de l’histoire à la politique, en passant par l’économie et la société. Achevé en mai 2018 et préfacé par Belkacem Ahcène-Djaballah, cet ouvrage se distingue par son approche critique et prédictive. Il expose les dysfonctionnements du système politique et économique en place et les sentiments de marginalisation et de désillusion qui en résultent au sein de la population. Les analyses d’experts, accompagnées de données chiffrées, permettent aux lecteurs de mesurer l’ampleur des défis auxquels l’Algérie est confrontée. Malgré la richesse de son contenu, la publication de cet ouvrage a été freinée par la réticence des maisons d’édition algériennes, craignant des représailles sous forme de suppression de subventions. Un soutien financier de l’État, souhaité par Dar El Othmania, permettrait de démocratiser ce trésor de savoir et de le rendre accessible au plus grand nombre. Cette démarche s’inscrirait pleinement dans les principes de transparence, de liberté d’expression et de compréhension mutuelle prônés par la nation algérienne.
Encourager la réflexion critique
L’importance de ce livre réside non seulement dans son analyse critique de la situation algérienne, mais aussi dans son rôle en tant qu’outil pour encourager la réflexion critique. Il montre comment la liberté d’informer peut être utilisée pour anticiper les mouvements sociaux et politiques, comme le Hirak en 2019, et pour encourager une réflexion critique sur l’état de la nation. La réaction de Bouteflika en 2011 (“trop de chiffres! …”) à une première mouture de l’ouvrage, ainsi que la réticence des éditeurs nationaux, suggèrent que son contenu pourrait être perçu comme sensible ou critique envers le régime en place, soulevant des questions sur la liberté académique et le droit à l’information en Algérie.
La critique de Michel Foucault sur les relations entre pouvoir et connaissance, ainsi que les concepts de Bakhtine sur le dialogue et la polyphonie, peuvent éclairer cette situation. Foucault a montré comment le contrôle de l’information et de la culture peut être utilisé pour maintenir le pouvoir. En Algérie, les élites culturelles et intellectuelles sont souvent accusées de ne pas lire suffisamment pour mériter l’adjectif « éclairées ». Cela s’explique en partie par le fait que le pouvoir en place préfère soutenir une caste intellectuelle servile plutôt qu’une véritable élite critique et libre, perpétuant ainsi une médiocrité culturelle.
En conclusion, le droit à la critique et la liberté de pensée critique sont deux piliers essentiels pour le développement d’une société algérienne démocratique et progressiste. Bien que reconnus en théorie, leur mise en pratique reste un défi en Algérie en raison des contraintes politiques, sociales et éducatives. Promouvoir ces valeurs nécessite un engagement collectif pour réformer les systèmes existants, protéger les voix critiques et encourager l’indépendance intellectuelle. En fin de compte, une société où la critique et la pensée critique prospèrent est une société plus juste, plus éclairée et mieux préparée à affronter les défis de l’avenir./
Farid DAOUDI, journaliste-essayiste.
Note :
(1) Problèmes culturels dans l’Algérie «nouvelle», texte de Kadour Naïmi, https://tribune-diplomatique-internationale.com/2024/problemes-culturels-dans-lalgerie-nouvelle/
Versão em Língua Portuguesa:
https://queonossosilencionaomateinocentes.blogspot.com/2024/08/outro-olhar-sobre-argelia-daoudi.html
tous ces « analyses » sur le manque de liberté d’expression, de la faillite de la démocratie etc, sont encore plus qu’avant une accumulation de mots creux et insipides.
Les pays occidentaux qui se sont auto-proclamés les dignes réprésentants de ces belles valeurs théoriques, nous ont montré qu’ils ne sont qu’un fatras de mensonges, de mises en scènes bien ficelées (de moins en moins bien d’ailleurs), de leaders corrompus et pervertis jusqu’à l’os.
Oui, en Algérie il y a des problèmes à régler d’urgence mais ils ne sont certainement pas relatifs au manque de liberté de penser ou de critiquer. je dirais meme que cette liberté est trop grande et permet une trop grande diversité d’opinions, de tendances et de prises de position.
Le monde est en guerre, une guerre de survie. Ce n’est plus le temps de chercher à critiquer et à faire de la masturbation intellectuelle.
@ FATIMA
La publication de cet article – à la demande de l’auteur – t’aura permis de faire cette excellente mise au point Fatima
ton post est excellent Fatima
Robert Bibeau
l’Algérie est un pays très arriéré non pas a cause de son peuple, mais a cause de ses elites, ce pays, comme bon nombre qui se soient décolonisé, reposent sur de gros mensonges, a commencer par l’éloignement de ceux qui ont véritablement combattu le colonialisme, le deni de tous les véritables martyrs, et leur remplacement par les clans mafieux qui ont pris le pouvoir ! qu’attendez-vous de États policiers bâti au lendemain de l’indépendance dans tout le Mahreb et l’afrique avec l’aide de l’ancien occupant ?! l’assassinat et la persécution des vrais résistants et des vrais ayants droit est la règle qui continue de mettre tout ce monde Arabe a genoux et donner de lui la piètre image de défaite, d’echec, et de poubelle sociale et intellectuelle et politique du monde ! Alors que l’Amérique latine, l’Asie ont commencé très tôt a travailler sur leur alliances de non alignés, les maghrébins, les arabes et les Africains travaillaient sur leur division ! Gouvernés exclusivement par des Mafieux, le résultat est on ne peut plus choquant au 21ème siècle encore, et tous a ce jour, continuent a vouloir maquiller leur echecs en victoires et en propagandes, alors que tous continuent d’exporter des boat people, des exilés et des fuyards et nous-mêmes en sont la preuve qui vivons en exil, car comme dit le dicton Marocain »Aucun chat ne fuit la maison de noces »…. ! :))
Aujourd’hui, alors que les systèmes d’enseignement sont au plus bas de leur histoire dans tous ces pays-la, on cherche a convaincre faussement les peuples que la victoire et la réussite réside dans cette division et cette déchéance sociale, économique et dans la haine aux autres, et on cherche a utiliser la géopolitique pour justifier tout ceci, car de géo-politique il n’en existe qu’une qui soit de survie pour tous ces régimes, géo-politique basée sur les recettes des ressources naturelles, et aucunément une géo-politique active ou jouissant du moindre respect et poids véritable parmi les nations !
