Condamnés à la Fidélité?

OLIVIER CABANEL — La fidélité, cette valeur qui se perd de plus en plus au sein de notre société ne nous est pas donnée en exemple par nos politiques.

Ces derniers ayant un gout prononcé pour l’abandon de leur propre camp, si la carotte proposée en face est à leur gout.

Pourtant, le progrès continuant inexorablement d’avancer, il est possible que demain, l’infidélité ne soit qu’un mauvais souvenir.

Il n’est question là que de la fidélité amoureuse, mais avec un peu, ou beaucoup, d’imagination, pourquoi ne pas imaginer qu’un jour prochain, le progrès aille encore plus loin.

Par exemple, la fidélité à son camp, à son parti, à son pays ?…

Deux chercheurs de l’Emory University (Géorgie), Tom Insel et Larry Young, ont réussi à modifier le comportement sexuel du campagnol des champs. lien

Il est notoire qu’il existe une singulière différence entre le campagnol des prairies, et celui des champs.

Les rats des champs, ayant des tendances fâcheuses à multiplier les rencontres, alors que ceux des prairies font preuve d’une fidélité sans borne avec leur partenaire.

Voilà qui aurait pu inspirer ce bon La Fontaine, mais hélas, celui-ci n’en ayant pas eu connaissance s’est borné à une fable entre le rat des villes et celui des champs beaucoup plus banale.

Pourtant l’affaire ne l’est pas.

Pour rentrer dans le détail, le campagnol des prairies (Microtus Ochrogaster) est monogame, et le Microtus Pennsylvanicus, (campagnol des champs) ne l’est pas, et saute sur tout ce qui bouge.

la différence de comportement entre ces deux mulots vient du fait que chez le rat des prairies, les récepteurs de la vasopressine (molécule liée au comportement social) sont situés dans le même centre que la dopamine, hormone du plaisir sécrétée dans le cerveau au moment des amours. lien

Or chez le campagnol des champs, les deux types de récepteurs sont séparés. Il n’y a pas de relation entre son plaisir et un individu particulier.

Ces scientifiques ont donc injecté un gène codant pour le récepteur à la vasopressine dans la même zone que les récepteurs de la dopamine.

Résultat, le dragueur invétéré s’est attaché à une seule partenaire, n’accordant plus un seul regard aux autres femelles. lien

On imagine ce qu’il pourrait se passer si la même opération se pratiquait sur les humains.

Il y aurait une difficulté essentielle, car il faudrait d’abord trouver un homme ou une femme possédant le gène de la fidélité, et là ce n’est pas gagné.

Ensuite, avant de le mettre en application, il faudrait y réfléchir à deux fois.

En effet, il y aurait des effets positifs ou négatifs innombrables :

Ça serait de nature à changer l’histoire du monde, faite de trahisons, de cocus, et d’amants.

Nous serions privés de toutes les comédies de Boulevard, avec les inévitables amants planqués dans des armoires improbables.

Toute la littérature en aurait été changée.

Eric Besson, resté amoureux de sa femme, ne serait peut-être jamais devenu ministre de droite, et n’aurait pas procédé à ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui « les charters de la honte »

DSK ne se serait pas laissé aller à des actes incompatibles avec la fonction qu’il occupe.

Sa majesté Nicolas n’aurait jamais connu Cecilia, et n’aurait peut-être jamais été président, ni père d’étranges enfants, débordants d’ambitions.

Marylin Monroe serait peut-être encore vivante, ce qui n’aurait peut-être pas évité à Kennedy d’être assassiné.

Giscard ne se serait pas couvert de ridicule en laissant penser qu’il avait séduit une certaine princesse anglaise.

Et Mazarine Pingeon nous aurait privés de ses talents d’écrivaine.

Mais la pire ou la meilleure nouvelle, selon les uns ou les autres, serait que l’homme n’aurait jamais pu se multiplier sur la terre.

Si l’on veut bien prendre la parole biblique comme parole d’évangile, lorsqu’elle décrit les débuts de l’humanité, avec l’apparition d’Adam, suivi de peu par celle d’Eve.

Si celle-ci était restée fidèle à Adam, les deux enfants nés de leur amour, n’aurait jamais eu de descendance, ceux-ci n’ayant trouvé aucune partenaire féminine pour s’accoupler.

On le voit, avant de jouer aux apprentis sorciers nos chercheurs de l’Emory Université  feraient bien de tourner leur éprouvette plusieurs fois dans leurs labos avant de se lancer dans des applications hasardeuses.

Car, comme disait un vieil ami africain:

« Un seul doigt ne peut prendre un caillou »

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