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EPR, la tragédie d’une fin annoncée (nucléaire)

Par  OLIVIER CABANEL — On disait le plus grand bien dans les lobbies nucléaire de cette nouvelle centrale nucléaire,

aujourd’hui, on commence à se poser quelques questions.

Elle devait remplacer le parc vieillissant qui au bout de trente ans de services doit sa survie aux rafistolages que l’on espère efficaces, en croisant les doigts, et en touchant du bois.

Mais mettre une « rustine » sur l’acier vieillissant et fissuré d’une cuve de réacteur n’est pas la garantie d’une sécurité sans faille.

Au Tricastin et ailleurs, « les fissures constatées ne garantissent pas son fonctionnement en toute sécurité » affirme Michelle Rivasi, députée européenne, appuyée par la FRAPNA (fédération Rhône Alpes de protection de la nature) et par Jean Pierre Morichaud, son représentant à la Cligeet (commission locale d’information sur les grands équipements énergétiques du Tricastin) lien

Le long feuilleton de l’été dernier (lien et lien) s’est prolongé avec les 39 kilos de plutonium découverts récemment et cachés pendant 3 mois. lien

Aujourd’hui le beau conte de fées qu’on nous a raconté vole en éclats.

Çà a commencé avec l’arrestation d’un militant de SDN (sortir du nucléaire) Stéphane Lhomme lequel avait communiqué un document classé secret défense dans lequel il apparaissait que cette centrale « new style » ne résisterait pas à la chute d’un avion commercial ou militaire. lien

Puis çà s’est gâté en Finlande.

C’est là que l’on tente de construire le premier EPR.

Les retards de chantiers ne seraient rien s’ils n’étaient accompagnés par des augmentations du cout du chantier pharaoniques.

On est passé de 1,5 milliards d’euros, à 3 milliards, et aujourd’hui on évoque le chiffre de 4 milliards d’euros. lien

Quant aux retards, ils sont hors normes : la centrale devait être inaugurée en 2009.

On évoque aujourd’hui  mi 2012…

Jouni Silvennoinen, chef de projet de TVO a même déclaré « la mise en service pourrait même déraper de six mois supplémentaires ».

Il a pointé du doigt les difficultés liées au génie civil, et les retards du développement du système de contrôle commande. (Les Echos 16 octobre)

Mais le plus grave est ailleurs.

On apprend aujourd’hui dans la presse française et étrangère que la sécurité du réacteur EPR est mise en cause.

Pour les autorités de sûreté nucléaire britannique, française et finlandaise, la conception du réacteur EPR est à revoir.

L’information est dans toute la presse du 3 novembre : le Télégramme, les Dernières nouvelles d’Alsace, Est Eclair, Sud Ouest, Metro, Challenges, les Echos, etc. etc.…

De quoi s’agit-il ?

« Il s’agit de renforcer le logiciel de pilotage des futurs réacteurs, qui ne garantit pas en l’état actuel le niveau de sécurité requis » (les Echos)

Patrice Lambert de Diesbach est directeur de recherche chez CM-CIC Securities.

II déclare : « cette concomitance ne peut pas être fortuite, et stigmatise l’importance que ces trois autorités de sûreté (britannique, finlandaise, et française) attachent à la résolution rapide de ce problème ».

L’ASN (autorité de sureté nucléaire) a écrit à EDF en lui demandant de préparer un plan B.

« Soit EDF prend en compte les recommandations, soit il faut concevoir un nouveau système qui demanderai des années ».

Le ton est ferme :

« Compte tenu de l’ampleur et de la complexité des démonstrations restant à fournir, il est possible qu’AREVA ne puisse finalement pas garantir que son logiciel, dans sa conception actuelle, réponde aux exigences de sécurité obligatoires ».

Et l’ASN de conclure : « c’est pourquoi, outre les efforts que vous poursuivez pour justifier la conception proposée, il vous appartient d’examiner dès à présent des dispositions de conception différentes, et le tout pour fin décembre  ».

Les autorités de sûreté nucléaire expliquent que « la partie du logiciel dédiée au fonctionnement normal et celle qui doit maintenir le réacteur sous contrôle en cas d’incident sont trop dépendantes l’une de l’autre ».

Cela signifie que si la première pouvait faillir, la centrale ne pourrait plus être contrôlée en cas de panne.

Voilà qui n’est pas fait pour nous rassurer.

On s’inquiète dans les milieux environnementaux et ailleurs, en se posant la question à 4 milliards :

Pourquoi s’entêter dans cette voie dangereuse et sans issue, alors qu’il existe partout des solutions propres, et sans danger.

Comme disait mon vieil ami africain : «on peut obliger un chien à se coucher, mais on ne peut pas l’obliger à fermer les yeux».

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