les Quadra d’Alger qui oeuvrent a ce jour pour cette politique et tentent de convaincre les Algériens qu’il s’agit »d’indépendance et de souveraineté » et de toute la propagande qui va avec, ont réussi le pari de transformer ce pays en riche Émirat pétrolier et gazier pour les élites, pendant qu’on se fout du peuple, et on maintient les équilibres a coup d’importations et de subventions des denrées alimentaires a fond la caisse ! comme si le peuple avait les bras cassés, ou comme si le peuple ne se soucie que de son ventre, et après avoir rempli la panse, il doit se mettre a genoux et chansonner pour les cliques au pouvoir ! quel beau et merveilleux model en effet !
Au Maroc, c’est la même histoire exactement, mais avec de légères differences, ici comme il n’y a ni pétrole, ni gaz, on emploie le peuple a des salaires de misère, on lui inflige toutes les violences auquel il n’est pas outillé, et on l’abandonne, mais on tient aussi a ce qu’il se remplisse la panse et se mettre aussitôt a genoux pour encenser les quadra du pouvoir policier, la monarcie et les élites mafieuses tout autant !
Dans toute l’Afrique et le reste du monde Arabe, le même modèle est poursuivi, et tous aujourd’hui, face a leur echecs et impuissance totale sur la scène internationale, hissent des slogans du genre »Taza avant Gaza »… slogan marocain chez une partie du peuple et les soumis au pouvoir qui veut dire, on doit s’occupper de nos propres problèmes avant de voir la Palestine ou les questions de géo-politiques, car nous sont interdites de toute façon, et seuls une poignée de ploucs et de corrompu au pouvoir ont le droit de parler géo-politique ! on est mort de rire ! Ainsi la lutte de jadis a été transformée en lutte »Khobziste », Kobz qui veut dire pain du peuple, c’est a dire la lutte est devenue la lutte pour le ventre seulement, et toute lutte qui devient que celle du pain, ne présage rien de bon en effet, car une fois la panse remplie, les guerres intestines peuvent commencer, les trahisons et les calculs minables, comme c’est le cas aujourd’hui du modèle qui promeut la division et l’echec sur tous les plans !
Les véritables intellectuels et militants de la liberté et de la grandeur de nos peuples et nos nations sont taxé aujourd’hui de fouteurs de zizanie, de félons et de rebels vendu aux occidentaux, et sont remplacé par de faux intellectuels et de faux militants, qui prêchent le nationalisme a outrance, le fascisme d’État, et la propagande religieuse ou nationaliste qui servent bien ce dessein ! et »tout le monde est content »…. et gare a quiconque qui continue d’emmettre des doutes, des critiques, ou des remises en question a ce modèle en faillite ! nos régimes ont une peur bleue de la liberté d’expression, la simple expression leur fait tellement peur, et pour la contrer, ils menacent le peuple de guerre civile, leur disent regardez ce qui s’est passé en Lybie, en Syrie, est-ce vraiment cela a quoi vous aspirez !? :)))) bref, ils ont convaincu une partie du troupeau qu’en dehors du scénario Lybien et Syrien, le troupeau ne peut aspirer a autre chose, et il vaut mieux cultiver le mensonge collectif, fermer les yeux sur les dysfonctionnements graves de nos pays, se cannibaliser pour arracher sa part de gâteau comme tout le monde, au détriment des autres ! avec des institutions corrompues qui ne fonctionnent même pas a moitié ! et tous promeuvent le modèl de la »rente a vie », soit dans la fonction publique, soit dans le privé et le business, et après moi le déluge !
Ce modèl d’echec et de faillite totale de nos pays ne fonctionne pas pour eux en réalité, et c’est pour cette raison qu’il demeurera dans tous nos pays un noyau dur de résistance qui dénoncera tout ceci, si ce n’est pas la majorité du peuple silencieuse qui observe tout ceci et ne dit rien, car elle sait bien de quel jeu de dupes il s’agit depuis toujours et qui ne fait rien d’autre qu’enfoncer nos pays dans plus de défaites, d’echecs et de honte, et d’exclusion des plus faibles et des plus vulnérables par millions !
Pour résumer, on dira que la Lutte »Khobziste » pour le pain a remplacé la lutte pour la Dignité ! et les incompétents et ploucs au pouvoir sont adulé a cette fin ! et le peuple observe et se tient a carreau… de peur de faire les frais et payer le prix que tous ces clans criminels au pouvoir et aux affaires sont prêt a lui faire payer ! et l’état policier fonctionne a plein régime ! a fond la caisse !